Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/234

Cette page n’a pas encore été corrigée
453
454
THÉOLOGIE. ACTIVITÉ DE LA RAISON


d’abord du fait même d’une Révélation formulée en notions et en mots empruntés à notre inonde de connaissance ; ensuite de certaines affirmations significatives de l’Écriture selon lesquelles le Dieu révélateur et sauveur, le Dieu de la foi et de la vie nouvelle est aussi et identiquement celui qui a créé le monde de notre connaissance et de notre vie naturelles ; cf. Hebr., I, 1 sq. et Joa., i, 1 sq. Encore que le monde surnaturel soit constitué par une participation toute nouvelle à la vie intime de Dieu, les deux créations ne laissent pas d’être l’une et l’autre de l’être, l’une et l’autre des participations de Dieu, et donc non seulement ne peinent se contredire foncièrement, mais sont reliées par un certain ordre.

Voilà pourquoi la raison de l’homme peut véritablement s’unir à la foi surnaturelle et devenir une puissance de connaissance originale et nouvelle qui n’est plus ni la simple foi, car elle raisonne, ni la simple raison, car elle app.lque son activité à un objet tenu par la foi surnaturelle, mais qui est la raison théologique.

Sur l’analogie elle-même, cf. ici, art. Analogie, t. I, col. 1142-1154 ; T.-L. Fenido, Le rôle de l’analogie en théologie dogmatique, Paris, 1931 ; K.-.M. Bruckberger, L’être Valeur révélatrice de Dieu, dans lievue thomiste, 1937, p. 201226. — Sur l’analogie comme fondement de la théologie, cf. A. Gardeil, Le donné révèle, c. i ; K. Przywara, lieligionspMlosophie kalholischer Théologie, 1926 ; Analogia entis, 1. 1, 1932 ; C. I h kes, Die Analogie in unserem Gotteserkennen, ilire metaphgsische und religiôse liedeulung, dans le recueil Problème der Gotteserkenntnis, .Munster, l’J28, p. 132-184 ; H. Cirosche, La notion d’analogie et le problème théologique d’auiounl’luti, dans liante de philos., 1935, p. 302-312 ; L. Charlier, Essai sur le problème théologique, p. 84 sq. ; 1*. Wy « er, Théologie als Wissenschaft, p. 99 sq.

2. Connexion des mystères. Tume mysteriorum ipsorum nexii inter se et cum fine hominis ultimo. L’Église attache une grande importance, pour l’intelligence que la raison croyante, avec l’aide de Dieu, peut obtenir des mystères, à la contemplation des rapports que ces mystères ont entre eux et avec la fin dernière de l’homme.

De fait, quand on cherche ce qui donne aux écrits dogmatiques ou moraux des Pères leur plénitude, ofi trouve que c’e-, t principalement leur sens de la connexion et de l’harmonie vivante des dogmes. Ils ont sens, parce qu’ils ont vécu et pensé dans l’Église, qu’ils ont écrit pour répondre aux besoins de sa vie et qu’ils reflètent ainsi dans leurs œuvres la conscience que l’Église a de sa foi. Quand les Pères exposent un point de la Sainte Écriture OU de la doctrine catholique, on a le sentiment que tout le reste, qu’ils n’exposent pas. est présent dans le point particulier dont ils traitent. Cf. M..1. Cnngar, L’esprit des Pères d’après Môller. dans la Vit spir.. avril 1938, Suppl., p i’-'">. l Wlnterswyl, Athanasius der Grosse, der gr der ErlOsung, dans Die Srhililc/rnossrn, t. xvi, 71.

