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THÉOPHANE DE NICÉE

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François Torrès, S. J., et conservée manuscrite au Collège romain.

2. Contre les barlaamiles et les acindynistes.

Théophane a laissé un ouvrage en cinq livres sur la lumière thaborique, contenu dans plusieurs manuscrits, notamment dans le Parisinus 1249 (xve s.), fol. 26-112. D’après le titre du 1. I dans ce ms., nous aurions dans cet ouvrage un développement de la Réponse aux questions posées à Jean Cantacuzène par le patriarche latin de Constantinople Paul, mort avant le 10 février 1371. Cette Réponse à Paul porte le titre suivant dans les mss : ’EtucttoXy) bi È7tiTÔpi.a> S’/jXoùaa -riva Sô^av e/ei y ; xa6/][i.àç’ExxXTjaîa Trepl toiv Tcapà toô ITauXo’j Trpoevr J vEYji, évwv ^Trpzoïv ouYYpaçetoa roxpà ©Eoçavoûç, èmaxéitou Nixaîaç wç ex 7rpoaojTCou toû Pao-iXécoç, dans le Paris, græc. 1249, fol. 20-25, le Panteleim. Athonensis 179, du xvie siècle, fol. 108 sq.

Théophane est encore l’auteur du dialogue antipalamite intitulé : AtàXe^iç ôp80862 ; oo lzicl (BapXaa(jÛtou xaxà [iipoç àvao-XEuâÇooaa ttjv PapXaajjUTÎSa TrXàv7)v. Cf. S. Lambros, Catalogue of the Greek manuscripts on Mount Athos, t. i, Cambridge, 1895, p. 358. C’est par erreur qu’A. Ehrhard, dans Krumbacher, Gesch. der byzant. Literatur, 2e éd., p. 105, lui a attribué le dialogue intitulé ©eoçàvrjç ꝟ. 7tepl Qzô-rqtoç xal toG xaT’aÙTYjv à(j.s6éx-ou ts xal (.ieÔsxtoù, qui appartient à Grégoire Palamas : édition de Matthœi dans le t. n des Lectiones Mosquenses, reproduite dans la P. G., t. cl, col. 909-960.

3. Contre les Latins, c’est-à-dire spécialement contre la doctrine de la procession du Saint-Esprit a Filio, les manuscrits signalent de notre théologien un traité en 3 livres. Voir, en particulier, le Cod. Baroccianus Oxoniensis 193, du xive siècle, fol. 88-251 ; cf. Henri O. Coxe, Calalogi codd. mss bibliolhecæ Bodleianæ pars I recensionem codd. græcorum continens, Oxford, 1853, p. 327 (Coxe date, par erreur, le ms. du xvi c s.). Le ms. 246 de la bibliothèque synodale de Moscou (xvie s.) parle d’un quatrième livre contre les Latins, commençant par les mots : Toîç Tcpoe(m)x6<tt xal Û7T£paYcovpo[xÉvotç ttjç xa-r’eàaé6etav àXr)6eîaç, fol. 261-264. Cf. Vladimir, archimandrite, Description systématique des manuscrits de la bibliothèque synodale de Moscou, t. i, Manuscrits grecs (en russe), Moscou, 1894, p. 329. On trouve le même petit traité dans le Cod. Marcianus Venetus -’06, qualifié de Sermo dogmalicus par M. Zanetti, Grœca D. Marci bibliolheca codd. mss per titulos digesta, Venise, 1740, p. 271. De plus, le Baroccianus Oxoniensis 193, fol. 82 v°-87 v°, contient un court Traité sur la Trinité. Cf. Coxe, op. cit., p. 327 : Incipit : Toîç Tcpo (xtxpoû o-TaXeun. t/)ç o"5)ç auvÉasax ; Ypâ(i.p ; aai. Cela ferait donc en tout un ouvrage en trois livres et deux autres petits traités que Théophane aurait écrit sur la procession du Saint-Esprit, car nous soupçonnons que l’opuscule sur la Trinité se rapporte aussi à ce sujet. Mais tout cela aurait besoin d’être contrôlé de près. Il pourrait se faire que les deux petits traités en question ne soient que des extraits de l’ouvrage en trois livres. Ce qui est sûr, c’est que ces Xoyoi sur la procession du Saint-Esprit n’étaient pas du premier venu : Georges Scholarios, au siècle suivant, en faisait le plus grand cas et les plaçait à côté du grand ouvrage de Nil Cabasilas, où les adversaires du Filioque, au concile de Florence, allaient surtout puiser leurs arguments ; cf. Scholarios, Premier traité sur la procession du Saint-Esprit, dans Œuvres complètes, t. ii, Paris, 1929, p. 3. Voir aussi : Troisième traité sur la procession du Saint-Esprit, ibid., p. 485.

