Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/410

Cette page n’a pas encore été corrigée
805
806
THOMASSIN. LES DOGMES : L’INCARNATION


tous ses éléments, il ne lui manque que la personnalité, sa propre subsistence. C. xvi. Il en résulte que la sainte Vierge n’est pas seulement xpi<jtot6xoç, Mère du Christ, mais GeoTÔv.oç, Mère de Dieu, d’un Dieu-Homme. C. xv. Il existe entre la nature et la personne cette différence que « la personne n’est pas autre chose que l’individu, ou la nature de chacun existant à part et absolue, tandis que la nature ou la substance, oùaîa, çûaiç, s’entend de la nature commune qui ne se trouve jamais que dans les individus ; la nature et la personne, ouata et Û7TO<jT<xaiç, sont donc entre eux comme l’universel et le particulier, l’espèce et l’individu ». C. xx, 1. Il cite la définition de Boèce : « La personne est la substance individuelle de la nature raisonnable ». 14. La personne du Christ réunit donc en une complète unité la nature divine et la nature humaine et l’on peut attribuer à la divinité ce qui appartient à l’humanité et dire, ce qui a soulevé tant de difficultés au vie siècle : « Un de la Trinité a souffert. » Ces discussions, pense notre auteur, n’avaient pas d’objet sérieux. C. xiv, 3-9. Il fait à ce propos cette réflexion que l’on peut n’être pas d’accord sur les mots et l’être sur les pensées : « Ce sont parfois des combats de mots beaucoup plus que de choses. » C. xxi, 12. Les expressions apparaissent pour la nécessité, vieillissent, se renouvellent, la foi reste intacte ; il faut se rappeler que l’Église a toujours le droit de régler le langage : « Quand une discussion s’élève entre catholiques, il faut le plus souvent n’être pas trop exigeant sur l’exactitude absolue des termes pour garder l’unité et l’harmonie de la foi et faire cesser les soupçons iniques. » C. xxiv, 27.

3. Les deux natures du Christ (1. IV-X). — La question n’est vraiment abordée qu’au c. ix du t. IV, après des considérations sur la divinité du Christ et la réalité de sa chair. — a) Apollinaire a prétendu que le Verbe n’a pris de l’humanité que le corps, dont il est l’âme, ce qui est, d’après les Pères, supprimer l’incarnation. L’expression Verbum caro faclum est de saint Jean prend la partie pour le tout et saint Athanase répond : Le Christ sera appelé Dieu parfait et homme parfait. » De incarnationc, cité c. ix, 4. L’âme humaine unie au Verbe conserve son action propre sans toutefois constituer une personne : « Il a pris la tristesse avec notre chair », dit saint Augustin. Les Pères interprètent dans ce sens le : Nunc anima mea lurbala est de la passion et c’est pour nous servir d’exemple, de consolation, de secours : « Quand se trouble le grand, le fort, l’immuable, l’invincible, ne craignons pas pour lui, comme s’il succombait : il ne périt pas, il nous cherche. Saint Augustin, Tract. LX in Joan., cité c. xi, 6. Lire là-dessus de très beaux textes, c. xi-xiii.

b) Il en résulte ce que l’on appelle la communication des idiomes, raison essentielle pour laquelle en parlant du Christ nous pouvons dire de la divinité ce qui est le propre de l’humanité ; Thomassin en trace les règles, c. xiv-xv. Il parle superficiellement de Ncstorius, sans étudier l’cutychianisme.

c) Il est traité au I. V du monothélisme dont l’histoire est brièvement rapportée. La double volonté du Christ est formellement indiquée dans l’Évangile : O Pèrel non ce que je veux, mais ce que vous voulez. » Matth., xxvi, 30 ; elle est reconnue par saint Léon, saint Grégoire de Nazianze, c. i, 1-1 1, par saint Ambroisc, saint Augustin, c. iv, par toute la tradition ; mais la volonté humaine est toujours soumi-c à celle de Dieu. Et quand les monothélltes réveil lent les hérésies d’Arius et d’Apollinaire, ils sont réfutés par Maxime le Confes eui († 662), par saint Jean Damascène (t "'>*>), et condamnés par le r concile œcuménique. C. v. « L’humanité « lu Christ est l’instrument île la divinité du Verbe, donc l’opérât ion de l’humanité est différente de celle « le la <li Inité. 6. Mais cet

instrument n’est pas séparé du Verbe : « l’humanité n’est pas mise en mouvement par un signe du Verbe, mais le Verbe Dieu et Homme, se conduit lui-même tantôt comme Dieu, tantôt comme homme. » Ibid.

