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TIÉDEUR — TILLEMONT


paraître la honte de sa nudité, car il lui faut acquérir la pureté de l’âme en la débarrassant de ses attaches invétérées au péché véniel. Son âme sera ainsi purifiée. Et surtout, il se procurera auprès de Dieu « de l’or éprouvé par le feu », afin de devenir riche. Cet or en fusion symbolise fort bien la charité dans son dynamisme. Il est nécessaire, en effet, à la conversion du tiède qu’il se conforme tout à fait et définitivement à ce dynamisme, sans quoi sa maladie ne serait pas guérie. Assez souvent, Dieu secoue la torpeur du tiède en lui envoyant une épreuve qui le fait réfléchir, lui dévoile les graves déficiences de sa vie spirituelle et en fait un disciple zélé du véritable amour. Car le Seigneur ne désire pas seulement la conversion des pécheurs. Il se tient aussi à la porte du cœur qui sommeille, il frappe jusqu’à ce qu’on lui ait ouvert, et qu’on soit revenu à lui par le repentir : « Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime ; aie donc du zèle et repens-toi. Voici, je me tiens à la porte et je frappe ; si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi. » Apoc, iii, 19-20.

Les traités de spiritualité et les prédicateurs de retraites spirituelles ont un chapitre ou un sermon sur la tiédeur. Cf. Botudalooe, ftetraite spirituelle, 3e jour ; Dict. de spiritualité, art. Acedia, 1. 1, p. 166 sq. ; Charité, t. ii, p. 507 sq. ; W. Faber, Le progrès de l’âme dans la vie spirituelle, c. xxv.

P. Pourrat.

    1. TIFFORD OU THETFORD (Guillaume de)##


TIFFORD OU THETFORD (Guillaume de).

— Théologien d’Oxford, au début du xive siècle. Il était maître en théologie en 1300 et un manuscrit de Worcester, Q. 99, a gardé des traces de son activité enseignante cette année-là : ses interventions aux vespéries de Bridlington, aux actes d’un maître de (.il eaux, et toute une série de Questions disputées par lui. Il fut nommé en septembre 1300 trésorier de l’égiise de Chichester.

A. Little-F. Felster, Ox/ord theologu and theologians, c. 1282-1302, Oxford, 1934, p. 282 sq., 317 sq.

P. Glorieux.

    1. TILLEMONT (Sebastien Le Nain de)##


TILLEMONT (Sebastien Le Nain de), historien ecclésiastique du xviie siècle.

I. Vu :. — Né à Paris le 30 novembre 1637, Sébastien Le Nain de Tillemont est le fils de Jean Le Nain, maître des requêtes et grand ami de Port-Royal. Tout jeune encore, il fut envoyé aux Petites Écoles du Chesnay avec son frère Pierre. Celui-ci devait plus tard entrer à la Trappe et devenir le biographe de l’abbé de Rancéi ce qui explique les relations que le futur historien gardera toujours avec le célèbre réformateur. Il eut Nicole pour professeur d’humanités et de philosophie, mais il ne s’intéressa guère aux problèmes métaphysiques, car, de très bonne heure, il fut pris par la passion de l’histoire qui ne devait jamais l’abandonner. Il étudia l’histoire romaine dans Tite-Live, l’his-Lolre ecclésiastique dans les Annales de Baronius et, sans Larder, se fil remarquer par sa curiosité exacte et minutieuse, |>ar sua souri du détail précis, par son Cèle à recueillir les citations et les références. À dix-huit ans, il commença à amasser des textes sur les apôtres el à les grouper par ordre chronologique. Il avouera plus tard, sans aucune forfanterie, n’avoir jamais rien lu ni étudié que pour connaître l’histoire lastique,

