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44J THÉOLOGIE. LES SYNTHÈSES TRADITIONNELLES 442

conformément à l’esprit du Christ : entre elles et le révélé primitif, le rapport n’est pas celui d’une formule à un donné objectif et intellectuel défini, mais celui d’une formule née des besoins d’un temps et adapté à eux, à un esprit, l’esprit chrétien qui vit en chaque croyant et anime toute l’Église.

Le modernisme posait avec acuité, devant la théologie catholique, le double problème de l’homogénéité de celle-ci, jusque dans sa forme scientifique et rationnelle, à la Révélation, et de son rapport à ses sources positives désormais soumises aux méthodes historiques et critiques : Bible, états anciens et mobiles de la tradition et des institutions, etc.

Revendications réformistes pour les études ecclésiastiques : F.-X. Kraus, Ueber das Studium der Théologie sonst und fetzt, Fribouig-en-Br., 1890 ; Mgr Latty, Le clergé de France, 1900 ; Considérations sur l’état présent de l’Église en France, 1906 ; Éducation et science ecclésiastiques, Paris, 1912 ; J.-A.Zahm, De la nécessité de développer les études scienliftques dans les séminaires ecclésiastiques, Bruxelles, 1891 ; Léon XIII, Encycl. Depuis le jour, du 8 septembre 1899, au cierge de France ; J. Hogan, Clérical Studies, 1898, trad. franc., Les études du clergé, Paris, 1901 ; Mgr Le Camus, Lettre sur la formation ecclésiastique des séminaristes, 1901 ; Mgr Mignot, La méthode de la théulogie, dans Revue du clergé français, 15 décembre 1901, trad. allemande et anglaise : ce discours-manifeste, de beaucoup le plus important des documents de cette époque, a été repris dans les Lettres sur les études ecclésiastiques, Paris, 1908 ; J. Brucker, La réforme des études dans les grands séminaires, dans Études, t. xcii, 1902, p. 597-615 et 712-754 ; Mgr d’Hulst, Mélanges philosophiques, Paris, 1903 ; A. Baudrillart, Le renouveau intellectuel du clergé de France an XIXe siècle, Paris, 1903 ; F. Klein, Quelques motifs d’espérer, 3° éd., 1904, p. 77-114 ; P. Batiflol, Questions d’enseignement supérieur ecclésiastique, Paris, 1907 (c’est, avec celui de Mgr Mignot cité plus haut, l’ouvrage le plus important de cette liste) ; H. Schiôrs, Gedanktn iïber zeilmassige Erziehung u. liildung der Geistlichen, Paderborn, 1910 ; B. de Solages, La crise moderniste et les étutles ecclésiastiques, dans Revue apologétique, t. li, 1930, p. 5-30.

Écrits où s’exprime la notion moderniste de la Révélation et de la théologie : A. Loisy, L’Évangile et l’Église, Paris, 19M2 ; Autour d’un petit Hure, 1903 ; Mémoires, surtout t. I, p. 501, 567 et t. ii, p. 38 ; Ed. Le Roy, Dogme et critique, Paris, 1907 ; (1. Tyrrell, 771e relation of Theology to Dévotion, dans 1 lie Fatth of the Millions, t. i, 1901 ; Théologisme, dans Revue apologétique, t. iv, 1907, p. 499-526 ; Through Scglla and Charubdis or the OUI Theology and the New, 1907 ; Medievalism, Londres, 1908, trad. franc. : Suis-je catholique ? Paris, 1909 ; L. Laberthonnière, Essais de philosophie religieuse, Paris, 1903 ; Le réalisme chrétien et l’idéalisme grec, 1901 ; Fr. von llugel : voir exposé et bibliographie dans M. Nédoncelle, La pensée religieuse de Friedrich von HUgel, Paris, 1935.

Critiques orthodoxes de la notion moderniste de Révélation et de théologie : J. Lebreton, La loi et la théologie d’après M. Ti/rrrll dans Revue apologétique, t. iii, 1907, p. 512-55U ; Catholicisme, ibid., t. iv, 1907, p. 527-518 ; A. Gardell, Le donné révélé et la théologie, Paris, 1910 ; I’». Uarrlgou-Lagrangc, Le sens commun, la philosophie de l’être et les formules dogmatiques, Paris, 1909 ; M.-l>. Chenu, Le sens et 1rs leçons d’une crise religieuse, dans la Vie intellectuelle, 10 décembre 1931, p. 356-380.

Les synthèses dans le sens de la tradition.

Un nouvel et fécond effort de méthodologie théologique fut le fruit de la réaction catholique d’abord devant VAufklârung et le semi-rationalisme, ensuite devant le modernisme.

