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THÉOLOGIE. LA THÉOLOGIE POSITIVE


dans Revue thomiste, 1938, p. 240 sq. De ce point de vue, l’histoire est plutôt une justification et un enrichissement de la pensée ou de la vie présentes qu’une restitution du passé d’après les documents.

Aussi, tandis que l’histoire des doctrines bibliques ou chrétiennes, tout en ayant une valeur irremplaçable de technique, sera toujours lacuneuse et n’aura jamais la valeur d’une explication totale, la théologie bihlique pourra avoir cette valeur. Parce qu’elle est théologie, la positive est, dans son ordre, une sagesse. Par quoi, d’ailleurs, elle rencontre la tentation de toute sagesse, et singulièrement de la sagesse théologique, qui est de négliger la connaissance des causes propres pour ne s’attacher qu’à l’explication transcendante : cf. S. Thomas, (’.ont. Cent.. t. II, c. iv, un chapitre de haute portée. Cette espèce de mentalité donnerait en théologie positive un faux surnaturalisme qui couvrirait en réalité, sous les droits du Transcendant, une ignorance, du réel. La théologie positive, si elle esi une utilisation des techniques historiques par une sagesse plus haute issue de la foi, ne vit cependant que d’une loyale utilisation des ressources authentiques et aussi intégrales que possible de la raison historique.

Réponse à quelques difficultés.

II nous reste à

préciser cette méthode de la positive en examinant quelques difficultés très réelles de son emploi. Ces difficultés concernent soit la valeur de vérité objective et, en somme, historique de la théologie positive (n. 1. 2), soit sa valeur dogmatique et régulatrice pour la théologie spéculative (n. 3).

difficulté.

I.e point de vue d’une justification

d’un donné actuel par les documents du passé, et l’emploi de la méthode régressive risquent d’amener le théologien positif à chercher non la vérilé de ce qui a été tenu par saint Léon, par exemple, ou par saint Alhanase, ou par saint Paul ; mais simplement des textes qui aillent dans le sens de ce qu’on veut dire soi même et qui puissent servir de confirmatur à une thèse tenue par ailleurs.

Réponse. - - Il ne s’agit pas proprement, en théologie positive, de savoir ce qu’ont pensé Alhanase ou Léon comme tels : c’est là le point de vue de l’histoire des doctrines chrétiennes et la compétence de la méthode historique ; il s’agit, pour mieux savoir ce que croit l’Église, et donc ce que Dieu a révélé, d’interroger saint Athanase et saint Léon comme témoins de la croyance de l’Église à un moment donné et dans des circonstances données ; on ne recherche en eux que la croyance de l’Église. Cependant, cette recherche ne peut enrichir notre connaissance du témoignage toujours actuel de l’Église, 1ml île la théologie positive, que si elle nous fait connaît le un aspect plus précis de ce témoignage de l’Église : précisément cel aspect qu’ont compris saint Athanase et saint Léon dans les circonstances qui ont été les leurs. Cette connaissance ne peut être obtenue que si la pensée d’Athanase ou de Léon sur le point envisagé est connue dans sa vérité historique, par une utilisation loyale des ressources île l’histoire. L’apport de la théologie positive à l’oeuvre théologique présuppose et utilise la méthode et les résultats de l’histoire (les dix Innés ehrél icniic.s. L’ordre est donc celui-ci : I. une reconstruction historique du passé chrétien, aussi loyale que possible, grflre à toutes les ressources de l’histoire : histoirt doctrine s chrétiennes ; 2. acte de foi et audilus fldei en dépendance de la Paradosis ou prédication ecclésiastique qui se continue, homogène, au travers des générations. .’!. iieliei, in d’un étal scientifique de cel audilus /iilri ei d’un enrichissement de notre connaissance du donne chrétien contenu et présenté dans la prédira lion ecclésiastique, par la connaissance des différents états, des différentes formes et expressions de !.i nice et de la doctrine de t i glise dans leui contti

tution première et au cours de leur développement : œuvre de la théologie positive poursuivie sous la direction de la foi. par la mise en œuvre et l’utilisation des résultats de l’histoire des doctrines ; 4. recherche d’un état scientifique de Vintcllectus ftdei par le tiavail spéculatif utilisant la lumière et les ressources de la raison pour construire en forme de science l’enseignement chrétien ainsi connu en sa plus grande précision, en sa plus grande richesse de donné.

2e difficulté. — Elle renouvelle un point de la précédente. La théologie positive a beau « utiliser » le travail de l’histoire, son point de vue n’est pas purement historique. Recherchant un enrichissement de sa connaissance de la foi de l’Église actuelle, elle est amenée à voir une continuité et une homogénéité formelles dans la similitude matérielle des expressions et, par exemple, là où il sera question chez un Père de dona Spiritus Sancti, à entendre indûment cette formule au sens où nous parlons aujourd’hui des sept dons du Saint-Esprit comme distincts des vertus ; cf. Charlier, Essai sur le problème théol., p. 165, n. 209, et p. 167, n. 212. C’est ainsi encore que, dans les textes des conciles, on cherchera la justification de positions théologiques d’école, que ces conciles ont cependant expressément voulu ne pas envisager et qui, parfois, ne se sont fait jour que longtemps après eux. Cf. Charlier, op. cit., p. 159 sq., et H. Lennerz, Das Konzil von Trient und theoloaische Schulmeinungen, dans Scholastik, 1929, p. 38-53.

Réponse. — Ces choses relèvent de la loyauté et de la rigueur dans la documentation et dans l’usage des méthodes d’interprétation que la théologie positive met en œuvre. Documentation et Interprétation doivent être portées à un étal véritablement scientifique et critique ; à défaut de quoi, malgré des apparences de citations et un étalage de références, il n’y aura pas de théologie positive. La critique d’interprétation mise en œuvre par celle-ci est double : elle est d’abord historique ; elle est ensuite théologique, relevant de ce traité méthodologique et critique des sources et des règles de la pensée théologique qu’est le traité des lieux théologiques.

3e difficulté. — La science se fait par le savant ; l’esprit a une part non seulement dans l’interprétation des faits, mais dans la construction du fait comme tel et dans la réception de l’expérience. Quelque exigence qu’ille apporte en ses démarches, la théologie positive reste l’œuvre du théologien ; elle comporte une part Irréductible d’interprétation personnelle, voire de choix dans la documentation. Souvent les textes ne s’imposeront pas au choix ou à l’interprétation d’une manière telle qu’elle exclue ce facteur personnel qui jouera, chez chacun, dans le sens de ses options persni m elles ou corporatives. Ls scotlste trouvera des textes des Pères grecs qui lui sembleront, à l’évidence, aller dans le sens de sa t hese sur la primauté du Christ ; de même le molinlste trouvera t il chez les Pères grecs encore des textes qui lui sembleront appuyer sa théo rie sur la prédestination posl prseoisa merita et la nonprédétermination physique des actes libres, etc.

Réponse. - I.e p. Simonin a envisagé celle difficulté dans une Note sur l’argument de tradition et la théologie, dans Angelicum, 1938, p. 409 iih. Il élimine d’abord, comme critère d’interprétation, une option inspirée par l’expérience religieuse ou, comme on dit, la « spiritualité » personnelle du théologien ; il écarte ensuite, comme critère, l’harmonie d’une interpréta

lion avec la cohérence interne de la construction Intellectuelle ou du système spéculatif, car ce serait user, comme d’un rrilcre, de ce qui est en question II relient, en somme, comme principe d’interprétation, l.r doi llité au magistère ec » lésiastique : car il ne s’agit pas de trouver des appuis pour une théorie pei sonnelle,