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THÉOPHANE DE NICÉE — THÉOPIIILANTHROPIE
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juissel. L’existence heureuse, la seconde création, n’est pas autre chose que la déification, t) Gécocrç, par la grâce, des créatures intellectuelles, anges et hommes et, d’après le plan divin, cette déification est un effet, un fruit de l’incarnation du Verbe. Pourquoi ? Parce que, dans sa bonté et afin d’être tout en tous, Dieu s’est uni hypostatiquement la création tout entière en la personne de son Verbe fait homme. L’homme, en effet, est un microcosme, un petit monde résumant tout l’univers, réunissant en lui le monde sensible et le monde spirituel, la matière et l’esprit. En s’unissant à une nature humaine complète, le Verbe s’est uni, par le fait même, à la création tout entière. Toutes les créatures ont ainsi contribué, pour leur part, à la formation du chef-d’œuvre de Dieu ad extra, à la constitution de l’Homme-Dieu. Dieu ne s’est pas uni à une nature angélique, parce que l’ange, quoique supérieur à l’homme par la perfection de son être, n’est pas, comme lui, le « nœud de la création », suivant l’expression du Damascène. Devant s’incarner, le Verbe avait besoin d’une mère. Il convenait qu’il choisît pour cette dignité celle d’entre toutes les créatures intellectuelles, anges ou hommes, qui s’en montrerait le plus digne par sa correspondance à la grâce. Par sa prescience, Dieu a vu que cette créature était la Vierge Marie. Si le Verbe n’avait pas dû s’incarner, celle-ci aurait occupé le premier rang parmi les séraphins. Mère du Verbe fait homme, Marie tient la première place dans la hiérarchie des êtres créés et vient immédiatement après l’Homme-Dieu, son Fils. Son rôle est celui de médiatrice universelle après et tout à côté du Médiateur universel. Cette médiation est à la fois d’ordre physique, par le fait même de la maternité divine, et d’ordre spirituel et surnaturel, parce que Jésus, source première des biens divins, les distribue à la fois aux anges et aux hommes par l’intermédiaire de sa Mère, qui est le second réservoir dans lequel se déverse la plénitude de la divinité, le cou du corps mystique du Christ constitué par les anges et les hommes. Nulle grâce, nulle influence vitale de la tête, qui est le Christ, sur les membres de ce corps, qui ne passe par clic C’est bien la thèse de la médiation universelle de la Mère de 1)ieu telle que l’entendent les théologiens catholiques de nos jours. C’est aussi la thèse scoliste sur le motif de l’incarnation développée dans toute son ampleur. Il ne semble pas, du reste, que Théoplume, soit tributaire, en quoi que ce soit, de la théologie occidentale. Pour établir sa théorie, il n’en appelle qu’a l’autorité de.Maxime le Confesseur et du Damascène. Il cite aussi souvent le Pseudo-Denys l’Aréopagite, dont il emprunte fréquemment le vocabulaire étrange. Par contre, il ne fait aucune allusion au magnifiques passages des (’pitres aux Éphésiens il aux Colossiens sur la primauté du Christ, qui auraient pu étayer utilement sa conception.

A un endroit de son discours ( g 13, p. 72 de l’édition), Théophane enseigne explicitement que les anges n’ont obtenu la déification complète, la vraie béatitude, la connaissance parfaite du mystère de l’Homme-Dieu que postérieurement à l’incarnation. Ils ont sans dOUte été inities en quelque façon à ce mystère avant éallsation dans le temps ; mais la connaissance qu’ils en eut eue n’a guère dépasse celle des palliai i lus il des prophètes.

Nous avons rassemblé, dans l’introduction a notre édl Uon du disi ours sur la Vierge, ce qu’on peut savoir actuellement ci. i, vie et des œuvres de Théophane avec l’tndlh la médiation universelle île Marie d’aprè*’discours, voir le travail du I’. Pierre Aulirnn. Le discouru PThéophane /< Vicie iiif la trèi talntt Lr.’h Dieu, dans liech.de teience rel„ t, xxvii, p. 2.">7271.

m..ii an.

