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THOMISME. LES SACREMENTS


condition nécessaire de la présence réelle ei. le substratum indispensable de l’immolation sacramentelle.

A propos du sacrifice de la messe, le saint Docteur insiste sur un autre point capital : le prêtre principal qui offre actuellement la messe, c’est le Christ lui-même, dont le célébrant n’est que le ministre, et un ministre qui, au moment de la consécration, parle, non pas en son propre nom, ni même précisément au nom de l’Église, comme lorsqu’il dit oremus, mais au nom du Sauveur, « toujours vivant pour intercéder pour nous ». Hebr., vii, 25.

Saint Thomas dit expressément, III », q. lxxxii, a. 1 : Hoc sacramentum est lantæ dignitatis quod non conficitur nisi in persona Christi. Et ibid., a. 7, ad 3um : Sacerdos in missa in oralionibus quidem loquitur in persona Ecclesise, in cujus unilate consistit ; sed in consecratione sacramenti loquitur in persona Christi, cujus vicem in hoc gerit per ordinis potestatem ; cf. q. lxxvhi, a. 1. Tandis que le prêtre qui baptise dit : ego te haptizo, lorsqu’il absout : ego te absolvo, lorsqu’il consacre il ne dit pas : ego panem hune consecro, mais : Hoc est corpus meum ; cf. ibid., a. 4. Le célébrant parle au nom du Christ dont il est le minisire cl l’instrument. Il ne dit pas : « Ceci est le corps du Christ », mais Hoc est corpus meum. et il le dit, non pas comme un récitatif, en rapportant seulement des paroles passées, il le dit comme une formule pratique qui produit à l’instant ce qu’elle signifie, c’est-à-dire la ! rattssubstantiation et la présence réelle. Par la voix i par le ministère du célébrant, c’est le Christ lui-même, prêtre principal, qui consacre, si bien que la consécration faite par un prêtre légitimement ordonné est toujours valide, quelle que soit l’indignité personnelle de celui-ci. Q. lxxxii, a. 5 et 6 ; lxxxiii, a. 1, ad 3um.

Suffit-il dès lors avec certains théologiens, comme Sot, Amiens. M. de la Taille, de dire que le Christ offre, non pas actuellement, mais virtuellement la Messe, en tan ! qu’il l’a instituée autrefois en ordonnai ) ! d’offrir ce sacrifice jusqu’à la fin du monde ?

Selon saint Thomas et ses disciples, ce serait diminuer l’Influence du Christ ; en réalité il offre actuellement chaque messe, comme prêtre principal ; si le ministre, quelque peu distrait en cette minute, n’a plus qu’une intention virtuelle, le Christ, prêtre principal, veut actuellement cette consécration et cette transsubstantiation ; et en outre son humanité est, selon saint Thomas, la cause instrumentale physique de la double transsubstantiation ; cf. III », q. lxii, a. 5.

C’est en ce sens que les thomistes avec la grande majorité des théologiens entendent ces paroles du concile de Trente : l’na cademque est hostia, idem nunc offerens tæerdotum minislerio qui se ipsum tune in cfuce obtulit, soin ofjerendi ralionc diversa. Denz.-Bannw., n. 940. C’est le même sacrifice en substance, car c’est la même victime et le même prêtre principal qui l’offre actuel’lement, mais le mode diffère, car l’immolation n’est plus sanglante mais sacramentelle, et l’oblation n’est plus douloureuse, ni méritoire (le Christ n’est plus viator) ; cependant l’oblation d’adoration réparatrice, d’Intercession, d’action de grâces est toujours vivante en son cœur ; elle es1 comme l’âme du sacrifice de la e telle soit la pensée de saint Thomas, on peut s’en tendre compte par ce qu’il dit de l’inlerl Christ toujours vivant, dans son eommen i aire sur l’épttre aux Hébreux, vii, 25 ; sur l’épttre aux Romains, viii, 34, et IIa-IIæ, q. lxxxiii, a. 11. i ci mjel les carm. de Salamanqùe, Cursus Ihtol., De tucharitllst sacramento, dlsp. XIII, dub. iii, n. IX et 50 ; Gonet, Dr incarnattone, dlsp, XXII, a. 2 : Chriitu* rhum mu : ’in <œlo exintens, nrrr et proprie’imi (tnlereedendo), noble dlvina bénéficia pottulando ; ’"-’i t il intercèd » pour nous comme prêtre

principal de la messe. Ainsi l’oblation intérieure toujours vivante au cœur du Christ, prêtre pour l’éternité, est l’âme du sacrifice de la messe ; elle suscite et entraîne l’oblation intérieure du célébrant et celle de tous les fidèles qui s’unissent à lui. Telle est, à n’en pas douter, la doctrine commune, exprimée à plusieurs reprises par saint Thomas et ses meilleurs commentateurs. Cf. R. Garrigou-Lagrange, O. P., Le Sauveur et son amour pour nous, Paris, 1933, p. 356-385.

