Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/314

Cette page n’a pas encore été corrigée

6J3

THIERRY DE FREIBERG

THIERRY DE NIEM

614

générale se vérifie pour l’âme humaine, dont le principe est l’intellect actif, pure intelligence créée directement par Dieu. Mais, à la différence des thèses averroïstes, cet intellect agent n’est pas unique pour le genre humain ; il se multiple comme les hommes. Il est en chacun d’eux cet abdilum mentis, cette abstrusior projunditas noslræ memoriæ dont parle saint Augustin. Et dans l’homme se vérifie alors le principe général du processus des esprits. L’intellect agent comprend l’intellect possible, produit par lui : se habet ad ipsum tamquam ad principium aclivum et pro~ fluxivum sui, connu par lui mais le connaissant aussi. Mais comme l’intellect agent, à son tour, ayant été produit d’rectement par Dieu, le connaît et voit en lui toutes les raliones œternæ, regulæ œternæ et incommutabilis verilas présentes sunt abdilo mentis, secundum Auguslinum. quod est intellectus agens. De tribus difficil., p. 77*, il se fait alors que, se retournant sur lui, à l’occasion des perceptions sensibles, l’intellect possible découvre eu lui ces raisons éternelles et ces idées de toutes choses : ratio rei splendet in intellectum possibilem ex suo prineipio intellcciuali, quod est intellectus agens immediatum. De intelleclu et intell., p. 203*. Par là, c’est toute une théorie qui s’amorce de notre connaissance de Dieu dès ici-bas et de notre connaissance des choses en cette lumière de la vérité première qu’est Dieu. Eckhart reprendra et développera ces thèmes dans sa psychologie mystique.

Thierry, lui, i attache encore à cela, comme son complément logique et son épanouissement, le problème de la lumière de gloire et de la vision béatifique. Ce ^era ! e retour parfait de l’âme à Dieu lorsque, le corps ayant cessé de mettre obstacle à la claire vue de l’âme, l’intellect agent, cet élément divin en nous, pourra remplir toute sa fonction : ipsë intellectus agens est illml beatifteum principium quo informati, id est quando lucril forma nobis, sumus beali per unionem noslri ml Deum » 'r immediatam bealificam conlemplalionem qua videbimus Daim per essentiam. De intelleclu et inielligibili, p. 102*.

lî. Krebs, Meister Dlelrich (Theodoricus Teutonicus de Vriberg). Sein Leben, seine Werke, seine Wissensclialt, dans les Beitrâge… de Bàumker, t. v, 1006 ; Le traité « de esse et etsentia de Thierry de Fribourg, dans Hevue néoscol., 1911, p. 516-536 ; J. Wiirschmidt, Dictriclx von Freiberg, Ueber den liegenbogen und die durcll Stralilen erzcugUn Eindrûcke, dans les Beitràge…, t.xii, 1914 ; M. De W’ulf, Histoire de la philosophie médiévale, 1936, t. ii, p. 314-319 ; Ueberweg-Geyer, Grundriss der Gescliichte der Philosophie, 1928, t. ii, |>..">". 1-560,

P. Gloiueux.

2. THIERRY DE NIEM (1340-1 118). — Né à Brakel, en Westphalie, vers 1340, il est ainsi appelé du nom de la pelile ville de Nieheim, proche de son pays natal. ! >< bonne heure il partit pour l’étranger et sa formation fut suri k u t italienne. Vers la tin du pontificat d’Urbain V (f i’.i décembre 1370), il entre à la Curie pontificale, qui, après un court essai de retourner a Rome, ie réinstalle en Avignon, puis repart pour Home au début de 1377, sous Grégoire XI. Thierry est a i. moment notarius sacri palattt. Il est témoin en 1378 de la crise (|in inaugure le Grand schisme et reste fidèle a Urbain VI, a la Curie duquel il devient abbreviaior. Boniface IX (1389 1404) le nomme, en 1395, an dège épiscopaJ de erden, mais Thierry ne put être consacré ; devanl les difficultés qu’il rencontra il rcsiu, i lie I 1398 ou 1399). A Pâques 1 101 on

le i roUVC a Erfur !. OÙ il es ! immai de aile a l’uni wrsile.

d es ! a Rome en i 103, toujours comme abbreviafor a la Curie. Encore que très préoccupé de la réduc

1 i < n du schisme, il n’assista pas au concile’le l’isc

(mars aoûl l 109), retenu qu’il était alors < n AJlero pu dlveie affaires. Il était en< ire au service d< ban wiii quand (lui et arriva a Constance ; mais.

