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THÉRÈSE (SAINTE)


Dieu la doctrine qu’elle nous enseigne. Diego de Yepez, religieux hiéronymite, puis évêque de Terrassone dit à ce sujet : « Dieu versa dans l’âme de la sainte Mère cette sagesse admirable [de la théologie mystique ]. -Car étant si rude et si grossière, non seulement pour déclarer les choses spirituelles, mais encore pour les entendre, Noire-Seigneur en fort peu de temps lui donna tant de lumière et d’intelligence des choses surnaturelles et divines que de grands théologiens en plusieurs années d’étude n’eussent su parvenir jusquelà. .. Cette intelligence et science qu’elle eut des choses divines fut presque soudaine et tout à coup enfin comme infuse de Dieu. » Vie de la sainte Mère Thérèse de Jésus, 2e part., c. xviii, trad. fr., Paris, 1656.

Cette manière de voir commence à se modifier, à la suite d’études plus attentives des sources littéraires auxquelles la sainte a puisé. Thérèse n’a pas négligé les moyens humains de s’instruire des voies surnaturelles. Elle savait interroger ses confesseurs et les théologiens. Elle a lii, souligné et annoté les livres spirituels traduits en castillan. Les exemplaires de ces livres annotés de sa main ont été conservés. Ce sont : les Lettres de saint Jérôme (Vie, c. iii, xi ; Château. 6e dem., c. ix) ; les Morales sur le livre de Job de saint Grégoire le Grand ( Vie, c. v) ; Les Chartreux ou la Vita Christi de Ludolphe le Chartreux (Vie, c. xxxviii) ; les Confessions de saint Augustin (Vie, c. ix). Elle a étudié trois écrivains espagnols franciscains ses contemporains : Alonso de Madrid, auteur de l’Art de servir Dieu publié à Se ville en 1521 (Vie, c. xii), Francisco de Osuna, qui a composé les Abécédaires, dont sainte Thérèse a lu le troisième (Vie, c. îv ; cf. Un maître de sainte Thérèse : le P. François d’Osuna, par le P. Fidèle de Ros, Paris, 1927), enfin Bernardin o de Laredo, à qui on doit La montée du Mont Sion. Cet ouvrage rassura Thérèse au sujet de l’oraison de quiétude et d’union auxquelles elle était arrivée et dont elle, ignorait la nature. Vie, c. xxiii. « Je consultai des li v s, dit-elle, afin de voir s’ils m’aideraient à m’expllquer sur mon oraison. Dans un ouvrage intitulé : L’ascension de la Montagne, à l’endroit où il est parlé de l’union de l’âme avec Dieu, je rencontrai toutes les marques de ce que j’éprouvais relativement à l’impuissance de réfléchir. Et c’est précisément cette Impuissance que je signalai surtout à propos de cette oraison. Je marquai d’un trait les endroits en question. » Sainte Thérèse trouva aussi dans les livres la terminologie classique dont on se sert pour parler des divers degrés d’oraison et d<’s faits mystiques. Les images et les métaphores empruntées à la Bible, a la nature ou a la vie familiale et sociale lui furent aussi révélées par eux. Elle reçut sans doute pour écrire des lumières spéciales de Dieu, mais elle ne négligea pas l’étude personnelle.

Les écrits de sainte Thérèse furent rédigés de 1562 à 1582, année de sa mort. Le Livre de la vie fui écrit en 1562, sur l’ordre de sou confesseur, puis retouché et complété en 1565 à -Saint-Joseph d’Avila. Le Chemin de la perfection fut rédigé une première fois en 1565 au même monastère, puis une seconde fois, probablement à Tolède, pendant les fondations, en 1569 et 1570. Les’'.institutions, destinées aux seules religieuses, furent composées a Avila, vers 1563. Les Exclamations, ou accents passionnés d’amour divin, semblent écrites de 1 566 à 1 569, dans plusieurs monastères. Les Pensées sur le Cantique des Cantique » datent doute de 1574, la sainte étant à Ségovie. Ie Livre’1rs fondations fut commencé a Salamanque en 1573, continué à Tolède en 1576 et terminé à Hurgos en 1582. L’Écrit sur lu visite des monastères remo 1576, i rolède. Le Livre du château intérieur ou des Demeures de l’âme fui composé en 1577. Commencé le 2 Juin à Tolède, il fut achevi i a la fin de n<>

