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THESSALONICIENS (ÉPURES AUX). ESCHATOLOGIE


a dit avec bonheur : De certo aliquo templo (ut Hierosolymitano ) non erit cogitandum. neque de Ecclesia Dei, templo Dei, etc., sed est modus loqnendi, quo significatur omnem titulum et omnia jura Dei ab illo (scil. Antichristo) usurpatum iri, p. 136 ; cf. Sleiumann, p. 51.

3) La parousie de l’Adversaire (ꝟ. 8-12). — Paul précise certaines scènes du drame eschatologique. L’inique aura sa parousie, mais ce personnage n’opérera pas pour son compte personnel : dépendante dans sa cause et dans ses formes de Satan (xkt’svépYetav toù Saxavâ), cette parousie produira des miracles, des signes et des prodiges que Paul qualifie de mensonges, non point faux en tant que dus à la supercherie, mais en tant que viciés dans leur origine — Dieu seul pouvant accomplir de vrais miracles — et dans leur but, puisqu’ils produiront le mensonge et la séduction.

c. L’action de l’obstacle ( ?. 6 et 7). — Mais il est un obstacle qui s’oppose à cette manifestation satanique de l’Adversaire. L’obstacle est une personne ou une chose personnifiée, à moins qu’il ne soit une collectivité de personnes, ô xoctsycov (au masculin, ꝟ. 7) ; et c’est en même temps une force, physique ou morale, to xocté/ov (au neutre, ꝟ. 6). Il a pour fonction de retenir l’Adversaire en l’empêchant de se révéler, en le tenant dans le secret, dans le mystère, dans ce mystère d’iniquité que l’Antéchrist doit un jour percer. Ce mystère d’iniquité est déjà en activité au moment où Paul écrit, mais retenu lui-même et par le même obstacle, il n’arrive pas à sa consommation. L’obstacle agit directement sur l’Adversaire ; c’est donc que ce personnage existe déjà, car on n’empêche pas de paraître quelqu’un qui ne serait pas encore né. Le mystère d’iniquité est à mettre en relation avec l’Adversaire. C’est celui-ci qui suscite celui-là et, à sa faveur, il prépare sa parousie. L’obstacle et l’Adversaire s’affrontent : à un moment donné, sans qu’on sache d’ailleurs pourquoi, l’obstacle cède et l’Adversaire passe par son éphémère triomphe.

d. L’identification de l’Adversaire. — Cet Adversaire est-il un individu ou une série d’individus, une collectivité ? Alors que nous sommes fixés sur les éléments essentiels de la parousie, décompte fait de sa date incertaine, nous sommes encore à nous demander qui est l’Adversaire et quel est l’obstacle. Pour un exposé complet des hypothèses, cf. Rigaux, op. cit., p. 290. Certains voient dans cet Adversaire un individu, soit supra-terrestre (Satan, pour Celse ; le diable incarné, pour Boussct), soi ! humain, et ici sont proposés les noms des grands tyrans et persécuteurs de l’Église (Caligula, Néron, Titus, Simon le Magicien, Mahomet, Frédéric II. Luther, Calvin, Napoléon)- À travers les tâtonnements et les aberrations « le Joachlm de Flore, de Pierre-Jean Olieu, de Wieief, nous arrivons à la grande découverte de la Réforme, que le pape serait l’An ! (’christ en personne et la papauté une série ininterrompue d’antéchrists. Cette trouvaille, dont les protestants eux mêmes perçoivent aujourd’hui le ridicule et le grotesque, connut deux siècles de vogue. Pour d’au ! ie. cet Adversaire représenterait une ld<e :

la fausse doctrine siégeant sur la chaire des Écritures’ne), un pouvoir, ennemi de Dieu et de toute religion (Storr). l’athéisme, rirréllgiosité (Nltzsche). Les exégètes modernes soutiennent que cet Advei décrit par saint Paul est ou bien un individu ou une collectivité. Le p. Rigaux, en un ouvrage remarqué : L’A nléchrist, 1 932 i voir surtout L’homme de péché dans <-<uni l’uni, >. 250 317), conclul que l’Advi un personnage unique : Lire individuel, p

atologique, orgueilleux, impie et séducteur, faux thaumatui ge, Vnti-1 Heu et Antl Christ, tel l’homme de péché décrit par suint Paul. » I’. 290. A plusieurs reprises déjà nous avons dit pourquoi nous

soutenions la thèse de la collectivité, à côté du P. Allô, auquel se sont ralliés notamment le P. Lavergne, M. Amiot, le P. Renié, le P. Bonsirven. Il nous suffira de reprendre brièvement nos arguments ; cf. notre art. L’Adversaire et l’obstacle, dans Recherches de science rel., 1934, p. 402-417.

