Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/246

Cette page n’a pas encore été corrigée
477
478
THÉOLOGIE. LA CONCLUSION THEOLOGIQUE


la forme d’être ou la définition essentielle, mais la proportion entre deux manières d’agir. Aussi, comme Dieu, dans la Révélation qu’il nous adresse, veut plus nous dire ce qu’il est pour nous et ce qu’il fait pour nous que ce qu’il est en lui-même, on comprend très bien, indépendamment du motif général de s’adresser en images à des hommes qui sont des êtres sensibles, que la Révélation soit remplie de métaphores. De la sorte, en même temps que le théologien s’efforcera de traduire ces notions métaphoriques en analogies de proportionnalité plus rigoureusement définies, il devra cependant, parce qu’elles sont du donné révélé, des analogies de foi, soumettre des concepts philosophiquement plus satisfaisants à l’approbation de ces métaphores. Ainsi, d’un côté, il traduira en concepts plus précis le sens affirmé par les similitudes de la tête et <le la vigne, mais, d’autre part, le théologien devra soumettre le matériel conceptuel, emprunté aux sciences philosophiques, au jugement et à la mesure de ces grandioses mais imprécises images de la tête ou de la vigne, etc. Car ces métaphores sont du donné révélé et leur contenu doit passer dans la constitution de la théologie. Ce serait une erreur de méthode que de ne constituer une ecclésiologie, par exemple, qu’avec les notions humainement claires et rigoureuses, plus proches de la philosophie, de société, de pouvoir, de loi, etc., et de négliger les grandes images bibliques dont heureusement des traités comme les Thèses de F.cclesia de Franzelin ou le Corpus Christi quod est Ecrlesiu du P. Tromp, ont fait leur profit. Sur cet usage et cette valeur des métaphores en théologie, cf. S. Thomas, Sum. theol., 1*. q. t, a. 9.

/II. LK PROBLÈME DE LA CONCLUSION TUÉOI.OOIQUE El UB L’HOMOGÉNÉITÉ DE LA SCIENCE TIIÉOLOO QUE AU DOOME. — Si le raisonnement théologique vérifie les conditions d’un raisonnement néccssaiie et si l’apport de la raison y est à ce point assumé et réglé par la foi, ne doit on pas reconnaître à la conclusion theologique, à ce seibile divino lumine julgens dont parle Cajétan, une certaine homogénéité avec le révélé lui même, Objel de notre foi ? Dans le cas où une conclusion découlerait d’une façon nécessaire et évidente, soit de deux prémisses île foi, soit d’une prémisse de foi et d’une autre de raison évidente, la conclusion pourrait-elle faire l’objet d’une adhésion de foi, et s ; i négation l’objet d’un péché d’hérésie, avant toute définition de cette vérité par l’Église ? lue telle conclusion peut-elle être définie par l’Église comme vérité de foi et, m oui. comment justifier cette définition ? Enfin, après sa définition, une telle vérité relève-t-elle de la foi théologale, OU bien d’une adhésion spéciale distincte tant de la foi théologale que de la foi humaine ? telles son ! les questions que pose la conclusion tbéologlque. Cf. A. Gardeil, I.e donné révélé, p. 163-186.

1° Adhésion à une conclusion théologique avant sa définition. - Les grands théologiens (lu xiiie siècle admettent bien un accroissement « les formulaires dogmatique par la canonisation de propositions consequenliit nd articulas, mais ces propositions sont pour eux des vérités r< v< ndaires quant à leur con tenu, et non, !, | ln’-ologiqucs ; cf. H. -M.

Schultes, Introdurtia i lu loriam dogmatum, Paris, l>. 71 -78. I » aprè documentation que présente uteur, p. ~x s :, , il sembe que ce soient les théologiens noniina i ti - ri, .. ! tes qui aient appliqué aux conclusions théologiqui’, qu’Albert le Grand el’m.lisaient des viriles révélées 51 d.oïc. admettant parmi les vérités catholiques : veritalet omnes et singulie quæ concluduntur rx pnnnistr ilali bus in consequentia crrln m lumine fidei niot m evidenti lumine naturali, quamolt non in propria forma verborum ilhe habeantur. Gerson, cité p. 82 ; pour Bcot, <f p 84, Le P. Schultes semble suggère*, p. « 3,

que c’est dans ce contexte que s’est produite l’insistance des thomistes à donner pour objet à la théologie, ainsi distinguée de la foi, les conclusions théologiques.

