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10. Monita de necessitate reformationis Ecclesise in capite et membris, intitulé aussi Avisamenta pulcherrima de unione et reformalione membrorum et capilis fienda, écrit en 1414 ; attribué d’abord à P. d’Ailly, puis à Thierry par von (1er Hardi ; M. T.enz se rallie à cette dernière attribution dans Drei Traktate aus dem Schriftencyclus des Konxtanzer Konzils, Marbourg, 1876 ; elle est niée par Erler ; édité dans von der Hardt, op. cit., t. i, part. 7, p. 277-309, ci dans les Opéra de Gerson, éd. cit., t. ii, p. 885-902 ; nouv. éd. dans Finke, Acla concilii Constantiensis, t. iv, 1928, p. 584-636. —

11. Cedula affixa nd valvas palatii episcopalis Conslanciensis, die lunæ 8 mens, martii 141 ï ; cette attribution hypothétique faite par Lindnerest contestée par Erler ; texte dans Martène-Durand, Thésaurus novus anecdolorum, t. ii, p. 1620-1623. — 12. Invectiva in diffugienlem e concilio Constanliensi Johannem XXIII a. 1415 édita, intitulée encore Traclatus bonus de tribus de papatu contendentibus, diatribe passionnée contre le pape qui a pris la fuite ; l’attribution à Thierry est extrêmement vraisemblable ; éditée dans von der Hardt, op. cit., t. ii, part. 14, p. 296-330. — 13. Historia de vila Johannis XXIII, postérieure à juin 1416 ; l’ouvrage est la suite du De schismate (ci-dessus, n. 5) ; édité à part à Francfort, 1620, puis par von der Hardi, op. cit., t. ii, part. 15, p. 335-360. — 14. Privilégia aut jura imperii circa investituras episcopatuum et abbaliarum restituta a papis imperatoribus romanis, est antérieur à la réunion du concile à Constance ; c’est une sorte d’histoire du Saint-Empire ; la belle époque fut celle d’Othon I effet de ses successeurs, où la poigne impériale prévenait les schismes et les scandales pontificaux. Publié dans S. Schard, De jurisdictione imperii, Bâle, 1566, p. 785-859. Il conviendrait de rendre à l’ouvrage son véritable titre : Chronica ; cf. Potthast, Wegweiser etc., t. ii, p. 1051 a, note. — 15. H. Heimpel a fait connaître un ouvrage de Thierry sur la convocation des conciles généraux qui se situe au même moment que les précédents : Einc unbekannte Schrift Dietrichs von Niehm ùber die Berufung der Generalkonzilien, 1413-1414, avec en appendice Ein Gutachten Dietrichs ùber den Tijrannenmord (1415), 1929. — 16. En dehors des ouvrages de circonstance recensés ci-dessus, il semble bien que Thierry avait rédigé une Chronique, dans les dernières années du xive siècle ; il n’en subsiste qu’un petit nombre de fragments, publiés par H.-V. Sauerland dans Mittheilungen des Instituts fiïr ôsterr. Geschichtsjorschung, t. vi, 1885, p. 589-614 et par Mulder (cf. bibliographie). Mais il n’y a pas lieu d’attribuer à Thierry une sorte de continuation du Liber pontiftealis : Vilse pontifteum romanorum a Nicolao IV usque ad Urbanum V et inde ab anonymis usque ad an. 1418 continualæ, addilis imperatorum gestis, titre inexact, d’ailleurs, puisque l’ouvrage commence au pontificat d’Honorius IV (1285) et va jusqu’à celui de Martin V inclus (1417-1431) ; les recherches de Lindner et d’Erler permettent d’attribuer ce travail à Werner de Liège, chanoine de Bonn (fin du xive s.).

L’attention de l’historien de la théologie doit être attirée spécialement sur les n. 3, 8 et 10, trois écrits consacrés à la politique ecclésiastique et à la réforme, et où se trouvent développées des doctrines extrêmement aventureuses sur la constitution ecclésiastique. Ceci est surtout vrai du n. 3, De modis uniendi ac reformandi Ecclesiam, où se fait nettement sentir l’influence de Marsile de Padoue. À en croire l’auteur, le pape ne peut être appelé le chef de l’Église, étant seulement le vicaire, le lieutenant du vrai chef, le Christ. Encore ne l’est-il que s’il n’abuse pas de son pouvoir, s’il en abuse, il peut et doit être déposé. L’autorité séculière peut alors intervenir et, nous l’avons vu à propos de l’écrit n. 14, Thierry n’a que des éloges pour la façon

