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THOMAS JORZ

THOMAS DE STRASBOURG

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11. THOMAS JORZ ou DE JORZ, ou

    1. QEORCE##


QEORCE. — Originaire du Nottinghamshire, et né vers 1230, il entra assez tôt, semble-t-il, chez les frères prêcheurs où cinq de ses frères vinrent le rejoindre. Il aurait étudié à Paris sous saint Thomas et conquis la maîtrise en théologie. Le fait est qu’on le trouve régent en théologie à l’université d’Oxford en 1292, puis prieur du couvent de cette ville jusqu’en 1297, date à laquelle il devint provincial d’Angleterre. Il est étroitement mêlé aux affaires de son ordre et on le voit assister aux chapitres généraux de Marseille, Cologne, Besançon, Toulouse ; mais il sert aussi la politique du roi Edouard, qui lui en témoigne sa reconnaissance. A la demande de celui-ci il est créé, en décembre 1309, cardinal de Sainte-Sabine. Thomas continue au souverain ses bons offices en Curie, où il travaille à la cause de canonisation de Robert Grossetête et à celle de Thomas de Cantiloup. Il est un des juges nommés par Clément V pour dirimer le débat soulevé entre frères mineurs au sujet de la pauvreté du Christ. Il mourut le 13 décembre 1310 à Grenoble, en route pour sa légation d’Italie. Son corps, ramené à Oxford en 1311, fut enseveli dans le chœur des frères prêcheurs.

Son activité littéraire et théologique est malaisée à établir. Dans la liste considérable des œuvres que lui attribue Quétif-Échard, t. i, p. 508-509, rien ou presque n’est à retenir avec certitude : un certain nombre de ces écrits, en effet, sont à restituer à Thomas Waleys ; d’autres à Thomas de Sutton ; d’autres enfin appartiennent à l’énigmatique Thomas Anglicus, tel le Liber propugnatorius contra Joannem Scotum pour lequel l’identification avec Thomas Jorz ne peut être soutenue, quoi qu’en ait pensé jadis P. Mandonnet. Il n’y a d’assuré, en plus de quelques citations de son Commentaire sur les Sentences, et des pièces qui ont été conservées de sa correspondance officielle avec le roi d’Angleterre (Calendar of patent Rolls, Edward I, 1292-1301 ; Edward II) que trois sermons prêches à Oxford le 4 février et le 16 décembre 1291, et le 30 novembre 1292, conservés par le ms. Worcester Q. 46.

Quétif-Échard, Scriplores ordinis preedicatorum, t. i, p. 508-509 ; C.-F.-R. Palmer, The Provincials o/ the Friars Preachers or Black Friars of Enyland, dans Archeological Journal, 1878, p. 144-147 ; P. Mandoruiet, Premiers travaux de polémique thomiste, dans Rev. des sciences phil. et théol., 1913 ; M. Schmaus, Der Liber propugnatorius des Thomas Anglicus und die Lehrunterschiede zwischen Thomas von Aquin und Duns Scotus, dans les Beitrdge de Bâumkur, t. xxix, Munster, 1930, p. 2 ; A. Little-F. Pelster, Oxford theology and theologians c. A. D. 1282-1302, Oxford, 1934, p. 187 sq.

