Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/535

Cette page n’a pas encore été corrigée
1055
1056
TIMOTHÉE ET TITE. ÉPOQUE DE COMPOSITION


inlassable de la doctrine traditionnelle, avec fermeté et aussi avec grande charité, ii, 24-25 et I Tim., vi, 11 ; Tit., iii, 2, dans l’espoir d’amener les opposants etç èTttyvwaiv àXr)6etaç (expression propre aux Pastorales et à Hebr., x, 26) et de les délivrer du filet du diable, toxyIç toû 8*ia66Xou, IX, 26 et I Tim., iii, 7 (hapax du Nouveau Testament) ; la confiance est appuyée sur la certitude que l’Église est le ferme fondement posé par Dieu, ii, 19 et I Tim., ii, 15. La seconde épître, comme la première, félicite Timothée de la science qu’il a dès longtemps acquise, iii, 10-15 et I Tim., iv, 6 ; elle l’invite à ranimer en lui la grâce de l’ordination conférée par l’imposition des mains, i, 6 et I Tim., iv, 14, à s’appliquer au labeur apostolique, xo711âv, ii, 6 et I Tim., iv, 10 ; v, 17, à combattre le bon combat, iv, 7 et I Tim., vi, 12 (expression unique dans le Nouveau Testament), à fuir les passions et à poursuivre la justice et toutes les vertus, ii, 22 et

I Tim., vi, 11 (phrase entière presque identique), afin de mériter la vie promise, èiia.yy£>ioL Çcotjç, i, 1 et I Tim., iv, 8 (locution propre aux Pastorales). De part et d’autre enfin, élan ardent vers la parousie, S7u<p<xvsia, dans les trois Pastorales (cf. « ce jour-là »,

II Tim., i, 12, 18 ; iv, 8), qui ne viendra cependant qu’en son temps, vi, 15, sans précéder nécessairement l’entrée de Paul au royaume céleste. II Tim., iv, 18.

Toutes ces rencontres dans les sujets traités, dans les conseils, les exhortations, les expressions et les mots ne sauraient être accidentelles : elles montrent que les trois lettres ont été écrites par le même auteur, à peu près dans les mêmes circonstances, en vue des mêmes dangers et des mêmes besoins. Elles doivent rester inséparables aux yeux de la critique, qui ne peut que les admettre ou les rejeter en bloc : ou toutes sont de Paul ou toutes d’un même faussaire.

Discussion de l’hypothèse des fragments.

Dans

ce bloc cependant, beaucoup de critiques croient discerner des fragments qui seraient seuls de provenance paulinienne et autour desquels se serait formé un conglomérat hétéroclite. Les prétextes ne manquent pas. 1. Ces lettres, surtout la première, traitent de sujets distincts les uns des autres, aussi divers que peuvent être les besoins d’une communauté à organiser, à régler, à préserver des dangers du moment : d’où la tentation de les attribuer à plusieurs auteurs.

— 2. En outre, comme il arrive souvent dans une lettre, surtout dans les recommandations pratiques, la liaison entre les idées fait défaut, on passe de l’une à l’autre sans transition, on revient sur une matière déjà abordée pour la compléter, d’où l’impression de coupures, d’additions, de déplacements. On peut convenir avec Ewald que le développement sur la conversion de saint Paul, I Tim., i, 12-17, viendrait très bien après l’affirmation de son titre d’apôtre, i, 2-3, et que les avis pour les diverses classes, v, 1-vi, 2, trouveraient mieux leur place après les instructions sur la hiérarchie, iii, 1-13 ; ou encore que la section relative à la conduite des presbytres, v, 17-23 : compléterait heureusement ce qui concerne leur élection, m, 1-7, et que le conseil donné en passant à Timothée sur sa santé, v, 23, se rangerait en meilleur ordre parmi d’autres avis personnels, etc. — 3. On reconnaîtra encore, avec Harrison, que certains détails intimes sur la famille ou la vie de Timothée ou sur ses rapports avec Paul donnent tellement la sensation du « vécu » qu’on est invinciblement porté à les croire véridiques, tandis que beaucoup d’autres faits ne sollicitent pas de la même manière notre adhésion.

Mais que conclure de toutes ces justes observations ?

