estant un très grand mal… on ne doit pas dire qu’il ait esté commis, à moins qu’il ne soit parfaitement volontaire et il ne peut être parfaitement volontaire s’il n’y a pas une parfaite advertance à sa malice » ; celle sur l’ivresse, la 4e : « L’ivresse est un péché mortel, si on y tombe pour la volupté seule ; que si ç’estoit pour une autre fin honneste, par exemple par ordonnance de son médecin pour recouvrer sa santé… elle ne serait pas criminelle » ; et la 10e, sans nul doute la plus étonnante de toutes, qui reproduit une conclusion, assez commune chez les casuistes du temps, trop logiquement déduite d’une doctrine admise par beaucoup sur les contrats déshonnêtes : « Un juge est obligé de restituer l’argent qu’il a reçu pour porter une sentence, s’il l’a reçu pour une sentence juste et qu’il estait obligé de rendre… Mais, s’il a reçu de l’argent pour une sentence injuste, il est probable qu’il peut le retenir. » Les autres propositions portent sur la fornication, la dispense des fêtes et des jeûnes, la collation des jours de jeûne, les pensionnaires des bénéfices, la défense de la vie et des biens, les actes voluptueux dans le mariage, le témoignage et le serment en justice, et la monitio non profutura, dans le cas d’ignorance invincible.
Contre cette censure divers écrits défendirent le P. Taverne. A Douai parut la censure de l’évêque avec, pour chaque proposition, la justification du moraliste et une liste des théologiens, qui avaient enseigné la même doctrine. Était ajoutée une « liste des saints canonisez, des papes, des cardinaux, archevêques, évêques, docteurs, théologiens et jurisconsultes, séculiers et réguliers, dont les propositions sont condamnées par Mgr d’Arras ».
Deux lettres parurent aussi, adressées par un théologien au R. P. Barat, supérieur de l’Oratoire et curé de Saint-Jacques à Douai à l’occasion d’une censure de la théologie morale du P. Taverne ; cf. Sommervogel, t. vii, col. 1900-1901. L’auteur de toutes ces réponses à Mgr d’Arras est, d’après le P. Rivière, le même P. Robert Philippe, dont nous avons parlé plus haut. Voir Sommervogel, Supplément, col. 655, art. Philippe.
Mgr de Rochechouart chercha à obtenir une condamnation plus étendue du P. Taverne, si nous en jugeons par deux lettres que Fénelon, son métropolitain, écrivait en 1703 à son propre neveu l’abbé de l’.aumont, cf. Œuvres complètes de Fénelon, 1852, t. vii, p. 12 l : il trouve lui-même les propositions « raboteuses et il ajoute : « M. d’Arras… me parle d’union de li province contre la morale relâchée, .le vois bien qu’il faudrait tenir un concile provincial contre les jésuites ; mais je ne puis le faire sans en demander la permission au Roi. »
L’affaire en resta là. La censure d’Arras eut sans doute pour effet d’empêcher la réédition à Douai de la Synopsis ; en tout cas nous n’en connaissons pas de nouvelle édition française après la première. Mais elle fut, comme l’on a dit, réimprimée sans changement — les jansénistes s’en plaignirent dans les Nouvelles ecclésiastiques — en Allemagne et en Italie.
Sommervogel, Bibl. tic ta Camp, de Jésus, t. vii, col. 18981901 (Taverne) ; t. vi, col. nsn-nsi (Platel) ; Supplément
lu r. Rivière, col. 655 (Philippe) ; Hurler, Nomenelaior,
i i, t. iv, col. 599 ; chanoine J. Depotter, Guy de Sein /< Rochechouart, évique d’Arras, Arr.is, 1893 ; Recueil de » ordonnances, mandemenlt et censure* ! / l’éoiqut d’Arras, ITlo ; Journal de* tapants, 1708, p. 537-540.
H. Brouillard.
- TAVERNIER Jean##
TAVERNIER Jean, ecclésiastique du xvr si.de,
mort en 1558, auteur d’une dissertation De purga
torto animarum ci d’un écrli De oeritate corpori » cl
tangutnts Chritti m Bueharistia, Paris, 1651.
Hurter, Nomenclator literarius, t. iv, 1899, col. 1227, en note.
