Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/276

Cette page n’a pas encore été corrigée
537
538
THÉOPHYLACTE — THÉORIEN


Finetti et d’Antoine Bongiovanni. Elle est reproduite dans Migne, P. G., t. cxxm-cxxvi. On y trouve les commentaires sur cinq des petits prophètes : Osée, Habacuc, Jonas, Nahum et Michée, sur les quatre évangiles, sur les Actes des apôtres, sur toutes les épîlres de saint Paul, sur les épîtres catholiques. Comme discours il y a une homélie sur l’adoration de la Croix, une sur la Présentation de la Sainte Vierge, des fragments du discours sur le onzième évangile du matin, un panégyrique des quinze martyrs mis à mort sous Julien l’Apostat à Tibériopolis (Gumuld.jina), un panégyrique d’Alexis Comnène écrit en 1092 ou peu auparavant. Cent trente lettres nous restent de Théophylacte. Elles sont généralement adressées à des correspondants de Constantinople très haut placés, comme le césar Jean Comnène, le césar Nicéphore Bryennios, le grand drongaire Grégoire Pacourianos, Grégoire le Taronite, Nicolas Calliclès, médecin et poète, ou à des collègues dans l’épiscopat, comme Nicëtas, évêque de Serrés, Nicolas, métropolite de Corfou, à des sulTragants de Bulgarie, etc. L’édition des lettres par Migne a été reproduite, avec une traduction bulgare par Syméon, métropolite de Varna, dans le Recueil de l’Académie bulgare des sciences, t. xxvi ! (Classes d’hist. et de philol., de philos, et de se. soc ; 15), Sofia, 1931. Le texte de Migne est malheureusement fautif sur bien des points et Syméon n’y a pas toujours apporté des corrections heureuses. Cf. Alice Leroy-Molinghem, compte rendu dans Byzantion. t. xi. 1930, p. 770-771. Mme Alice Leroy-Molinghem doit donner une nouvelle édition et une traduction française de ces lettres. On trouve encore dans l’édition de Venise un livre sur les griefs imputés par les Grecs aux Latins, un traité sur l’éducation des princes < omposé pour Constantin, fils de Michel VII Ducas, et enfin la Vie de saint Clément de Bulgarie. dont on ne doute plus aujourd’hui qu’elle ne soit l’œuvre de Théophylacte. M. Jugic, L’auteur de la Vie de saint Clément, dans Échos d’Orient, t. xxiii, 1921. p. 5-8. Le i commentaires des petits

prophètes n’est connu qu’en partie. Basile Georgiadès en a publié îles fragments dans’Ey.xXr ( <jixoTix7)’.>, -0 ; ’7, !.iv. p. 109-115, 135-138. 1 11-1 13 : t. v, p. 1113. Le commentaire sur les psaumes est encore Inédit. On connaît de Théophylacte onze homélies sur la Résurrection du Sauveur et deux poèmes en vers iambiques intitulés Eîç aup-çopàv èjjnréaovTa -riva et ITpôç JK>VT)pov iîtdyvovTa, dans, ExxX7jaiao v nx^ 'A>.r ( 6eia, t. iv. p. 1 12-143. Un traité contre les Juifs est Inédit. Les vingt-cinq homélies publiées à Trieste en 1903 p ; ir Sophrone Eusl rai iadès comme él aul de Théophy lacté sont en réalité l’œuvre de.Jean IX Agapetos ; cf. Ici art..Ii. an Aoapetus, l. viii, col. 644 645.

Dans son exégèse sur l’Écriture sainte, Théophylacte n’indique pas ses sources, mais il est assez facile île les reconnaître. Pour l’Ancien Testament on voit qu’il s’est inspiré de Théodorel de Cyr ; pour le Nouveau il suit en général saint Jean Chrysoslome trois grands docteurs cappadociens (saint Basile, saint ire de Nazianze et sain 1 Grégoire de Nyssc). Clément et Cyrille d’Alexandrie et le pseudo Denys l’Aréopagi’i II donne les trois sens traditionnels : littéral, moral et analogique. Son livre sur les cireurs d’-. I itins, riept’et AaTÎvoi, P. G.,

xvi, col. 221-229, adressé au diacre Nicolas Castrlnsios, est de Ion généralement modéré. Théo phylacte’Toit à la primauté de saint Pierre, mais ne scmMc pu ( la rci onnatl re à ses. Pour la « lu Saint Rsprit, il admet que les Latins ent employer la formule Filioque par suite de la rh leur lingue qui est incapable d’exprimer ectement la doctrine de Il ii. mais seulement non dans le langage OfDi ici

et surtout dans la liturgie. Quant au pain azyme, il pense que Notre-Seigneur ayant consacré après avoir mangé la Pâque légale, l’a fait in azymo ; il prétend cependant qu’on ne peut l’imiter sur ce point parce que l’azyme n’est pas un vrai pain, écproç, que c’est une nature morte, figure de l’Ancien Testament, qui n’a plus de place dans le Nouveau, puisque celui-ci est essentiellement vivant. M. Jugie, Theologia dogmatica christianorum orientalium, t. r, p. 285-286, 303-310, 318-320, 325-327, 348-351.

