Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/401

Cette page n’a pas encore été corrigée
787
788
THOMAS D’YORK — THOMASSIN ^LOUIS)


p. 181-193 ; puis E. Longpré, Thomas d’York et Matthieu d’Aquasparla. Documents inédits sur le problème de la création, dans Arch. d’hist. doclr. et litt. du M. A., t. i, 1926, p. 268-308 ; le même, Fr. Thomas d’York, O. F. M., La première somme métaphysique <lu Xlll*siècle, dans Arch. franc, hisl., t. xix, 1926, p. 875-930. Voir aussi A.-G. Little, Francisco / ! School at Oxford, ibid., p. 803-874, et surtout p. 839841 ; D.-F. Sharp, Franciscan Philosophy ai Oxford, Londres, 1930.

Sur l’attribut ion du traité Manus…, ct. Bierbaum, op. cit., p. 273-342 ; F. Pelster, dans Arch. franc, hist., t. xv, 1922, p. 5-14, et surtout Longpré, art. cit. de VArchivum, p. 883886.

É. Amann.
    1. THOMASSIN Louis##


THOMASSIN Louis, prêtre de l’Oratoire (1619-1695). — I. Vie. II. Les dogmes théologiques (col. 790). III. Travaux sur la discipline ecclésiastique (col. 812). IV. Ouvrages sur les méthodes (col. 820). V. Conclusion (col. 822).

I. Vie.

Louis Thomassin est né à Aix-en-Provence, le 28 août 1619, d’une vieille famille parlementaire originaire de Bourgogne. Sa vie, écrit le P. Cloyseault, a été « si uniforme qu’il semble d’abord qu’elle se puisse faire en peu de mots ; mais l’abondance incroyable des connaissances qu’il s’est acquises par l’étude est si grande que, si l’on entreprenait d’en faire le détail, comme il serait en quelque sorte nécessaire pour donner une juste idée de cet excellent homme, on excéderait de beaucoup les bornes que l’on s’est prescrites ». Recueil des vies, t. iii, p. 163. A dix ans, il fut mis en pension chez les prêtres de l’Oratoire de Marseille, où il se révéla tel qu’il devait être toute sa vie : « Beaucoup de vivacité dans l’esprit, une heureuse facilité pour les lettres, avec cela un naturel doux et gai, une grande égalité de conduite ». Batterel, Mémoires domestiques, t. iii, p. 477. À treize ans et demi, il demanda à entrer dans la congrégation et fut présenté par son père à la maison d’institution d’Aix où il fut reçu le 30 octobre 1632. Il eut alors pour directeur le P. de Rez qui lui fit faire de rapides progrès dans la vertu ; au bout d’un an, il retourne à Marseille faire la rhétorique sous le P. de Souvigny et ensuite la philosophie sous le P. Berthad ; il étudie la théologie à Saumur, 1638.

Diverses obédiences.

Il va enseigner la grammaire

et les humanités à Pézenas et à Vendôme, la rhétorique à Troyes, 1643, et à Marseille ; il est ordonné prêtre à Aix le 21 décembre 1643 et célèbre sa première messe dans le saint désert de Notre-Dame des Anges. Il passe à Lyon ou plutôt à Pézenas l’année 1645 pour se préparer à enseigner la philosophie ; ce qu’il fait pendant trois ans : « Il s’était surtout attaché à la philosophie de Platon qu’il regardait avec justice comme devant servir d’introduction à la théologie des Pères et, quoiqu’il possédât à fond les systèmes de Descartes et de Gassendi, il ne voulut adopter des opinions de ces nouveaux philosophes que celles qui paraissaient s’accorder avec les sentiments des meilleurs auteurs ecclésiastiques, particulièrement de saint Augustin ». Bougerel, Vie du P. Thomassin, p. 2. De plus en plus, il s’attache à la doctrine de saint Augustin. Son érudition était si connue qu’après un nouveau cours de philosophie à Lyon, il fut envoyé à Juilly pour enseigner les mathématiques ; il y resta un an, 1648, et fut jugé digne de professer la théologie à Saumur qui était alors l’école la plus célèbre de l’Oratoire : il n’avait que trente ans. Il y retrouvait son ancien maître le P. Berthad.