après l’évasion du pape (20-21 mars 1415), Thierry s." sépara bruyamment de celui-ci. Sans avoir de place officielle au concile, il ne laissa pas d’y jouer un rôle considérable. S’il est bien, comme cela est tout à fait vraisemblable, l’auteur de l’Invectiva in difjugienteme concilio Constanlicnsi Johannem.va/// (dans von der Hardt, Concilium Conslantiensc, t. ii, part. 14, p. 296330), il a beaucoup contribué aux mesures prises par l’assemblée contre le pape contumace. Les écrits qu’il multiplie à cette époque témoignent qu’il se rallie de plus en plus à la théorie conciliaire, laquelle voit dans le concile le seul moyen de rétablir l’unité dans l’Église et d’aboutir à la réforme de celle-ci dans son chef et dans ses membres. On retrouve Thierry comme chanoine de Mæstricht en 1418 ; c’est là qu’il meurt le 22 mars 1418.

La production littéraire de Thierry de Nïem a élé considérable, encore que les critiques ne soient pas entièrement d’accord pour la délimiter ; entre les deux érudits qui l’ont spécialement étudiée, G. Erler et H. Finke, il reste encore des divergences considérables que les travaux plus récents ne sont pas jusqu’ici arrivés à réduire. Sous le bénéfice de cette remarque, voici les ouvrages qui lui ont été attribués, avec plus ou moins de certitude. — 1. Liber cancellariæ apostolica’, auquel il faut joindre Stilus pulatii abbreviatus, recueil de formulaires de la chancellerie apostolique, de taxes, etc. ; date des premiers temps du séjour à la Curie. Publié par G. Erler, Der Liber cancellariæ vont Jahre 1-380 und der Stilus palatii abbreviatus Dietrichs von Nieheim, Leipzig, 1888. — 2. Injormatio jacta cardinalibus in conclavi unie cleclionem papæ Johannis XXIII moderni, de 1110, dans Erler, Dietrich von Nieheim, Leipzig, 1877, Beilâge, n. ii, p. xxx-xli. — 3. De modis uniendi ac re/ormandi Ecclesiam, a été attribué à Gerson ; mais a toutes chances d’être de Thierry, bien que d’autres noms aient été aussi proposés, celui de l’espagnol André d’Escobar, de l’abbé bénédictin André de Randulf. Pour l’attribution à ce dernier, voir surtout Sâgmuller, dans Histor. Jahrbuch, t. xiv, 1803, p. 562 sq. Publié dans von der Hardt, Conc. Const.. t. i, part. 5, p. 68-1 12, et dans les Opéra de Gerson.éd. Ellies du Pin, t. ii, col. 161-201. — 4. Nemus unionis, recueil de documents relatifs aux négociations cuire Grégoire XII et Benoît XIII, terminé le 25 juillet 1408 : édité par Schard, comme 1. IV du De schismate (ci-dessous ) et dans les éditions ultérieures. — 5. De schismate libri très : c’est l’œuvre la plus importante de Thierry, terminée le 25 mai 1410 : histoire du Grand schisme jusqu’à cette date et des moyens mis en œuvre pour le réduire ; détails nombreux, mais ouvrage pas sionné et à utiliser avec précaution. Ed. princeps, Nurenberg, 1536 ; puis Pâle, 1566, par S. Schard : dans cette édition le Nemus unionis (ci-dessus) est donné comme le I. IV ; édit. Erler avec noies, Leipzig. 1890. — 6. Epislola ad Johannem XXIII transmisse de bono Romani pontificis regiminc. de 1 110 ; éd. D. Rattinger dans Histor. Jahrbuch de la Gorresgesell schaft, t. v, 1884, p. 163-178.-— 7. Epislola Lucij.Ti ad Joh. Dominici, O. P., cardinalem Sancti Sixti, violent pamphlet contre le cardinal de Raguse, attribué à Thierry par Rattinger, loc. cit., p. 166, mais dénié par Trier ; figure dans le Nemus unionis, t. VI, c. xxix : éd. récente dans Analrcta Irunciscana. t. iii, 1887, p. 229-231. — 8. De difjicullale rcjurniationis Ecclesiæ m concilio universali, aoûl 1410 ; attribué à Pierre d’Ailly par von der Hardi ; revendiqué pour Thierry par M. LenZ, mais des doutes sont exprimés par Erler. Texte dans von der Hardi, op. cit.. I. i. part, 6, p. 255 260, et dans les Opéra de (..- ; ii, cd.cil., t. II, p. 867 875.

'>. Traclatus contra deunnatos Wicli filas Pragm, écrit en I tl 1 ; publie par Erler dans Lcilschr. /tir vulcrldiul.

Geschichte… (Westfalens), i. sx.ui, 1885, p. 184 '