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    1. THESSALONICIENS (ÉPITRES AUX)##


THESSALONICIENS (ÉPITRES AUX). L’ÉGLISE

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Pour être plus discrète, l’affirmation de l’humanité du Christ n’en est pas moins précise. Il est homme, puisqu’il est mort. I, iv, 14 ; v, 10. Nous savons qui l’a tué : « Ces Juifs qui ont mis à mort le Seigneur Jésus. » Outre l’affirmation très nette de la responsabilité des Juifs dans la mort de Jésus, nous constatons dans ce verset que déjà, au milieu du I er siècle, Jésus était couramment appelé le Seigneur, autant dire, nous l’avons vii, qu’il était reconnu comme Dieu, en même temps qu’il était reconnu pour un homme, puisqu’il avait eu sa destinée humaine, puisqu’il était mort, et même de mort violente. C’est la première relation que nous ayons du fait du Golgotha. N’oublions pas qu’elle date d’un peu moins de trente ans après les événements. — Mort, le Christ est ressuscité. Parfois saint Paul attribue au Père la résurrection du Fils, I, i, 10 ; mais d’autres fois, il dit simplement que Jésus est ressuscité. I, iv, 14. Relevons encore cette assurance avec laquelle Paul en parle publiquement comme de faits historiques connus de tous, sur lesquels au surplus il n’hésite pas à fonder la croyance en notre résurrection personnelle : « Car si nous croyons que Jésus est mort et ressuscité, ainsi, ceux qui sont morts par Jésus, Dieu les amènera-t-il avec lui… Ceux qui seront morts dans le Christ ressusciteront en premier lieu. I, iv, 14, 16. Nous avons déjà en germe dans ce texte le magnifique développement de théologie de I Cor., xv : dans la doctrine générale de l’Apôtre, c’est la vertu du Christ qui opère avec chacun de nous tout ce que nous faisons ; nous faisons toute chose avec lui et par lui ; nous vivons par lui, nous mourons par lui, nous ressuscitons avec lui, car il est la cause exemplaire, bien plus la cause efficiente de notre résurrection. Le raisonnement, ici simplement amorcé, sera traité ex professo I Cor., xv : le Christ, chef du corps mystique, étant ressuscité, c’est une nécessité que les chrétiens, ses membres, ressuscitent aussi : les prémices appellent la moisson.

Car le Christ est notre Sauveur et Rédempteur, I, v, 9, 10 ; i, 10, et il s’apprête à un retour triomphant qui punira les méchants et glori fiera les bons. II, ii, 1-12. Il est cause de notre vie, « lui qui est mort pour nous, afin que, vivants ou morts, nous vivions ensemble avec lui ». I, v, 10. La célèbre antithèse de la vie et de la mort est déjà dans ce verset. Dès lors, il ne reste plus au chrétien qu’à « attendre du ciel son Fils qu’il [le Père] a ressuscité des morts, Jésus qui nous sauve de la colère qui vient ». I, i, 10. C’est bien du ciel que Jésus va redescendre pour le retour triomphal, qu’annonce l’Apôtre. I, iv, 16. Pour en redescendre, il doit y être monté ; pour revenir sur terre, il doit y être venu ; pour être tout-puissant, il doit avoir été constitué dans la toute-puissance. Paul l’insinue — il suffisait ici d’une insinuation — en nous rappelant que Dieu a ressuscité son Fils d’entre les morts, ce 1- ils, notre Sauveur, « qui nous sauve de la colère qui vient ».

c) Le Saint-Esprit. — En ces deux premières lettres de saint Paul, le Saint-Esprit se dégage avec moins de relief que Dieu le Père et que Jésus-Christ du mystère de la Trinité, mais on aperçoit sa personnalité dis tinetc, quand il donne aux ouvriersapostoliques la joie spirituelle, I, I, 6 ; les charismes. I, v, 19 ; quand il nous est lui-même donné : « Celui qui méprise [ces préceptes de punie], ne méprise pas un homme, mais le Dieu, qui vous donne son Saint-Esprit : oux £y8pb>icov dŒTEÏ àÀL-i - tov xocl Sio’ovTa -ô riveOp-a

80T0Û t6 fiyiov EÎç op-âç. » I, iv, 8. Dans la doctrine paulinienne, il n’y a pas de doute que le Saint-Esprit Oit une personne, la troisième de la sainte Trinité. Paul a même un aperçu particulier sur les rapports du Saint I de notre corps en matière de pu

reté ; cf. I Cor., vi, 19-20. Toutefois, soit qu’il n’ait pas

encore explicitement dégagé sa pensée sur l’habitation du Saint-Esprit en nous, aux environs de l’an 50, soit qu’il n’éprouve pas le besoin de l’exposer aux néophytes de Thessalonique, il y a entre les deux épîtres la différence de l’esquisse et du chef-d’œuvre.

