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THOMASSIN. LES « MÉTHODES


gueurs dont les princes chrétiens voulaient user contre les hérétiques. Le titre très détaillé indique suffisamment l’objet et le but de l’ouvrage.

5. Traité de la vérité et du mensonge, des jurements et des parjures, divisé en deux parties, Paris, 1691, 1 vol. in-8°. — Dans la première, l’auteur explique la doctrine des Écritures et des Pères, surtout de saint Augustin sur la vérité et le mensonge ou les équivoques. Avec eux, il déclare « qu’il vaut mieux sans comparaison se tromper par un amour excessif de la vérité et par une aversion extrême du mensonge ». P. 3. Il s’efforce de concilier les Pères grecs avec les latins sur le mensonge officieux ; Clément d’Alexandrie prétend que le juste doit être « persuadé qu’étant du nombre des enfants de lumière, il serait indigne de lui de jamais mentir ». P. 130. Us ont reconnu qu’une certaine feinte peut être permise pour une bonne fin : exemples de Félix de Noie, d’Athanase, de plusieurs martyrs. — La seconde partie s’occupe du serment : quand et pourquoi les Pères permettent le serment qui semble défendu par l’Évangile ? Est-on obligé de garder les serments surpris par artifice ou extorqués par force ? Les supérieurs sont-ils autorisés à les déclarer nuls ? Qui peut en avoir le droit ? La restriction mentale peut-elle être admise en matière de serments ? L’auteur répond « non par des subtilités tirées du sens humain, mais par l’autorité claire et constante de la tradition et le langage bien soutenu des saints Pères ». Batterel, op. cit., p. 507.

6. Traité de l’aumône ou du bon usage des biens temporels, tant pour les laïcs que pour les ecclésiastiques, Paris, 1695, in-8°. — Quand ce volume parut.Thomassin avait perdu l’usage de ses facultés ; il fut publié par le P. Bordes ainsi que le suivant sur le Négoce et l’usure. Un autre sur l’Homicide et le larcin est resté manuscrit ainsi que les Conférences du P. Thomassin sur l’Histoire ecclésiastique, sur les conciles et sur les Pères. L’éditeur en fait honneur aux archevêques et évêques assemblés à Saint-Germain-en-Laye. Thomassin cite d’abord les pressantes instances que les Pères faisaient aux fidèles pour les porter à l’aumône. Saint Cyprien met au nombre des grands vices l’amour excessif pour son patrimoine et pour les biens de la terre. P. 57. « Les riches ne sont que les dispensateurs et les économes de leurs biens ». P. 158. « Les biens d’Église sont proprement les biens des pauvres dont les bénéficiers ne sont pas les maîtres, mais les économes et les dispensateurs dans tous les âges de l’Église. » P. 505. Il devait ajouter un appendice touchant les devoirs des abbés commendataires.

7. Traité du négoce et de l’usure, divisé en deux parlies, Paris, 1697, in-8°. — Il peut être considéré comme la suite naturelle du précédent, parce qu’il y est parlé de l’emploi des biens fait en négoce et usure, lequel « doit nous faire acheter aux dépens d’un peu de temporel les biens inestimables de l’éternité ». Les Pères ont mis à la vérité le négoce « au dernier rang des choses permises, du moins pour certaines personnes seulement, mais sans dissimuler pour toutes sortes de personnes les dangers infinis qui l’accompagnent ». Avertissement. Thomassin considère comme usure « cette espèce de monopole qui fait acheter quelquefois à bon marché les grains et les fruits de la terre de tout un pays dans le temps d’abondance pour les revendre ensuite à un prix exorbitant » ; il signale comme frauduleux le traité de société simulée dans le négoce dont on s’assure un profit certain et on sauve ensuite le capital sans courir aucun risque. Il ne connaît pas encore le prêt à intérêt tel que nous l’avons. Le négoce est défendu aux clercs : « On peut, dit-il comme conclusion, approuver dans les régions ou provinces diverses de la chrétienté où on a laissé et on laisse encore un libre cours à quelques usures modérées, en

déclarant et protestant qu’elles sont illicites, contraires à la loi divine et sujettes à la loi éternelle ». P. 503.

