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THOMAS DE SUTTON

THOMAS D’YORK

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14. THOMAS DE SUTTON, voir Sutton (Thomas de), t. xiv, col. 2867-2873.

15. THOMAS DE WYLTON. — Tant que

n’aura pas été résolu le problème de Thomas Anglicus, auquel il a été fait allusion à propos de Thomas de Sutton, ici même t. xiv, col. 2867, la physionomie de Thomas de Wylton ne pourra pas se dégager avec clarté. Il est en effet un des compétiteurs en droit de prétendre à l’héritage littéraire de ce maître en théologie, car il est bien lui-même anglais d’origine et maître en théologie. Sa carrière enseignante pourtant se passa en grande partie à Paris. On l’y trouve en mars 1311, maître es arts et bachelier en théologie ; gratifié d’une prébende à Wells. Il échange celle-ci, en juin 1317, contre un canonicat à Londres, et devient chancelier de Saint-Paul de Londres. Il est cependant autorisé par bref pontifical à demeurer à Paris, autorisation qui lui est renouvelée encore en août 1320, 1321 et octobre’1322, car depuis 1312 il était devenu maître en théologie et régent à Paris. Il semble qu’il fut socius de Sorbonne.

Sa production théologique pourrait être assez abondante s’il devait se voir attribuer tout le bagage littéraire de Thomas Anglicus. On ne connaît avec certitude, pour l’instant, comme véritablement siens que : ses actes de maîtrise, soutenus en 1312-1313 et conservés dans le Vatic. lat. 1086, fol. 164, 170 sq. ; des Questions disputées, soutenues entre 1314 et 1320, les unes contre Durand de Saint-Pourçain (Erfurt, Amplon. F. 369 ; Vatic. Borgh. 36 ; Vatic. lat. 1086), d’autres contre Pierre Auriol (Oxford, Balliol Coll. 63), les autres d’allure plus générale (Barcelone, Ripoll. 95 ; Oxford, Bodl. canon, mise. 226 ; Vatic. Borgh. 36 ; Vatic. lat. 1086) ; un Quodlibet, rapporté par le Vatic. Borgh. 36, fol. 46-96 v. ; et un traité polémique, relatif à la perfection des ordres mendiants.

Il serait prématuré de vouloir dégager ses positions doctrinales avant qu’aient été élucidés les problèmes d’authenticité relatifs aux deux traités dirigés l’un contre Scot, le Liber propugnatorius, et l’autre contre Cowton, et attribués à Thomas Anglicus. Il semble incontestable cependant qu’il s’oppose à Scot, par exemple, dans la question de la connaissance des futurs contingents par Dieu. Voir M. Schinaus, Guilelmi de Anlwick O. F. M. doclrina de medio guo Deus cognoscit jutnra contingentia, dans Bogoslovni Vestnik, 1932, p. 201-225. Il s’oppose également à Durand de Saint-Pourçain dans la question Utrum in intelleclu possinl esse plures intellectiones simul ; et plus nettement peut-être encore à Pierre Auriol.

1’. Glorieux, liépertoire des mattres en théologie de Paris au Xffle siècle, t. t, notice 228 ; La littérature quodlibéttque, t. ii, 1935, p. 278 sq. ; J. Koch, Durandus de S. Porciann, dent les Heitràqe de Bàumker, t. xxvi, p. 153 sq., 36’. » sq.

P. Glorieux.

16. THOMAS D’YORK, frère mineur du milieu du XIIIe siècle, l’un des premiers maîtres et l’une des illustrations de la célèbre école des franciscains d’Oxford. — On ne saurait préciser la date ni de sa naissance, ni de, on entrée dans l’ordre des frères mineurs. C’est en 1245 que l’on a pour la première fois un renseignement sur lui ; à cette date il a déjà composé I, grand ouvrage dit Sapirntiale qui nous reste de lui et qu’Adam de Marsh demande qu’on lui envoie. Vraisemblablement il est pour lors à Oxford, mais trop jeune encore, au dire du même Adam, pour être promu au doctorat. C’est seulement en 125.’? qu’il est pré sMite a « gradi ;.a promotion donna lieu d’ailleurs,

