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TIMOTHÉE ET TITE. UNITÉ D’AUTEUR


est bon et utile aux hommes. Quant aux folles questions, généalogies, discussions, disputes sur la Loi, elles sont inutiles et vaines. Si quelqu’un s’obstine, après une double admonition, il faut l’écarter.

Épilogue (ni, 12-15). — Paul se propose d’envoyer Artémas ou Tychique remplacer Tite en Crète. Dès leur arrivée, qu’il vienne le rejoindre à Nicopolis (en Épire), où Paul compte passer l’hiver. Échange de salutations et souhait de grâce (15).

IV. Unité des trois épîtres.

L’analyse que nous venons de donner montre déjà la grande analogie de fond et même, dans une certaine mesure, de forme et d’expression qui existe entre les trois Pastorales.

Démonstration de cette unité.

1. Rapports entre

Tite et Tint. — L’identité des sujets traités est frappante entre I Tim. et Tite. Cette dernière épître se retrouve presque tout entière dans la première. La section concernant les presbytres-épiscopes, Tit., i, 5-9, reproduit, sauf certains détails, les avis donnés à Timothée, iii, 1-7, pour le choix des épiscopes, appelés également presbytres, v, 17-19. Les instructions contre les fausses doctrines, Tit., i, 10-16 ; iii, 8-10, présentent, avec quelques traits particuliers à l’île de Crète, maints caractères identiques à ceux des deux épttrcs à Timothée : bavardages, I Tim., i, 6 ; vi, 20, etc., fables judaïques et généalogies sans fin, I Tim., i, 3-4, discussions dégénérant en querelles, I Tim., i, 4 ; II Tim., ii, 23 ; chez les docteurs, amour du lucre, prosélytisme audacieux dans les familles, II Tim., m, 6, vices cachés sous des apparences de piété, II Tim., iii, 5. Dans les recommandations aux diverses catégories de personnes, l’épîtrc à Tite, ii, 1-10, insite, comme les p ; écédentes, sur la sobriété (vYjçàXioç : Tit., ii, 2 : cf. I Tim., iii, 2, 11 ; le mot n’est pas ailleurs dans le Nouveau Testament) ; la prudence (owçpoiv : Tit., i, 8 ; ii, 2, 5 ; cf. I Tim., iii, 2 ; pas ailleurs) ; une foi saine. (ôyialvovraç -rꝟ. 71taTei, Tit., i, 13 ; ii, 2), une doctrine saine (ûyiaivoûo-rj SiSacxaXta, Tit., i, 0 ; ii, 1 ; I Tim., i, 10 ; II Tim., iv, 3) ; des discours sains (Xôyov OyiT), Tit., ii, 8 ; ûyiatvovreç X6yot, I Tim., vi, 3 ; II Tim., i, 13). Les termes ùyialvw, ûyiY ; ç, ne "lit pris métaphoriquement dans le Nouveau Testami nt qu’en ces neuf endroits des Pastorales. Devoir d’éviter lis querelles et de montrer toute douceur envers tous, Tit., iii, 2 ; II Tim., ii, 24, de s’appliquer aux bonnes œuvres, Tit., ii, 7, 14 ; iii, 8, 14 ; I Tim., v, 10, 25 ; vi, 18, d’être prêt à toute bonne œuvre, Tit., m, 1 et II Tim., ii, 21. Tite doit être le modèle des bonnes œuvres, tj7Toç xaXcôv ê’pycùv, ii, 7, comme Timothée le modèle des fidèles, TÛ7roç twv uiotwv, I Tim., iv, 12. De part et d’autre, la doctrine évangé-Itqne ei I décrite comme conforme à la piété : àX^Œîaç r7, < ; v.’?.- : ’c’j<jé6Ei’xv, Tit., i, 1, ry ; xax’EÙa£6eiav 818c.<rxaXla. I Tim., vi, 3. De part et d’autre. Dieu le Père est appelé » notre Sauveur », 3 fois, dans Tit., et 3 dans I Tim., sans exclusion d’ailleurs du Christ-Jésus, Tit., i, 4 ; ii, 13 ; iii, 6 ; II Tim., ii, 1-10, et c’est par son ordre que Paul est apôtre : xaT’eTriTayr^v 0eoû ao)-rf J p’-j( ; fjfitôv, Tit., i, 3 ; I Tim., i, 1. Ainsi que le s lettres à Timothée, celle à Tite présente le mystère du salut e.ommi une manifestation de la bonté de Dieu, préparée dès avant les siècles, révélée maintenant, en son temps, par l’apparition de.lésus-C.hrist, notifiée au moud" par l’évangile dont Paul est le hennit : Tit.. i, 2-3 ; ii, 11-14 ; iii, 4-fi ; cf. II Tim., i, 9-11 ; I Tim., ii, 5-6. Notons dans ce contexte beaucoup d’expressions semblables : l’évangile ou h mespii m’a été confié, ô è7riOTE’!)0r]v èyo'>, Tit., i, 3 ; I I Ira., i. 1 1 ; la grâce ou la bonté de Dieu, donnée ou promise rpo ypov<.>v ot.U.jvImv. Tit., i. 2 ; II Tim.. ii, 9. manifestée malntenanl ou en ion temps, xiiipoîç Mou ;, Tit., i, 3 ; I Tim., ii, fi ; vi, 15 ; le salut, non

