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    1. THOMASSIN##


THOMASSIN. LA DISCIPLINE ECCLÉSIASTIQUE

ments subis à chaque époque. Dans les éditions latines, chaque question est étudiée depuis son commencement jusqu’à la fin. Cet ordre fut jugé préférable et introduit dans la nouvelle édition française, Paris, 1725, 3 vol. in-fol. ; reproduite par Migne, 1858, 2 vol., t. xxv-xxvi des Dictionnaires ; dans celle de Bar-le-Duc, 1864-1867, 7 vol. in-4°. Le P. Loriot a donné un abrégé, Paris, 1702, in-4°, 2e éd., 1717.

1. Préface.

Thomassin y signale pour les condamner les deux tendances qui se manifestaient au xvii c siècle sur la discipline des premiers temps : « Les uns voudraient qu’on leur fît voir la police des premiers siècles entièrement semblable à celle de nos jours et les autres ne peuvent souffrir qu’on remarque quelque ressemblance. Ceux-ci sont les admirateurs éternels de l’antiquité et les censeurs inexorables du dernier âge de l’Église, et ceux-là, par des scrupules mal fondés ou par un amour excessif du temps où ils vivent et peut-être même des relâchements qui s’y sont glissés, ne peuvent se persuader que la discipline de l’Église ait pu se relâcher en quelques points, comme elle a pu en d’autres se fortifier et se rendre plus parfaite. » P. vi, de l’éd. 1725 (les citations seront laites d’après celle-ci). Les premiers ce sont les jansénistes, en particulier Arnauld, dans la Fréquente Communion (1644) et plus tard Fleury dans ses Discours sur l’histoire de l’Église. L’un et l’autre sont persuadés qu’une admirable discipline régna dans les premiers siècles de l’Église et qu’il n’y a qu’à y revenir. D’autres trouvent que tout est bien dans le présent. Thomassin, toujours parfaitement orthodoxe et très bien informé, trouve que « la modération est toujours louable ; mais elle ne fut jamais plus nécessaire que dans cette comparaison délicate que l’on fait de la police ancienne de l’Église avec la nouvelle. L’Église, qui est l’épouse du divin Agneau, est toujours la même. La foi ne change point et elle est la même durant tous les siècles ; mais la discipline change assez souvent et elle éprouve dans la suite des années des révolutions continuelles ». Ibid. Les faits qu’il apportera seront une réfutation incontestable des extrémistes des deux camps : « La police a donc sa jeunesse et sa vieillesse, le temps de ses progrès et celui de ses pertes. Sa jeunesse a eu plus de vigueur, mais elle a eu bien des défauts. On y remédia dans les âges qui suivirent ; mais en lui acquérant de nouvelles perfections, on lui laissa perdre l’éclat des anciennes. La vieillesse est plus languissante, comme il paraît par les condescendances que l’on croit nécessaires en ce temps ; mais, si l’on prend la balance en main et que l’on pèse juste toutes choses, l’on trouvera que sa vieillesse, comme sa jeunesse, a ses avantages et ses manquements. » Il s’efforcera donc de garder le juste milieu ; il critiquera les uns et louera les autres sans nommer les premiers : « J’ai quelquefois loué les auteurs modernes quand j’ai suivi leurs traces ; niais je ne les ai jamais nommés quand j’ai rejeté leurs sentiments. » P. v. La phrase qui suit vise certainement Arnauld, mais ne le nomme pas : < Il n’est jamais pardonnable à des particuliers de se relâcher des pratiques saintes de l’Église ; mais quand l’Église même autorise quelque adoucissement pour une utilité évidente ou pour quelque nécessité pressante des fidèles, ces accommodements, quoique contraires en apparence à la lettre des canons, sont effectivement conformes à leur esprit. » Ibid., p. vi. Plus loin, cette règle très sage a bien en vue les jansénistes : « Le meilleur parti que nous puissions prendre est de conformer toujours nos sentiments, nos langues et nus plumes à la discipline générale de l’Église au temps que la Providence nous y a placés. I re part., t. I, c. xlviii, 17, t. i, p. 361. liien entendu, il faul tiuguer « deux sortes de maximes dans la discipline,

Les unes sont des règles immuables de la Vérité éternelle, qui est la loi première et originelle dont il n’est jamais permis de se dispenser… Les autres ne sont que des pratiques indifférentes en elles-mêmes qui sont plus autorisées… en un temps et en un lieu qu’en un autre temps et en un autre lieu… Ainsi la Providence. .. ménage avec beaucoup de sagesse et de charité ce trésor de pratiques différentes selon qu’elle le juge plus utile pour conduire par ces changements la divine Épouse de son Fils à un état immuable île gloire et de sainteté ». Préface, p. vu.

