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TIMOTHÉE ET TITE. AUTHENTICITE, LA TRADITION


début, l’auteur félicite ses lecteurs de la richesse avec laquelle l’amour du Seigneur a répandu sur eux le Saint-Esprit : [ïXétco èv ûfjûv èxxexujiivov àizb -rcXoualou -rijç àyàTa)ç xuptou Twsû(i.a è<p' ù[j.ôx, ; cf. Tit., iii, 6, nveû(xaToç àylou, oij èÇix eev ^<P' û(x.âç 7rXou<noç 8t, à 'Iy)ooû XpioTOÛ. Un peu plus loin, i, 4, Barnabe parle comme Tite, i, 2 de la foi qu’accompagne l’espérance de la vie divine, kit' èXmSi Ç « r)ç aÙToû. Il insiste, i, 6, sur l’espérance de la vie, commencement et fin de notre foi : Çm^ç èX7Ûç, àpyi) xai téXoç Çcoyjç alwvîou, ce qui rappelle Tit., iii, 7, xky)pov610. xax' èXuîSa Cw% alcovtou. Dans Barn., iv, 6 : « Ne ressemblez pas aux méchants en accumulant péchés sur péchés », è7u<T6>peùovTa( ; àfxapTlaiç, l’image est suggérée par II Tim., iii, 6, erecwpeofiiva à[i.apT[ « iç. Barn., vii, 2 : [iéXXuv (le Fils de Dieu) xplveiv ÇûvTaç xai vexpoùç reproduit littéralement II Tim., iv, 1. Barn., v, 6 dit que le Christ accepte de souffrir pour abolir la mort et prouver la résurrection en se manifestant dans la chair. Ce passage réunit deux formules caractéristiques empruntées à II Tim., i, 10, xaTapyrjaavToç t6v Gâva-rov, et I Tim., iii, 16, èq>avepa>67) èv aapxL Enfin Barn., xiv, 6, Xi>Tptùaâ|xevov v)fi.âç èx toû ox6touç èzoi[iâaou, éauTcô Xaov aytov, groupe aussi deux idées exprimées Tit., ii, 14. Nul doute donc sur l’emploi des Pastorales dans l'épître dite de Barnabe.

4. Les lettres d’Ignace d’Antioche (vers 107) ont en commun avec les Pastorales des mots rares et des tournures qui paraissent indiquer une dépendance littéraire : ÈTspoSt.SacntaXs'ïv dont Paul est le premier auteur grec et le seul écrivain du Nouveau Testament à se servir, Polyc., iii, 1 et ITim., i, 3etvi, 3 ; àvaÇto7tupeïv, Eph., i, 1 et II Tim., i, 6, et xaTaaT7)[i.a, tenue extérieure et conduite morale, Trall., iii, 2 et Tit., ii, 3, deux termes bibliques et classiques, mais propres à saint Paul dans le Nouveau Testament. Le Christ est appelé notre espérance, 'Itqooû XpiaTOÛ tîjç èXmSoç t)(awv, Magn., xi, 1 et Trall., salutation finale et I Tim., i, 1 ; insistance sur l’origine du Christ èx cnép^aTOç AaudS, Eph., xviii, 2 et II Tim., ii, 8. Ignace dit de l'Éphésien Crocos, Eph., ii, comme Paul au sujet d’Onésime, II Tim., i, 17 : [lexà 7tàvTa ii, e àvéTOXuæv xai tt)v aXualv (xou oùx hny]oyùvQr. L’avertissement aux Magnésiens, viii, 1 : (xt) 7tXavào'0s zaXç ÉTepoSot^taiç (XYjSè n.uGeû(i.aci.v toîç TOxXaioïç àvoxpeXéaiv ouoiv, combine I Tim., i, 3-4, jat) érepoSiSaoxaXeïv [X7)Sè Jipoaéxeiv [u.û601ç, avec Tit., iii, 9, etolv yàp àvcoçeXeïç.

5. La lettre de saint Polycarpe aux Philippiens (un peu avant 110) utilise plusieurs fois de manière indubitable les deux épîtres à Timothée. Dès le début, le terme [AaTatoXoyla résonne comme un écho de I Tim., 1, 6, car |i.arai.oXoYÎa (cf. pLaTaioX6yoç, Tit., 1, 10) est un hapax du Nouveau Testament et fait là sa première apparition dans la littérature grecque. Puis voici deux phrases entières, iv, 1 : 'Apxv) 8è toxvtedv yjxksTtûv cpiXapyopla. El86-reç oùv oti oôSèv etenr)véYxa|j.ev eiç tov xôajxov, àXX’oùSè è^evsyxeïv ti 'éyoizv… La première sentence reproduit I Tim., vi, 10, en remplaçant ptÇa et xaxwv par les synonymes v.çyr et /cxXsitcùv. La seconde cite plus textuellement encore I Tim., vi, 7 : même antithèse des deux membres avec les deux verbes aux mêmes temps et les mots dans le même ordre, sans autre variante que ëxo(i.ev au lieu de 80vâ|i.e6a ; et la formule d’introduction eISôtsç o5v pourrait signifier que l'écrivain fait appel, non seulement à une vérité proverbiale, mais à une formule bien connue de ses lecteurs, ce qui indiquerait une citation explicite. Au c. v, les recommandations faites aux diacres : ô(xo'.coç Siàxovoi &xzl-ktoi… y.r 81à60Xot. jj.7) StXoyoi, àçiXàpyupoi, èyxpareïç Ttepl toxvtcc…, sont empruntées à I Tim., iii, 8-11. La même phrase, v, 2 se continue par une invitation à mériter dès le temps présent la vie future, antithèse qui est

