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TAMBURINI (THOMAS) — TANCHELIN


netteté, breviter, dilucide, clare…, est-il dit dans les titres des ouvrages, et l’annonce n’est pas décevante ; l’information est copieuse et les opinions des auteurs paraissent rapportées avec exactitude. Par ces qualités de clarté, de netteté, d’information et de relative concision, l’œuvre de Tamburini méritait le grand succès qu’elle remporta ; elle reste des plus représentatives et garde une réelle importance historique.

Mais elle fut aussi très attaquée. L’auteur tendait de parti pris aux solutions les moins sévères, certains des titres, composés par lui ou ses éditeurs, le déclaraient : (casus) ut plurimum ou quantum licel bénigne deciduntur. Rien d’étonnant qu’il ait été particulièrement visé par la réaction qui suivit les Provinciales. Il ne figure, croyons-nous, dans ces dernières qu’en un seul passage : Tambourin — c’est la traduction française de son nom et elle était trop pittoresque pour n’avoir pas été employée — se trouve dans la liste burlesque des casuistes que donne la Ve Provinciale ; il y est entre l’golin et Fernandez. Les œuvres de Tamburini n’avaient pas encore été éditées en France ; ceux qui documentaient Pascal ne connaissaient donc sans doute que de nom le casuiste sicilien.

L’année même où parurent à Lyon : l’Exposition du Décalogue et les Trois méthodes (1659), un Écrit des cure’s de Paris (le xe, attribué à Arnauld ; déjà le ixe parlait de Tamburini) dénonça l’ouvrage comme laxiste, pernicieux et destructeur de la morale chrétienne. Sa condamnation parla Sorbonne était demandée comme l’a ait été celle de L’apologie des casuistes du P. Pirot ; niais Tamburini fut plus heureux que son confrère, l’affaire ne fut pas poussée et resta sans suites.

On l’a vu plus haut par la réponse que fit, sous le pseudonyme d’un disciple, Tamburini lui-même, le dominicain Vincent Baron reprit quelque temps après ces accusations ; outre la tendance générale à minimiser les devoirs, il incriminait chez Tamburini des* doctrines sur la probabilité, les vertus théologales et la religion, la prière, le commandement de l’assistance à la messe, le jeune, le respect et l’amour des parents, le droit de guerre, celui de propriété, le meurtre… Au siècle suivant Dinelli et Concilia, revenant sur certains de ces points, et en ajoutant quelques autres, s’élevèrent violemment contre le jésuite, en qui ils voyaient un des plus relâchés parmi les casuistes. On trouverait ces accusations reproduites et disent ces dans les pièces reproduites par Zaccaria en e son édition.

En un passage de sa Théologie morale, t. IV, n. 645, saint Alphonse a porté sur notre auteur un jugement mesuré qui > si à citer en entier : …Ilic mihi permitlutur obiler rerbum dicerc de hoc auctorc, qui ab aliquibus nimis parvlpanditur. Negari non potest quod auctor iste mnlliim farilis jucril ad tribiicndum probabilitatis pondus opinionibus, qum. probabiles dici non merebantur. mule ciim eaulela legendus est. Cselerum ubi ille ex sua sententla loquitur, ut verbis ular doctissimi et Mustrissimi Episcopi I). Julii Torni, saur theologiee loquitur et ex propriis principiis queestiones resolvit (ta ut tententia quæ probabiliores judicat, sapienlium judicio, ut plurimum probabiliores sunt . Ce Jugement « le saint Alphonse. à la fois sévère a l’égard de Tamburini et lui reconnaissant cependant une vraie valeur person nelle. ; i désormais prévalu : D’Annibale, Sum. theol. mor., & éd., 1908, p. 5, note 57, ne fait que le résumer : Sirifisit nimis indulgenler, snl ex aliorum terdentiis magie quam suis… ; Millier, Theol. mor.. 5° éd., 1887, t. i. il 299, met Tamburini au nombre des casuistes qui représentent le laxisme avec Caramucl, Jean San ihcI. les théatins Pasqualigo et Diana, le trinitaire tire et h-jésuite Moya ; PrOmmer, Theol, mor..

I. ï. p. XXXVII, dans son catalogue des inoralis !.

contente de dire : Est quidem doctissimus, sed nimis indulgens ac proinde cum cautela legendus.