La position qu’on attribue aux nominalistes, favorable à l’inclusion, parmi les vérités de foi, des conclusions déduites bona et necessaria consequentia, serait aussi, au xvre siècle, celle de Cajétan ( ?), Pierre Soto, M. Cano, Tolet, Molina, cités par Schultes, p. 1 16. Mais la position la plus notable à cette époque dans la question qui nous occupe est celle de Vasquez et de Suarez. Ces auteurs ont apporté en effet dans ce problème, une distinction qui s’est transmise après eux et est passée dans un grand nombre d’ouvrages. Ils distinguent, au regard d’une conclusion théologique nécessaire, deux assentiments : celui qu’on donne à la conclusion en tant qu’on la voit inférée par le raisonnement, et cet assentiment reste théologique ; celui qu’on donne à la vérité telle quelle que présente la conclusion en tant que, dégagée pour l’esprit par un raisonnement, elle apparaît comme objectivement et réellement contenue dans la proposition révélée. Ce second assentiment, qui va à une vérité vue comme contenue dans une autre vérité révélée, relève de ia foi ; pour marquer, cependant, ce qui la distingue de l’assentiment donné aux vérités révélées, explicitement proposées par l’Église comme des dogmes, Suarez parle, dans ce dernier cas, de foi catholique et, dans le premier, de simple foi divine ou « foi théologique ». distinction, elle aussi, extrêmement répandue depuis lors et à laquelle on peut d’ailleurs donner un sens acceptable. Cf. Vasquez, In / am partemD. Thomæ, q. i, a. 2, disp. V, c. m. éd. Venise, 1608, p. 19 ; Suarez, De fide, disp. III, sect. xi, n. 5, Opéra omnin, éd. Vives, t.xii, p. 97 ; cf. d’autres références dans Marin-Sola, Évolution homogène, n. 85, t. I, p. 99 sq. ; n. 114 sq., ibid., p. 210 sq. ; n. 388, t. ii, p. 157.

Le grand principe de discernement sera celui-ci : toute adhésion dépend de ce par quoi elle est motivée. Si mon adhésion repose sur le témoignage de Dieu proposé dans la prédication apostolique, elle sera de foi théologale ; si elle repose sur ce que je vois, par l’industrie de mon esprit, dans le témoignage de Dieu, elle restera humaine ou plutôt humano-divine, c’est-à-dire théologique. Cf. Marin-Sola. op. cit., n. Cià sq.. t. i, p. 202 sq.

Ce principe, cependant, n’est pas toujours d’une application commode. I.e plus simple auditus fidei engage toujours une certaine activité de notre esprit, ne serait-ce que pour comprendre le sens des mots. I.’intention même de la foi ne peut se contenter d’une réception purement passive de la parole de Dieu ; elle essaie de pénétrer le plus possible son sens et, pour cela, tout en étant dans la disposition d’être rectifiée par le sens de l’Église et les déclarations du magistère, elle s’engage à ses propres risques dans une certaine activité d’interprétation ; elle cherche à voir tout ce que veut dire l’énoncé sacré. Dira ton qu’un chrétien ne peut adhérer de fol théologale au sens qu’il voit être celui de tel passage de l’Écriture dont l’Êgiise ne lui donne par ailleurs aucune interprétation officielle explicite ? Et de même ne pourra I il adhérer

de foi théologale a ce qu’il verra avec évidence appar tenir à un dogme, mais dont l’Église n’aura pas encore fait une définition explicite ?

H semble qu’on puisse dire ceci : quand l’activité de le. prit se lient dans les limites d’une intelligence des énoncés révélés tell quels, une adhé’ion de foi est pos sible a ce que l’on verra avec évidence appartenir au révélé ou être le sens de CCS énoncés. À la limite, ii semble que la même adhésion de foi pourra elle don i ce qu’on verra avec évidence être lié de telle

lOTte aux énoncés de la foi que, i ou niait cela, on serait amené n leill a pervertir le sens offl