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THÉOPASCHITE (CONTROVERSE)

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    1. THÉOPASCHITE (CONTROVERSE)##


THÉOPASCHITE (CONTROVERSE).— Con troverse théologique relative à la légitimité de l’expression : Unus de Trinitate passus est. Il en a été question ici au vocable Monophysisme, t. x. col. 22372241, du point de vue de la théologie et, du point de vue de l’histoire, aux articles Hormisdas, Jean II et Scythes (Moines). On en montrera surtout ici le développement historique. — I. La controverse avant 533. II. Les décisions de l’autorité civile et de l’Église romaine.

I. La controverse avant 533. — « Laissez-moi, dit Ignace aux Romains, être l’imitateur de la passion de mon Dieu, u.’.u.yjtïjv elvxi toû irâOouç toû Gôoû p.ou. » Rom., vi, 3, et ailleurs il parle « du sang de Dieu ». Eph., i, 1. C’est l’expression spontanée du théopaschitisme ; elle se justifie par un syllogisme des plus simples : Jésus a souffert, il est mort ; Jésus est Dieu ; Dieu a souffert et est mort. On retrouverait des expressions analogues, justifiées somme toute de la même manière, dans les productions populaires de l’ancienne littérature chrétienne, tout spécialement dans les Actes apocryphes des apôtres. Chose curieuse, dans leur contexte ces mots nous choquent à peine ; il faut un effort de la réflexion pour que l’on remarque l’inconvenance, le caractère paradoxal, pour ne pas dire impensable d’une phrase comme celle-ci : « Dieu a souffert, il est mort. » C’est que, dès le principe, le langage chrétien a appliqué, sans le savoir, la règle de la communication des idiomes, relative à l’être et aux opérations de l’Momme-Dieu. Ce qui est dit de l’une des natures peut être attribué, comme à son sujet dernier, à l’unique personne. C’est en vertu de la même règle que l’on dit que Marie est la mère de Dieu, non pas évidemment dans le sens qu’elle aurait donné l’être à la divinité, proposition absurde, mais parce qu’elle a enfanté cet homme auquel est substantiellement uni le Verbe divin.

Quand survint la réflexion théologique, certains penseurs chrétiens « réalisèrent avec plus d’acuité les problèmes que soulevaient les expressions en question. L’École d’Antiochc, en particulier, après avoir beaucoup insisté sur la distinction des deux natures dans l’Homme-Dieu, insista plus fortement encore sur la nécessité de rapporter les opérations et les actions du Christ à celle des deux natures qui en était le sujet Immédiat : la naissance, la passion, la mort étaient le fait de l’humanité ; il y avait inconvenance à les attribuer à la divinité. Ce fut un des points essentiels de renseignement de Théodore de Mopsueste ; celui-ci l’affirma avec d’autant plus de force que son grand adversaire, Apollinaire de Laodicéc soutenait l’opinion contraire. Étant données, en effet, ses idées sur la constitution du Christ, l’apollinarisme ne voyait nul Inconvénient à nommer Dieu, tout court, le Christ de l’histoire, celui que nous appelons l’Homme-Dieu. Pour lui, le Christ n’était pas autre que le Verbe divin, passant au milieu de nous sans loucher à l’humanité sinon d’une manière apparente, un peu comme il s’était manifesté dans les théophanies de l’Ancien Testament. D.ins cette école on ne voyait nulle difficulté à parler sans plus du Verbe qui était né, avail souffert, était Bort. C’est bien la formule du théopaschitisme première manière.