Pour être tout à fait juste envers Tamburini, nous ferons cependant trois remarques : a) Selon nous, la promesse d’indulgence et de bénignité, donnée dans les titres des ouvrages, n’est pas nécessairement à interpréter comme une déclaration de laxisme. Ces titres ont soin, en effet, de la restreindre par des mots comme quantum licel, ut plurimum, etc. Pour les rigoristes du temps sans doute était-ce insuffisant ; si l’on veut bien se rappeler qu’il s’agit non de direction et de décisions complètes intéressant la vie morale entière, mais seulement de jugements pénitentiels sur des fautes commises ou sur la limite exacte de devoirs rigoureux, la déclaration de donner des solutions indulgentes, sans sortir des bornes de la vérité et de l’objectivité, n’est pas seulement défendable, elle est plutôt conforme à la vraie théologie morale catholique ; elle répond mieux à la justice due aux pénitents que le parti pris de leur imposer les opinions les plus sévères. — b) En ce qui concerne les erreurs échappées à Tamburini, les probabilités insuffisantes que saint Alphonse et Zaccaria lui-même relèvent chez lui — en moins grand nombre du reste que Baron, Concina et Dinelli — faisons observer, à la suite de Zaccaria et à la décharge de l’auteur sicilien, qu’il écrivait avant les condamnations pontificales ; il suffira donc de corriger les solutions erronées, ce qui est aisé, comme Zaccaria l’a montré dans son édition. — c) Mais en un dernier point, il est bien difficile d’excuser Tamburini, et ce point est important puisqu’il s’agit d’un principe général capable précisément de fonder I » reproche de laxisme. Il s’agit du passage, In Decal., t. I, c. iii, § 3, n. 8, où, précisant la probabilité suffisante a former un jugement prudent, il déclare salis esse in omnibus casibus constare probabiliter opiniomemesse probabilem. Ce passage souvent cité et reproché à Tamburini a été défendu et interprété favorablement par Lacroix et Zaccaria : une opinion probabiliter probabilis, ont-fils fait observer, n’est pas une opinion lenuiter probabilis et Tamburini, se disant d’accord en ce point avec Salas. Vasquez, Sanchez, etc., distingue dans sa pensée l’une de l’autre. Nous avouerons volontiers que ses explications sont bien subtiles : si l’on veut conserver à l’expression de « probabilité probable » quelque sens, il est difficile de ne pas y voir une probabilité bien peu fondée. Le moins qu’on puisse dire, c’est que Tamburini n’a pas été assez précis et assez ferme dai s sa doctrine de la probabilité et que de ce fait — si l’on ajoute aussi ses solutions trop larges, qu’elles viennent ou non de sa trop grande confiance en d’autres auteurs

— il n’est pas à absoudre de tout reproche de tendance laxiste. Parla encore il reste un représentant caractéristique de son temps et de la casuistique probabiliste.

Sommervogel, llibl. de la Camp, de Jésus, t. vii, col. 18301841 ; Hurter, Nomenclator, : ’éd., t. iv, col. 279-281 ; Ddlllnger-Rcusch, Geschtehte der Moralstreillgkeiten…, 1880, t. ï, p. 44, 63 et 79.

R. Brouillard.

    1. TANCHELIN ou TA NCHELME##


TANCHELIN ou TA NCHELME, agitateur

flamand du début du xii c siècle. — Parmi les hérétiques contemporains qu’il mentionne dans son Introduclio ad theologiam, t. II, n. 4, Abélard cite un laïque de Flandre, nommé Tanchelme, « qui en vint à ce point

de folie de se faire appeler et proclamer Fils de Dieu. et à se faire élever un temple par un peuple fanatisé ». P. L.. t. d.xxviii, col. 1056. Cette donnée, assez in vraisemblable, s’éclaire par quelques renseignements fournis par la Vit de saint Norbert, r. XIII, n. 79 ; P. / … t. axx, col. 793, et qui sont abrégea dans la Sigebrrti conlinualio [’nrmonstrtitensis, ibid., t. CLX, col. 367.

Cette dernière, a l’année 1124, rapporte les origines de la fondation norbertine d’Anvers. Pour lutter contre les