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TAPA KELLI D’AZEGLIO — TAPPER (RUARD ;


de cette science et recherchent sur quel fondement elle doit être établie ; les autres, dont la valeur technique est évidemment aujourd’hui dépassée, sont des applications à des points particuliers, tels que la propriété, la notion de prix, la monnaie, le crédit, etc. Taparelli critique très vigoureusement les doctrines utilitaires qui étaient alors classiques (malgré les elTorts louables de Villeneuve-Bargemont qu’il n’ignore pas). L’économie est « humaine » ; c’est dire qu’elle ne peut être indépendante de la morale. Également ennemi du socialisme et du libéralisme, Taparelli prélude aux « catholiques sociaux » et, à ce titre, ses articles sont un document historique important.

Nous pouvons conclure en disant que sur plusieurs terrains, Taparelli apparaît comme un précurseur, ce qui n’est pas synonyme de novateur au sens péjoratif qu’on attache à ce mot, car c’est dans le trésor de la tradition qu’il a puisé de quoi faire face aux exigences créées par l’évolution du monde moderne. Il fait preuve de remarquables qualités dans une œuvre monumentale, où l’on ne sait s’il faut admirer davantage la solidité du fond ou la rigueur de la dialectique.

Principaux ouvrages de Taparelli.

La dernière édition

du Saggio teoretico di Drilto naturelle appoggiato sul fatto a été publiée en 1930 (la couverture porte 1928) à Rome, Civiltà cattolica. 1^’Eswne critieo degli ordini rappresentativi nella société moderna n’est plus dans le commerce depuis longtemps ; il en est de même du Corso elementare del naturale diritto ad uso délie scuole. Les articles de Taparelli ainsi que les comptes rendus bibliographiques, parus dans la Ciuiltà cattolica de 1850 à 1862, ne sont pas signés ; il faut donc se reporter à la liste donnée par Sommervogel dans la Bibliothèque des écrivains de la Compagnie de Jésus ou par le P. Pirri dans les Carteggi cités ci-dessous (on y trouvera également les titres de tous les opuscules de Taparelli). La traduction française du Saggio, par le P. Onclair et d’autres pères de la Province belge, et celle du Corso elementare, par l’abbé Ozanam, éditées à Tournai par Casterman, sont épuisées ; la traduction (trop large et incomplète) de l’Esame critieo par le P. Pichot, S. J., est toujours en vente chez Lethielleux, Paris.

Travaux.

Sur Taparelli, jusqu’à présent, il n’existe

guère que de brèves monographies, la plupart en italien, sur des points de détail, ou bien des livres où il est question de Taparelli d’une façon seulement assez indirecte, mais un ouvrage d’ensemble, en langue française, sur Taparelli et son œuvre est en préparation, ainsi que la traduction annotée de ses principaux articles d’économie politique. Un résumé des idées de Taparelli sur le droit international a été publié à Paris, par l’auteur du présent article dans Vitoria, Suarez, Droit des gens, Paris, 1939.

On trouvera quelques pages sur Taparelli en tête de l’édition italienne du Saggio. Le P. Pirri, éditeur de l’épistolaire de Taparelli (Carteggi del P. Luigi Taparelli d’Azeglio, dans Biblioteca di sioria Italiana récente, t. xiv, Turin, 1932), a publie une série d’articles sur Taparelli dans la Civiltà cattolica (.n 08 du 5 avril, 3 mai, 7 juin 1924 ; 15 janvier, 5 mars, 7 mai, 4 juin 1927 ; 17 mai, 3 novembre, 1 er décembre 1928 ; 2 février, 2 mars, 6 avril 1929). Signalons aussi l’élude du prof. Di Carlo intitulée Dirittoe morale secondo L. Taparelli d’Azeglio, Païenne, 1921, ainsi que les pages v-lxxxiv do Un carieggio inedito del P. L. Taparelli d’Azeglio coi fratelli Massimoe Itoberto, publié par le même auteur, Rome, 1926.

R. Jacquin.

1.TAPIA (Didace de), ermite de Saint-Augustin, théologien de Ségovie († 1591), a laissé un ouvrage De incurnatione Christi, de admirando eucharistiæ sacramentel, en deux livres, en appendice un De ritu missæ, Salamanque, 1589.

Antonio, Bibliotlieca hispana nova, 2e éd. ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. ai, col. 146.

