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TAPPER (RUARD) — TARAISE


pour chaque article, l’auteur donne l’explication de la doctrine catholique et la réfutation de l’erreur protestante opposée. L’ouvrage est inachevé ; il devait être réimprimé tel quel à Louvain en 1565.

L’enseignement et les travaux de Tapper, son zèle éclairé pour la réforme catholique, l’avaient désigné à l’attention de Charles-Quint. Aussi celui-ci intervint-il auprès de l’université de Louvain pour faire désigner Tapper comme théologien et représentant de l’université au concile de Trente. Nommé premier des quatre procureurs de l’université, Tapper arriva à Trente en septembre 1551. Dès les premiers jours il se signala à l’attention des Pères du concile. Quelques semaines plus tard, l’ambassadeur impérial Vargas écrivait à Granvelle (Trente, 28 octobre 1551) : « Les docteurs de Louvain ont fait voir qu’ils ont de l’habileté. Leur doïen [Tapper] n’est pas moins recommendable, par ses grandes connoissances que par sa dignité…, il est, pour ainsi dire, le père de tous les théologiens qui sont ici de la part de Sa Majesté… » Concilium Tridentinum, t. xi, Epistolse, éd. Buschbell, p. 682. Les légats eurent plusieurs fois recours à Tapper pour la rédaction de mémoires préparatoires aux discussions. Le théologien de Louvain eut une grosse part dans les travaux de la xive session, mais son rôle est trop dispersé pour qu’il soit possible de l’étudier ici en détail. Le lecteur devra donc se reporter aux divers travaux sur le concile de Trente et à l’édition des actes du concile par la Gorresgesellschaft ; le nom de Tapper y revient fréquemment. Signalons au passage, l’habile argumentation de Tapper contre les utraquistes.

Rappelé en Belgique, Tapper quitta Trente en avril 1552. À son retour, il eut à intervenir dans les controverses soulevées par son ancien élève Michel de Bai ; il le fit si vigoureusement qu’il s’attira de nombreuses attaques ; on l’accusa même de pélagianisme ; ces controverses lui furent très pénibles. Voir Baïus, t. ii, col. 39 et Soto (Pierre de), t. xiv, col. 2437 sq.

Une des dernières préoccupations de Tapper fut la création de nouveaux évêchés dans les Pays-Bas, mais ce fut son ami Sonnius (v. ce mot) qui fut désigné comme négociateur. Tapper mourut à Bruxelles le 2 mars 1559.

Œuvres. — Outre les ouvrages dont les titres ont été donnés ci-dessus, Ruard Tapper est l’auteur des écrits suivants : Eruditissimi oiri Mag. Ruardi de Enchusen qutestio quodlibelica de efjectibus quos consueludo operatur in foro conscientiæ, pronunciata publiée Lovanii an. 1520, Louvain, 1520, in-4° ; — Ruewardi Tapperi, decani et cancellarii Lovaniensis, orationes Iheologicie polissimas religionis catholicæ controversias, et veram Germanise pacandæ rationem explicantes, suivis de Aureum corrolarium de veris afflictse hæresibus Germanise, ac polissimum Belgicæ causis, una cum solidis earumdem sanandarum remediis, ut ad concordiam cum catholica Christi Ecclesia reducantur, et de TUfutatio qiwrumdam falsorum remediorum aulicorum, cum explicatione veri remedii ad Belgicam ab hæresibus Uberandam polissimum comparât i, Cologne, 1577, in-8° (écrits réunis par Lindanus, évêque de Ruremonde) ;

— De gratia et liberi arbitrii concordia epistolse, dans Béginald, De mente concilii Tridentini circa graliam effleacem, Anvers, 1706, in-8° ; — la plupart des écrits de Tapper ont été réunis sous le titre : Ruardi Tapperi omnia quæ haberi potuerunt opéra, Cologne, 1582, infol.

I. Vu i i m i wi g, I oppens, Btbltotheea belgica, t. ii,

I). 1084 ; Van den Brœck, De Ruardi Tapperi vita et

teriptlt urniiti, dans Annuaire de l’UnlœrslU <lr Louvain,

1854, p 178-195 ; Biographie mit munir de Belgique, t. xxiv,

1929, col. 555-577 (Importante bibliographie) ; lubert

ii tarium, h tcriptortbui ecclestastlctê, Hambourg)

1718, p. n ; 7 ; MotM, Le grand dicttonnaln historique, M. <lc

1759, t. x, p. 37 ; Ellies Du Pin, Histoire de l’Église et des auteurs ecclésiastiques du X VI’siècle, 1703, p. 92-98 ; Michaud, Biographie universelle, t. XL, p. 684-685 ; Kirchenlexikon, t. XI, col. 1215 ; Hurter, Nomenclator, 3° éd., t. iv, col. 1234 sq. ; Revue bénédictine, t. vi, p. 268.

