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THÉOPASCHITE (CONTROVERSE)


de Proclus aux Arméniens qu’exécutait à ce moment même à Rome Denys le Petit.

En définitive Justinien était bien résolu à arracher à la curie l’approbation de la formule qu’il jugeait maintenant indispensable au ralliement des monophysites. L’action pour l’adoption de VUnus de Trinitate passus est du même ordre que celle entreprise dix ans plus tard pour la condamnation des Trois-Chapitres ; nous sommes malheureusement moins renseignés sur celle-là que sur cette dernière. Libératus, Brev., c. xix, nous dit seulement que, peu après l’avènement du pape Jean II (31 décembre 532), furent envoyés à Rome Hypatius, évêque d’Éphèse, et Démétrius, évêque de Philippes — ils avaient l’un et l’autre pris part au colloque avec les sévériens — pour mettre le Siège apostolique en garde contre les envoyés des acémètes, Cyrus et Eulogius. Ceux-ci niaient qu’il fallût reconnaître que la bienheureuse Marie était « vraiment et proprement la mère de Dieu et que l’un de la Trinité s’était incarné et avait souffert dans la chair. D’après les explications que donne le pape Jean II, il faut entendre que les deux acémètes avaient été excommuniés par le patriarche Épiphane pour avoir refusé d’accepter les deux formules en question, imposées sans doute par ce dernier. Cf. Grumel, op. cit., n. 223. Les moines en avaient appelé à Rome et y étaient venus solliciter une décision du Siège apostolique. C’est pour leur faire échec qu’arrivaient à Rome, à l’été de 533, les deux évoques Hypatius et Démétrius. Ils étaient porteurs d’une lettre du basilcus (le texte en est reproduit par le pape dans sa réponse) et d’une autre où le patriarche appuyait les demandes de Justinien. Grumel, n. 224. Dans sa lettre, datée du 6 juin 533, le souverain ne. ménageait pas l’expression de son respect envers l’Église romaine, « chef de toutes les Églises » ; il signalait au pape l’audace de quelques moines, maie et judaice secundum Ncslorii perftdiam sentientes, qui osaient s’élever contre ce que tenaient toutes les autorités religieuses (sacerdoles), conformément à la doctrine du pape, et refusaient de dire que Jésus-Christ fait homme et crucifié fût l’un de la sainte Trinité, passible dans la chair, impassible par la divinité. Ce faisant, ils semblaient se rattacher à Nestorius et dire, comme lui qu’autre est le Verbe, autre le Christ. Au contraire, l’ensemble du clergé confessait que Notre-Scigneur Jésus-Christ, Verbe de Dieu incarné aux derniers temps, était l’un de la Trinité ; c’était la conséquence de la profession de l’union hypostatique, in una enim subsistent/a unilalem nueipimus et confitemur, quod dicimt Greeci tÎ)v xaO’OTtécrraaiv Ëvcoaiv ôu, oXoYoûu.ev. « Pour cette raison, nous disons aussi que Marie est vraiment ei proprement mère de Dieu [Chalcédoine disait avec plus de nuance : - Marie, mère de Dieu selon l’humanité », Denz, Bannw., n. 1 18). Nous disons aussi : c’est du même que sont les miracles et les souffrances qu’il a volontairement endurées dans sa chair. » [l.e 7’ome de l’on disait, avec plus de. distinction : agit utraque forma, cum alterius communione, quoi ! proprium est, VitI’o opérante quod Verbi effet corne cxeqtiente, quod carnis est. L’empereur demandait au pape une réponse, que doublerait aussi une lettre adressée au patriarche : Jean indiqucrail qu’il était en communion ptaient lesdiles formules et qu’il

condamnait la perfidie judaïque de ceux qui rejetaient la vraie fui.

