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    1. THESSALONICIENS (ÉPITRES AUX)##


THESSALONICIENS (ÉPITRES AUX). K SC H ATOL OGIE

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Lagrange (Rev. bibl.. 1917, p. 577, compte rendu du Commentaire du P. Vosté), fait valoir les raisons suivantes : 1. chez les auteurs grecs, axsùoç désigne souvent aussi le corps, qui est appelé le vase de l’âme, la lampe de l’âme ; saint Paul lui-même emploie le mot en ce sens quand il dit : « nous avons ce trésor (la grâce du ministère apostolique) dans des vases d’argile, èv ôaTpaxtvoiç crxeùsaiv », II Cor., iv, 7 ; 2. x-rôcaOat, à l’infinitif, a aussi le sens de posséder dans plusieurs textes des papyrus, c’est-à-dire au moins dans le parler populaire (textes dans Milligan, p. 49) ; 3. il est remarquable que les auteurs grecs sus-mentionnés qui admettent pour ay.zxtoc le sens de corps, n’hésitent pas non plus à donner à XTÔtaOat celui de posséder, ce que fait aussi la Vulgate ; 4. si l’expression xTacrôai Yuvxïxot., prendre femme, est courante, on ne trouve jamais ailleurs XTÔcaGai axeùoç et, chez les rabbins, le sens de Are /{, épouse, ressort du contexte et non du mot tout seul ; 5. enfin la formule « acquérir sa femme » pour dire « acquérir une femme qui soit sienne » resterait forcée.

La traduction « garder son corps » nous paraît la meilleure pour toutes ces raisons. Nous y ajoutons les motifs suivants : 1. Dans le style de l’Apôtre, nous l’avons déjà signalé, la phrase principale se développe dans les phrases subordonnées par une sorte de progrès intérieur, en profondeur plutôt qu’en extension. La proposition principale « s’abstenir de toute impudicité » doit être développée dans les propositions suivantes : « garder son corps, sans le livrer aux passions déréglées. » 2. Constatation tirée de la doctrine générale de l’Apôtre : celui-ci n’a jamais donné à l’ensemble de ses néophytes l’ordre ou le conseil de se marier. Au contraire, il les voudrait tous comme lui dans la continence. I Cor., vii, 7. Cela ne favorise pas la traduction : « que tout le monde se marie ! » 3. La fornication, dans la doctrine générale de saint Paul, est spécifiquement le péché contre le corps du pécheur. I Cor., VI, 15, IX. 1. Enfin et surtout, toute cette péricope rappelle singulièrement le passage correspondant de I Cor., vi, 12-20, qui traite de la fornication, avec cette seule différence que le premier jet (I Thess.) est tout bouillonnant et laborieux, tandis que la rédaction définitive se présente avec des pensées plus mûres et une forme plus achevée. Donc « que chacun garde son corps en toute sainteté… sans léser son frère par sa luxure en pareille matière, èv tû -Kpayy.ot.Ti. ». Ces derniers mots divisent encore les exégètes. Saint Paul recommande de ne pas léser son prochain par ses convoitises ; mais quelle est la matière de ces désirs coupables ? Une première explication, trop répandue, se bâte de conclure que l’Apôtre, passant à un autre ordre d’idées, recommande la probité ou la modération dans les affaires (l.emonnycr, Wohlenberg, Borneniann, Steinmann) : ne pas faire tort à son frère dans les relations sociales. Mais comment admettre de pareilles recommandations dans un contexte traitant de pureté ? Dans une seconde explication, qui est celle de s Jérôme, S. Jean Chrysostome, Estius, Milligan, Vosté, et qui a nos préférences, l’Apôtre continue a parler de la pureté el de la pureté en général, plutôt que de l’adultère en particulier. Les raisons alléguées pour éloigner les fidèles de l’impureté sont au nombre de trois : Le Seigneur tire vengeance de tous ces [désordres], comme nous l’avons déjà dit et attesté’: Dieu ne nous a pas appelés à l’impureté, mais a la sainteté. Celui là donc qui méprise [ees préceptes] ne méprise pas un homme, mais le Dieu qui nous donne s. m Saint Esprit. Ibtd., 8. La première raison est que le Seigneur Jésus qui doit punir les Infidèles, II, i, X, tirera vengeance île ces désordres, conformément aux solennelles attestations, 81c|xaprupO |ic60c, déjà entendues pu les néophytes. Deuxième