par nos œuvres, mais par la miséricorde divine. Tit., n, 5 et II Tim., i, 9. Il nous faut vivre pieusement, en attendant « la manifestation, ÈTCiçâveia, de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ ». Tit., ii, 12-13. Même devoir, eûce6â>ç Çîjv, dans II Tim., iii, 12, et même attente du grand jour, I Tim., vi, 14. Dieu veut sauver tous les hommes, Tit., ii, 11 ; I Tim., ii, 4, et le Christ s’est livré pour nous afin de nous racheter. Tit., ii, 14 ; I Tim., ii, 5. Tite doit, comme Timothée, enseigner et reprendre avec autorité, sans s’en laisser imposer par qui que ce soit. Tit., ii, 15 ; I Tim., iv, 12.

Cette analogie de dangers, d’adversaires, de besoins, de conseils, d’aperçus dogmatiques et de recommandations morales, bref cette parenté étroite de forme et de fond montre que l’épître à Tite a été écrite sous l’empire des mêmes préoccupations que les deux autres pastorales et qu’elle forme bloc avec celles-ci.

2. Rapports entre les deux épîtres à Timothée.

La ressemblance n’est pas moins évidente entre les deux épîtres à Timothée. On ne trouve, il est vrai, dans la deuxième, ni les instructions relatives au choix des épiscopes-presbytres, des diacres et des diaconesses, ni les recommandations touchant la prière publique, ni les avis à l’égard des veuves, des esclaves et des riches, sujets qui prennent une bonne moitié de la première à Timothée. L’Apôtre n’avait pas à revenir aux directives déjà données, d’autant que le laps de temps entre les deux lettres paraît assez court. Mais des erreurs de plus en plus audacieuses menaçaient l’Église et se propageaient ; c’est sur ce point que Paul sent le besoin d’attirer l’attention et les efforts de Timothée : aussi redouble-t-il de vigueur dans la description du mal, et d’insistance pourfortifler Timothée dans cette lutte.

En outre, la pensée de sa fin prochaine réveille toute sa tendresse et redouble sa sollicitude. De là l’appel à tant de souvenirs personnels sur Timothée et sa famille, i, 3-5, sur son enfance pieuse et studieuse, m, 15-17, son sacerdoce, i, 6, sa vocation à l’apostolat, i, 9, ses travaux et ses épn uves en compagnie de Paul, m, 10-12 ; de là aussi le besoin que Paul ressent de revoir une dernière fois son « enfant ». IV, 9, 16-18, 21. Cette lettre est donc marquée d’un cachet distine.tif. Sa ressemblance avec la première n’est que plus frappante. L’adresse < st presque identique. Dès l’action de grâces Paul s’abandonne à ses confidences, i, 3-5, avec la même émotion qu’en parlant jadis de sa conversion. I Tim., i, 12-16. La vocation à l’apostolat s’exprime dans les mêmes termes, etç ô èréO/jv èyw XTjpoÇ xal àTTOc-roXoç, i, 11 ; I Tim., ii, 7 (xrjpuS ; ne se retrouve dans le Nouveau Testament que II Petr., ii, 5, où il s’agit de Noé) ; même métaphore du dépôt à garder, qui traduit une idée si Importante, i, 14 ; II Tim.. î, 12-14 ; ii, 2 (irapocOiQXT) est propre à C< s trois pas âges du Nouveau Testament) ; Hyménée, II Tim., n. 17. et Alexandre, iv, 14, sont peut être les deux béréi iques de même nom mentionnés I Tim., i, 20 ; Paul se donne en exemple d’encouragement, i, 8, parce que le Christ l’a choisi elç ûiroTÛTu.xiiv, I Tim., i, lfi (mot employé en un autre sens, II Tim., I. 13, et pas ailleurs dans le Nouveau Testament) ; il Invite à fuir rà< ; [îeGr)Xouç xevofpovtaç., II, 16 ; I Tim., vi, 20 (le second mot est propre aux Pastorales et le premier ne se retrouve que Hebr., xii, 16), les folles discussions (’Cr l TT i ntLC„ au pluriel dans les Pastorales seulement), « les fables », les « logomachies », vi, 4 ; I Tim., ii, 14, Xoyop.rr/eïv (deux hapax bibliques) ou querellt s di mots qui mènent aux disputes de fait. VI, 4 ; II Tim., B, 23-24 ; l’erreur est assimilé" à la maladie, gangrène, II. 17 ; VOO&V, I Tim., vi, 4. Est signalée l’apparition des docteurs de mensonge aux derniers temps, m. i ; i ( t I Tim., iv, 1-3 ; il faut lutter contre l’erreur par la prédication