à quelques difficultés, car le jeune frère mineur n’était pas gradué dans la faculté des arts. Le 14 mars 1253, il fait sa leçon d’ouverture de maître régent en théo

logie. Sans doute dut-il régenter dans la maison des franciscains d’Oxford jusqu’en 1256 ; il fut remplacé par Richard de Cornouailles. Voir ici t. xiii, col. 2668. Il passa ensuite à Cambridge où il fut le 6e maîtrerégent du studium franciscain ; il succédait à Guillaume de Meliton, qui fut désigné en 1256 pour terminer la Somme d’Alexandre de Halès. C’est un peu avant ce moment que Thomas d’York entre en lice, aux côtés de saint Bonaventure, dans la lutte qui met aux prises le clergé séculier et les ordres mendiants, lutte à laquelle fut également mêlé saint Thomas d’Aquin. Un des témoins de l’activité de Thomas d’York en ce sens est le traité Manus quæ contra Omnipotentem, récemment publié. Voir la bibliographie. Comme il ne fait aucune allusion à la condamnation de Guillaume de Saint-Amour (5 octobre 1256), cf. ci-dessus, t. xiv, col. 759 sq., il est tout à fait probable qu’il a été composé quelque temps auparavant. A l’estimation du P. Longpré, le traité Manus… aurait même été le mémoire officiel présenté par l’ordre franciscain à la Curie et qui provoqua, pour une bonne part, la condamnation de Guillaume. À partir de ce moment on perd les traces de Thomas d’York. La manière dont sajnt Bonaventure, dans son Apologia pauperum publiée à la fin de 1269, défend l’auteur du traité Manus montre que celui-ci était mort à l’époque. Op. cit., c. i, n. 3, Opéra, Quaracchi, t. viii, p. 235. C’est la seule indication que l’on puisse donner.

On peut attribuer avec certitude à Thomas d’York : 1° deux lettres rédigées de concert avec Adam de Marsh, dans Monum. francise, Rolls séries, 1. 1, p. 340, 352 ; 2° un « sermon sur la passion » contenu dans le ms. B. 1-j, 38, de Trinity Collège à Cambridge, qui n’a pas été publié ; 3° le Sapientiale, traité considérable de métaphysique, dont quelques fragments ont été édités, de même que 4° l’opuscule Comparatio sensibilium. 5° Un instant contestée, l’attribution du traité Manus quæ contra Omnipotentem, publié par M. Bierbaum, semble avoir été définitivement démontrée exacte par E. Longpré. Un commentaire ms. sur les trois premiers livres des Sentences, Oxford, Balliol,  ?, qui est certainement l’œuvre d’un des premiers franciscains d’Oxford avait été hypothétiquement donné à Thomas d’York par F. Pelster, dans Zeilschr. fur kath. Theol., t. xlviii, 1924, p. 627, note 3. Mais, comme il est très douteux que Thomas ait jamais « lu « les Sentences, il n’y a pas lieu de retenir cette conjecture, à laquelle son auteur même a renoncé (il attribue maintenant ce texte à Richard de Cornouailles ; cf. ici, t. xiii, col. 2669). Enfin Lcland a vu chez les franciscains d’Oxford un Catalogus illustrium franciscanorum, qui attribuait à Thomas un commentaire sur l’Ecclésiaste. Comment, de scriptoribus britannicis, éd. 1709, p. 272. Si tant est qu’il n’y ait pas là confusion avec le Sapientiale, ce commentaire seripturaiiv n’a pas été retrouvé jusqu’à présent.

Le traité Manus quæ contra Omnipotentem de Thomas d’York émet sensiblement les mêmes idées que saint Bonaventure a développées dans sa Quæstio de paupertate : la sainteté réside dans la charité et celle-ci est d’autant plus grande que le renoncement est plus complet. En outre il insiste tout spécialement sur l’autorité du pape dans l’Église : c’est de celui-ci que dérivent les privilèges qui, pour de bonnes raisons, ont été accordés aux ordres mendiants et dont le clergé séculier aurait mauvaise grâce de prendre

ombrage.

De tout autre Importance est le Sapientiale, qui l’on a pu appeler « la première somme métaphysique du XIII 8 siècle », la seule à pm près, qu’ait produite le Moyen Age. Si les grands seolast iqm s, en effet, ont

consacré de puissants commentaire ! aux trait physiques ou philosophiques d’Aristote, ils ti’onl