vembre. Le Château intérieur devait remplacer le Livre de la vie dont le manuscrit était gardé par les inquisiteurs. Les Avis et les Relations spirituelles sont d’époques diverses qu’il est difficile de préciser. Cf. Œuvres complètes de sainte Thérèse, 1. 1, p. xxi-xxii. Les écrits thérésiens sont une autobiographie de la sainte, une description de son âme séraphique, une histoire du développement de ses états mystiques. Thérèse, merveilleusement psychologue, se raconte elle-même d’une façon captivante.

Les diverses oraisons d’après sainte Thérèse.


Nous avons deux classifications thérésiennes des oraisons : > celle du Livre de la vie et celle du Livre du château intérieur. La première est symbolisée par la célèbre comparaison de l’arrosage d’un jardin (Vie, c. xi) : l’oraison de méditation, qui consiste à tirer l’eau du puits à force de bras pour arroser, c’est-à-dire à « travailler avec l’entendement » pour produire des considérations ; l’oraison de quiétude, où l’âme « touche au surnaturel » et a moins de peine, comme le jardinier qui arrose en se servant « d’une noria et de godets mis en mouvement au moyen d’une manivelle » ; l’oraison du sommeil des puissances, où les puissances de l’âme, « sans être entièrement suspendues, ne comprennent point comment elles opèrent ». c’est l’arrosage par l’eau courante amenée d’une rivière ou d’un ruisseau ; enfin l’oraison d’union où Dieu agit pleinement : l’âme n’a aucune peine, comme le jardinier qui voit son jardin arrosé par « une pluie abondante ».

En 1577, quand elle composait le Château intérieur, sainte Thérèse avait expérimenté un degré de plus d’oraison mystique : le mariage spirituel. Elle modifia donc la classification du Livre de la Vie. En allant de l’extérieur à l’intérieur du Château, les trois premières demeures correspondent aux exercices des commençants dans la vie spirituelle qui font l’oraison ordinaire de méditation. Cf. Chemin de la perfection, c. xxv. Les quatre autres demeures concernent respectivement l’oraison de recueillement, qui ne peut s’obtenir « par le travail de l’entendement… ni par celui de l’imagination », c’est Dieu qui produit ce recueillement. Cf. Vie, c. xiv-xv ; Relations spirituelles, i, liv ; l’oraison de quiétude ou des goûts divins, où l’âme recueillie par Dieu jouit d’un parfait repos et goûle un suave plaisir. Cf. Vie, ibid. ; Chemin de la perfection, c. xxxi ; Relations, i.iv ; l’oraison d’union, avec ou sans extase, ou Dieu fait sentir soudainement et intensément sa présence dans l’âme. Cf. Vie, c. xviu-xix ; Relations, liv ; en fia le mariage spirituel, Château, em. Cf. H. rloornært, Le progrès de la pensée de sainte Thérèse entre la « Vie » et le « Château », dans Revue des sciences phil. et théol., janvier 1924.

Entre l’oraison d’union et le mariage spirituel, sainte Thérèse parle des préparations habituelles à ce mariage. L’oraison d’union est comme une i entrevue » de l’âme avec Notre Seigneur, qui annonce d’ordinaire, mais pas toujours, le mariage spirituel. Celui-ci est préparé par les purifications passives, Vie, c. xxxxxxt : Château, 6<" dem., c. i-n, les ravissements, l’extase, les visions et les révélations. Vie, c. xx. xxixxix, xxxii. xxxvii xi. : Château, 6* dem.. c. m-xi ; Fondations, c. vi. vtn ; Relations, i iv. Sainte Thérèse rapporte les visions intellectuelles, Imaginatives et corporelles, dont elle fut favorisée. Elle analyse avec précision l’extase et le ravissement. Elle parle aussi de l’ivresse spirituelle, Château. (i r dem., c. vi. et du fait mystique de la transverbéral ion, grâce personne] !, a la sainte. Vie, c. xxix. Il suffira d’emmurer ici ces grâces mysl Iques. Ce n’est pas le lieu de les expliquer.

Cette étude appartient aux publications de spiritualité proprement dite.

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