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TAMBURINI (PIERRE) — TAMBURINI (THOMAS)

n’a aucune juridiction immédiate sur les diocèses des autres évêques, lesquels ont le droit de faire dans leur diocèse respectif ce que le pape a le droit de faire dans le sien. Les fidèles ne dépendent que de leur évêque ; ils ne doivent l’obéissance au pape que par le canal de leur évêque. Pour l’autorité épiscopale, chaque évêque est l’égal du pape et, par suite, l’autorité de tous les évêques unis pour représenter l’Église universelle est supérieure à celle du pape. La primauté constitue le pape chef de l’Église universelle et lui donne le pouvoir de la représenter, mais la représentation ne peut lui être conférée que si le pape est d’accord avec l’Église universelle. La primauté confère aussi au pape la faculté de s’ingérer dans les affaires des autres Églises ; il a le droit de vigilance sur tous les diocèses, tandis que les autres évêques ont le devoir spécial de s’occuper de leur diocèse et, s’ils ne doivent pas se désintéresser de ce qui arrive à tous les fidèles du monde, ils ne peuvent user, hors de leur diocèse, que des voies de conseil, d’avis, de remontrances, mais non point d’autorité et de commandement. Le pape a le droit de se faire obéir des autres évêques, suivant les saints canons ; les évêques doivent obéir au pape, mais ce devoir est canonique et non point absolu. Dans l’administration de son diocèse, concertée avec son clergé, l’évêque n’est responsable que devant Dieu. L’évêque, peut, d’accord avec son clergé, gouverner son diocèse, comme il lui plaît, dans les choses qui n’atteignent pas la foi, les mœurs et la discipline générale de l’Église ; il a pleine liberté pour maintenir les rites ou les rejeter, ou en admettre de nouveaux ; d’autre part, le pape n’a pas le droit d’excommunier directement hors de son diocèse de Rome.

Telles sont les idées générales exposées dans ce traité qui résume les thèses capitales du richérisme. Cet écrit fut très vivement attaqué, en particulier, par le jésuite Vincent Bolgeni dans Esame della vera idea della S. Sede, Plaisance, 1784, in-8°, très souvent réédité.

Cosa è un appellante ? Plaisance, 1784, in-8°, avec Continuazione, 1784, et Lettera terza, 1785, attaqué par Bolgeni dans un écrit intitulé : Riposta al quesito : Cosa è un appellante ? ossia Osservazione teologico-critiche sopra duo libri stampati in Piacenza, 1784, intilolati : Cosa è un appellante ?e Continuazione dell’appellante, Macerata, 1787, in-8°. — Les Nouvelles ecclésiastiques, en deux endroits différents, parlent d’un écrit de Tamburini, qui fait pendant à son travail sur Tertullien ; il est intitulé : Les Apologies de saint Justin, cf. Nouv. du 30 octobre 1786, p. 174-175, et Analyse des Apologies de saint Justin, martyr, avec quelques réflexions, 1793, cf. Nouv. du 30 janvier 1799, p. 11-16. Dans cet écrit, l’auteur expose les principes généraux de l’apologétique de saint Justin, et montre que les erreurs de saint Justin étaient tenues comme des opinions communes en son temps, par exemple : les prévarications des anges avec les filles des descendants de Caïn ; les âmes ne souffriront la peine du feu qu’après le jugement dernier : Platon aurait emprunté aux Livres saints des vérités touchant la création, le déluge, les prophéties touchant la naissance de Jésus… — Prælectiones, quas habuit in academia Ticinensi antequam explicare aggrederetur tractatum de Locis theologicis, Pavie, 1787, in.8°. Tamburini indique ce qu’est l’Église et ce qu’est la théologie, science de la religion chrétienne », qu’il faut étudier pour elle-même, avec un cœur exempt de passion et rempli d’une sincère chante envers Dieu, car « on n’entre dans la vérité que par la charité ». Il est amené à parler de l’Index, qui, dit-il, n’a aucune autorité dans les États Impériaux et

« il ne peut pas même servir à discerner les bons livres

des mauvais ; mais, si l’Index ne doit pas empêcher de lire quantité d’excellents ouvrages, qui y sont notés, les jeunes gens ne doivent pas croire avoir la liberté de lire ceux qui sont contraires à la foi et aux mœurs ». Nouv. eccl., 27 février 1788, p. 33-37. — De fontibus s. theologiæ deque constitutione et indole Ecclesiæ christianæ ejusque regimine, Pavie, 1789, 1790, 3 vol. in-8°. Le premier volume qui traite de l’Écriture et de la Tradition fut mis à l’Index.

