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    1. THÉOLOGIE##


THÉOLOGIE. LA THÉOLOGIE POSITIVE

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q. iii, a. 2, ad l um, 2 am et 4um ; dist. XXV, q. i, a. 1, qu. 4, adl um ; InIV am, dist. IV, q.n, a. 2, sol. 3, ad l um, qui a cette formule si simple : Fides principaliler est ex infusione : et quantum ad hoc per baptismum datur ; sed quantum ad determinationem suam est ex auditu : et sic homo ad fidem per catechismum inslruitur. Cf. aussi Fr. Marin-Sola, Évolution homogène du dogme cathol., t. i, p. 202 sq.

Mais le catéchisme, qui suffit au fidèle pour l’explicitation de sa foi, suffira-t-il au théologien pour construire rationnellement sa foi ? Il est bien clair qu’en écoutant la simple prédication de l’Église, le théologien reçoit l’essentiel de ses principes. Et c’est pourquoi on a dit souvent que l’enqi ête positive n’était pour lui qu’une question de bene esse et que, s’il ne peut y avoir de théologie sans spéculation, il peut y en avoir une sans enquête spéciale sur le donné. Cette remarque, où il y a du juste, a poussé parfois certains théologiens à concevoir la théologie positive comme une sorte d’ornement ajouté du dehors à la théologie, mais ne faisant point partie de son activité essentielle et représentant plutôt une concession au goût du jour, ou une opération purement apologétique, ou encore une sorte d’alibi pour ceux qui, ayant perdu le sens de la contemplation théologique, se réfugieraient dans 1’» érudition ».

En réalité, la théologie positive se situe au cœur même de la théologie tout court. Elle est essentiellement un acte ou une fonction de la théologie et procède, à double titre, de la même nécessité que la théologie spéculative : 1. elle est nécessaire à la théologie spéculative, qui emprunte sa matière même à un donné positif. Il est exact que ce donné peut être tenu, dans ses grandes lignes, par le simple auditus fidei qui correspond, en tout fidèle, à la catéchèse chrétienne. Mais une théologie spéculative qui en resterait là n’obtiendrait jamais sa plénitude dans l’ordre même de la spéculation. À moins de devenir une sorte de philosophie des choses chrétiennes, elle devrait se limiter à des questions rudimentaires et ne serait pas nourrie de toute sa sève. Elle serait incapable de se constituer pleinement en son état de science. — 2. Non seulement la positive est nécessaire à la théologie spéculative, mais elle répond, à sa manière, au besoin qu’a la foi de se constituer à un état rationnel et scientifique par l’assomption des ressources propres à la raison et à la science. À la double face, à la double activité de la foi répond, dans la raison croyante qui devient, par là, théologienne, une double fonction ; l’une et l’autre ont besoin de se constituer en un état vraiment rationnel et scientifique, en assumant les exigences et les instruments de la raison ; ensemble, elles constituent le total développement de la foi dans la raison, sa pleine promotion en science.

A ce que la foi comporte de contemplation de son objet répond, comme sa promotion rationnelle et scientifique, la théologie spéculative ; à ce qu’elle comporte de soumission à la révélation de Dieu transmise par l’Église répond, comme sa promotion rationnelle et scientifique, la théologie positive. La première est l’état scientifique de V intelleclus fidei ; la seconde l’état scientifique de l’auditus fidei. Saint Augustin commentait la fameuse formule, Nrsi credideritis, non intelligelis, en disant que les deux éléments s’en distribuaient entre l’autorité et la raison : Quod intclligimus debemus rationi, quod credimus debemus auctoritati. De util, cred., c. xi, n. 25, P.L., t. xlii, col. 83. Mais il est clair que la foi est à la racine de Vintellectus et que la raison trouve une application dans la soumission même qui s’adresse à l’auctoritas pour donner à la référence du théologien, à ses sources et à ses autorités, un état, lui aussi, scientifique. Ainsi, d’une part, la jonction de la théologie à ses sources n’est pas pure ment scientifique ou rationnelle : c’est vraiment une œuvre de théologie, comme nous allons le marquer bientôt en distinguant théologie positive et histoire des doctrines chrétiennes ; et, d’autre part, cette jonction n’est pas une œuvre de pure foi, étrangère à toute rationalité ; mais, tout comme la raison s’applique à l’intérieur de la foi pour en chercher un intelleclus, elle s’applique également à l’intérieur de la foi, avec toutes ses ressources, pour s’en procurer un auditus aussi riche, aussi précis, aussi critique que possible.