8. À cet ordre appartient cet ouvrage posthume : Traite dogmatique et historique des édits et des autres moyens spirituels et temporels, dont on s’est servi dans tous les temps pour établir et maintenir l’unité de l’Église catholique. Divisé en deux parties : la première depuis le commencement de l’Église jusqu’au IXe siècle ; la seconde depuis le i Xe siècle jusqu’au dernier, par le feu P. Louis Thomassin, prêtre de l’Oratoire, avec un supplément par un prêtre de la même congrégation pour répondre à divers écrits séditieux et particulièrement à l’histoire de l’édit de Nantes qui comprend les huit derniers règnes de nos rois, Paris, 1703, 2 vol. in-4° et un 3e vol. avec le supplément annoncé dans le titre. L’éditeur est aussi le P. Bordes qui composa le supplément et les préfaces. Le titre de l’ouvrage dit assez son objet qui l’apparente au Traité de l’unité de l’Église, indiqué plus haut.

9. — Les quatre suivants sont restés manuscrits : Remarques sur les conciles avec des tables amples et des notes marginales, 3 vol. in-fol. ; Remarques sur les décrétâtes de Grégoire IX ; Traité des libertés de l’Église gallicane ; Remarque de Louis Thomassin sur les livres des confessions de saint Augustin et sur plusieurs autres œuvres du même saint, in-fol. Une appréciation de Thomassin sur le De azymo et fermentato de dom Mabillon est imprimé dans le t. i, p. 204, des œuvres posthumes de celui-ci, données en 3 vol. in-4° par dom Vincent Thuillier. Voir Batterel, op. cit., p. 513.

IV. Les méthodes.

Aux traités précédents et sur la demande de ses supérieurs, Thomassin ajouta encore huit volumes sur la méthode d’étudier et d’enseigner chrétiennement les éléments de l’enseignement classique par rapport à la religion, volumes « exquis pour tout le monde, dit H. Bremond, mais pour nous deux fois précieux, puisque s’y rencontrent sans le moindre heurt et s’y confondent ces deux courants de pensée et de vie : l’humanisme dévot et le bérullisme ». Métaph. des saints, t. vii, p. 382.

1° La méthode d’étudier et d’enseigner chrétiennement et solidement les lettres humaines par rapport aux lettres divines et aux Écritures, divisée en six parties, dont les trois premières regardent les poètes. De l’étude des poètes, Paris, 1681-1682, 3 vol. in-8°. — Dans la préface, il commence par poser, la question : Quelle alliance peut-il y avoir entre la discipline ou la morale de l’Église et la méthode d’étudier ou d’enseigner les lettres humaines principalement les poètes ? Et il raconte comment les Pères ont protesté contre l’édit de Julien qui défendait aux chrétiens d’enseigner les lettres profanes, comment saint Basile composa un traité sur l’utilité de l’étude des lettres humaines pour les chrétiens. — L. I er. Usage qu’on doit faire de la lecture des poètes et précautions à prendre pour la rendre utile : « Les poètes ont été les premiers savants du genre humain et les seuls qui aient autrefois écrit de la théologie, de la philosophie et de la morale », t. i, p. 66. À l’appui, nombreuses citations des Pères grecs et latins. — L. II. Utilité qu’on en peut retirer par rapport à l’Écriture sainte : Thomassin trouve des convenances, un peu forcées sans doute, entre Homère, les autres poètes et la Bible. — L. III. Il traite des personnes illustres de l’Ancien Testament, dont les païens ont fait des dieux : l’histoire d’Adam, de Noé et de ses trois enfants est appliquée à Janus, à Saturne et à ses trois fils ; celle de Josué aurait formé la fable d’Hercule. T. ii, p. 1-47. Il parle ensuite des divinités fabuleuses dont il est question dans l’Écriture : Moloch, Apis, etc. — L. IV. Poui expliquer le culte de la nature et du monde, il dit : « Notre nature après le péché étant demeurée raisonnable d’un côté et de l’autre esclave des sens, elle n’a pu ni se dépouiller de la