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TAULER


en ont recueilli des résumés. S’il s’y trouve des passages obscurs, il faut les expliquer par le contexte. Cf. Hjgueny, ibid., p. 49-50. Le chartreux L. Surius († 1578) dans la préface de sa traduction latine des œuvres de Tauler s’efforce, lui aussi, de jus. ifler Tauler des reproches qu’on lui faisait.

Ces controverses eurent de graves conséquences pour Tauler, non seulement en Allemagne, mais aussi dans les autres pays d’Europe. Lorsque l’Inquisition dut sévir en Espagne contre les Alumbrados, elle interdit la lecture d’un certain nombre d’auteurs mystiques. Son Index de 1559 mettait les Institutions de Tauler au nombre des livres prohibés. Le général des jésuiles, Everard Mercurian. interdit aux jésuites espagnols de lire Tauler et Harphius, sans une autorisation spéciale. Cf. Alphonse Rodriguez, Pratique de la perfection chrétienne, IIe partie, v traité, c. iv. Le jésuite François Suarez, lui aussi, estimait peu Tauler. De virtute religionis, tract. IV, t. II, c.xii, n. 17.

En Belgique à la fin du xvie siècle, une effervescence mystique obligea les supérieurs des capucins belges à interdire à leurs religieux la lecture de Harphius, de Tauler, de Buysbrœck, de Suso et de la Théologie germanique. Cf. P. Hildebrand, Un mouvement pseudomystique chez les premiers capucins belges, dans Franciscana, t. vii, 1924, p. 247 sq. ; Les premiers capucins belges et la mystique, dans Revue d’ascétique et de mystique, 1938, p. 258 sq.

En France, au xviie siècle, les controverses quiétistes allaient jeter aussi quelqe discrédit sur Tauler. Préquiétistes et quiétistes lisaient avec avidité Tauler et les autres « mystiques du Nord ». D’où la réaction de ceux qui furent leurs adversaires. Il nous suffira de rappeler les jugements assez sévères de Bossuet sur les écrits de Tauler. Ils sont inspirés par son aversion pour le quiélisme, et méritent d’autant plus d’être pris en considération que l’évêque de Meaux avait tout d’abord regardé Tauler comme « un des plus solides et des plus corrects des mystiques ». Instruction sur les états d’oraison, I" Traité, t. I, n. 3. Bossuet avait approuvé en termes élogieux, en 1669, la traduction française de l’écrit attribué alors à Tauler : De vita et passione salvatoris noslri Jesu Christi piissima exercitia. Cf. Urbain et Levesque, Correspondance de Bossuet, t. i, p. 506-507. Ce que Bossuet reproche le plus à Tauler ce sont des exagérations de style : « Une ardente imagination, dit-il, jette souvent ces auteurs dans des expressions absurdes et qui, sans rien vouloir diminuer de la réputation de Taulère, nous apprennent du moins à ne pas prendre au pied de la lettre tout ce qui lui est échappé. » Instruction, ibid., n. 7. Ce sont justement ces exagérations qui plaisent le plus aux quiétistes. Aussi Bossuet est-il sévère : « Si je voulais, poursuit-il, recueillir toutes les façons de parler excessifs et alambiquées, qui se trouvent dans cet écrivain [Taulère] et dans ses semblables je ne finirais jamais ce discours. Il me suffit d’observer que les plus outrées sont celles que les mystiques de nos jours aiment les mieux ; en sorte que leur caractère, je le puis dire sans crainte, c’est d’outrer ce qui l’est le plus et d’en-Chéril au dessus de tous les excès. » Ibid. C’est dire que l’influence de Tauler sur les quiétistes fut très I" lieuse, ce qui explique la mauvaise humeur de Bossuet.

Au xviii" et jusqu’au milieu du xix p siècle, Tauler et les autres mystiques du Nord furent englobés dans la réprobation du quiélisme. On les délaissa. Cependant lei Sermons de Tauler eurent leur première traduction Française en 1855, ce qui ai lira un peu l’ai

tention du public sur eux. Mais ce sont les él iules du

i". Henri Suso Déni fle qui nnl remis en honneur les

mystiques rhénans, surtout l’anthologie Urée de leurs

Dos geistliche Leben. Blumenlue nus dm deui

schen Mystiken und Gottesjreunden des 14. Jahrhunderts, Graz, 1873.

L’histoire de la spiritualité en posant le problème de l’influence incontestable, heureuse ou non. du néoplatonisme sur la théologie mystique des auteurs rhénans du xiv c siècle, assure à Tauler, dans les années qui vont suivre, un grand nombre d’études.