P. Glorieux.

12. THOMAS M AG ISTROS, écrivain byzantin du début du xive siècle. — On l’identifie, pour de bonnes raisons, au moine Théodule (au nom de qui est parfois joint aussi le nom de Magistros) et qui est l’auteur de diverses compositions les unes d’ordre ecclésiastique, les autres plus profanes. On peut admettre qu’après avoir exercé dans le siècle la profession d’avocat, a^oXauTix^ç, vraisemblablement à Thessalonique, Thomas entra en religion et changea son nom en celui de Théodule. Quoi qu’il en soit, Thomas nous apparaît comme faisant partie de ce groupe de lettrés dont la cour d’Andronic II Paléologue (1282-1328) était le lieu de rendez-vous. On le voit en rapports avec Théodore Métochitès, voir ci-dessus, col. 233, avec le brillant disciple de celui-ci, Nicéphore Grégoras, avec Moschopoulos, et avec tout ce que Constantinople comptait alors d’illustrations. — Ce qui a été édité de Thomas appartient surtout à la littérature profane : scolies sur les tragiques grecs et sur Aristophane, mais surtout un choix « d’expressions attiques » à l’usage des élèves et enfin des discours et des com positions d’une rhétorique un peu verbale. Les quelques lettres qui ont été publiées témoignent elles aussi d’une très grande préoccupation de raffiner sur le style. Tout ceci, qui a son intérêt pour l’histoire du renouveau humaniste à Constantinople, n’a pas de quoi retenir l’attention du théologien. Mais, si pénétré qu’il fût de culture classique, Thomas ne laissait pas de s’intéresser à la littérature ecclésiastique. On a publié de lui un discours, d’une longueur démesurée, à la louange de Grégoire de Nazianze, dont il raconte, avec force réminiscences scripturaires et profanes, toute la carrière. Les scolies sur les lettres de Synésius, contenues dans V Ambrosianus L, 44 sup., sont demeurées inédites, comme aussi un panégyrique de saint Jean-Baptiste du Vatic. Palat. 374 (xiv c s.), et un autre d’Euthymius, évêque de Madyte (dans la presqu’île de Gallipoli), qui avait laissé un grand renom de thaumaturge. Inédit également un De miraculis veteris et Novi Testamenti, de VAmbros. H, 21 sup. Le Coislin. 208 (de 1656) lui attribue aussi des scolies sur l’épître aux Romains ; mais leur authenticité est douteuse. Bref, Thomas Magistros fait figure très honorable d’humaniste chrétien et rappelle un peu Nicéphore Grégoras. Mais il a dû mourir avant que débutassent les vives controverses théologiques dans lesquelles ce dernier a été impliqué ; du moins n’en apparaît-il aucune trace dans ce qui a été publié de lui.

Le t. cxlv de P. G., donne, d’après les éditions antérieures de Normann (1603), de Boissonade et de Maï :

1. Aôyoç ecç rpr ; YÔptov tôv ©eoXoyov (col. 216-352) ;

2. Tuèp toû Xavûpr, vov àTioXo^r^iy.’Jç (défense d’un général byzantin accusé de menées subversives) ; 3. np&açivi, Texô ; i& fAEYàXfi » orpaToucôdep^T) tô>’Ayyû.io ; 4. npoTîa)vrT : zo ; T(T> [xsyàXcp XoyoÔsTr, tm Meto/î’tt, (louange et remerciement à Métochitès)’; 5. HpOTOtov^TLXci ; sic TÔv itavayicjrarov xcù oixo’^[i.Evixbv 7r<xTpcàpy/, v Kvp. Nc’çwva (le patriarche Niphon siégea de 1311 à 1315) ; 6. Ilpoffçtovv-.Tixô ; et ; tôv (jfya tt, ç Kvirpo’j (éloge du roi de Chypre, sans doute Henri IV de Lusignan, mais R. Guilland revendique le discours pour Nicéphore Grégoras) ; 7. Des lettres au nombre de neuf, dont une est une réponse de N. Grégoras à Thomas ; 8. Enfin le double traité Aofoç îtîpi ftaotWa ; et Aoyoç mpl itoXcTEs’a ;, qui traite des devoirs réciproques des souverains et des sujets.

Indications sommaires dans K. Krumbacher, Gesch. der byzantin. Literatur, 2e éd., p. 138-139 (Ehrhardt) et 548550 ; cf. R. Guilland, Essai sur N. Grégoras, Paris, 1926, passim, et table alphabétique au mot Magistros (Thomas).

È. Ahann.

13. THOMAS DESTRASBOURG. — Né à

Haguenau, et entré chez les ermites de Saint-Augustin, soit à Haguenau, soit à Strasbourg, il étudia et enseigna la théologie à Strasbourg, puis à Paris. Il dut lire les Sentences à Paris en 1335-1337, puis y devenir maître régent. On le voit ensuite (en 1343) provincial de Souabe et, le Il juillet 1345, élu général de son ordre. Réélu périodiquement, il exerça cette charge jusqu’en 1357, où il mourut à Vienne, en Autriche, tandis qu’il visitait les maisons de son ordre. Il composa un traité sur les constitutions de l’ordre ; mais son œuvre doctrinale la plus importante est son Commentaire sur les Sentences, dont on connaît cinq éditions et une quinzaine de manuscrits. D y demeure fidèle à l’enseignement, reconnu et imposé, de Gilles de Rome, mais garde malgré tout une réelle indépendance de pensée. Il se montre nettement aristotélicien, opposé au conceptualisme d’un Pierre Auriol, comme aux positions d’Henri de Gand et de Scot. Son influence est très sensible dans l’œuvre de son confrère, Alphonse Vargas de Tolède.

P. Féret, La faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres, t. iii, 1896, p. 493 sq. ; B. Lindner, Die Erkenntnislehre des Thomas von Strassburg, dans les Beitrdge…, de Bâumker, t. xxvii, 1930.

P. Glorieux.