A vingt-quatre ans, Tillemont se trouve à Bcauvais où il poursuit ses études. Il vit au séminaire d’abord, puis chez Godefroy Hermant, un chanoine de la ville qui est. comme lui, un ami des solil aires et qui, comme lui aussi, est un fervent admirateur des Pères. C’est ML de Sus’qui l’a envoyé à Beauvais, sans doute sur le conseil de Walon de Beaupuis, son ancien naître du lay, originaire de cette ville, où il reviendra en 1664. On le reçoit au séminaire, avec des marques

extraordinaires d’estime et l’évêque de la ville, Nicolas Choart, après l’avoir déterminé à recevoir la tonsure, n’hésite pas à lui déclarer qu’il n’aurait point en ce monde de plus grande consolation que de pouvoir espérer l’avoir pour successeur. Il passe ainsi trois ou quatre ans au séminaire, après quoi, il demeure cinq ou six ans chez Godefroy Hermant. Humilié de la considération que Nicolas Choart ne cesse pas de lui témoigner et craignant que les suites n’en soient dangereuses pour lui, il quitte Beauvais pour rentrer à Paris où il retrouve du Fossé et travaille avec lui les Pères grecs et latins. En 1676 il est ordonné prêtre ; il vient alors s’installer à Port-Royal des Champs, d’où vient le chasser la persécution de 1679. Il ne songe pas un instant à fuir en Hollande avec Arnauld. Il se contente de se retirer à Tillemont, où il mène désormais une vie solitaire et studieuse qu’aucun événement extérieur ne vient troubler jusqu’à sa mort survenue le 10 janvier 1698. Il resta jusqu’au bout fidèle à ses anciennes amitiés : Godefroy Hermant l’avait assisté, comme sous-diacre, à sa première grand’messe, chantée à Port-Royal le 28 août 1676 et lui avait légué par testament deux petits crucifix. Sur son lit de mort, il fut assisté par Walon de Beaupuis qu’il regardait comme son véritable père en Dieu.

Nous n’avons pas à insister sur la vie intérieure de Tillemont. Deux traits seulement sont à relever ici : son attachement à l’Église et aux choses de l’Église et son humilité. Tillemont est d’abord homme d’Église. Il observe fort minutieusement la liturgie : « Il servait ordinairement de diacre à la grand’messe, raconte son biographe. Dans les grandes fêtes, où il assistait à tout l’office, il était presque toujours à l’Église depuis quatre heures du matin jusque vers les cinq heures du soir. Lorsqu’il n’allait pas à la paroisse pour vêpres, il les chantait dans sa chapelle à quatre heures… Du reste, il aimait extrêmement le chant d’Église qu’il avait appris de lui-même dès sa plus tendre jeunesse et il le savait si parfaitement qu’il le composait très bien. » Bien qu’il fût prêtre, il n’exerça pas les fonctions du ministère et n’eut jamais charge d’âmes, ce qui ne l’empêchait pas de s’intéresser aux enfants et de leur faire le catéchisme.

Tillemont est également, il faudrait dire surtout, un timide et un humble. Il s’effraye des éloges et fait tout ce qu’il peut pour les fuir. « Lorsqu’il eut donné son premier volume au public, le Journal des Savants parla de l’auteur et de son ouvrage d’une manière fort avantageuse. M. Le Nain, son père, voulut lui faire lire cet article, mais M. de Tillemont le pria de l’en dispenser. Il répondit qu’il n’avait pas besoin de nourrir son orgueil de l’opinion trop avantageuse qu’on pouvait avoir de lui. » Pour la même raison, il ne voulut pas faire paraître son nom à la tête de ses livres. Les quatre premiers volumes des Mémoires, les seuls qui parurent de son vivant se donnent pour l’cruvre du sieur D. T., et encore fut-ce contre son gré qu’on imprima les deux lettres révélatrices. Il alla plus loin encore. « Il abandonna, déclare son biographe, les vies de saint Alhanase, de saint Basile, de saint Grégoire de Nazianze, de saint Ambroise à M. Hermant… Il communiqua de même à du Fossé celles de Tertullien et d’Origènc ; …celle de saint Cyprien au traducteur de ce l’ère… et plusieurs autres parties de son travail à différentes personnes. Toute la grâce qu’il leur demandait était de ne point le faire connaître, Tant d’humilité nous émeut : elle est rare poussée à ce degré chez un homme de lettres. Flic ne va pas sans nous gêner un peu lorsqu’il s’agit de faire la liste de ses enivres : nous risquons forl de ne pas lui en accorder assez, puisqu’il a voulu laisser publier sous le nom d’autrui des livres qui lui appartenaient en propre.