4. Traité philosophico-théologique sur l’éternité du monde, intitulé dans les manuscrits : ’AttôSel^iç 8V £7u60Xc5v TWtov àvaYxaîcov vopuÇopivcov, Ôti èSûvaxo èi ; àïSîoo yzyzvrjaQix.1 z<x ôvra… xal àvarporcrj TaôxYjç xal sXeYX°Ç t% àrcaT/jç tîjç 80xoÙoy)ç èx tô>v èm^eipY) jiaTov ivàyx7]ç ; cf. le Paris, græc. 1249 (xv° s.), fol. 119. Par le titre on voit que Théophane soutient la thèse diamétralement opposée à celle de saint Thomas dans la Somme théologique et l’opuscule De œternitate mundi. Il y a même tout à parier que l’évoque de Nicée réfute directement ce dernier opuscule, que Prochoros, le frère de Démétrius Cydonès venait de traduire en grec. Cf. G. Mercati, Notizie di Procoroe Demetrio Cidone, Manuele Calecae Teodoro Meliteniota ed allri appunti per la storia délia leologiae délia letleralura bizantina del secolo xiv, Rome, 1931, p. 33, n. 2.

3° Œuvres liturgiques. — Notre auteur a laissé quelques compositions liturgiques, qu’il faut se garder de confondre avec celles de son illustre homonyme et prédécesseur sur le siège de Nicée, saint Théophane Graptos, un des plus célèbres mélodes byzantins. Il faut signaler tout d’abord YOratio eucharislica ad Dominum nostrum Jesum Christum pro liberatione pestis et morlis, éditée par Ponce de Léon avec les trois mandements aux fidèles de Nicée : Eù/yj eùyap’.CTTjptoç stç tôv Kûpiov y)jLtùv’I^aoûv XpiaTÔv pï)6EÏaa ÛTTÈp a7taXXaYY)ç Xotjjtoû xal GavàtTou, P. G., t. cl, col. 351-356. Elle paraît authentique. Le Barberinus grœc. 351 ancien ( II 1-70) porte au compte de notre auteur quatre canons : 1. In Eudocium ; 2. In Theophylactum, episcopum Nicomediæ ; 3. In Sophronium, patriarcham Hierosolymitanum ; 4. In Theophanem. Ce dernier canon en l’honneur de saint Théophane Graptos, patron de notre Théophane, fait bien augurer de l’authenticité des trois autres.

4° Traité sur la médiation universelle de la Mère de Dieu. — Le meilleur des écrits théologiques de Théophane, composé en dehors de toute préoccupation polémique, est sans doute ce long discours ou traité sur les grandeurs de la Mère de Dieu qui n’était connu jusqu’à ces dernières années que par le seul titre donné par deux mss et que nous avons publié en 1935 sous le titre : Theophanes Nicœnus. Sermo in sanctissimam Deiparam, Textus grsecus cum inlerpretalione latina, introductione et criticis animadversionibus, Rome, 1935 (dans Laleranum, nouv. sér., an. i, n. 1), d’après le cod. Baroccianus Oxoniensis 193, du xive siècle. Le titre donné par l’auteur à son œuvre en indique bien la thèse fondamentale : Discours sur Notre-Dame la Mère de Dieu tout immaculée et toute sainte, célébrant de diverses manières, tout au long, ses grandeurs ineffables et dignes de Dieu, montrant que le mystère de l’incarnation de Dieu le Verbe est la rencontre et l’union de Dieu et de toute la création : ce qui constitue le bien suprême et la cause finale des êtres. Ce discours, sans être un traité complet de mariologie, encore moins un traité complet du mystère de l’incarnation, touche à la fois à ces deux sujets. C’est une vue d’ensemble sur tout le plan de Dieu dans ses œuvres ad extra, une sorte de conception du monde illuminée par les données de la foi. La thèse fondamentale est celle-ci : dans le plan divin conçu de toute éternité, la création de l’univers entier est subordonnée à l’incarnation du Verbe, de telle manière que, si le Verbe n’avait pas dû s’incarner, le monde n’aurait pas été créé. Sans l’incarnation, la création aurait été une œuvre inulile et vaine, parce qu’elle aurait été imparfaite. En voici la raison : dans la réalisation du plan divin de la création, il faut distinguer deux élapes. Dans la première, qu’on peut appeler la création première, Dieu tire les êtres du néant et leur donne la simple existence, tô ôltzXûç elvai. Dans la seconde, il leur confère, par l’intermédiaire du Verbe incarné et de sa Mère, l’existence heureuse, la vie parfaite, le vrai bien-être, tô eu eïvau A quoi eût servi la simple existence aux créatures intellectuelles, si celles-ci n’avaient pas dû parvenir à l’existence heureuse ? D’elles on aurait pu dire ce que le Sauveur a dit du traître : Bonum erat ei si natus non