Terminons cette théologie paulinienne des trois personnes divines par ce beau texte trinitaire : « Quant à nous, nous devons à Dieu d’incessantes actions de grâces à votre sujet, frères aimés du Seigneur, de ce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour vous sauver par la sainteté du [Saint-] Esprit et la foi véritable. À quoi il vous a aussi appelés par notre Évangile, pour vous faire acquérir la gloire de Notre-Seigneur Jésus-Christ. > II, ii, 13-14. On y voit les trésors de la sainte Trinité se déversant sur les élus par les bienfaits appropriés à chacune des divines personnes : le Père qui choisit et qui prédestine et dont l’élection, éternelle comme lui, a pour but dernier le salut ; le Saint-Esprit qui sanctifie : èv àyiaou.0) IIv£Û(iaTOç ; nous croyons qu’il s’agit ici non d’un génitif d’objet (la sainteté étant reçue par notre esprit), mais d’un génitif d’efficicence : la sainteté est causée par le Saint-Esprit ; cette interprétation est plus conforme à la doctrine générale de l’Apôtre, qui attribue la sainteté à l’Esprit-Saint ; cf. Rom., v, 5. Enfin le Fils rachète, et toutes ces grâces se consomment dans la suprême gloire des fidèles unis au Christ.

2. L’Église.

a) La constitution hiérarchique. — En ces deux épîtres, le terme « église » désigne la collectivité des fidèles de Thessalonique, une communauté particulière ; cf. Rom., xvi, 1 ; I Cor., i, 2. Ce n’est que plus tard que le sens d’èxxXyjaîa s’élargira pour désigner l’Église universelle, l’assemblée des fidèles qui participent à la vie du Christ. Eph., i, 22 sq. Mais, dès le début, saint Paul a-t-il eu à cœur d’organiser hiérarchiquement les chrétientés qu’il fondait, ou bien, croyant à l’imminence de la parousie, s’est-il contenté d’édicter quelques règles qui permettraient d’attendre le retour du Christ ? « Il ne semble pas, dit Goguel, que Paul se soit préoccupé de donner une organisation aux Églises qu’il fondait. On n’y trouve aucun système ecclésiastique régulier. » Introduction, t. iv, p. 248. Un passage de notre première épître nous montre cependant que Paul établissait des chefs dans ses nouvelles chrétientés : « Nous vous le demandons, frères, ayez des égards pour ceux qui travaillent parmi vous et sont à votre tête dans le Seigneur, pour vous donner des avis. Par charité, ayez-les en très haute estime en raison de leurs fonctions. » I, v, 12-13. Ces personnes forment une seule catégorie, dont le rôle nous est présenté sous trois fonctions différentes : d’où un seul article grec pour les trois participes qui décrivent leur ministère. Ces chefs de communauté « travaillent », xo7u£>vTa< ;, l’un des mots préférés de saint Paul (14 fois) pour exprimer les labeurs apostoliques ; « ils sont à la tête », TCpofoTapivouç, assurément des guides spirituels) chargés de conduire la jeune Église dans les doctrines et les pratiques de la foi nouvelle, cf. I Tim., v, 1 7 ; « ils vous donnent les avis », vouŒToûvTOcç, d’abord les remontrances, puis en général les avis, peut-être les enseignements ; cf. Col., i, 28. Il est assurément regrettable que saint Paul n’ait pas cru devoir donner à ses néophytes des avis plus détaillés sur ces chefs. Force nous est de nous contenter de ces Indices sommaires, souvent énigmat iqnes. en cherchant à les éclairer par d’autres avis du même genre donnés en d’autres temps. Nous apprenons du moins par cette première lettre que l’Église de Thessalonique, en ce milieu du ie siècle, quelque vingt ans après la mort du Christ, n’est pas livrée à l’anarchie et qu’elle ne vil pas sous le régime égalilaire. Elle a des chefs, qui exercent Certaines fonctions définies ; envers qui, pour leur dignité et leurs services, les fidèles ont des