Lettere teologico-politiche (12) su la presente situazione delle cose ecclesiastiche, s. l., s. d., 4 vol. Les deux premières lettres sont anonymes et les deux dernières sous le pseudonyme d’Augustin de Monte Vicetino, condamnées en 1797. L’auteur déplore la situation des affaires ecclésiastiques « si brillantes sous le gouvernement du sage Léopold et de l’empereur Joseph II » ; puis il étudie les sentiments du prétendu jansénisme touchant l’origine, la nature et les droits de la souveraineté temporelle. Le pouvoir spirituel n’a aucun droit, ni direct ni indirect, sur le temporel des souverains : tel est le résumé de la ive lettre. Dans la ve, il étudie les droits de l’homme, l’origine et la nature de la société civile et de la souveraineté et il combat constamment l’ouvrage de Nicolas Spedalieri sur les droits de l’homme, imprimé en 1791. Nouv. eccl., 10 avril-15 mai 1794, p. 57-80. Plus tard, parurent les trois lettres suivantes, ibid., 19-31 décembre 1794, p. 157-168, où il étudie la société civile et la liberté, dont l’abus est la cause de la Révolution française, et les droits du souverain.

« La fin de la puissance civile circonscrit ses droits dans

les limites de l’utilité, de la vérité et de la justice. » La huitième lettre étudie l’égalité. Le t. iii comprend les lettres ix et x. La ixe étudie l’infaillibilité du pape et l’indépendance de la puissance civile, la pratique du culte extérieur, les instituts religieux, la nature des biens ecclésiastiques, la tolérance et enfin la prétendue amitié des jansénistes avec les athées. La xe a pour objet la doctrine augustinienne sur la prédestination et la grâce, doctrine qui, seule, permet de placer en Dieu une confiance entière, tandis que le molinisme ne s’appuie que sur la force de l’homme. Nouv. eccl., 26 mars-26 avril 1797, p. 25-36. Le t. iv comprend les xie et xiie lettres. La xie expose et discute le système moliniste, la xiie, le rigorisme qu’on attribue aux prétendus jansénistes et la pratique de la pénitence, ce qui lui fournit l’occasion d’attaquer le laxisme et le probabilisme. Nouv. eccl., 7 nov.-5 décembre 1798, p. 89-100. Les Nouvelles ecclésiastiques des 16-30 janvier 1799 citent la fin de la xiie lettre sur l’état des

« affaires ecclésiastiques en Italie, dans l’époque où

nous sommes ». — Introduzione allo studio della filosofia morale col prespetto di un corso della medesimae dei dirilli dell’uomoe della società, Pavie, 1797-1798, 2 vol. in-8° ; il reparut sous le titre de Lezioni di filosofia morale, en 1818, 7 vol., condamnes par un décret de l’Index du 5 septembre 1819. — Prælectiones de Ecclesia Christi et universa jurisprudentia ecclesiastica, Cologne, 1839, 2 vol., et Leipzig, t. iii et iv, condamnes en 1847. — On lui a attribué un traité De tolerantia ecclesiastica et civili in sensu Josephi II édité sous le nom de Taddée, comte de Trautmannsdorf en 1794.

Michaud, Biographie universelle, t. xl, p. 641-642 ; Glaire, Dictionnaire des sciences ecclésiastiques, t. ii, p. 2227 ; Hurter, Nomenclator, t. v, col. 868-871 ; Nouvelles ecclésiastiques, passim, font un compte rendu très élogieux de la plupart des écrits de Tamburini ; Arturo Jemolo, Il giansenismo in Italia, prima della revolutione, Bari, 1928, in-8° ; B. Ricci, Il maggiore teologo giansenista d’Italia, dans Scuola catholica, Milan, 1921, t. xlix, p. 14-25, 276-291, 358-369, et t. xi, p. 100-115 ; Cantu, Les hérétiques d’Italie, t. v, p. 179-184, 222-224.

J. Carreyre.

2. TAMBURINI Thomas, Jésuite sicilien (1591-1675). — Né le 6 mars 1591 à Caltanisetta (Sicile), entré dans la Compagnie le 21 septembre 1606, il en-