Or, c’est contre des fortnules de ce genre, qu’elles il spontanées a Conslantinople ou d’importation polllnariste, que manifeste bruyamment Nestorius on arrivée dans la capitale. L’opposition qu’il a faite à l’emploi du mot théotocos, pour parler de Marie, a fait un peu oublier les critiques qu’il a exprimées sur le Detu passua, <- De us mort u us.’.es critiques pourtant Rident.i comprendre les premières et a leui’ion ner leur signification véritable. À l’inverse, Cyrille d’Alexandrie, dont la terminologie et peut-être même

la pensée profonde ne se mettait pas assez en garde contre l’apollinarisme, s’érigeait en défenseur des formules en question. Pour lui des expressions comme Théolocos, Deus natus, Deus passus, Deus mortuus allaient de soi. Son sens théologique lui faisait cependant ajouter à ces vocables le mot carne. Ainsi dans le xii° anathématisme : Si quis non confitetur Dei Verbum passum carne et cruciflxum carne et mortem carne gustasse, raxOôv-ra axpy.l, èaTaupoiiivov aapxî, xal Oavâ-ro’j veuaâjxsvov capx’l. Cette précaution même ne le mit pas à l’abri des critiques des théologiens d’Antiochc. C’est dans des termes de ce genre que des docteurs comme Théodoret ou André de Samosate virent la preuve de « l’apollinarisme » de Cyrille. La lutte qui se déclenche, à l’hiver de 430, entre Alexandrie et Aniioche, qui atteindra son acuité extrême au double concile d’Éphèse de 431 et se terminera par l’Acte d’union de 433 est, à tout prendre, la lutte autour des formules théopaschites, en entendant ce dernier mot dans toute son ampleur : la naissance est aussi une passio. En dépit des concessions mutuelles que se sont faites les deux partis en 433, il reste que l’opposition au Deus passus demeurera la caractéristique de la théologie antiochienue, que l’adoption de la formule Verbum Dei passum deviendra pour l’école cyrillienne une tessère d’orthodoxie. En d’autres termes on sera suspect de « nest onanisme » pour refuser la formule ; suspect de « monophysisme » pour s’en faire le défenseur.

D’ailleurs la formule contestée va prendre, peu après, une allure différente. Le Verbe divin étant l’un de la Trinité, l’on dira : Unus de Trinitate passus. C’est du Tome aux Arméniens de Proclus, que dérive l’expression. On y confessait que le Verbe-Dieu, l’un de la Trinité, s’était incarné : Ô ! jioXoyo’jvte< ; tôv Œôv A6yov, tôv ëvoc -rrjç TpiâSoç, acaapy.ôJoOo’.i, ce qui était on ne peut plus correct. Les milieux qui sympathisaient avec le monophysisme en tirèrent la conséquence : on peut donc dire aussi : « L’un de la Trinité a souffert et est mort. » Pour revenir au même que l’expression Verbum passum, la formule ne laissait pas d’avoir une allure plus paradoxale ; en attirant l’attention sur l’appartenance du Verbe à la Trinité, elle donnait un peu l’impression que la « passibilité » était installée au sein de l’immuable et bienheureuse Trinité. Au fait c’est bien une manifestation qu’ente ul ii faire Pierre le Foulon, quand il ajoutait à la formule du Trisagion les mots Qui crucifixus es pro nobis. Voir ici, t. x, col. 2238, et remarquer que les mots du Trisagion, dans la pensée des monophysites, se rapportent exclusivement à la seconde personne de la Trinité. Quoi qu’il en soit, d’ailleurs, s’il voulait provoquer un scandale, le l-’oulon y réussit pleinement ; l’addition théopaschite au Trisagion fut regardée dans les milieux chalcédoniens, comme une intolérable provocation.

De fait, quand triompha à Conslantinoplc, sous l’influence d’Ac.aee, la politique des concessions au monophysisme qui atteint son apogée dans VHénotique de Zenon (voir l’article t. vi, col. 2153), la formule de VU nus de Trinitate fait son apparition dans les textes officiels. On n’a pas assez remarqué, pensons-nous, que c’est de VHénotique, si sévèrement condamné par le Siège apostolique, que viennent en droiture des tessères d’orthodoxie ultérieurement promulguées par Justinien et le v concile. Au nombre de celles-ci figure l’affirmation sans nuance qu’il faut rapporter à un seul et même Fils unique de Dieu et les miracles et les souffrances qu’il de son plein ^rc endurées dans sa chair, comme aussi l’expression unus de Trinitate : unlui enim dicimut Unlgenili Filil Dei et mtracula et

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