É. Amann.
    1. TAPI A (Pierre de)##


2. TAPI A (Pierre de), théologien moraliste de l’ordre des frères prêcheurs (xvii c siècle). — Né à Villoria, diocèse de Salamanque, en 1582, il enseigna la théologie en divers endroits et fut nommé par Philippe IV, en 1623, à la première chaire de théologie de

Salamanque, qu’il refusa ultérieurement d’échanger contre une chaire de Coïmbre. Nommé évêque de Ségovie en 1640, il passa ensuite sur le siège de Sagonte (1644), puis sur celui de Cordoue (1649) et finalement sur celui de Séville (1651). C’est là qu’il mourut, le 25 août 1657, après une vie toute remplie des travaux de l’apostolat. De son enseignement académique il reste une Calena moralis doclrinæ : t. i, De actionibus moralibus et eorum principiis in generali, en 5 livres, in-fol., Séville, 1654 ; t. ii, De virtutibus et vitiis in specie, pars prior, de fide, spe et caritate, prudentia et justifia, in-fol.. ibid., 1657 ; l’enseignement de P. de Tapia reste, on le voit, entièrement conforme aux traditions de son ordre.

Quétif-Échard, Scriptores O. P., t. ii, p. 588 ; cf. Loe, dans Kirclienlexikon, t. xi, col. 1214 ; Davila, Teatro de las Espanas ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. iii, col. 1195 sq.

É. Amann.
    1. TAPPER ouTAPPAERT Ruard##


TAPPER ouTAPPAERT Ruard, théologien lovaniste, 1487-1559. — Né à Enkhuysen, aux Pays-Bas, en 1487, probablement le 15 février, Ruard Tapper étudia à l’université de Louvain où il fut l’élève du futur Adrien VI. Ayant embrassé l’état ecclésiastique, Tapper se consacra à l’enseignement ; ses cours attirèrent au pied de sa chaire de nombreux étudiants et lui valurent un renom considérable. Doyen de la faculté des arts en 1517, docteur en théologie en 1519, une première fois recteur de l’université en 1530, il exerça une grande influence sur ses collègues et ses élèves. Diverses prébendes étaient venues entre temps lui manifester l’estime des pouvoirs publics.

Dès les premières années de son enseignement à la faculté de théologie, Tapper avait donné sa collaboration à l’Inquisition. Son concours fut si favorablement apprécié qu’en 1537 il était nommé Inquisiteur général pour les Pays-Bas. Il montra dans cette charge redoutable des qualités de modération, qui lui valurent l’estime générale, mais aussi beaucoup de fermeté. Son programme était : « réprimer l’hérésie, non par la force brutale, mais par l’ascendant de la logique et de l’enseignement. » Sa charge d’inquisiteur général, les divers contacts qu’il avait eus avec le peuple, avaient démontré à Tapper la « nécessité d’un programme de foi au milieu du chaos des controverses entre les catholiques et contre les hérétiques de toutes nuances ». Ce programme, il le réalisa en publiant une série de cinquante neuf propositions dogmatiques, qu’il réduisit par la suite à trente-deux ; dans cette seconde série, à l’usage du peuple, il avait éliminé ce qui avait trait à la grâce et à la justification. Ce symbole eut un très grand succès ; imprimé une première fois à Louvain, en 1545, il devait être approuvé par bref de Pie IV, en 1561.

Tapper donna ce symbole comme base à son enseignement. C’est ce qui nous a valu la Declaratio articulorum a veneranda facultale theologiæ Lovaniensis adversus nostri temporis hæreses, simul et eorum approbatio, per erudilissimum virum S. Paginas professorem D. Ruardum Tappært ab Encusia, ecclesise collegiatse S. Pétri Lovan. decanum, neenon florentissimse Academiæ cancellarium, de religione christiana optime meritum, Lyon, 1554.

Mécontent de son œuvre, Tapper se remit au travail et, dès 1555, publia Explicationes arliculorum venerandæ facultalis Sacræ Theologiæ generalis studii Lovaniensis circa dogmaia ecclesiastica ab annis triginta quattuor controversa, una cum responsione ad argumenta adversariorum tomus i, authore eruditissimo viro Sacræ Paginæ projessore, D. Ruardo Tapper ab Enchusia, ecclesiæ collegiatæ S. Pétri Lovaniensis decano, neenon ejusdem florentissimæ Academiæ cancellario, Louvain, 1555, in-fol. Le t. n parut en 1557. Ces deux volumes sont le commentaire de vingt des trente-deux articles de 1545 ;