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TIMOTHÉE ET TITE. ERREURS VISÉES


xcd i<kyoiç, vojxixiç : toutes choses inutiles et vaines. Tit., iii, 9.

3. Dangers pour la foi.

Les imaginations vaines et les discussions à perte de vue où les esprits s’échauffent ne sont pas le seul inconvénient de ces nouveautés. Après avoir amusé la curiosité des auditeurs, ces vains discours finissent par les détourner de la foi et les faire tomber dans les erreurs les plus graves. L’Apôtre s’exprime à ce sujet avec véhémence. « Évite les discours vains et profanes qui tournent toujours plus au progrès de l’impiété. La parole de ces gens-là se propage comme la gangrène : tels Hyménée et Philète qui ont dévié de la vérité, en prétendant que la résurrection avait déjà eu lieu et qui ont ainsi ruiné la foi de plusieurs. » II Tim., ii, 16-17. Et encore : « L’Esprit dit clairement que, dans les derniers temps, il y en a qui se détourneront de la foi pour s’attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines diaboliques, grâce à l’hypocrisie de docteurs de mensonge, qui portent dans leur conscience le stigmate de Satan. Ces gens-là interdisent le mariage et les aliments que Dieu a créés pour que les fidèles et ceux qui ont reçu la vérité les prissent avec actions de grâces. » I Tim., iv, 1-3 ; traduction Buzy, Le Nouveau Testament, Paris, 1937. Parmi ces docteurs de mensonge, Paul nomme encore Hyménée et Alexandre, « que j’ai dû livrer à Satan pour leur apprendre à ne plus blasphémer ». I Tim., i, 20.

4. Les faux docteurs.

À plusieurs reprises, il est dit clairement que les prédicateurs responsables de ces abus sont, pour la plupart, des chrétiens venus du judaïsme. D’abord, les spéculations en vogue consistent en fables et généalogies interminables », I Tim., i, 4, qui sont le fait d’hommes « qui se prétendent docteurs de la Loi, alors qu’ils ne comprennent ni ce qu’ils disent ni ce qu’ils soutiennent », i, 7. Paul leur fait la leçon en donnant une liste de péchés en rapport avec les commandements du Décalogue, I, 9-10 : péchés contre Dieu, contre les parents, homicide, impureté, violence, mensonge et parjure. Dans Tit., i, 14, les fables sont nettement qualifiées de judaïques, et Tit., in, 9 unit ensemble « folles questions, généalogies, querelles, disputes sur la Loi ». Enfin, voici qui ne Inive aucun doute : « Il y a, surtout parmi les Juifs, quantité de gens insubordonnés, vains discoureurs, séducteurs d’âmes. Il faut fermer la bouche à ces gens-là qui bouleversent des familles entières en enseignant ce qu’il ne faut pas par amour du lucre ». Tit., I, 10-11. À côté de ces maîtres judaïsants, d’autres viennent du paganisme. Les doctrines « diaboliques » fie I Tim., iv, 1, ne gardent probablement rien de chrétien, bien que « l’hypocrisie » de ceux qui les enseignent puisse donner le change. D’autres surgissent du sein de la communauté, sans caractère bien déterminé : orgueilleux qui font parade de discours subtils comme les sophistes grecs, hommes cupides qui ne cherchent dans la piété et la prédication qu’une source de profit. I Tim., vi, 3-10. Dan’l : i manière dont il est parlé des « disputes de mots qui ne servent qu’à la ruine des auditeurs », II Tim., II, 14, Michælis discerne des presbyties en fonction. « Les auditeurs, dbtoOovrcç, ne sont pas les victimes quelconques de la propagande hérétique, mais les fidèles qui écoutent quand les ministres prêchent on enseignent. » Pastoralbriejr. …, p. 117. Mais il paraît bien subtil de distinguer entre un sens ordinaire et un sens en quelque

professionnel du terme auditeurs r, ixoOoVTtÇi On a dit que les faux docteurs de II Tim., ni. 1-8 n’étaient pas d’origine juive, parce que les vices enn mérés ut, 2-5 ne pouvaient guère exister que ch( t les païens. Cependant Paul ne leur reproche pa < n cet endroit les turpitudes du paganisme, cf. Rom., i. 2428 ; la séduction qu’ils exercent sur des femmes de

rien » concerne les idées plutôt que les mœurs, et il ne faut pas oublier le sombre tableau qu’il trace de la conduite des Juifs eux-mêmes avant leur conversion ; cf. Tit., iii, 1 ; Rom., ii, 21-24 ; Eph., ii, 3.