Il reste a préciser cette notion de la théologie positive en déterminant successivement son objet formel quod, son objet tormel quo et sa méthode.

2° Objet formel « quod » de la théologie positive. — Tandis que l’objet formel de la théologie spéculative est l’intelligibilité rationnelle et scientifique du révélé ou de l’enseignement chrétien reçu dans la foi, la théologie positive concerne la réception même de ce révélé ou de cet enseignement chrétien. En tant que positive, elle regarde le révélé, pour le recevoir et le connaître, dans son état de chose transmise et offerte à l’adhésion et à la contemplation de la raison croyante, et elle use pour cela des ressources que la raison présente pour saisir un donné, plus précisément pour découvrir ce donné particulier qu’est la foi et l’enseignement ae l’Église. L’objet de la théologie positive est donc la connaissance de ce que l’Église enseigne et livre à notre foi : autant dire qu’elle a pour objet la tradition, dans le sens que des études récentes ont restitué à ce mot.

Quand le traité De divina tradilione s’est constitué comme un traité spécial, au xvie siècle, il..’est orienté, en fonction de la polémique protestante, dans le sens d’une distinction, dans les objets de la foi ou les dogmes, entre des dogmes contenus dans l’Écriture et des dogmes contenus dans « la tradition ». et dans le sens d’une justification de la tradition ainsi entendue. Ainsi était-on porté à concevoir celle-ci : t. comme désignant un certain ordre d’objets, 2. comme distincte de l’Écriture et 3. comme constituée par des textes et des documents anciens. C’est en somme cette idée de la théologie post-tridentine qui inspire encore, dans nos manuels de théologie, le fameux schème du Probatur ex Scriptura, ex tradilione…

Or, des monographies récentes ont montré que la conception ancienne et authentique de la tradition était un peu différente. Le sens premier du mot « tradition » est celui d’enseignement ou de prédication doctrinale, soit au sens objectif, ce qui est enseigné ou transmis, soit au sens actif d’action æ transmettre ou d’enseigner. Mais le sens le plus ancien, jusqu’à saint Irénée inclus, est le sens objectif : la tradition est l’enseignement, l’objet transmis par le Christ et les Apôtres, puis, d’âge en âge, par l’Église. Cf. B. Reynders, Paradosis. Le progrès de l’idée de tradition jusqu’à saint Irénée, dans Recherches de théol. ancienne et médiévale, t. v, 1933, p. 155-191 ; D. van den Eynde, Les normes de l’enseignement chrétien dans la littérature patrislique des trois premiers siècles, Paris, 1933. Cet enseignement comprend à la fois l’Écriture avec son contenu et les vérités non contenues dans l’Écriture et que l’on peut appeler « traditions » au sens étroit du mot. En un sens secondaire, on désignera par tradition les monuments ou témoignages que l’Église constitue et laisse de son enseignement au cours des âges et qui nous restent dans certains documents : écrits des papes, des Pères, des théologiens, textes des conciles, liturgie, inscriptions, etc. Cf. A. Deneffe, op. cil. infrai et ci-dessous l’art. Tradition.

La Révélation est un dépôt ; l’Église pourra bien prendre une conscience progressive de ce dépôt et en réaliser un développement progressif ; elle n’y ajoutera