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TAHAISE
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peut facilement juger de son contenu par la réponse qu’y fit Adrien I er. Grumel, Régestes du patriarcat de Constantinople, a. 351. Quant à la profession de foi, elle était la même que celle qu’il envoya aux patriarches orientaux et dont on a le texte. Après avoir résumé sa croyance sur la Trinité et l’incarnation, il anathématisait les hérétiques condamnés par les six conciles œcuméniques, entre autres le pape Honorius. Il se prononçait pour le culte des images, en se fondant sur le 82e canon du Quini-Sexte (qu’il dit du VIe concile) et annonçait la convocation, faite par les empereurs sur sa demande, d’un concile œcuménique. Dans sa lettre à l’impératrice Irène et à son fds Constantin, le pape, tout en rendant hommage à la profession de foi de Taraise, protestait contre son élévation, parce que de simple laïc il avait été promu à l’épiscopat, contrairement aux canons. Il déclarait ne pouvoir ratifier l’élection que si Taraise se montrait un Adèle coopérateur pour le rétablissement du culte des images. Jafîé, Reg. pont, rom., n. 2448. Ce passage de la lettre pontificale, après entente avec les légats pontificaux, ne fut pas lu au concile de Nicée, pour ne pas donner prise aux adversaires du culte des images qui étaient aussi ceux de Taraise. Le blâme d’Adrienl" se retrouve encore dans sa réponse au patriarche lui-même. Ibid., n. 2449.

Rome accepta la convocation du concile œcuménique et y envoya ses représentants. Voir Nicée (IIe concile de), t. xi, col. 417 sq. Les ennemis de Taraise s’agitèrent beaucoup pour empêcher la réunion de l’assemblée et le patriarche dut prendre des mesures pour interdire leurs conciliabules. Ils eurent bientôt leur revanche. Le concile s’ouvrit, le 7 août 786, dans l’église des Saints-Apôtres. Il était à peine commencé que les soldats de la garde impériale et les évêques iconoclastes firent irruption dans le temple et protestèrent violemment contre le rétablissement du culte des images. Pour éviter des désordres graves, les souverains déclarèrent le concile dissous. Vita S. Tarasii, n. 17, col. 1397 ; Théophane, op. cit., p. 461. Cependant le triomphe des opposants fut de courte durée. L’impératrice changea les troupes de la garde et il fut décidé que le concile se tiendrait en dehors de la capitale, à Nicée. Il s’ouvrit en effet le 24 septembre 787. Ce fut Taraise qui conduisit les débats. Ce fut lui aussi qui demanda l’indulgence pour les évêques iconoclastes qui avaient fait opposition au concile. Il est probable qu’il n’agit ainsi que pour seconder la politique de l’impératrice qui voulait avant tout la pacification des esprits. La viiie et dernière session se tint au palais de la Magnaure à Constantinople et Taraise y prononça un discours. Vita, n. 20, col. 1400-1402 ; Théophane, op. cit., p. 462-463. Il rendit compte au pape de ce qui s’était passé au concile, par une lettre que nous avons encore. Grumel, op. cit., n. 359 ; texte dans P. G., t. xcviii, col. 14361441. Dans une autre lettre au pape, écrite probablement après octobre 790, il s’élève vivement contre les ordinations simoniaques. Grumel, op. cit., n. 364. C’était sans aucun doute pour justifier sa clémence à l’égard des évêques reconnus coupables de simonie et à qui il avait permis, après une pénitence d’un an, de reprendre leurs fonctions. Il l’avait fait sur les instances de l’impératrice qui pensait ainsi ramener la paix dans l’Église. Elle avait compté sans les moines qui protestèrent violemment et écrivirent à Rome. Dans sa lettre, Taraise déclare avoir interdit aux simoniaques de reprendre les fonctions ecclésiastiques. Ses adversaires prétendirent que c’était là une assertion mensongère. Le bruit se répandit même que le patriarche avait, sur l’ordre de l’empereur, célébré avec les simoniaques, sans attendre que l’année fût écoulée. Saint Théodore Studite, qui l’avait d’abord cru, re connut plus tard que c’était faux. Ce qui est certain, c’est que Taraise dut revenir sur sa première décision et montrer plus de fermeté contre les simoniaques. Vita, n. 22-24, col. 1401-1403 ; cf. Grumel, op. cit., n. 366.

