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THOMISME. MARIOLOGIE


nité divine lorsqu’il dit, I », q. xxv, a. 6, ad 4 nm : Beata Virgo ex hoc quod est mater Dei, habet quamdam dignilatem inflnitam ex bono infinito quod est Deus ; et ex hac parte non potest aliquid fieri melius sicut non potest aliquid esse melius Deo. Il dit aussi, à propos du culte d’hyperdulie dû à Marie, II » -II æ, q. ciii, a. 4, ad 2um : hyperdulia est potissima species dulise communiter sumptæ : maxima enim reverentia debetur homini ex affinitate quam habet ad Deum. La maternité divine a donc une dignité infinie à raison de son terme.

Lst-ce que la maternité divine suffisait à sanctifier Marie indépendamment de la plénitude de grâce, comme l’union hypostatique donne â"u Christ une sainteté substantielle indépendamment de la plénitude de grâce habituelle ? Quelques théologiens, comme Ripalda et Véga, l’ont affirmé, mais la généralité des théologiens le nie avec les carmes de Salamanque et Conlenson ; la raison en est que la maternité divine, à l’opposé de la grâce d’union dans le Christ et de la grâce sanctifiante dans le juste, n’est qu’une relation au Verbe incarné, relation qui ne semble pas pouvoir justifier formellement.

Cependant, comme le montre Contenson, loc. cit., 11* prærogalica, la maternité divine, si elle ne sanctifie pas formellement et immédiatement, sanctifie radicaliter et exigitive, car elle postule connaturellement toutes les grâces accordées à Marie pour qu’elle soit la digne mère de Dieu. Ainsi encore Hugon, loc. cit., et Merkelbach, loc. cit.

Pour le bien entendre, il ne suffit pas de considérer matériellement la maternité divine, de ce point de vue elle consiste à concevoir matériellement, à porter, engendrer, nourrir le Verbe de Dieu fait chair, et de ce point de vue il est plus parfait de faire par amour la volonté de Dieu que de l’engendrer matériellement, d’où la parole du Sauveur : Quinimo bcati qui audiunt verbum Dei et custodiunt illud, Luc, xi, 28. Mais il faut considérer la maternité divine formellement et, de ce point de vue, pour devenir mère de Dieu, Marie le jour de l’annonciation a dû donner son consentement a la réalisation du mystère de l’incarnation. En ce sens comme le dit la tradition, elle a conçu son luis de corps et d’esprit : de corps, parce qu’il est la chair de sa chair ; d’esprit, parce qu’il a fallu son consentement, qu’elle a donné dit saint Thomas, III", q. xxx, a. 1, au nom de l’humanité ; et elle a consenti non seulement à la réalisation de ce mystère mais à tout ce qu’il entraînait de soufïrances selon les prophéties messianiques. À ce point de vue la maternité divine formellement considérée exige un très haut degré de grice sanctifiante pour que Marie soit la digne mère du Sauveur et [jour qu’elle puisse être associée à son enivre rédemptrice, ut mater Redemptoris selon le plan providentiel. Cf. Hugon, loc. cit., p. 734 ; M.-J. Nicolas, Le concept intégral de la maternité divine, dans Revue thomiste, 1937 ; Merkelbach, op. cit., p. 74-92, 297 sq.

Ajoutons que la maternité attribuable à une créature raisonnable exige son consentement libre, et ici le musc ntement doit être surnaturel, car il est donné à la réali sat ion du mystère de l’incarnation rédemptrice. Aussi la maternité divine [irise formellement exige la grâce, et non pas inversement ; la plénitude de grâce n’exige pas la maternité divine. Si l’on dit que de puissance absolue cette maternité divine pourrait être > ; ms la ur ; ’i< e, c’est comme on le dit de l’annihilation d’une âme, même de l’âme du Christ, parce que cela ne répugne pus Intrinsèquement, mais cela répugne du ( olé du motif ou de la lin. île sorte que ce n’est pas possible de potentia ordinata, sive ordinaria, sive extraofdinaria.

On s’est demandé en lin si la dignité de la maternité

divine, même sans c onsident cm ire la plénitude de

. est purement et simplement supérieure i la

grâce sanctifiante et à la vision béatifique. Bref, est-ce que la maternité divine qui exige la grâce, est supérieure à la grâce exigée par elle ?

