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THOMAS D’AQUIN : DOCUMENTATION PATR18T1QUE


32, 191. Évidemment tout cela doit faire l’objet de monographies ultérieures. Nous savons aussi que, pour la christologie, les textes du concile d’Éphèse cités par saint Thomas se retrouvent pour la plupart des cas dans la Colleclio Casinensis. La doctrine trinitaire nous a amené à la même conclusion. Mais ces quelques constatations demanderaient à être corroborées par d’autres recherches.

Aux textes empruntés aux conciles, il faut ajouter les textes liturgiques provenant des divers symboles de la foi, ensuite les textes empruntés aux préfaces, oraisons, hymnes liturgiques. Il faut signaler aussi les pratiques et les coutumes des Églises locales, surtout pour ce qui regarde la doctrine sacramentaire. Sans doute, saint Thomas se rappelait-il le décret du concile de Vérone de 1184 en cette matière ; cf. Denz.-Bannw. , n. 402. Ainsi ne s’étonner a-t-on pas que saint Thomas, dans le traité sur les sacrements de la Somme théologique, fasse appel 19 fois à la consuetudo Ecclesise quæ regitur a Spiriiu Sanclo. Et presque chaque fois Vauctoritas Ecclesiæ est rappelée dans un sed contra. Voir les références dans notre article, De opvatting…, p. 127. Il est vrai que saint Thomas préfère la pratique de l’Église de Rome à celle des autres Églises, — ainsi pour le problème de l’unique ou de la triple immersion du baptême — tandis que Bonaventure et Albert le Grand en appelleront aux coutumes des Églises locales. Voir les références dans notre article, L’usage des « Auctoritates »…, dans Eph. Theol. Lov., 1938, p. 299, note 67.

Les Pères grecs.

C’est une des caractéristiques

de la documentation de saint Thomas d’avoir eu une connaissance assez vaste de l’ancienne littérature grecque chrétienne, ce en quoi il dépasse tous ses prédécesseurs et ses contemporains. Pour s’en convaincre, il n’est que d’ouvrir le t. x des Opéra omnia de saint Bonaventure, éd. Quaracchi, 1902, Index locorum sanctorum Patrum in operibus S. Bonaventuræ citatorum, p. 265-277. Les monographies ou les études citées plus bas fournissent le détail, pour la christologie, la doctrine trinitaire et autres points. Très souvent nous nous trouvons devant un choix judicieux de textes inconnus jusqu’alors. Aussi I. Backes, op. cit., p. 25, estime-t-il que saint Thomas est le premier à introduire l’autorité de Cyrille d’Alexandrie en christologie ; il eu est de même pour le VIe concile œcuménique. Dans la I », G. Bardy, art. cit., p. 494-495, a trouvé les noms suivants : Origène, 23 fois (en réalité 30 fois) ; pseudo-Denys, 205 fois ; Jean Damascène, 05 fois (en réalité 68 fois) ; Basile, 26 fois ; Jean Chrysostome, 16 fois ; Grégoire de Nysse, 7 fois ; Grégoire de Nazianzc, 1 fois ; Didyme l’aveugle, 1 fois, cité sous le nom de saint Jérôme son traducteur. Pour la christologie, non-, rencontrons les noms de Cyrille d’Alexandrie, cl’Origène, d’Athanase, des trois Cappadociens, « 1 « Jean Chrysostome, du pseudo-Denys, du Damaset d’autres dont le nom ne revient qu’une ou deux fois : Denys d’Alexandrie, Théophile d’Alexandrie, Théodote d’Ancyre, Isidore de Pélusc, Maxime infesseur, Théopbylacte. I. Backes, op. cit., p. 13* >ur la doctrine baptismale, les noms de Didyme Ugle, de Jean Chrysostome. du pseudo-Denys, du Damascène, auxquels il faudrait ajouter quelques noms d’anonymes et. les pseudépigraphes. Enfin, pour la doctrine trinitaire : Origène, le pseudo-Basile (Didyme), saint Basil.. | (. pseudo-Denys, le Damascène. Ces quelques exemples peuvent sullire pour avoir une oh. approximative, mais exacte. On trouvera d’ailleurs dans les études de Duffo et de Durante ! des statues et des inventaires plus amples.