— 1. Le contenu d’une lettre est dicté par les circonstances : le choix des sujets est réglé par les besoins du destinataire. — 2. On ne peut demander à une lettre de recommandations pratiques l’unité d’un traité dog matique. Les Pastorales ressemblent à toutes les épîtres de saint Paul, quand celles-ci passent des développements polémiques ou théoriques aux instructions morales et aux règlements pratiques. Bien loin qu’un certain décousu et des sautes d’idées doivent surprendre, il faut y voir plutôt un indice de vérité. Un faussaire fabriquant à loisir sa composition ou combinant à son gré des fragments, n’aurait pas manqué de grouper les considérations de même ordre, de ménager les transitions, de livrer enfin un travail aux idées bien suivies et liées. — 3. Nul doute que certaines parties ne donnent plus que d’autres une impression de naturel, de vie, de vérité, d’authenticité. Ce n’est pas une raison de suspecter le reste du récit : l’histoire est faite de ces diversités. — 4. D’ailleurs, quel aurait été le but du rédacteur qui aurait utilisé dans sa propre composition des billets pauliniens ? Il se proposait, selon les critiques, de faire passer le tout pour l’œuvre de Paul. Mais ces billets étaient pour la première fois répandus dans le public : personne ne les connaissait, sinon le destinataire supposé et peut-être un petit cercle autour de lui. S’ils avaient déjà circulé librement comme lettres de Paul, la fraude du rédacteur eût été impossible. Dès lors, observe finement Michælis, « si le pseudo-Paul se flattait que ses lecteurs ne reconnaîtraient pas du premier coup d’oeil ses propres élucubrations comme non-pauliniennes, comment pouvait-il espérer qu’ils reconnaîtraient le caractère paulinien des fragments ? Les fragments auraient donc complètement manqué le but qui était la seule raison de leur emploi ». Pastoral-und Gefangenschaftsbriefe, p. 136.

V. Époque de composition.

Les adversaires des Pastorales, en grand nombre, opposent à leur origine paulinienne l’impossibilité de les faire rentrer dans le cadre de la vie de saint Paul, telle que nous la connaissons par les Actes des Apôtres et par les autres épîtres. Les tenants de l’hypothèse fragmentaire, comme Davies, Pauline Readjustments, Londres, 1927, Duncan, St. Paul’s Ephesian Ministry, Londres, 1929, Hugo Loewe, Die Pastoralbriefe des Ap. Paulus in ihrer ursprùnglichen Fassung wiederhergestellt, Cologne, 1929, Harrison, distribuent les divers fragments au cours des dernières années de Paul, depuis sa mission à Éphèsc jusqu’à sa captivité à Rome d’après les Actes. En réalité, les Pastorales, d’après leur propre témoignage se réfèrent à des circonstances tout à fait étrangères à celles que nous font connaître les récits de Luc et les autres lettres de Paul. Loin de nuire à la cause de l’authenticité, cette constatation la favorise plutôt, car un faussaire se serait bien gardé d’inventer une situation si contraire à la vraisemblance historique résultant des écrits inspirés familiers à tous les chrétiens. Du reste, les données des Pastorales rejoignent d’autres témoignages dignes de foi.

Témoignage des Pastorales.

De nombreuses

indications historiques fournies par nos trois épîtres nous mettent en face d’une situation toute nouvelle et d’une période de la vie de Paul qui doit se placer après les missions décrites par les Actes et après la captivité romaine qui les termine.

1. Première épître à Timothée.

Paul a laissé Timothée à Éphèse pour aller en Macédoine, i, 3, et c’est sans doute de Macédoine qu’il écrit. Il espère revenir assez vite auprès de Timothée, bien que son absence puisse se prolonger, iii, 14 ; iv, 13. Il donne à son disciple ses instructions pour l’administration de l’Église. Un des devoirs les plus urgents de Timothée est de combattre les erreurs qui se font jour sous diver.ts formes et qui gagnent beaucoup d’adeptes : elles vont jusqu’à ruiner la foi et il y a eu déjà des apostats, parmi lesquels Hyménée et Alexandre, que Paul a dû livrer à Satan, i, 20 ; cf. II Tim., ii, 18.

Or, aucune situation des Actes des apôtres ni des