J. Mercier.
TEDESCH ! Nicolas-Marie, bénédictin italien (1671-1741), qu’il ne faut pas confondre avec un autre Nicolas Tedeschi, surnommé Panormilanus. Nicolas-Marie naquit à Catane en 1671 et embrassa tout d’abord la carrière des armes. S’étant fait moine dans l’ordre de saint Benoît, il devint professeur de théologie au Collège Saint-Paul à Rome. Dans son enseignement il suivit fidèlement la doctrine de saint Anselme, comme on en peut juger par ses deux ouvrages : Scholæ divi Anselmi doctrina, Rome, 1705, in-4o, recueil d’un millier de thèses ad mentem sancti Anselmi, et Doctrinæ synopsis, Rome, 1708, in-4°. Nommé évêque de Lipari par Clément XI, en 1710, archevêque d’Apamée, consulteur du Saint-Office et secrétaire de la Congrégation des Rites, en 1722, Tedeschi renonça à ces dignités sous Clément XII et se retira au monastère de Subiaco. Rappelé à Rome par Benoît XIV, il mourut le 29 septembre 1741.
Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. iv, col. 1358-1359.
J. Mercier.
- TÉLESPHORE (SAINT)##
TÉLESPHORE (SAINT), pape vers les années
125-136. — Dans la liste dressée par Irénée, Cont. hær.,
III, iii, 3, P. G., t. vii, col. 851, il figure comme le
septième évêque de Rome, après Xyste et avant Hygin.
Irénée ajouta à son nom cette brève mention :
ôç xoci èvSôÇwç è[i.apTÙp7 ; aev : » qui, lui aussi rendit
témoignage (c’est-à-dire fut martyrisé) glorieusement ».
Eusèbe qui relève cette donnée de l’évêque de Lyon
précise que la mort de Télesphore arriva la première
année d’Antonin le Pieux (139). Mais il n’est pas impossible
que ce renseignement repose sur des calculs
peu sûrs. Il vaudrait mieux ne pas y insister. En tout
état de cause il faut retenir plutôt la durée du pontificat :
onze années, qui est fournie par le Catalogue libérien
et par Kusèhe, loc. cil. L’Église célèbre la mémoire
de Télesphore le 5 janvier. De son pontificat nous ne
savons rien. La décrétale que lui attribue Isidore Mcrcator
est, de toute évidence, apocryphe. Quant à la
condamnation de Théodote le corroyeur dont parle le
Libellussynodicus dans Voell et Juslcl, Hibliolheca juris
can. vet., t. iii, p. 1167, c’est un évident anachronisme.
S’il faut en croire Eusèbe, loc. cit., c’est seulement sous
le successeur de Télesphore, Hygin, que la communauté
romaine fut troublée par l’apparition des doctrines
de Valentin et de Cerdon, en qui Eusèbe voit le
père du marcionisme.
L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, t. i ;.JalTé, Keyesta pontifleum romanorum, t. i, p. (i ; Lipsius, Chronologie der roniischen liischofe, Kiel, 1869.
- TÉMOIGNAGE (FAUX)##
TÉMOIGNAGE (FAUX). 1. Nature « lu faux
témoignage. II. Malice du [aux témoignage (col. 85).
III. Ouest ions secondaires (col. 88).
I. Nature nu faux témoiqnagi. Au sens ordi
11 : 111c et suivi par tout le monde, le faux témoignage est une déposition mensongère devant les tribunaux, généralement appuyée sur un serment judiciaire. Esscn ticllement c’est donc un mensonge, toujours officieux el liés souvent pernicieux ; mais deux circonstances d’ordre judiciaire lui ont traditionnellement assigne une place à part dans le Décalogue, tel que nous le comprenons selon la doctrine élu (tienne, et ainsi confèrent à ce péché de mensonge une nai me et une gravité spécifique : ce sont les circonstances d’une dépo silion devant un tribunal et de sa confirmation par un serment, qui devient ainsi un faux serment.
Théologiquement, l’étude du faux témoignage, en raison du faux serment qui le spécifie, se rattacherait plut ni au deuxième commandement et au respect dû au saini nom « te Dieu. Mais depuis longtemps la Ira