II. Rôle au concile de Trente et position doctrinale. — Hefele-Leclercq, Histoire des conciles, t. x a : Les décrets du concile de Trente, par A. Michel, passim ; Concilium Tridentium, éd. de la Gôrresyesellschaft, passim ; Le Plat, passim ; Reusch, Der Index der verbotenen Bûcher, 1. 1, 1883, passim ; Dictionnaire apologétique, t. III, col. 1443 ; t. iv, col. 237 ; Mersch, Le corps mystique du Christ, t. ii, 1933, passim ; Capéran, Le problème du salut des infidèles, 1912, p. 275-276.

J. Mercier.

    1. TARAISE##


TARAISE, patriarche de Conslantinople du 25 décembre 784 au 18 février 806. — Il naquit à Conslantinople, vers 730, d’une famille patricienne. Son père, Georges, fut préfet de la ville et sa mère s’appelait Encratia. Lui-même fut le grand-oncle de Photius. On ne sait rien de sa vie séculière, sinon qu’il était proloasecretis quand l’impératrice Irène et son fils Constantin VI jetèrent les yeux sur lui pour en faire un patriarche. Quant à son action comme chef de l’Église byzantine, elle nous est connue d’abord par sa Vie qu’écrivit Ignace, métropolite de Nicée, qui fut son ami personnel. C’est trop un panégyrique. On a heureusement, pour la corriger, la Chronographie de Théophane, un contemporain, les actes du second concile de Nicée, la vie et les lettres de saint Théodore Studite, certaines lettres de Taraise lui-même, etc. On possède donc les éléments suffisants pour en juger avec impartialité.

La situation religieuse était alors assez délicate. Léon IV le Chazar, fils et successeur de Constantin V, n’avait pas mis fin à la persécution contre les iconophiles ; elle avait encore fait des victimes sous son règne (775-780). Sa mort (8 septembre 780) avait cependant amené une accalmie. Un fort parti demandait le rétablissement du culte des images et l’impératrice Irène y inclinait. Mais il fallait compter avec l’opposition et la régente n’osait prendre les décisions qui auraient rétabli la paix religieuse. Le patriarche Paul IV, qui avait fait le serment, lors de son sacre (20 février 780), de ne pas rétablir le culte des images, se tenait sur la réserve. Cependant Irène songeait de plus en plus à rapporter la législation persécutrice et à. renouer avec le reste de la chrétienté les relations rompues par le schisme et l’hérésie, et cela dans un but politique autant que religieux. Le patriarche tomba malade au début d’août 784. Il donna sa démission et se retira au monastère de Florus, où il mourut le 31 août, après avoir vivement recommandé de rétablir le culte des images. Si l’on en croit la Vie de Taraise, il aurait même désigné celui-ci comme son seul successeur possible. Vita S. Tarasii, n. G. P. G., t. xcviii, col. 1290BC ; Théophane, Chronographia, éd. de Boor, p. 457-458. Quoi qu’il en soit, quelque temps après la mort du patriarche, Irène convoqua au palais de la Magnaure une grande assemblée de fonctionnaires et de notables pour leur exposer la situation. Elle demanda qu’on voulût bien lui désigner un personnage capable de prendre la place de Paul IV. On lui indiqua Taraise. À quoi elle répondit que tel était bien son désir, qu’elle le lui avait manifesté, mais qu’il refusait. Prié de s’expliquer, Taraise prononça un long discours, dont Théophane nous a conservé le thème, et posa comme condition la réunion d’un concile œcuménique pour rétablir l’unité de l’Église. Il rallia à son projet la grande majorité des suffrages et fut sacré le jour de Noël (25 décembre 784). Vita, n. 7-1 1, col. 1291-1293 ; Théophane, op. cit., P. 158 460.

Il envoya au pape une synodique accompagnée de

s.i profession de foi. On n’a plus cette lettre, mais on