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THÉOLOGIE. L’HABITUS DE THÉOLOGIE

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chrétien et de la consommation de l’image de Dieu en nous, car action, image et consommation ne se conçoivent comme telles qu’en dépendance du mystère de Dieu et comme faisant partie de ce mystère lui-même. Ainsi, d’une part, c’est toute la théologie qui, par la connexion que ses éléments pratiques ont avec les spéculatifs, apparaît normative et a, comme on dit, « valeur de vie » ; et d’autre part, l’ascétique et la mystique trouvent leur place en elle, non comme des parties spéciales ajoutées à une morale elle-même séparée d’une dogmatique, mais comme des éléments intégrés organiquement dans l’étude scientifique du mystère révélé de Dieu béatifiant, en quoi consiste la théologie. Il appartiendra donc à celle-ci de développer, aux lieux propres correspondants, les éléments de doctrine qui rendent compte des diverses réalités dont on eût fait l’objet d’une ascétique, d’une mystique et d’une pastorale, et sans doute y a-t-il lieu de compléter sur ces points l’enseignement des théologiens anciens. Cf. Bulletin thomiste, 1932, p. 494 sq. ; ici, art. Probabilisme, t. xiii, col. 617 : R. Garrigou-Lagrange, La théologie ascétique et mystique ou la doctrine spirituelle, dans Vie spir., octobre 1919, p. 7-19 ; L’axe de la vie spirituelle et son unité, dans Revue thomiste, 1937. p. 347-360 ; S. -M. Lozano, Natureleza de la sagrada theologia su aspeclo affeclioo-praclico, sêgun S. T ornas, dans C.icncia tomista, septembre 1924, p. 204-221 ; A. Lemonnyer, Saint Thomas maître de vie spirituelle, dans Xotre vie divine, Paris, 1936, p. 393102 ; B. Merkelbach, Moralis thenlogiæ idonea melhodus, dans Miscell, Vermeersch, t. i, Rome, 1935, p. 116 ;.1. Vieujean, Dogmatique et morale, dans Revue écriés, de Liège, 1936, p. 333-338.

Il c t bien certain d’ailleurs que la science morale théologique ne v ufïit pas à régler immédiatement l’action concrète ; entre la connaissance des principes de l’action et l’action elle-même, il y a place pour une connaissance pratique immédiatement régulatrice. connaissance est celle non plus d’une science, d’une vertu à la fois intellectuelle et morale, la prudence : voir ce mot et l’art. Probabilisme, t. xiii, 133 sq. et 618 sq., où se trouve justifié le rôle de cette vertu comme adaptation vitale, par chaque fidèle, ouvernement de sa vie, des lumières de l’enseignement moral chrétien.

Mai i n’y a-t-il pas lien de concevoir, entre la science ogique morale et la vertu de prudence, un type Intermédiaire de connaissance qui serait un savoir, mais plus pratique et différemment pratique que la science morale ? M. Maritain l’a pensé et a proposé l’idée d’intercaler, entre une science péculative de l’action et le gouvernement prudentiel, une science quement pratique : cf. bibliographie, infra. Non lierait plusieurs savoirs par des obd lïérents, mais, seulement par une différence de point de vue formel et de méthode dan ? la considérai i même objet. Il y aurait d’abord nue considération « péculative de la ri Ité morale, qui ne se propoi tte réalité et où la nature de il moral, celle de l’action morale et de ses condi : > fin et il raient

étudiée suivant la méthode analytique, allant du trait, qui est la méthode des scii lirait, à la direction immédia i

on, la prudence ; il y aurail enfin, entre la science pratique ou cicncc spcculativement vertu de prudence, une connaissance quement pratique : connu ancc de la réalité I are pratiquement, empruntant ses lumières m de l’agir, à laquelle elle serait

vue de proposer des règle plus proiivoir pratiquement pra Uqu< nielle ou communiquée joue rait un grand rôle : ce serait la science de l’homme prudent comme tel, du praticien, du directeur spirituel.