dont les premiers empereurs germaniques mettaient lis papes à la raison. La même idée est exprimée aussi dans le De schismale, t. III, c. ix-xi. éd. Erler, p. 221224. Plus osée encore est la définition que donne de l’Église le De modis : « la totalité des fidèles juridiquement associés en vue de leur commune utilité. Par rapport au concile, le pape n’a aucun droit, même s’il est incontesté et unique (ce qui n’était pas le cas au temps où écrivait l’auteur) ; il ne lui appartient pas de convoquer le concile, de le présider, d’y rien définir sur l’état de l’Église. C’est à l’empereur que revient la convocation et la présidence. Il ne fait donc pas question que le concile soit supérieur au pape. « Il lui est supérieur en autorité, supérieur en dignité, supérieur par la fonction ; le pape est tenu de lui obéir en tout ; le concile peut limiter le pouvoir du pape, car il représente l’Église universelle ; c’est lui qui détient les clefs pour ouvrir et fermer ; il peut anéantir les droits de la papauté. Nul ne peut en appeler de ses décisions ; il peut élire le pape, le priver de son titre, le déposer ; il peut établir de nouveaux droits, abolir les anciens. Ses constitutions, statuts et règles sont immuables, elles ne souffrent ni modification, ni dispense de qui que ce soit, si ce n’est de lui-même. » Cité par V.Martin, Les origines du gallicanisme, t.n, p. 128. C’est qu’aussi bien la primauté de juridiction que s’arroge le pape dans l’Église n’est pas d’institution divine. À l’origine papes et évêques étaient égaux et c’est, en somme, par une usurpation que le pape a dépouillé les évêques de l’autorité qu’ils tenaient du Christ. Tout au plus pourrait-on dire que la primauté pontificale résulte d’une délégation de l’Église, délégation que celle-ci peut toujours retirer. Tout cela, fait très justement remarquer V. Martin, ibid.. n’est qu’un démarquage du Defensor pacis.

Reste à savoir si c’est bien à Thierry de Niem qu’il faut attribuer la paternité de cet écrit et des deux autres qui lui sont nettement apparentés. M. Lenz, en 1876, n’avait pas hésité à les donner tous trois à Thierry. G. Erler, au contraire, rejetait cette hypothèse (1877). Entraîné par la démonstration de Lenz, H. Finke, en 1889, prouvait que Thierry était bien l’auteur du De necessitate, et que le De modis était sans conteste de la même main que le premier écrit ; qu’il n’y avait rien de décisif contre la composition par Thierry. À cette démonstration et à cette attribution se sont ralliés Pastor, Histoire des papes, trad. franc., t. ï, p. 207, Noël Valois, La France et le Grand Schisme d’Occident, t. iv, p. 229, note 2, E. Vansteenberghe, Le cardinal Nicolas de Cues, p. 35, et plus récemment W.-J.-M. Mulder, S. J. (voir ci-dessous). Si on l’admet, Thierry de Niem ne nous apparaît plus seulement comme un fonctionnaire de la Curie bien renseigné sur les événements auxquels il a été mêlé, mais comme l’un des précurseurs de l’esprit de réforme, qui préparent, au xve siècle, le grand événement qui se produira cent ans plus tard.

L’étude la plus complète, mais déjà un peu ancienne, est celle de G. Erler, Dietrich von Nieheim, sein Leben und seine Schriften, Leipzig, 1877 ; à compléter et quelquefois à rectifier par les travaux suivants : Th. Lindner, Beitràgr zu dem Leben und den Schriften D. v. N., dans Forschungen zur deutschen Geschichte, de Gcettingue, t. xxi, 1881, p. 6992 ; cf. dans le même recueil, t.xii, 1872, p. 235-259, 656658 ; M. Lenz, Drei Traktate aus dem Schriftencyclus des Konstanzer Konzils, Marbourg, 1876 ; Al. Fritz, Ist Dietrich von Nieheim der Verfasser der drei sogen. Constanzer Tractate ? dans Zeitschr. fur vaterl. Gesch. und Alterlhumskunde (Westfalens), t. xi/vi, 1888, p. 157-167 ; H. Finke, Dietrich von Niem in Konstanz, étude publiée dans le recueil Forschungen und Quellen zur Gesch. des Konst. Konzils, Paderborn, 1889 ; du même, Zu Dietrich von Niem und Marsilius von Padua, dans Rômische Quartalschrift, t. vii, 1893, p. 224-227 ; Sagmuller, Der Verfasser des Traktates De modis uniendi ac reformandi Ecclesiam, dans Histor. Jahr-