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TIMOTHÉE ET TITE. ÉPOQUE DE COMPOSITION


épîtrcs paulinicnnes ne répond à ce tableau. On ne pourrait espérer une concordance des événements que durant la troisième mission de saint Paul, Act., xviii, 23-xxi, 16 ; auparavant, il n’avait vu Éphèse qu’en passant, Act., xviii, 19-21 ; après, il n’y revint plus. Sa mission à Éphèse dura environ trois ans, Act., xix, 8-10 ; xx, 31, probablement du printemps de 54 au début de 57 ; cf. Allô, Première épttre aux Corinthiens, p. lxxxvi sq. Vers la fin de la troisième année, Act., xix, 21, ou peut-être un peu plus tôt, cf. Allô, Seconde épîlre aux Corinthiens, p. lvii-lx, désireux de revoir la Macédoine et la Grèce pour aller ensuite à Jérusalem et de là jusqu’à Rome, xix, 21 ; I Cor., xvi, il envoya d’abord en Macédoine ses deux auxiliaires Timothée et Éraste. Act., xix, 22. Il partit bientôt lui-même et il fit en Grèce un séjour de trois mois, xx, 2-3. Revenant par la Macédoine avec sept compagnons parmi lesquels Timothée, Tychique et Trophime, il fit route avec eux jusqu’à Philippes. Il s’y arrêta quelques jours, navigua vers Troas, où ses compagnons l’avaient devancé et arriva par voie de berre à Milet. Act., xx, 4-16. C’est là que, convoquant les presbytres d’Éphèse, il leur adressa une touchante exhortation, persuadé qu’il ne les reverrait plus, xx, 18-35. À peine arrivé à Jérusalem, il est arrêté et fait prisonnier. Tel est le récit de saint Luc. La IIe épître aux Corinthiens ajoute quelques détails. Paul compte aller à Corinthe pour une « troisième visite », II Cor., xii, 14 ; xiii, 1-2 ; cf. i, 23 ; II, 1, laquelle en suppose deux précédentes, dont la seconde eut lieu, selon la plupart des commentateurs modernes, cf. Allô, Seconde épttre aux Corinthiens, p. 48-54, vers la fin des trois ans passés à Éphèse.

La lettre daterait-elle de ce dernier séjour ? Deux raisons s’y opposent. — a) Lors du voyage en Macédoine et en Grèce raconté dans le livre des Actes, Paul avait quitté Éphèse avec la resolution, qu’il tint en < Bet, de n’y plus revenir. Act., xx, 17. En outre, il avait envoyé Timothée en Macédoine avant d’y aller lui-même. Act., xix, 22. On peut supposer, il est vrai, que Timothée retourna à Éphèse avant le départ de l’Apôtre, mais ce ne fut pas pour y rester, comme il est dit I Tira., i, 3. car les Actes signalent sa présence auprès de Paul, quand celui-ci revint de Grèce par la Macédoine, xx, 4. Quant à la visite à Corinthe dont Paul est seul à parler, elle fut très courte : « deux ou trois semaines auraient suffi pour ce voyage » (Allô). I.a brièveté de cette absence explique le silence de saint Luc. Paul dut cette fois se rendre en Grèce directement, sans passer par la Macédoine, tout au moins sans s’y arrêter. Certainement, en cette circonstance, il n’aurait pas présenté la Macédoine comme le but de son voyage ; cf. I Tim., i, 3.

b) Lue niison plus grave empêche absolument de songer au temps de la fondation de l’Église d’Éphèse, à savoir l’état, de développement dans lequel celle-ci apparaît des la première pastorale. Le clergé se compose de deux ordres : les presbytres ou épise.opes et bs diacres ; il n’est pas question de ces derniers dans 1rs communautés naissantes de Crète. La prohibition de prendre des presbytres dans les rangs des néophytes indique une chrétienté constituée depuis quelque temps. Si la lettre datait de la première évangéliation d’Éphèse, en 54-57, où trouver parmi ces nouveaux convertis les anciens chrétiens ? Les pieuses s qu’on acceptera pour diaconesses doive ut ivoir soixante ans d’Age et s’être acquittées de tous hs devoirs de charité à l’égard des saints, v, 9-10.’insi ils donnés au sujet’les jeunes veuves repolir uni i xpérii nce assez, longue : plusieurs, après l’être engagées i p i évérer dans leur veuvage, ont manqué à leur promi ! Se et il ">’< n ; i qui se sont ég à la suite de S itan. Parallèlement au bien, le mal aussi

