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49J THÉOLOGIE ET AUTRES SCIENCES 496

Et voici comment J. Brinktrine schématise sa division, Zur Einteilung der Théologie und zur Gruppierung der einzelnen Disziplinen, dans Théologie und Glaube, 1934, p. 569-575 et dans Ofjenbarung und Kirche. Fundamenlal-lheologische Vorlesungen, t. i, Paderborn, 1938, p. 26 :


Rubricistique
Catéchistique
Homilétique
Droit canonique
Théologie pastorale
^ ^ ^ ^ ^
I I I I I
Eglise
^
I
Théol. mystique <-Dons du S.-E.
^
I
Péchés --> Théol. casuistique
^
I
Théol. liturgique <-- Religion
^
I
Vertus --> Théol. ascétique
^
I
Théologie
dogmatique
morale
fondamentale'
^ ^
I I

Théol. historique --> <--Théol. biblique

(l’ordre logique de lecture est de bas en haut)

Nous ne nous attarderons pas ici à définir chacune des disciplines particulières qui interviennent en théologie, non plus que chacune des parties de la science théologique. Voir l’exposé très compétent de G. Rabeau, op. cit., p. 231-327 et ici, aux mots : Apologétique, Archéologie chrétienne, Ascétique, Casuistique, Catéchisme, Dogmatique, Droit canonique, Exégèse, Fondamentale, Interprétation de l’Écriture, Liturgie, Morale, Mystique, Pères (t.xii, col. 1199 sq., sur Patristique, Patrologie, etc.), Philosophie, etc. Nous préférons donner rapidement, d’un point de vue spéculatif, un classement des parties de la théologie.

On peut distinguer un tout du point de vue de ses parties intégrantes ou du point de vue de ses parties potentielles.

Les parties intégrantes sont celles qui font l’intégrité du tout, comme les membres font celle du corps. À cet égard, les parties de la théologie sont :
1. du point de vue de sa méthode ou de sou objet formel quo, les deux actes qui intègrent son travail, à savoir l’auditus fldei porté à un état rationnel et scientifique dans sa fonction positive, et Y intellectus fldei porté à son état rationnel et scientifique dans sa fonction spéculative. —
2. Du point de vue de sa matière ou de son objet formel quod, les différents traités par lesquels elle considère son objet selon tous ses aspects : De Deo uno, de Deo trino, de Deo créante, etc. Ce sont aussi les différentes disciplines par lesquelles la théologie prend toute son extension pratique et qui ne sont qu’un développement de certains éléments étudiés dans les différents traités, comme on le voit bien dans le tableau de J. Brinktrine reproduit plus haut : ascétique, pastorale, etc.

Les parties potentielles sont celles en qui le tout est présent selon toute son essence, mais ne réalise pas toute sa vertu ; partie et tout son pris ici dans l’ordre d’une virtus qui se distribue inégalement en diverses fonctions : ainsi les diverses puissances de l’àme, intelligence et volonté, ou, dans la théologie de saint Thomas, les vertus qui considèrent un aspect secondaire dans l’objet d’une autre vertu, comme la religion ou la piété, par rapport à la justice. On pourrait donc, considérer comme parties potentielles de la théologie les usages différents et inégaux qui y sont fails de la raison théologique, c’est-à-dire de la raison habitée, éclairée et positivement dirigée par la foi. C’est pourquoi le P. Gardeil faisait de l’apologétique une partie potentielle de la théologie, ordonnée à un aspect secondaire de l’obiet de celle-ci, la crédibilité naturelle, et n’usant pour se fonder que des ressources de la raison critique de laquelle relève cette créoibililé naturelle. Revue d*.s sciences philos, et théol., 1920, p. 652. Mois, si l’on considérait l’apologétique comme un traité spécial étudiant Dieu révélant, comme un De revelalione, on la rangerait à cet égard parmi les parties intégrantes, et c’est ce que fait le P. Garrigou-Lagrange, De rcuclatione, t. i. p. 66. Peut-être pourrait-on de même considérer comme des parties potentielles ces disciplines instrumentales auxiliaires que G. Rabeau appelle « sciences préparatoires » : l’exégèse, l’histoire des dogmes et des institutions, la philologie sacrée, etc. Non pas que ces sciences ou parties de sciences, considérées en elles-mêmes, soient proprement de la théologie : l’histoire des dogmes est formellement de l’histoire et la philologie sacrée de la philologie ; mais, si l’on considère ces disciplines dans l’usage qu’en fait la théologie et en tant qu’elles se subordonnent à elle et obéissent à sa direction pour le service de sa fin. alors elles deviennent comme des appartenances de la théologie : elles peuvent alors être considérées comme se trouvant dans une situation semblable à celle de l’apologétique, discipline où la raison théologique ne se produit que selon une partie de sa vertu, n’usant que de ressources purement rationnelles, mais sous la direction de la foi, et atteignant l’objet de la théologie selon quelque aspect secondaire de celui-ci. Car c’est bien l’objet sacré, en tant que se trouvant dans telle ou telle condition semblable aux conditions des documents historiques, que ces disciplines considèrent, et cela les fait relever de la théologie à un litre spécial. À ce compte, les sciences auxiliaires préparatoires, telles que l’exégèse, l’histoire des doctrines et des institutions, etc., pourraient être envisagées comme des parties potentielles de la théologie ; mais on pourrait aussi les considérer comme des sciences indépendantes dont la théologie utilise les services, comme elle le fait aussi de la philosophie.

G. Rabeau, Introduction à l’étude de la théologie, Paris, 1926, III* partie ; J. Bilz, Ein/uhrung in die Théologie, Fribourg-en-B., 1935, p. 49-63 ; J. Brinktrine, Zur Einteilung der Théologie und zur Gruppierung der einzelnen Disziplinen, dans Théologie und Glaube, 1934, p. 569-575 ; Zur Einteilung und zur Stellung der Lilurgik innerhalb der Théologie, ibid., 1936, p. 588-599 ; Welches ist die Aufgabe und die Slellung der Apologelik innerhalb der Theulogie ? ibid., 1937, p. 314 sq. — Sur l’apologétique, cf. aussi supra, col. 430 et A. de Poulpiquet. Apologétique et théologie, dnns Revue des sciences philos, et théol., t. v, 1911, p. 7U8-734 ; supra, art. Dogmatique, t. iv, col. 1522 ; Dict. apologét., 1. 1, col. 244-247.

VI. La théologie et les autres sciences. —

Nous ne ferons ici que proposer très brièvement quelques conclusions concernant le rapport de la théologie non plus avec ses propres parties, mais avec les sciences profanes.

Distinction de la théologie d’avec les sciences qui, au moins partiellement, ont même objet matériel qu’elle. —

La théologie est distincte :
1. De ta philosophie, même en la partie de celle-ci qui traite de Dieu ; saint Thomas, Sum. theol., I », q. i, a. 1, ad 2um ; Denzinger, n. 1795.

2. De la psychologie religieuse, d’une analyse ou d’une description de l’expérience religieuse, car la théologie est l’élaboration intellectuelle scientifique des enseignements de la Révélation objective ; Révélation à laquelle fait bien face, dans les fidèles, la grâce