Suarez le nie et avec lui Vasquez, les carmes de Salamanque, Gonet, Mannens, Pesch, Van Noort, Terrien. Au contraire, parmi les thomistes, Contenson, Gotti, Hugon, op. cit., p. 736 sq., Merkelbach, op. cit., p. 64 sq., répondent affirmativement et soutiennent que c’est plus conforme à la doctrine traditionnelle. Ils en donnent trois raisons convaincantes :

1. La maternité divine est par son terme d’ordre hypostatique, elle atteint physiquement la personne du Verbe fait chair et lui donne sa nature humaine ; or, cet ordre hypostatique dépasse de beaucoup celui de la grâce et de la gloire. Dès lors la maternité divine a une dignité infinie à raison de son terme et de plus elle est inamissible, tandis que la grâce peut se perdre. —

2. La maternité divine est la raison pour laquelle la plénitude de grâce a été accordée à Marie et none converso ; elle en est la mesure et la fin, elle lui est donc supérieure, simpliciter. — 3. C’est à raison de la maternité divine qu’on doit à Marie un culte d’hyperdulie, supérieur à celui dû aux saints si éminents soient-ils par le degré de grâce et de gloire. Si ce culte d’hyperdulie est dû à Marie, ce n’est pas parce qu’elle est la plus grande sainte, mais parce qu’elle est la mère de Dieu. Et donc simpliciter loquendo la maternité divine, même nude spectata, est supérieure à la grâce sanctifiante et à la gloire. Et c’est pourquoi Marie a été prédestinée à la maternité divine avant de l’être à un très haut degré de gloire puis à la plénitude de grâce.

Cependant, secundum quid, à un point de vue secondaire, la grâce sanctifiante et la vision béatifique sont plus parfaites que la maternité divine ; la grâce habituelle en effet justifie et sanctifie formellement, et la vision béatifique unit immédiatement l’intelligence à l’essence divine sans l’intermédiaire de l’humanité du Christ. La maternité divine donne seulement droit à la grâce et à la gloire sans formellement justifier et béatifier. Mais il ne s’ensuit pas que la vision béatifique soit simpliciter plus parfaite que la maternité divine, autrement l’union hypostatique, qui ne béatifie pas formellement, serait inférieure à la vision béatifique, ce que personne n’admet.

Il suit de là que Marie appartenant par la maternité divine à l’ordre hypostatique est supérieure aux anges et au sacerdoce participé des prêtres du Christ. Cette maternité divine est le fondement, la racine et la source de toutes les grâces et privilèges de Marie, soit qu’ils la précèdent comme disposition, qu’ils l’accompagnent ou qu’ils la suivent comme résultante.

Sainteté de Marie.

On dislingue la sainteté

négative qui comporte les privilèges de L’immaculée conception et de l’exemption de tout péché actuel, et la sainteté positive ou plénitude de grâce.

1. Saint Thomas et l’immaculée conception. — Parmi les théologiens qui soutiennent que saint Thomas est plutôt favorable à ce privilège, il faut citer chez les dominicains, S. Capponi de Porrccla († 1614), Jean de Saint-Thomas († 1644), Curs. Theol., initio, De approbationc doctrinæ S. Thomtc, d. ii, a. 2, Noël Alexandre, plus récemment Spada, Houart de Card, Berthier, et en ces derniers temps N. de ! Prado, Uivus Thomas et bulla « Inefjabilis Deus », 1019, Th. Pégues, dans Rev. thom., 1909, p. 83-87, I".. Hugon, op. cit.. p. 718, P. Lumbreras, Saint Thomas and Ihr Inunarulalr Conception, 1923, (. Frietoff, Quotnodo caro 11. M. V. in pu i nto ortglnalt concepta fueril, dans Angelicurn. 1 933, [). 321 331, J.-M. Vosté, Commentarius m ///* m P. Somme th. S. Thomm, De mystrriis rilir Christi. : >" éd. l’I 10, p. 13-20, et, parmi les jésuite, , l’i rrone. Palmleri,

llurtcr, CornoldL Au contraire » parmi <eu qui pen-