qui importe avant tout, ce n’est pas le nombre des citations qu’on peut relever, mais le choix des textes 1 1 l’authenticité des ouvrages cités. Saint Tho mas, écrivant en Italie ou à Paris, voire même en faisant route d’une partie de l’Europe à l’autre, n’avait pas toujours le même recueil de textes à sa disposition, et certains traités ou certains exposés d’un même sujet s’en ressentent. Quant à l’authenticité des textes, c’est un problème des plus difficiles que d’en faire la vérification, étant données l’instabilité des traductions et les multiples libertés que les médiévaux ont pris à l’égard de leurs sources, surtout quand il s’agit de petits fragments de textes. Le grand problème reste toutefois celui des traductions dont saint Thomas s’est servi et celui des recueils auxquels il a emprunté ses textes. Ne possédant qu’une connaissance rudimentaire du grec, il a dû se fier aux traductions et aux versions existantes. On s’étonne de voir que, dans la I a, il ne semble pas avoir utilisé certaines traductions existantes, telle par exemple la traduction de Rufin des deux homélies sur la foi qui se trouvent dans les Homélies sur VHexaméron de Basile, qu’il connaît ; par contre il a connu une traduction latine des Commentaires sur saint Matthieu d’Origène, dont l’auteur était resté inconnu jusqu’à nos jours. D’autre part, il s’est servi des homélies sur VHexaméron de saint Basile dans la version d’Eustatius l’Africain surtout quand il cite un texte assez long. Voir des exemples dans G. Bardy, art. cit. ; cf. Sum. theol., I a, q. lxvi, a. 3. Les homélies sur saint Matthieu de Chrysostome utilisées dans la Catena aurea, sont citées d’après la traduction de Burgundion de Pise ; et comme, d’après la remarque des éditeurs de la léonine, t. xi, p. xxix, saint Thomas cite dans la III 11, les auctoritates le plus souvent non d’après le texte original, mais selon le texte de la Catena aurea, on peut mesurer l’influence de cette traduction sur la christologie de l’Aquinate. Il a utilisé aussi différentes traductions des œuvres de Denys : celles de Jean Scot Erigènc, de Sarrazin et de Robert Grossetête, vraisemblablement celle de Hilduin, et peut-être celle de Thomas Gallus, mais partout dans ses œuvres il a montré des préférences à l’endroit de telle traduction selon ses besoins et pour des motifs parfois très caractéristiques. C’est ainsi que, dans le Contra Gentes, les citations de Denys sont presque toujours relevées exactement et, la plupart du temps, dans la traduction de Sarrazin. Faut-il expliquer la chose par la destination même de, cette Somme, laquelle d’ailleurs n’était pas un livre scolaire ? On trouvera dans l’œuvre d’I. Backes d’autres constatations très suggestives dans ce domaine. Saint Thomas nous a dit lui-même et à plusieurs reprises qu’il a contrôlé différentes traductions et qu’il les a comparées ; il a fait traduire des textes inaccessibles jusqu’alors. Le fait étant tel, il est indispensable pour la bonne intelligence de la doctrine même de saint Thomas, de dépister tous ces moyens de contact avec le passé, car ce passé lui-même se présentait aussi aux scolastiqucs chargé et enveloppé d’éléments dont il ne convient pas de méconnaître l’importance. Si sa connaissance du grec était fort imparfaite, par probité professionnelle et par souci scientifique il n’a jamais négligé de faire appel aux compétences qui pouvaient L’aider. Traduisant un texte du Damascène, I », q. xxxiv a. 2, ad l um, il écrit : Yerbuin Dri rst substantiale et in hypostasi ens, alors que le texte grec portait A6yoç oùoid)8r)ç t£ èoTi xotl èvurcôaTaToç, De fuir orth.. I. I, c. xiii, P. G., t. xciv, col. 857 A, pour signifier que le Logos divin est une hypostase, c’est-à-dire qu’il n’est pas un accident. Ce qui montre remarquablement avec quel soin saint Thomas s’est appliqué à saisir l’idée de sa source. La circonlocution in hypostasi ens pour traduire l’adjectif technique èvuTrôaTaToç, ne se lit pas chez Bonaventure, ni chez Albert le Grand. Elu ne peut être empruntée qu’à la suite Immédiate du texte du Damasi cm.. t elle exprima, pool