2. La hiérarchie.

Cette position prise, il parle peu des trois premiers siècles, sans doute pour ne pas répéter ce qu’avait dit Petau. Voir art. Petau, t.xii, col. 1321, et J. Martin, Petau, dans Les grands théologiens, c. vu. Pour lui, comme pour Petau, l’épiscopat n’est pas l’extension du sacerdoce, c’est au contraire le presbytérat qui fut à l’origine contenu dans l’épiscopat pour s’en séparer ensuite : « Le Fils de Dieu… voulut être lui-même notre suprême loi et notre souverain pontife… formant son Église comme un monde nouveau et voulant que les apôtres fussent les pères de tous les peuples qu’il y appellerait, il leur donna en même temps, par la toute-puissance de sa parole et de son esprit, la plénitude entière et tous les avantages du sacerdoce divin qui devait donner naissance à tous les enfants de Dieu dans la suite des siècles. » L. I, c. i, 1-4, t. i, p. 3. Ensuite, les apôtres « donnèrent l’épiscopat à tous ceux à qui ils conféraient l’ordre et le rang de prêtres et de sacrificateurs ». Ibid., 6. Les prêtres que saint Paul disait à son disciple Tite d’ordonner, Tit., i, 5, ne pouvaient être que des évêques, n. 8. « De cette divine fontaine émaneront ces admirables ruisseaux, je veux dire tous les ordres et toutes les dignités ecclésiastiques au dessous de l’épiscopat ». N. 9. Le prêtre consacré évêque « reçoit la plénitude du sacerdoce dont il n’avait auparavant qu’un écoulement, et il devient comme le tronc de cet arbre divin, dont il n’était auparavant qu’une branche. » N. 10. Aux premiers siècles, « les prêtres ne prêchaient, ne baptisaient, ne réconciliaient les pénitents et ne célébraient l’auguste sacrifice qu’en l’absence ou par le commandement de l’évêque ». N. 12. Au c. ii, il donne ses preuves prises dans saint Épiplume, les Constitutions apostoliques, saint Ignace, saint Denys ; il discute la lettre de saint Jérôme à Évagrius pour expliquer comment ce Père dit « que le seul pouvoir de conférer les ordres distingue les évêques d’avec les prêtres ». N. 7. Il étudie la pratique de l’Église grecque, où le prêtre donne la confirmation, mais avec du chrême consacré par l’évêque. Thomassin y revient, c. lii, 6 sq. ; puis t. II, c. xxix, 1-3. Au c. L, il démontre l’institution divine de l’épiscopat et se sert encore de saint Jérôme pour expliquer comment les apôtres, étant égaux à saint Pierre dans l’apostolat, lui sont unis comme à leur chef. N. 4. Ils ont reçu de Jésus-Christ le pouvoir d’ordonner d’autres prêtres, « mais dans un esprit d’unité et de Concorde entre eux et avec leur chef », Pierre étant seul considéré « comme le chef et le centre de l’unité ». N. 3.

Les apôtres n’établirent des Églises que dans les grandes Hlis ; saint Ignace « ne fait jamais nulle mention, ni des prêtres de la campagne, ni des églises des villes où l’évêque ne réside point. On peut faire les mêmes réflexions sur les lettres de saint Cypricn ». L. II, c. xxi, 2. « Il ne se disait qu’une messe, à laquelle tous les autres prêtres assistaient et communiaient et après laquelle on envoyait la communion

ans. prêtres.les paroisses qui n’avaient pu y assister. N. 7. Au tve siècle à Home, la pluralité des paro existait, mais toutes étaient dans la ville, n. 9 12 ; à Alexandrie aussi mais « il est lu «  « 1 1, m que les prê-