DICT. DE TIIKOI-. CAT1IOL.

a eu le temps de se développer. Des eneurs, les unes d’apparence inoffensive, les autres très pernicieuses, se sont ouvertement et largement propagées : il y a eu des apostasies, il a fallu excommunier des chefs de secte, i, 19-20 ; iv, 1-3 ; vi, 3-5. Ces doctrines n’ont rien de commun avec celles des judaïsants, attachés à la Loi et ennemis de la liberté de l’Évangile, que Paul combat dans les épîtres aux Corinthiens, aux Galates et aux Romains. Toutes ces nouveautés créent le plus grave danger pour l’Église d’Éphèse. Quel contraste entre cette lettre de Paul à Timothée et son discours aux presbytres d’Éphèse, qui aurait suivi cependant de si près ! Dans ce dernier, après trois ans de prédication, aucun désordre encore : c’est seulement pour l’avenir que Paul prévoit l’invasion des faux docteurs. Au contraire, dans l’épître à Timothée, le mal sévit. Manifestement, la situation qui se réfléchit dans le discours est antérieure à celle de la lettre : celle-ci montre réalisées les annonces prophétiques de Paul aux presbytres, tandis que dans le cas contraire, il aurait certainement justifié ses craintes pour l’avenir par le souvenir douloureux d’un passé encore récent.

2. Lettre à Tite.

Paul a laissé son disciple Tite dans l’île de Crète pour achever d’organiser cette chrétienté en instituant des presbytres dans les diverses cités, I, 5, et pour combattre les erreurs, très semblables à celle d’Asie, qui déjà s’y répandent. Il n’a pas d’ailleurs l’intention de le laisser longtemps à ce poste. Il lui enverra bientôt Artémas ou Tychique pour le remplacer et Tite alors devra se hâter de rejoindre Paul à Nicopolis (sans doute la fameuse cité d’Épire ainsi nommée en souvenir de la victoire d’Actium). C’est dans cette ville que Paul se propose de passer l’hiver. Il lui recommande encore d’aider dans leur voyage Zenon et Apollos, celui-ci bien connu par le livre des Actes, xviii, 24-xix, 1, et par la première épître aux Corinthiens.

Ces indications nous transportent hors des temps et des lieux par ailleurs connus de l’activité de l’Apôtre. Tite, qui n’est pas mentionné dans les Actes, apparaît dans l’épître aux Galates et dans la seconde aux Corinthiens, ii, 13 ; vii, 6-14 ; viii, 6, 16, 23 ; xii, 18, comme l’un des plus actifs collaborateurs de l’Apôtre. Mais l’évangélisation de la Crète, dont il est ici question pour la première fois dans le Nouveau Testament, n’a pas eu lieu avant la trensième mission, puisque c’est alors seulement que Paul fit la connaissance d’Apollos. Act., xix, 1 ; I Cor., xvi, 12. On a supposé que Paul aurait évangélisé la Crète, ou en se rendant à Éphèse (Hancbcrg, Hug, Hemsen), ou durant la mission d’Éphèse (Ginella, Kcithmar, Wieselcr, Reisch), ou après avoir quitté Éphèse pemr se diriger vers la Macédoine et la Grèce (Baronius, Lightfoeit), ou quand le vaisseau qui l’amenait captif à Rome aborda l’île (Grotius). Mais, dans toutes ces circonstances le temps manque, et le rende z-vous à Nicopolis peiur l’hiver ne sYxplique’pas. De plus, les fausses doctrines qui déjà menacent les chrétientés Cretoises mbli’iit ele tous points à celles que la première à Timothée signale à Éphèse, et se distinguent nettement di’s théories juelaïs.mtes qui O avèrent d’enrayer les premiers progrés du christianisme.

3. Deuxième à Timothée. - Plus encore que les deux précédentes, cette lettre nous révèle une situation nouvelle et qui clôt définitive nient la carrière de l’Apôtre, Paul est à Rome, prisonnier, i, S, 16-18 ; n. 9. Mais cette captivité ne s’identifie nullement à celle que décrivent les Actes, xxviii, 16-81, et laquelle, si ion le sentiment le plus sûr, nous reportent également divers traits des épttres ni ftphésient, lit, 1 ; v, 19-20, aux Phlllppleni, i, 12 u.. ii, r. 19, am

ii ns, iv, 3-4, 10, 18, et à Pbilénion. 9, 10, 22. —

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