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l’objet du discours sur l’existence et l’utilité d’une religion civile en France, prononcé par Lcclercq de Maineet-Loire à la tribune des Cinq-Cents, le 9 fructidor an V (26 août 1797). Mais la tentative n’aboutit pas. »

La théophilanthropie compléta finalement la faillite de toutes ces entreprises de déchristianisation que l’on vit se succéder sous la Révolution. Elle fut éphémère comme les persécutions elles-mêmes. À la fin du Directoire, près de 40 000 églises avaient déjà été rendues au clergé. Le Concordat devait achever le rétablissement officiel du culte catholique et permettre à la religion héréditaire de conduire, dans la splendeur de ses autels relevés et plus que jamais aimés, les funérailles de tous ces cultes rationalistes imposés de force à la France et destinés à détruire des croyances ancrées au tréfonds de l’âme nationale.

A. Aulard, Histoire politique de la Révolution française (1789-1804), Paris, 1903 ; Grégoire, Histoire des sectes religieuses, depuis le commencement du siècle dernier jusqu’à l’époque actuelle, 1810-1818, 5 vol. in-8° ; Hipp. Carnot, Mémoires de Grégoire (écrits en 1808, publiés en 1940), 2 vol. in-8° ; La Kevellière-Lepeaux, Mémoires (écrits pendant la Restauration, encore manuscrits en 1883) ; Chemin, Manuel des théophilanthropes, l’Année religieuse des théophilanthropes, 4 vol. in-18 ; Dupin, Pcu-is peiuùuit la réaction, 5 vol. in-8° ; Ludovic Sciout, Le Directoire à Paris pendant la réaction, 4 vol. in-8° ; Annales de la religion, du 6 messidor an VI ; Annales catholiques, du 1 er décembre 1797 ; Abbé Delarc, L’Église de Paris pendant la Révolution, t. m. Sur les personnalités ayant adhéré au mouvement théophilanthropique et citées dans cet article, voir le catalogue d’une importante collection, Paris, Charavaꝟ. 1862, in-8°, n° 192 à 194 ; voir encore V Inventaire des autographes de M. Benjamin Fillon, Paris, Charavaꝟ. 1878, n. 647.

.1. Brugerette.

    1. THÉOPHILE D’ALEXANDRIE##


1. THÉOPHILE D’ALEXANDRIE, pa

triarche de cette ville (385-412). — I. Vie. IL Écrits. III. Doctrine.

I. Vie.

Successeur du patriarche Timothée, Théophile d’Alexandrie s’est distingué dès les débuts de son pontificat par son ardeur à poursuivre le paganisme et à détruire ses temples : cette politique lui rapportait de nombreux deniers, qu’il dépensait volontiers en pieuses constructions. Il a joué un rôle considérable dans les affaires religieuses de son temps. Il apparut d’abord à l’Église comme l’ange de la réconciliation : arbitre du schisme d’Antioche en vertu d’une décision du concile de Capoue (392), juge de l’affaire de Bostra au synode de Ru fin (394), il remplit son office avec une louable modération ; de 395 à 397 il s’efforça d’apaiser les différends qui opposaient saint Jérôme à Jean de Jérusalem et à Rufîn. Mais, vers ce temps, le démon de l’intrigue s’empare de lui. En 398 il cherche en vain à placer une de ses créatures sur le siège de Constantinople et ce n’est pas de bon cœur qu’il consacre saint Jean Chrysostome. En 399, il s’attaque à l’hérésie anthropomorphite ; mais l’attitude décidée des moines égyptiens le fait reculer. Vers la fin de la même année ou au début de l’année suivante, il s’en prend à l’origénisme ; et c’est le début d’une lamentable histoire, qui se dénouera en 403 par la condamnation de saint Jean Chrysostome et par son exil en 404. Excommunié par le pape Innocent, Théophile vivra dans le schisme ses dernières années. Le prestige de son successeur et neveu saint Cyrille lui vaudra une sorte de réhabilitation : au ve et au vie siècle son nom est cité avec respect en Orient comme en Occident. Mais, par la suite la piété toujours croissante des fidèles envers saint Jean Chrysostome nuira fort à sa mémoire dans le monde byzantin comme chez les Latins. En revanche, dans les Églises monophysites il sera toujours vénéré comme un grand bâtisseur de sanctuaires, un homme de Dieu favorisé de visions surnaturelles et un ami des saints moines du désert.

Pour plus de détails voir les art. Jean Chrysostome (Saint), Jérôme (Saint), Origénisme et Synésius.