    1. THÉOPHILANTHROPIQUE (CULTE)##


THÉOPHILANTHROPIQUE (CULTE).

Culte des amis de Dieu et des hommes, ce culte est la dernière de ces créations à caractère plus ou moins religieux dont se servit la Révolution pour saper les disciplines de l’Église catholique et substituer à son culte proscrit une religion civile. Toutes tentatives qui devaient échouer, condamnées d’avance comme le sont toutes les violences faites à l’histoire, à la race, à la foi d’un peuple.

Après le schisme de la Constitution civile du clergé (voir l’article) établi par la Constituante pour rompre tous les liens d’autorité et de juridiction qui rattachaient l’Église de France à son chef suprême : après l’institution par la Convention du calendrier républicain, essai public de divinisation de la Nature, suivi du Culte de la Raison, glorification matérielle des théories philosophiques du xviiie siècle ; après la tentative théiste de Robespierre faisant décréter par cette même Convention le culte de l’Être suprême (18 floréal an II) et s’en sacrant lui-même le grand pontife ; comme pour corriger sous une forme nouvelle les erreurs et l’insuccès de ces téméraires entreprises de déchristianisation, parut sous le Directoire, vers la fin de 1796, un nouveau culte procédant lui-même de la Religion naturelle si vantée par les philosophes de cette époque. Ce fut la Théophilanthropie ou culte des théophilanthropes ou théoandrophiles. L’esprit de Voltaire en fut le principal inspirateur, comme celui de Rousseau avait inspiré Robespierre dans la créa tion du culte de l’Être suprême.

I. Origines et fondateurs.

En nommant Voltaire, nous évoquons l’origine étrangère de ce nouveau culte. L’auteur des Lettres philosophiques en avait importé l’idée d’Angleterre. Il avait clarifié, formulé, popularisé en France la conception d’un culte exclusif de toute mystique et indépendant de toute révélation. principes qui deviendront la base de la Théophilanthropie des Anglais. Les Anglais reprirent à leur compte la religion naturelle de Voltaire pour en es sayer l’application. C’est ainsi qu’en 177(i on vit David Williams, auteur d’une liturgie fondée sur les principes universels de religion et de morale, réunir les Free Thinkers ou libres penseurs anglais dans un temple à Londres pour y adorer Dieu et s’y encourager à l’amour des hommes. Cette tentative à laquelle Voltaire devait applaudir, comme le grand Frédéric, n’obtint guère qu’un succès de curiosité. Mais elle fut. comme on dit, montée en épingle dans les milieux phi losophiques, où l’on se plut à recommander une reli gion dégagée de toute dogmatique et une morale que l’on déclarait admise de tout temps par les honnêtes gens ». Les Lettres philosophiques de Voltaire, connues encore sous le titre de Lettres aux Anglais, contribuèrent particulièrement à la diffusion de sa religion naturelle. Elles ne pouvaient qu’inspirer les précur seins immédiats de la théophilanthropie : Thomas, Plaine. Duuhcrmesnil, Sobry, dont les Études et leçons de M. Aulard (t. ii, p. 1 18) sauveront peut-être les noms d’un complet oubli. L’un d’eux. Sobry. avait publié une brochure intitulée : Rappel du peuple Iran e<us il lu sagesse et aux principes de la murale, lai

annonçant cet écrit dans son numéro du 13 ventôse, an IV. le |ournal L’Ami des Lois devait préciser par

avance les tendances de la nouvelle religion et son

caractère exclusivement rationaliste : Nous deman

dons, disait il. depuis huit mois, à mains Jointes qu’on veuille bien nous donner la morale avec laquelle nous pourrions redevenir l’honneur et l’admiration de l’F.u rope, et nous passer du catholicisme, du mahometa nisme. du piol est ant isnie et autres culles fabriqués par la main des hommes et présentés sous une enve loppe ii li s’Nous axons prie tous les lions citoyens

inpei de cet Important ouvrage et d’apportei