raison : noblesse oblige ; la grâce de la divine vocation, cf. I, ii, 12, implique et postule le triomphe de la pureté. Troisième raison, celle-ci exprimée avec emphase, c’est que, par l’impureté, nous méprisons l’Esprit qui habite nos cœurs. Paul a un aperçu particulier sur les rapports du Saint-Esprit et de notre corps en matière de chasteté. Par la pureté, l’Esprit habite en nous comme dans un sanctuaire, en un naos ; l’impureté est non seulement un mépris et une expulsion violente de Dieu ; c’est un péché contre le Saint-Esprit, la profanation d’un temple, un sacrilège. I Cor., m, 16-17 ; vi, 19-20. Nous avons ici l’esquisse du dogme de l’inhabitation du Saint-Esprit.

c) La conduite chrétienne. — La règle suprême de notre vie morale est le culte de la volonté de Dieu. I, iv, 3, 7. Par une vie sainte nous devons plaire à Dieu, I, ii, 15, avoir le souci de plaire à Dieu. Ces mots sont l’amorce de toute une spiritualité, qui semble avoir été particulièrement chère à saint Paul. Un missionnaire est toujours guidé par le souci de plaire à quelqu’un : s’il ne plaît à Dieu, ce sera aux hommes, ce qui, pour un messager de l’Évangile, est une inversion et un crime. Le pire des châtiments serait que, en déplaisant à Dieu, on perdît en même temps les bonnes grâces des hommes, comme il est advenu aux Juifs de Judée, « devenus les ennemis de l’humanité entière ». I, ii, 15. À ses néophytes, l’Apôtre recommande surtout la joie, signe de l’envahissement de la grâce. « Soyez toujours joyeux. » I, v, 16. De ce précepte, nouveau à l’égal de celui de l’amour — que Jésus avait donné à ses apôtres, Joa., xv, 11 ; xvi, 24 ; xvii, 13 — Paul fait un de ses mots d’ordre, qu’il répète avec insistance dans toutes ses lettres. Mais autant que la joie, la prière doit être continuelle, I, v, 17 ; et l’Apôtre nous en donne l’exemple. I, i, 25 ; ii, 13. Il demande pour lui des prières, I, v, 25 ; II, iii, 1, pour vaincre les obstacles qui contrarient sa prédication. Comme règle de foi, il indique la parole apostolique, à laquelle il faut obéir, car elle n’est pas des hommes, mais de Dieu, I, ii, 13 ; elle est la parole du Seigneur Jésus, II, iii, 1, l’Évangile de Dieu, I, ii, 2, S. 9, l’Évangile du Christ. I, iii, 2 ; II, i, 8.

2° Les enseignements particuliers.- l’eschatologie. — La doctrine eschatologiquc occupe dans les deux épîtres aux Thessaloniciens une place de choix par la description de la parousie, I, iv, 13-18, et des signes qui la précéderont. 11, ii, 1-12.

1. La paresse eschatologique.

À plusieurs reprises, au cours de ces deux lettres, saint Paul nous laisse soupçonner qu’une grave crise s’est déclarée dans sa jeune chrétienté et qu’elle paralyse son élan vers la perfection. Une crise de paresse, d’oisiveté : « Appliquez-vous à vous tenir en paix, à vous occuper [chacun ] de os affaires el à travailler de vos mains, comme nous vous l’avons prescrit. Ainsi vous comporterez-vous honnêtement aux yeux des gens du dehors et serez vous à l’abri du besoin. » I, iv, 11-12. « Nous vous en prions, frères, reprenez les paresseux, encouragez les pusillanimes, soutenez les faibles, usez de patience envers tous. i I, v, M. Enfin, dans II Thess., ces gens-là sont nettement démasqués et invités à se remettre au travail. II, iii, 6-10. Quelles étaient donc la source et la nature de celle crise de paresse ? Comment l’Apôtre la combat-il ? Mais tout d’abord quelle est la signification exacte de ce qualificatif que l’Apôtre adresse à ces pus là, à ces

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a) Sens de #TaxToç. - Saint Paul emploie le verbe -/-/L-<>. II, iii, 7 ; l’adverbe àTaxTcoç. IL III, 6. Il ; l’adjectif frccucTOç, t. v, il. "A-ry-nc signifie d’abord

le soldat qui ne garde pas son rang, celui qui soi I de

l’ordre, le désordonné et le perturbateur de l’ordre, l’n

s’en lenait jusqu’à ces derniers temps à celle a n.