tout à fait dans le style de I Tim., vi, 17-18 et Tit., ii, 12-13. Elle s’achève par cette assurance : « Car le Christ a promis de nous ressusciter et, si notre conduite icibas est digne de lui, de nous faire régner avec lui », xai cru(jt.6aaiXeûaotJ.ev. On ne saurait mieux résumer II Tim., ii, 8-12, qui insiste sur la résurrection du Christ, cause de notre gloire éternelle (8-10), et qui donne pour mot d’ordre « cette parole digne de créance : si nous souffrons avec lui, avec lui aussi nous régnerons », xai aru(x6aaiXeùco(xev. Enfin l’invitation finale : Ù71èp 7ràvTcov -rwv àylwv KpoceûxeoGe xai ûîtèp flaaiXécov xai èÇouaiœv xai àpxôvTwv, « afin que votre progrès soit manifeste en tout », joint ensemble I Tim., ii, 1-2 et iv, 15.

La seconde épître à Timothée, déclare Harnack, Chronologie, p. 481, « est citée si clairement dans le c. v de l'épître de Polycarpe, qu’aucune échappatoire n’est permise ». Cf. Lagrange, Rev. bibl., 1932, p. 12. On peut ajouter que la première à Timothée n’est pas moins clairement citée.

6. Écrits divers.

Au cours du 11e siècle, on relève encore l’emploi des Pastorales dans des écrits de provenance diverse. Justin, Dial., xlvii, célèbre la bonté et la philanthropie de Dieu envers les hommes », dans les termes de Tit., iii, 4. — Hégesippe, dans un récit conservé par Eusèbe (H. E., III, xxxii), emprunte plus d’une expression à saint Paul et spécialement aux Pastorales : il atteste que l'Église de Jérusalem garda longtemps « la saine doctrine », xôv ûyiTJ xav6va, ûyûiç, terme que les Pastorales seules, dans le Nouveau Testament, appliquent par métaphore à la doctrine : cf. Tit., ii, 8, Xoyov ôyô} ; que les novateurs n’osaient pas prêcher tt)v (J>eu80>iu(aov yvôSenv, I Tim., vi, 21, et qu’enfin l’erreur s’introduisit 81a twv ÉTepoSiSairxàXcûv àmxTt]ç, cf. I Tim., 1, 3-6. — La lettre de l'Église de Lyon (177) a diverses allusions aux Pastorales : a-riJXov xai é8paîcùu.a twv èvTaûôa yeyov6xa, Eusèbe, H. E., V, 1, 17 et I Tim., iii, 15 ; elç ttjv twv Xomôiv Û7TOTÛ7rw<nv, V, i, 23 et I Tim., i, 16, etc. L'épisode du martyr Pothin en particulier, H. E., V, i, 30, présente un tableau saisissant. Le s.aint vieillard « comme s’il était le Seigneur, rendit le bon témoignage », wç aÛToû ôvtoç toû Kuptou, à7re8l80u ttjv xaXYjv (xapxupîav, allusion évidente à I Tim., vi, 13. — Théophile d’Antioche, dans son traité à Autolycos, iii, 14, P. G., t. vi, col. 1140, recommande d'être soumis aux puissances et de prier pour elles, car la « parole divine » nous l’ordonne, « afin que nous ayons une vie paisible et tranquille », 6ro)Ç -^pefjLov xai y ; aûxiov pîov 8tàytûu.ev, I Tim., ii, 2. Témoignage bien remarquable, puisqu’il déclare parole divine un texte des Pastorales. L’auteur semble même faire entendre que ce texte est paulinien, car il l’encadre de deux citations de l'épître aux Romains sur le même sujet : Rom., xiii, 1 et 7.

Ainsi, dès la fin du I er siècle et avant la fin du iie, les Pastorales sont connues et utilisées comme les autres Écritures sacrées à Rome (Clément, Justin), en Gaule (Église de Lyon), à Alexandrie (Barnabe), en Palestine (Didachè, Hégesippe), en Syrie, dans toute l’Asie Mineure et en Macédoine (Ignace, Polycarpe, Théophile d’Antioche).

Témoignages explicites.

Les témoignages qui

attribuent expressément les Pastorales à saint Paul sont nombreux dès la fin du iie siècle et le commencement du iiie.

1. Clément d' Alexandrie avait brièvement commenté toutes les épîtres de saint Paul dans ses Hypoty poses, dont il ne reste que des fragments. On trouve chez lui vingt-quatre citations de la I Tim., neuf de II Tim., et autant de Tite. Souvent, elles sont mises expressément sous le nom de Paul. Le Protreptique, 9, P. G., t. viii, col. 198, reproduit toute la sentence de I Tim., iv, 8 sur la piété, comme parole de Paul. Strom., II,