d) Cette action des deux natures ou l’action du Christ est appelée par Denys action théandrique ou action divine et humaine de Jésus. Eccl. hierarchia, c. iii, 4, cité c. viii, 1. Cette action théandrique désigne les deux opérations des deux natures, ainsi le déclare le synode de Latran, en 649. C. viii 2. Mais il faut beaucoup de prudence pour attribuer à l’humanité, quelque chose de l’opération divine : « Il faut se garder d’accorder à l’humanité l’action de créer ». Ibid., 14.

e) La volonté créée du Christ est impeccable parce qu’il a été conçu du Saint-Esprit, qu’il forme une seule personne avec le Verbe, que la sainteté de celui-ci la sanctifie. C. x-xi. Elle n’en est pas moins libre, car il n’est pas de l’essence de la liberté de ressentir pour le mal une préférence : Dieu et les élus dans le ciel sont d’autant plus libres qu’ils ne peuvent pécher. C. xiixiv. Nombreux témoignages des Pères sur ce sujet. C. xv-xix. Le mérite consiste proprement à vouloir le bien : « Le Christ n’a combattu que contre l’àpreté de la douleur et, par là, il a accumulé de nouveaux mérites pour lui. » C. xxiii, 20. Il faut distinguer plusieurs sortes d’indifférence : 1. entre le bien et le mal ; 2. entre plusieurs biens : ces deux ne conviennent pas au Christ ; 3. à l’égard des circonstances qui accompagnent une action, celle-ci peut lui appartenir ; 4. « L’indifférence est plutôt celle du Verbe que de l’humanité qu’il a prise, par laquelle, librement et indifféremment, il a voulu avec son Père… se revêtir de chair et monter sur la croix. » C. xxiv, 1. Sa sainteté en résulte, sainteté qu’il a reçue parfaite du Saint-Esprit : quod nascetur ex te, sanctum, t. VI, c. i-vii ; sainteté incréée dont il répand quelque chose dans l’àme des fidèles, c. viii-ix, à qui le Saint-Esprit communique sa propre substance : « Les fidèles sont sanctifiés par la substance du Saint-Esprit qui est la sainteté incréce de la divinité. » C. x, 1. Très abondants témoignages des Pères. C. x-xx. Cela n’est vrai que des chrétiens hanc esse populi Christiani prærogativam ; ea saints de l’Ancien Testament, jusqu’à Jean-Baptiste à son début, ne possédaient pas en eux, selon saint Cyrille, substantiellement le Saint-Esprit. C. xvi, 17.

I) L’étude de la science du Christ occupe tout le I. VU. Saint Ambroisc réduit à une feinte ses ignorances, c. iii, 6-7 ; saint Augustin n’en reconnaît aucune, 10. Les Grecs, Athanase, Cyrille d’Alexandrie, Origène, Épiphane, Basile, Jean Chrysostome, etc., parlent de même. C. iv-v. La tradition est donc unanime ; dans la discussion avec les ariens, les Pères sont mémo peut-être allés un peu loin. C. v, 1, 3, 7. Saint Fulgence a déployé un zèle particulier à établir que le Christ pendant sa vie mortelle a dû savoir toutes choses, Thomassin ne le suit pas en cela : « L’intelligence créée du Christ ne comprenait pas Dieu comme il est compris par lui-même, ainsi que l’ont affirmé Fulgence et Hugues. » C. viii, 18. Il mettrait avec eux saint Bernard, chez qui cependant il constate une certaine hésitation. C. iii, 2. Il loue le cardinal de Cusa (t llfil), d’avoir mieux que personne reconnu l’omniscience dam l’âme humaine du Christ. C. ix. Si donc il admet que le Christ voyait tout directement de Dieu et toutes choses eu Dieu, il y mettait pourtant cette réserve que « cependant cette vision et cette

compréhension est d’un genre à part, elle est conforme

a la nature humaine et lie, éloignée de la science in que Dieu a de lui même et de toutes les autres

choses ». C. ix, 10. Thomassin réfute Léonce de By il quelques autres qui ont affirmé que le Christ

avait été obligé d’apprendre, c. iv, 18. g) i.a filiation divine nu christe i étudiée au