Dans l’élimination de VAufklârung. puis du semirationalisme de Gunther, en même temps que dans l’effort de restauration de la SColastique, il faut mm tionnor Clemens, cf. bibliographie, Ii.-J. Dcnzinger (+ 1883), auteur de Vier liùcher von der religiôsen Erkrnnlnis, 2 vol., 1856-1857, mais plus connu pour son Enchiridion ;.). Klcul l. († 1893), avec sa

Théologie der Vorzeit, 5 vol., is : >3 1860 et sa Phi phie der Voneit, 2 vol., 1860-1863. De même direction que Kleutgen et, comme lui, se reliant à la scolastique tant post-tridentine (de Lugo, Suarez, Cano, Petau) que médiévale (saint Thomas) est Constantin von Sehœzler († 1880), dont le P.Esser a édité Vlnlroductio in S. theologiam dogmaticam ad mentem D. Thomæ Aq., Ratisbonne, 1882.

Le pontificat de Pie IX fut orienté, contre le rationalisme et le naturalisme, dans le sens d’une affirmation : 1. de l’ordre surnaturel et, pour ce qui est de la pensée, des choses de la foi ; 2. des rapports de subordination et d’harmonie entre la raison et la foi, l’intelligence humaine et le magistère divin. Ces affirmations, promulguées au concile du Vatican, devaient assurer à la théologie un statut conforme à sa vraie nature et à ce qu’elle avait été dans la tradition catholique. C’est dans cette perspective que se placent Franzelin († 1885), collaborateur direct du concile du Vatican ; M.-J. Scheeben († 1888) ; en France J.-B. Aubry († 1882) qui suit Franzelin ; J. Didiot († 1903) ; C. Labeyrie, qui suit Scheeben et Didiot, etc. Tous ces auteurs s’appliquent à reprendre la grande tradition théologique, à retrouver, enrichie des exigences et des apports modernes, une synthèse du type et de l’inspiration de la synthèse patristique et médiévale : un état de choses où la raison ne soit pas séparée de la foi, mais organiquement reliée à elle, où les différentes parties de la théologie se regroupent et s’articulent dans une unité vivante. Chez ces auteurs, comme pour le concile du Vatican, l’intelligence de ce qu’est la théologie est cherchée du côté de la foi, laquelle fait face au révélé, à la Parole de Dieu.

Ceci est particulièrement vrai de M.-J. Scheeben. C’est dans une vue très riche et très lucide de la surnaturalité de la foi que cet auteur a puisé sa notion de la théologie. Sa notion de la foi elle-même est intégrée à sa théologie de la surnature, du nouvel être que la grâce donne aux enfants de Dieu : c’est bien la ligne traditionnelle du Fides quærens intellectum. La théologie est une connaissance qui procède de ce don de lumière, de ce regard nouveau ouvert sur le monde des objets surnaturels, que constitue la foi. Son ordre propre est celui de la foi. Aussi n’est-elle « que la connaissance développée de la foi y. Dogmatique, n. 957. Son premier rôle est d’amener la foi, en l’exprimant et en l’expliquant dans l’intelligence de l’homme, à un état plus ferme, plus lumineux, plus intime et plus personnel. Ibid., n. 852, 907, 910 ; Mysterien des Cliristentums, § 107, n. 3. La première activité de la théologie et le premier stade de son développement, c’est l’approfondissement de la foi par l’intelligence que nous en prenons ; tout le développement ultérieur de la théologie en une science de la foi dépend de ce premier intellectus, toute l’intelligibilité de la science théologique lui vient de l’intelligence du révélé. Mysterien, § 105, n. 3. La science de la foi se constitue principalement par un effort pour découvrir et organiser en un corps doctrinal les connexions que les mystères révélés ont entre eux et avec les vérités du monde naturel. Scheeben insiste beaucoup sur ce point, par quoi la théologie lui paraît mériter le nom de science ; cf. Mysterien. § 104, n. 1 ; § 105, n. 3 ; Dogmatique. n. 877 sq., 945, etc.

Cette recherche des connexions et cette pénétration dans la logique interne des mystères est une œuvre de la raison cherchant cur rcs sil vel esse debeai : possibilité interne et externe du mystère, pourquoi de sa réalisation ; cf. Mysterien, § 106. Dans ce travail, la raison assume et met en œuvre les connaissances naturelles et les analogies empruntées à notre monde. Si Scheeben n’exclut pas, d’ailleurs, toute possibilité.le conclusion théologique au sens moderne du mot, il ne fait pas, de la déduction de conclusions, l’objet principal et propre du travail théologique ; il voit cet