La valeur infinie de chaque messe est affirmée par les plus grands thomistes contre Durand et Scot ; on trouvera les références à leurs ouvrages dans les Salmanticenses, De euch., disp. XIII, dub. i, n. 107. Cette valeur infinie est fondée sur la dignité de la victime offerte et sur celle du prêtre principal, puisque c’est le même sacrifice en substance que celui de la croix, bien que l’immolation soit ici sacramentelle et non plus sanglante. Le concile de Trente lui-même dit que la valeur de cette oblation ne peut être diminuée par l’indignité du ministre. Une seule messe peut être dès lors aussi profitable pour dix mille personnes bien disposées que pour une seule, comme le soleil éclaire et réchauffe aussi bien sur une place dix mille hommes qu’un seul. Les carmes de Salamanqùe, ibid., examinent longuement les objections faites contre cette doctrine, objections qui perdent de vue la dignité infinie de la victime offerte (valeur objective) et celle du prêtre principal (valeur personnelle de tout acte théandrique du Christ).

c) Altrilion et contrition. III », q. lxxxv, a. 3 et 4 ; Suppl., q. i, a. 1 ; q. n ; a. 1, 2, 3, 4. — La contrition, en tant qu’elle fait abstraction de la perfection ou de l’imperfection du repentir, est communément définie : animi dolor et delestatio de peccalo commisso cum proposito non peccandi de cele.ro ; ce sont les termes mêmes du conci’c de Trente, sess. xiv, c. 4. Quant à la contrition parfaite, elle procède de la charité, tandis que la contrition imparfaite ou attrition se trouve dans une âme qui est encore en état de péché mortel. De là naît un difficile problème sur le caractère surnaturel de l’ait rition et sur ses rapports avec l’amour de Dieu.

Il faut Ici éviter deux erreurs extrêmes, opposées entre elles, qui aboutissent l’une au laxisme, l’autre au jansénisme. Ces laxistes ont soutenu qu’il est probable que l’atl rition naturelle, pourvu qu’elle soit honnête, lorsqu’elle est unie à l’absolution sacramentelle, suffit à la justification : Probabile est sufjicere attrilionem naturalem, modo honestam. Denz.-BannW., n. 1207. Les jansénistes au contraire, ne voyant pas de milieu entre la charité et la cupidité souvent opposées par saint Augustin, on ! dit que l’atlrilion qui ne s’accompagne pas de l’amour de bienveillance de Dieu pour

lui-même n’est pas surnaturelle : Attritio, quiv gehennæ

et jurnarum melu concipitur, sine diledione bencuolenliæ Dei propler se non est bonus motus ac supt rnaturalis. Denz.-Bannw., n. 1305. De ce point de vue il semble que l’ait rit ion Inclut un acte initial de charité, mais alors elle Justifierait sans l’absolution, avec le simple V09I1 de recevoir ensuite le sacrement de pénitence.

Il s’agit donc de montrer que l’atlrilion sans la charité est bonne, qu’elle peut être surnaturelle et qu’elle suffit alors à recevoir fi uelueiiseinent l’absolution

sacramentelle.

[.’enseignement de’, thomistes sur ce point es1 exposé par Cajétan. in /// » iii, q. lxxxv, el surtout opuscule De contrtttone réimprimé dans l’édition léonine de la Somtni à la suite du commentaire de Cajétan sur les articles de saint Thomas n laliꝟ. 6 la pénlti Cajétan dil « tans ici opuscule, q. r, que l’attritlon csi une contritio Informt » qui déteste déjà le péché ou

l’offense faite à Dieu i COUSe’l’un amolli initial de I >e n. Voir aussi les carnies de Salanianipie, Dr pœnl

trntia, disp. vil. n. 60, al BUiunrt, / » pœnltentta,