A Rome on semble bien s’être entouré, avant de

répondre, de quelques précautions, i ne consultation

fut ih in n |<. au diacre africain Fulgence Perrand, le

itairc de la tradition de l-’ulgence de Ruspe, Voir

onse P. L., t. lxvii, col. 889-908. Il conclut par

un li. r. Scmblablement on « lut utiliser les

— que non ignalés plus haut, lettres de

Proclus, mémoire d’Innocent de Maronée, florilège patrislique. Mais on ne se perdit pas en atermoiements. La réponse de Jean II fut expédiée le 25 mars 534. Jaffé, Regesta pont, rom., n. 884 : P. L., t. lxvi, col. 17 ; se référer de préférence au texte de la Collcclio Avcllana, n. 84, dans Corpus de Vienne, t. xxxv a, p. 320-328. Sans discuter le moins du monde les formules proposées, le pape s’y ralliait sans ambages ; il n’était point, disait-il, de catholique qui rejetât une confession si orthodoxe, laquelle condamnait l’impiété de Nestorius autant que celle d’Eutychès et de tous les hérétiques ; tel était bien l’enseignement des Pères et du Siège apostolique. Le pape ajoutait qu’il avait été en effet prévenu de la présence à Rome de Cyrus et des autres acémètes. N’ayant pu les amener à s’incliner par la persuasion, il maintenait les condamnations portées contre eux par leur évêque et les déclarait excommuniés, ab omni Ecclesia catholica alieni. Il ne laissait pas néanmoins d’implorer pour eux miséricorde, s’ils venaient à résipiscence.

Cependant la cour austrogothique de Ravenne commençait à se préoccuper des agissements politiques de Constantinople. La reconquête de l’Afrique vandale venait de s’effectuer et l’on craignait pour l’Italie une destinée semblable. Des explications furent demandées à Rome au sujet de l’ambassade byzantine par les fonctionnaires catholiques du souverain goth — c’était Atalaric sous la tutelle de sa mère Amalasonte. Parmi eux figurait celui que tout le monde appelait le Sénateur, c’est-à-dire Cassiodorc. Jean II répondit par une lettre dont le début témoigne de quelque, embarras. Jaffé, n. 885 : P. L., t. lxvi, col. 20 ; mieux dans A. C. O., t. iv, vol. ii, p. 206. Il s’excusait de n’avoir pas prévenu les demandes de ses correspondants. Telle avait bien été son intention de leur envoyer le texte de sa définition (doqma). Mais la rédaction en avait été plus laborieuse qu’il n’avait pensé d’abord, car il s’agissait de justifier par un appel aux textes les expressions employées. Le pape se contentait donc d’exposer aux personnages susdits les trois questions que Justinien lui avait posées et les réponses qu’il y avait faites : « Jésus-Christ est-il l’un de la Trinité ? — Le Christ-Dieu (Deus-Christus) a-t-il souffert dans la chair, tout en restant impassible par la divinité ? — Est-ce proprement et en rigueur de termes que la mire de Noire-Seigneur, Marie toujours vierge, doit être appelée mère de Dieu, ou mère du Verbe qui s’est incarné en elle ? » [On remarquera que les trois questions ne sont pas exactement libellées comme dans la lettre de Justinien. | Le pape avait répondu affirmativement à chacune de ces interrogations et a l’appui il alléguait des textes patristiques empruntés pour la plupart à des auteurs occidentaux ; plusieurs se retrouvent dans le florilège signalé plus haut, col. 508. Ayant administré ces preuves, le pape donnait l’expression de sa foi : il confessait les deux natures, mais avec une définition de elles ci plus statique que dynamique : dtfferentias intelligentes et confltentes dioinitatis utqiic humanitatis. lui parlant de deux natures, il n’entendait pas parler de deux personnes, ni diviser ce qui était uni fadunationis dii’isioncm) de telle sorte que l’on arrivât à une quaternité (de personnes), comme a dit l’insensé Nestorius, pas plus qu’il ne voulait, en confessant l’unique personne du Christ, confondre, comme l’avait fait l’impie Eutychès, les natures unies. Comme règle de foi, il gardait le Tome de Léon et toutes ses lettres, aussi bien que les quatre conciles de Nièce, de Constantinople, d’Kphèse et de Chalcédoine. De tOUt quoi les correspondants poUI raient prendre plus ample connaissance, quand ils

auraient rein l’exemplaire complet de sa définition.

Pour ce qm était des acemetes, comme ils paraissaient,

<le tonte évidence, ’nier au ncsloi lauisnie. l’Église