La méthode scolastique dominait encore en souveraine et l’étude des Pères était toujours assez négligée. Le P. Pctau cependant de la Société de Jésus et le P. Moirin de l’Oratoire étaient revenus à une méthode plus positive, l’un pour les dogmes théologiques, l’autre pour les traités de la pénitence et des ordina tions. Voir ici leurs articles. À côté de son cours ordinaire, Thomassin fit donc chaque semaine plusieurs conférences de théologie positive qui attirèrent un grand nombre d’auditeurs catholiques et protestants. D’autres professeurs l’imitèrent, si bien que L’Amirault, ministre protestant à Saumur, disait que « la maison de Notre-Dame des Ardilliers des prêtres de l’Oratoire était un fort que l’Église romaine opposait à la place d’armes que les protestants avaient établie dans cette ville ».

Au séminaire Saint-Magloire.

En 1654, le

P. Bourgoing le fit venir à Paris au séminaire Saint-Magloire où, avec les étudiants de la Congrégation, on recevait ceux de différents diocèses. Il y continua sur un plus grand théâtre ses conférences avec un tel succès que le P. Senault, alors supérieur de la maison, déclarait qu’il aurait pu devenir un des plus grands orateurs du royaume ; le P. Mascaron, prédicateur ordinaire du roi, mort évêque d’Agen, avouait lui devoir les plus beaux endroits de ses sermons.

Nous avons de cette époque : 1. Dissertationes, commentarii, nolee in concilia tum generalia tum particularia, Paris, 1667, in-4° de 926 p. L’ouvrage, dédié à M. de Péréfixe, contient vingt dissertations dans lesquelles sont étudiés les six premiers conciles œcuméniques, les conciles romains et quelques conciles particuliers tenus jusqu’à l’année 680 ; Thomassin constate que le droit de convoquer les conciles généraux a toujours appartenu au pape, bien que les empereurs les aient quelquefois réunis. Les conciles particuliers ont autorité in rébus tum fidei et juris, tum factorum et personarum, à condition d’être autorisés par le pape et que leurs décrets soient ensuite approuvés par lui. Il dit cela à propos du concile de Diospolis (415), qui s’est occupé de la cause de Pelage ; il en trouve l’application non seulement dans les conciles œcuméniques, mais dans les conciles locaux, celui en particulier tenu sous le pape Victor en 197 pour la fixation de la fête de Pâques, ceux sous le pape Etienne en 256257 sur le baptême des hérétiques, ceux de Carthage et de Milève en 416-418 sur l’hérésie pélagienne, ceux d’Arles et de Lyon en 475, d’Orange en 529. Au cours de la discussion que souleva son livre, il avait eu l’occasion de dire que jamais l’Église n’avait admis la distinction du droit et du fait, si chère aux jansénistes. Prœfatio, vin. Cela ne satisfaisait point ces derniers, parce qu’ils voulaient l’avoir avec eux. La vogue dont ils affectaient de f entourer était d’abord, écrit Richard Simon, moins fondée « sur son mérite personnel que sur la faction des gens de Port-Royal, qui, l’ayant d’abord attiré à leur parti, le préconisèrent comme le plus savant homme qui fut en France ». Mais quand, à Paris, il fut visible qu’il n’était plus aussi outré augustinien, ce qu’il ne cachait pas dans ses leçons publiques, « les gens de Port-Royal, ses anciens amis, furent les premiers à dire qu’il n’avait pas toute l’érudition qu’on lui avait donnée et que c’était un homme sans jugement ; en sorte que, du plus savant homme de France qu’il était auparavant, il devint tout d’un coup un homme ignorant ». Richard Simon, Critique de la Bibliothèque des auteurs eccl., t. ii, p. 365-368 ; cf. Lelt. choisies, t. i, lett. xix, p. 190.

Les « gens du roi » furent encore moins satisfaits que les jansénistes, parce que l’ouvrage froissait les idées d’alors sur l’autorité du souverain en face du pape : « Monsieur le procureur général, écrit Richard Simon, bien qu’il soit des amis de l’Oratoire à cause du P. de Harlay-Sancy son oncle, n’a point goûté cet ouvrage et la grâce qu’il a pu nous accorder, c’est que les exemplaires ne seraient point lacérés comme on a coutume d’en user en semblables occasions. » Lett. choisies, t. i. p. 198. On commença par faire trente-six cartons, et cela n’ayant pas encore paru suffisant, le P. Senault