Tels sont les faux docteurs des Pastorales et leurs fausses doctrines. Reste à savoir si ces traits sont incompatibles avec les temps apostoliques.

2° Gnosticisme ? — Pour que le gnosticisme prétendu des Pastorales permît de suspecter leur origine paulinienne, il ne suffirait pas de quelques traits vagues et généraux. Le puissant mouvement d’idées qui aboutit aux grands systèmes gnostiques du IIe siècle avait commencé longtemps auparavant. Le gnosticisme philosophique de Basilide, de Valentin et de Marcion entre 120 et 150, et la gnose vulgaire des sectes multiples qui, à partir de 150, éclosent partout, dit saint Irénée, comme champignons après la pluie, eurent pour précurseurs, au milieu du I er siècle, Cérinthe en Asie Mineure, Simon le Magicien et son disciple Ménandre en Samarie, en Egypte Carpocrate et Satornil, en diverses contrées les docètes combattus par Ignace et Polycarpe ; or, ces hérésies n’étaient elles-mêmes que la manifestation d’un courant de gnose antérieur encore latent, qui se fait sentir déjà dans les préoccupations apologétiques des épîtres de la première captivité, surtout dans l’épître aux Colossiens, et même auparavant, dans les deux épîtres aux Corinthiens. Il ne suffirait donc pas de relever dans les Pastorales des idées ou des tendances se rattachant au gnosticisme : elles pourraient n’être que le germe qui portera son fruit au siècle suivant. Il ne suffit pas non plus, pour avoir le droit de parler de gnosticisme, de noter des expressions dont celui-ci a fait grand usage, comme ooepta, çtXoooçta, yvwoiç, èTziy>u>ai< ;, 6eov -yivwoxeiv, owrrçpta : il faut établir qu’elles sortent du langage courant et sont prises dans un sens technique, sans quoi l’écrit le plus indifférent pourrait être qualifié de gnostique ou d’antignostique.

1. Fables et généalogies.

D’après Jûlicher, « tout ce qu’on peut saisir de la théologie de l’auteur des Pastorales est tourné contre le gnosticisme ». Einleitung in das N. T., 1913, p. 167. Mais à quoi reconnaît-on cette orientation ? Selon Dibelius, les « mythes et généalogies sans fin » de I Tim., i, 3, désignent ou des allégories philosophico-religicuses touchant les généalogies de l’Ancien Testament, ou des spéculations sur les couples d’éons s’engendrant’es uns les autres : dans les deux cas, gnosticisme. Nous demandons encore : d’où tire-t-on cette signification si spéciale ? Le nom de u.ùQoi convient parfaitement aux légendes rabbiniques sur les récits de la Bible, surtout de la Genèse, que nous lisons dans plusieurs livres apocryphes, tels que le Livre des Jubilés, composé probablement au iie siècle avant notre ère, l’Assomption de Moïse, antérieure à la destruction du Temple, la Vie d’Adam et d’Eve et l’Apocalypse de Moïse (ie siècle de notre ère), les Antiquités bibliques faussement attribuées à Philon, les écrits primitifs qui ont inspiré le Combat d’Adam et d’Eve, la Caverne des trésors et le Testament d’Adam, etc. Les haggadôt ou légendes pieuses* relatives aux personnages de l’Ancien Testament, par exemple au prophète Élit, cf. Strae-k Billerbeck, Kommentar zum N. T. aus Talmud und Midrasrh. 1028, t. îvfr, p. 764-798, fleurissent maintes pages du Talmud et remontent aux temps les plus anciens. De même, rien ne mérite mieux l’appellation de t généalogies sans fin » que les longues liste s d’ancêtre s ou de descendants que les légendes jui préoccupent d’attribuer aux hommese t au f< mm i célèbrei di l’Ancien Testament. Non seulement octto

Interprétation justifie em eux-mêmes les terni, s d, s raies, mais c’est dans cette direetiem ejvn nous

orientent et le contexte’i< les passages parallèles :