Des théologiens ont agréé cette manière de voir. Ils ont pensé que la distinction proposée était de nature à donner son statut à une « théologie spirituelle ». distincte de la théologie morale telle que la réalise la Somme de saint Thomas, laquelle ne serait qu’une étude spéculative de l’agir chrétien : ainsi A. Lemonnyer, La théologie spirituelle comme science particulière, dans la Vie spir., mars 1932, Suppl., p. 158-166. Il semble bien que cette catégorie de « théologie spirituelle » réponde à quelque chose : d’abord à un genre littéraire, celui des « auteurs spirituels » ; ensuite à une utilité, voire à une nécessité pédagogique, car on ne peut bien enseigner les voies de la perfection chrétienne qu’en en faisant une étude spéciale ; enfin à une certaine réalité psychologique, à cet état particulier que prend le savoir théologique chez le théologien vraiment animé par le zèle et le goût des âmes. Mais il n’y a en tout cela rien qui justifie qu’on reconnaisse à la théologie spirituelle la qualité d’une théologie spéciale, distincte comme savoir de la théologie en sa fonction pratique. À la critique, ce savoir intermédiaire semble bien se distribuer sur les deux connaissances morales, celle de la science théologique et celle de la prudence, à condition que l’on restitue à cette dernière tout ce qui lui revient de connaissance et à la premièic la plénitude de son caractère pratique et la nécessaire information qu’elle reçoit de l’expérience, celle d’autrui et la nôtre propre. Moyennant quoi la « théologie spirituelle » ne serait que l’une des fonctions pratiques de la théologie, dont il serait légitime, pour les raisons reconnues plus haut et d’un point de vue pragmatique, de faire en quelque sorte une spécialité. C’est en ce sens que concluent les PP. Périnelle, Dcman, Mcnnessier, Régamey ; cf. la bibliographie.

Sur la question de la science pratique et de la « théologie spirituelle :). Maritain, Saint Jean de la Croix praticien de la contemplation, dans Études carmélitaines, avril 1931, p. 62-109 ; V. Simon, Réflexions sur la connaissance pratique, dans Revue de philos., 1932, p. "449-473 i.1. Maritain, Distinguer pour unir on 1rs degrés du savoir, Paris, 1932, c. VIII el app. vu ; A. Lemonnyer, La théologie spirituelle comme science particulière, d ; ms la Vie spir., mars 1932, Suppl., 1>. 158-166, repris dans Xntre vie divine, Paris, 1936, p. 403417 ; Y. Simon, La critique de la connaissance morale, Paris, 1934 ; Th. Dcman, Sur l’organisation du savoir moral, dans Revue des sciences pliilos. et théol., 1934, p. 238-280 ; J. Pôrinelle, ibid., 1935, p. 731-737 ;.1. Maritain, Science et sagesse, Paris, 1935 ; I. Mcnnessier, dans la Vie spir., juillet 1935, Suppl., p. 56-62 et juillet 1936, p. 57-61 ; Th. Daman, Questions disputées de science morale, dans Revue des sciences pliilos. ettliéol., 1937, p. 278-306 ; M. Lalmurdet le, Connais sanec spéculative et connaissance pratique, dans Revue thomiste, 1938, p. 561-568 ; P. Régamey, Réflexion* sur la théologie spirituelle, dans la Vie spir., dccemliie 1938, Suppl., p. 151-166, et janvier 1939, p. 21-32.

La théologie est sagesse.

Dans la i rc question de

la Somme, comme saint Thomas s’élail demandé, à l’art. 2. si l’enseignement chrétien vérifie la qualité de science, il se demande, à l’art. 6. s’il vérifie celle de sagesse ; cf. In I" m Sent., prol., a. 3, sol. 1 ; In 1 1 l um Sent., dist. XXXV, q. n. a. 3. sol. I ; In Ilncl.de Trin.. q. ii, a. 2, ad l um. Comme il le fait toujours dans les articles de ce type, saint Thomas rappelle quelles sont militions de la sagesse, puis en esquisse l’appli cal ion a la suera doelnna.

Mans Chaque ordre de choses, dit-il, le sage est celui qui détient le principe de l’ordre, lequel donne à tout

>n sens et sa Justification, ’.'est pourquoi le

savoir qui a pour objet la cause première ci univer

selle, le principe souverain de Imites < i.i la

sagesse suprême, la sagesse pure et simple, (, ’est I-