a) Le genre apocalyptique. — Une première lecture de la péricope semble favoriser l’opinion du personnage unique. Le portrait de l’Adversaire tel que le trace ici l’Apôtre (ꝟ. 3, 8, 9) « est si bien celui d’une personne qu’on imaginerait difficilement des expressions plus caractéristiques pour le faire entendre ». Rigaux, p. 276. Mais ce serait une erreur de se tenir au sens apparent et superficiel des mots, s’il est prouvé que toute cette péricope se rattache par le fond et la forme au genre apocalyptique. Et elle s’y rattache : //i scriptis paulinis nihil legitur magis mysleriosum hac péricope… Tolum est xiiigmatieum, mysleriis rejertum. Vosté, p. 193, 263. Le P. Rigaux en convient : « Il est vrai que nous sommes en présence d’un texte de teneur et d’allure apocalyptiques. » P. 276. Mais le genre apocalyptique n’est-il pas la terre promise des symboles dont le caractère commun est de cacher sous des dehors souvent pittoresques des réalités mystérieuses fort diverses des premières apparences ? Il se plaît à personnifier les collectivités et, quoi qu’en dise Rigaux, on n’a pas de peine à citer d’autres exemples de dramatisation aussi forte. Il suffit de mentionner les exemples classiques de l’Apocalypse, car tout le monde admet que la « bête de la mer > (c. xiii) et le symbole des forces humaines antichrétiennes, la « bête de la terre » (c. xiii), l’image de la séduction persécutrice ; les » deux témoins » (c. xi) personnifiant la collectivité des prédicateurs de l’Évangile. Le « roi de Tyr », Ez., xxviii, 2-19, est le symbole de sa capitale et de son royaume maritimes, donc d’une collectivité, comme le « pharaon » est le représentant de l’Egypte. Ez., xxix, 3 ; xxx, 4. Nous ne concluons pas encore que l’Adversaire est une collectivité ; nous remarquons simplement qu’il pourrait l’être.

P) Le portrait composite de V Adversaire. — Cette des cription de saint Paul, que l’on croirait originale, n’est en réalité qu’un tissu de formules apocalyptiques et prophétiques toutes faites et empruntées. Une synopse serait facile à établir. SI l’Apôtre emprunte à Antiochus Épiphane qui était un homme : « Celui qui s’élève au-dessus de tout ce qui s’appelle Dieu », Lan., xi, 36, il s’inspire également du roi de Tyr qui est une collectivité : Il s’élève… jusqu’à s’asseoir en personne dans le Temple de Dieu, se donnant lui-même comme Dieu. Ez., xxviii, 2. Lt le pa entier ressemble à un petit centon apocalyptique par et mélange de traits individualistes et d’allusions collectives. Cf. Is., xiv, 13 ; xi. 1 ; Joli, iv, 9.

y) La preuve directe est tirée des relations que saint Paul établit entre l’Adversaire et l’obstacle. L’Apôtre présente ces deux forces mystérieuses en cou tact l’une de l’autre, affrontées pour une lutte redou table et sans merci. Ce corps a corps de l’Adven ; i rc et de l’obstacle ressort îles versets t> ci r. L’Adversa i< existe déjà et il essaie de percer ; il s’efforce dee révéler, de faire sa parousie, car ce sciait sou heure. Mais il en est empêché par l’obstacle qui agit immédiate ment sur lui : i lit maintenant VOUS -ave/ ce qui le retient de se révéler. Il cette luth se prolonge déjà depuis pr> i clés : l’Antéchrist, déjà né au

temps de saint l’aul, n’a pas encore faitsa parousie. I donc évident qu’il ne Saurait être un : ndiidu ;

une lutte de si longue durée exige que l’Adversaire soit a « interrompue d’individus.’opposant a

l’obstacle ; et l’obstacle lui-même dot être une force permanente, OU bien, si ce sont, des hommes, unv autre d’individus, une autre collectivité. Nous préve-