IL Ses écrits. — Il n’existe actuellement aucune édition satisfaisante des œuvres de Théophile. Celle de Gallandi, Bibliothcca veterum Palrum, t. vii, p. 601652, reproduite dans P. G., t. lxv, col. 33-68 est absolument insuffisante. Une telle édition sera d’ailleurs fort difficile à réaliser en raison du mauvais état de la tradition manuscrite. Du texte original grec ou copte — car Théophile écrivait les deux langues — peu de chose s’est conservé et sous une forme très fragmentaire. Dans la plupart des cas il faut se contenter de traductions syriaques, arabes ou arméniennes. Ajoutons qu’une bonne part de ces traductions sont encore inédites, que l’apocryphe n’y manque pas et l’on comprendra pourquoi il est difficile de porter actuellement un jugement d’ensemble sur l’activité littéraire du patriarche. Cependant on peut souligner dès maintenant le caractère exclusivement pastoral de cette activité : orateur facile, épistolier abondant, pamphlétaire à l’occasion, Théophile n’a jamais composé de traités proprement dits. Mais, comme les exigences de son ministère, tel qu’il le comprenait, l’amenèrent souvent à traiter dans ses lettres et ses sermons certains peints de doctrine, l’historien de la théologie aurait tort de le négliger. Nous verrons : 1° les lettres pascales ; 2° les autres lettres ; 3° les sermons ; 4° les autres œuvres.

Lettres pascales.

1. Des vingt-sept lettres pascales

de Théophile, aucune ne nous est parvenue entière dans le texte grec. Mais nous en trouvons trois, traduites en latin par saint Jérôme, dans les éditions de sa correspondance. Ce sont, la 16e lettre (an. 401), Hier., Epist. xevi, édit. Hilberg du Corpus script, eccl., de Vienne, t. lv, p. 159-181 ; la 17e (an. 402), Hier., Epist. xcviii, édit. cit., p. 185-211 ; la 19e (an. 404), Hier. Epist. c, p. 213-232. — 2. En outre les florilèges dogmatiques grecs nous ont conservé certains fragments des l re (an. 386), 5e (an. 390), 6e (an. 391), 16e et 17e lettres. Ils sont rassemblés dans P. G., t. lxv, col. 53-60, à part quatre passages de la 16e lettre, que l’on trouvera dans la Doctrina Patrum de incarnatione Verbi, édit. Diekamp, Munster-cn-W., 1907, p. 180-183. — 3. On en trouve d’autres dans certains florilèges orientaux. Signalons seulement ceux dont le texte original est perdu : un fragment de la 3e lettre (an. 388) dans Timothée Élure, Widerlegung der auf der Synode ru Chalcedon festgesetzten Lehre, édit. K. Ter-Mekerrtschian et E. Ter-Minassiantz, Leipzig, 1908 (en arménien), p. 161 ; deux fragments de la 18e lettre (an. 403) dans Sévère d’Antioche, Contra Grammaticum Oratio ta, pars altéra, édit. J. Lebon dans le Corpus script, christ, orient., Script, syri, ser. IV a, t. vi, Paris-Louvain, 1933, p. 317 (syr.), et p. 234 (trad.) (cf. Revue biblique, 1938, p. 393) ; trois fragments de la 21e lettre (an. 406) dans Timothée Élure, Widerlegung, édit. cit., p. 30, 160 et 195 : le dernier se retrouve dans Sévère d’Antioche, Anlijulianistica, édit. Sanda, Beyrouth, 1934, p. 170 (syr.) et p. 202 (trad.), et ailleurs encore ; deux fragments de la 22e lettre (an. 407) dans Timothée Élure, édit. cit., p. 160 et 195 : le second figure également dans la lettre de celui-ci contre les eutychiens Isaïe et Théophile reproduite par Zacharie le Rhéteur, if. E., t. IV, c. xii, édit. Brooks, dans le Corpus script, christ, orient., Script, syri, ser. III a, t. v, Paris, 1919 (texte), Louvain, 1924 (trad.), p. 198 (syr.) et p. 137 (trad.) ; un fragment de la 24e lettre (an. 409) dans Sévère d’Antioche, Antijulianistica, p. 170 (syr.) et p. 202 (trad.), et ailleurs encore.

Autres lettres.

1. Nous trouvons dans la correspondance

de saint Jérôme quatre autres lettres de Théophile : deux lettres à saint Jérôme (an. 400),