La forme plus scientifique que la théologie a prise’es grand : rolastiques est nécessairement plus analytique que n’étaient les écrits des Pères ; moins la vie immédiate de l’Église, elle est plus purement < Icntiflque ou didactique. Ainsi, d’une part, une élaboration plus poussée d< doctrines et, d’autre

pari, une, | Intuition plus fi <|e ces mêmes

doctrine rcnd< il moins aisée, dans la théologii forme cientilique, cette contemplation des mysti

ins manuels issus d’une scola. tique souvent

les doctrines ont été souvent divisées en

thèses ti pj, l’étal morcelé, inorganique.

h et. nntn retél il de cho <. J.-B. Aubry, I sur la méthode <ir, i, i, ies ecclésiastique », Lille, 1890° q. ; I i enoir, La théologie du xt.xe siècle, Paris, 1893,

théologiens de la valeur de S’Ils une grande importance à la pi

tation organique des doctrines. Dogmatique, n. 887 sq. Cette exigence était satisfaite chez les grands scolastiques. Elle trouvait satisfaction dans leur souci d’un plan d’ensemble et dans leur détermination île l’unité de matière ou de « sujet » de la théologie. Ii serait trop long de montrer ici comment l’admirable plan de la Somme de saint Thomas répond à ces exigences. Mais il est certain que le plan des Sentences d’abord, basé à la fois sur les catégories augustiniennes de res el signa et de frui et uti, puis le plan des autres traités systématiques. Compendia ou Summæ, ont été el demeurent des éléments de Vintelleclus fidei, des instruments de doctrines, par l’harmonie qu’ils décèlent et expriment entre les mystères révélés. Que le mystère de l’incarnation, par exemple, soit compris comme l’achèvement et le moyen de notre retour au sein du Père et qu’il soit ainsi mis en rapports avec les mystères de la Trinité, des « missions di mes », de la grâce, de l’homme-image de Dieu et de tout son équipement de vertus théologales ou morales et de dons ou de charismes, enfin des sacrements, de la prédestination, de la filiation adoptive, du jugement…, cela, évidemment, importe grandement à l’intelligence que le croyant peut prendre de ce mystère et de tous les autres. Cette mise en rapports des mystères les uns avec les autres donne à la théolpgie un de ses procédés les plus féconds de développement et d’élaboration des doctrines.

On comprend enfin que le concile ait fait une men tion spéciale du rapport des mystères à la fin dernière de l’homme. Car ce rapport, intéresse immédiatement la place de telle doctrine particulière dans l’économie de la Révélation. Il y a des choses, dit saint Thomas, qui sont matière à révélation, et donc objet quod de la foi et principes de la théologie, principatiter, secundum se, proprie et per se, directe, en raison même de leur contenu, et d’autres qui ne le sont que in online ad alia, par le rapport d’application ou d’illustration qu’elles ont aux précédentes. Or, les choses qui tombent sou. la Révélation divine et intéressent la fol directement se résument, d’après saint Thomas, en id per quod homo bealus efpcitur, à savoir le double mystère ou la double « économie » : le mystère néces saire de la Un, quorum visione perfruemur in vita eeterna, et le mystère libre des moyens, per quee ducimur in vitcan teternam. Sum. theol., II » - II", q. i. a. (i, ad l ura ; a. 8, corj). ; q. ii, a.. r >. coi p. : a. 7, corp. Doctrine profonde, qui fait de notre béatitude, de la vérité sui notre destinée totale, l’objet direct de la Révélation et donc de la foi, du dogme et île la théologie et. pourrions nous ajouter, de la compétence du ministère ecclésiastique. Traduction technique, mais si Adèle, de la défini tion paulinienne rie. la foi comme Subslantia rcrum spe randarum.

Nous pressentons ici déjà combien peu la théologie consiste en une pure application de la philosophie à un donné nouveau ; elle est vraiment une science religieuse », avant un objet rpii, techniquement et dans sa condition épisléniologiqnc même, m-réfère à notre destinée. D’où ce titre spécial d’intelligibilité qui re vient à cette science, au témoignage du concile du Vatican, d’une considération de chaque doctrine dans son rapport à la fin dernière de l’homme.

Dans cette pénétration et cette construction Intel lectuellei des mystères, tant à partir de ce que le monde de notre connaissance naturelle peut nous fournir d’analogies, que par uni’mise en valeur ries

rapports que ces mystères ont entre eux et avec la

fin dernière de l’homme, les interventions de la raison peuvent prendre différentes formes, qu’on peut, sem

blc-t-il, ramener a trois : la simple explication du révélé, la raison de Convenance, la déduction de « un closions nouvr i i