Au mois d’août 795, l’empereur Constantin VI, qui avait répudié, six mois plus tôt, sa femme Marie d’Arménie, épousa Théodote, demoiselle d’honneur de celle-ci. Le patriarche Taraise voulut s’opposer à ce mariage, mais, devant la volonté bien arrêtée du prince, il laissa le grand économe Joseph faire la cérémonie. Vita, n. 28-34, col. 1405-1410 ; Théophane, op. cit., p. 469-471. Cette conduite causa une grande fermentation chez les moines. Saint Platon, parent de la nouvelle impératrice, son neveu saint Théodore Studite, d’autres encore rejetèrent la communion du patriarche et furent de ce fait emprisonnés par ordre de Constantin VI. Une fois encore Taraise revint sur sa décision, mais seulement lorsque l’empereur eut été détrôné par sa mère et qu’il eut eu les yeux crevés (19 août 797). Il prononça alors contre le grand économe Joseph la double peine de la déposition et de l’excommunication. Grumel, op. cit., n. 368 ; Vita S. Theodori, n. 19, 25, 43, P. G., t. xcix, col. 137 A, 141 C, 156 A. En 803, il couronna empereurs Nicéphore I" et son fils Staurace. Il mourut le 18 février 806, en pleine vieillesse et fut enterré le 25 dans le monastère qu’il avait fondé au delà du Bosphore. En mars 813, l’empereur Michel Rhangabé fit recouvrir son tombeau d’une plaque d’argent pesant 95 livres. Vita, n. 48-52, col. 1418-1420 ; Théophane, op. cit., p. 481, 500. Taraise est honoré comme un saint par l’Église byzantine, à la date du 25 février, qui est celle de son enterrement. L’Église romaine l’a introduit dans son martyrologe à la même date. Cependant il y aurait bien des réserves à faire sur sa conduite. S’il faut le louer de son action en faveur du rétablissement du culte des images, par contre son attitude dans l’affaire des évêques simoniaques et du second mariage de Constantin VI fut celle d’un fonctionnaire habitué à satisfaire la volonté du souverain et non d’un homme d’Église soucieux de faire respecter le droit canonique.

Taraise a laissé fort peu d’écrits. Toutes ses lettres ne nous sont point parvenues. On a seulement celle qu’il adressa aux hiérarques et prêtres des patriarcats d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem pour leur annoncer son élection. Grumel, n. 352 ; Mansi, t.xii, col. 1119-1125 ; P. G., t. xcviii, col. 1460-1468 ; celle qu’il envoya aux empereurs Constantin et Irène sur le second concile de Nicée, Grumel, n. 358 ; Mansi, t. xiii, col. 400-408 ; P. G., t. xcviii, col. 1428-1436 ; celle qu’il adressa au pape sur le même sujet, Grumel, n. 359 ; Mansi, t. xiii, col. 458-468 ; P. G., t. xcviii, col. 1436-1441 ; une à Jean, higoumène et solitaire, sur les évêques ordonnés par simonie, Grumel, n. 363 ; Mansi, t. xiii, col. 471-479 ; P. G., t. xcviii, col. 14521460 ; une au pape sur les ordinations simoniaques, Grumel, n. 364 ; Mansi, t. xiii, col. 462-471 ; P. G., t. xcviii, col. 1441-1452 ; enfin une lettre canonique aux évêques de Sicile pour les féliciter de tenir régulièrement le synode annuel prescrit par le second concile de Nicée, Grumel, n. 365 ; Mai’. Nova Patrum bibliotheca, t. v b, p. 143-146 ; P. G., t. xcviii, col. 14771480. Il a laissé une homélie pour la fête de la Présentation de la Sainte Vierge, P. G., t. xcviii, col. 14811500, homélie dont plusieurs extraits ont passé dans l’office de l’Immaculée-Conception de l’Église latine.

Vita S. Tarasii, P. G., t. xcviii, col. 1385-1424, et Acta SS., t. ni febr., col. 581-595 ; Théophane, Chronographia, éd. de Boor, p. 457-461, 463, 469-471, 481, 500 ; J. Hcrgenrôther, Photius, t. i, p. 246-252, 255-258 ; Hefele-Leclercq, Histoire des conciles, t. iii, p. 741-802, passim ;