I. Éditions.

La première édition allemande des sermons de Tauler est celle de Leipzig chez Conrad Kachcloven, 1498, in-4° de viii-281 fol. Cette édition contient 84 sermons. La seconde édition allemande fut publiée à Augsbourg en 1508, in-fol. Même nombre de sermons, mais texte contrôlé, semble-t-il, sur un manuscrit. Puis.àBâle, Adam Pétri publia en 1521 et réédita en 1522 une édition allemande enrichie de 42 nouveaux sermons dont l’authenticité n’était pas d’ailleurs garantie par l’éditeur : Thauler Prediy, fast fruclitbar zu eim redit christlichen Leben, in-folio.

Saint Pierre Canisius publia, en 1543, in-fol., à Cologne : Des erleuchten D, Johannis Taulcri, vun et/m waren evangelisctien Leben, Gôtliclw Predig, Leren, Fpislolen, Canlilenen, Prophelien. Comme le titre l’indique, cetteédilioncontient en plus des sermons, des instructions, des lettres, des cantilènes et même des prophéties de Tauler, Beaucoup de documents apocryphes sont insérés, de bonne foi sans doute, mais dans le but de répondre aux reproches d’hétérodoxie adiessés à Tauler.

Les éditions de Francfort et Leipzig de 1703 et 1720, en 2 vol. in-4°, avec une préface de Ph. Jacques Spener ne contiennent pas un texte bien sûr. Cette édition a été réimprimée à Francfort-sur-le-Mein en 1826 en 3 vol. in-8°. La première édition critique des sermons de Tauler est celle de Ferdinand Vetter, publiée dans cs Deutsche Texte des Mittelalters. .., t. xi : Die Predigten Taulers aus der Engelberger und der Freiburger Handschrift sowie aus Sclimidls Abschriften der eliemaligen Strassburg Handschriften, Berlin, 1910, in-4°.

De A.-L. Corin, Le Codex Vindobonensis 2744, dans la Bibliothèque de la faculté de philosophie et lettres de l’université de Liège, fasc. xxxiii, 1924, Liégo, dialecte colonais. Un autre manuscrit de Vienne en dialecte mosellan.

II. Traductions.

Latines.

La première a été

publiée à Cologne en 1548 par Surius : D. Johannis Tauleri sermones de tempore et de sanctis tolius anni, reliquaque ejus pietati ac devotioni maxime inserventia opéra omnia a H. F. Laurentio Surio in latinum sermonem translata. C’est l’édition de Pierre Canisius qui a servi de base à cette traduction. Une réédition de cette traduction a été faite à Cologne en 1553 par les soins de l’imprimei ie.Jean Quentel, in-l° ; des additions à la traduction princeps de Surius ont été faites ; au total 115 sermons de tempore et 3 !) de sanctis. Nouvelle édition par le même imprimeur à Cologne en 1615, in-4°. La traduction latine de Surius a été rééditée plusieurs fois, ainsi à Paris, en 1623, in-4°, etc.

Traductions françaises.

 Charles Sainte-Foi (Éloi

Jourdain) a publié en 1855, Tours (Manie) en deux volumes in-8°, la traduction française de l’édition allemande de Francfort de 1826. Le I’. Pierre Noël, O. P., a fait paraître à Paris, 1911-1913, en huit volumes in-X", la traduction française de toute l’édition latine de Surius, révisée par Jean Quentel.de Cologne, 1553. Enfin les PP. Hugueny et Thcry, (). P., et A.-L. Corin ont publié en trois volumes (éditions de la Vie spirituelle, 1 !)27-I (.l3â), la traduction française des Sermons de Tauler, traduction faite sur les plus anciens manuscrits allemands, traduction bien scientifique.

m. Travaux. — Quétif et Ëchard, Scriptorcs O. P.,

t. I, p. 677-679 ; Touron, Histoire drs hommes illustres de l’orilrr de Saint-Dominique, Paris, 171."), t. II, p. 337 sq. ; Hurler, omrnclator, 3 « éd., t. ii, col. 067-069 ; Hugueny, Theiy, O. P., et A.-L. Corin, Sermons de Tailler, traduction, introduction historique, littéraire et théologique, t. i, p.."> sq. ; Pierre Noël, <>. P., Œuvres complètes de .Iran Tauler, traduction de la version latine de Surius,

Introduction, t. t, p. l-t>."> ; P. Pourrai, l.n spiritualité chrétienne, t. ii, p. 329 iq. ; t. iii, p. 108 sq. ; Félix Verne t, Allemande (Spiritualité i. dans Dirl. dt Spiritualité, t. I, COl. 314

sq. ;. de Hbrnsteln, Les grandi mystiques allemands’lu ai I’m>< I. / ckart, Tauler, Siuo, Lucerne, 1922 ; Comtesse M. de Vlllermont, f n groupe mystique allemand, Êtudt sur lu ote religieuse au Moyen Age, Bruxelles, 1906 ; voii lesËncj clopédies catholiques et protestantes, anciennes et mo «