Dans ses commentaires sur la sainte Écriture Théophylacte ne garde pas la modération qu’il montre dans son traité contre les erreurs des Latins. Quand il s’en prend aux messaliens, aux ariens, aux nestoriens, aux arméniens et aux Latins, le ton est violent et finit par fatiguer le lecteur, de l’aveu même des Grecs. Sa risaSda PaciXixï] s’inspire surtout de l’antiquité et c’est Xénophon, Platon, Polybc, Diogène Laërce, Synésius, surtout Dion Chrysostome et Thémistius qu’il met à contribution ; il fait même des emprunts à Julien l’Apostat. K. Prâchler, Anlike Quelle des Theophylaklos von Bulgarien, dans Bijzant. Zeitschrijt, t. i, 1892, p. 399-414. La partie la plus originale et la plus intéressante de son œuvre ce sont ses lettres. Il y a là une source précieuse de renseignements sur la situation ecclésiastique, intellectuelle, sociale et môme politique de son temps. Son style est pur, quoique maniéré selon le genre do l’époque mis en honneur surtout par Michel Psellos.

Théophylacte joua un grand rôle dans le monde ecclésiastique et il est à bon droit considéré comme un des prélats les plus représentatifs de l’Église byzantine au xi c siècle. Il en a en cffet la formation solide, la vaste érudition, la connaissance approfondie des Écritures et des Pères, mais aussi des prévenlionscontre tout ce qui regarde Rome et la papauté, d’où des arguments parfois inattendus et (les puérilités pour réfuter les soi-disant erreurs des Latins.

Fr. J.-F. Hern. -Maria de Rubeis, O. P., Dissertalio de Theophylacti Bulgariæ archiepiscopi gestis, scriplis et </<><trina, P. G., t. cxxiii, col. 9-130 ; K. Krumhaclier, Gesch. der bgzant. Llleratw, 2’éd., 1897, p. 133-135, 463-464 ; E.-G. Pantélakès, art. WsofûXay.TOî dans i ; y-) 't "/>/, v. xr, "I >, -y.-j-à’tTzxifjiix, t.xii, p. 548 ; B. Georgiadès, MvT||X s’x àve’xôoTa ïv. -i.iv toC HeocvWxTov dans’t >//) quiaoTiXT]’AÀTJÔEta, t. iv, |). 109-116, 135-138, 141-143, el t. v, p. 1113 ; II. Engberding, art. Theophylakt dans Lextkon fur Théologie und Kirche, t. x, col. S(> ; N. Adontz, L’archevêque Théophylacte et le Taronite dans Byzantton, t. ju, 1936, p. 577-588 ; Alice-Leroy-Molinghem, Les lettres de Théophylacle de Bulgarie à Grégoire Taronite, dans Byzantton, t. xi, 1936, p. 589-592 ; la même, Prolégomènes dune édition critique des « Lettres » de Théophylacte de Bulgarie, dans Byzantton, t. xiii, 1938, ]). 253-202 ; Dlogenes A. Xanalatos, Bettrâge mr Wlrtschafts-und Sozlalgeschlchte Mnkedoniriis lm Miltelalter, hauptsdchllch au/ Grund der Brlefe des Brzblschofs Theophylaktos oon Achrlda, 1937.

R. Janin.

    1. THÉORIEN##


THÉORIEN, écrivain byzantin du xii’siècle. Théorien est le nom d’un haut fonctionnaire byzantin, qualifié par ses lettres de créance de fjuxtorwp xocl piXoGOÇOÇ, qui fui envoyé, à deux reprises, en 1 170 el 1172, par le basileus Manuel Comnène (11 13-1180) au catholicos d’Arménie Narsès II, pour amener la récon cillai Ion entre les deux Églises arménienne et grecque. De cette double légation il subsiste deux comptes rendus, accompagnés de plusieurs lettres officielles, qui sont précieux pour l’étude des rapports entre l’Église

byzantine et les dissidences. Dans P. G., t. < xiii. col. 113-298. On sait que, pour des raisons diverses où la politique jouait un grand rôle, Manuel’.oinucnc S’était mis en tête de faire l’union de tous les chrél Icns,

de plus en plus menacés par l’avance de l’Islam. Par l’intermédiaire du roi de France Louis VII, il avait

noué des relations avec le pape Alexandre III ; lis