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natures qui lui fait comprendre quelque chose aux mystères de Dieu, mais bien plutôt l’Écriture inspirée qui lui révèle la vraie valeur symbolique des créatures à l’égard de Dieu. In Hexæmcron, coll. xiii, n. 12, t. v, p. 390 ; Brevil., part. II, c.xii, t. v, p. 230. Seulement, la théologie doit lire le livre de la création, pour en réaliser la finalité, pour tout ramener à Dieu de ce qu’il a répandu de lumière jusqu’aux extrêmes franges du vêtement de la création : Sic Scriptura sacra, per Spiritum Sanctum data, assumit librumcreatura ?, referendo in finem. Brevil., proœm., § 4, t. v, p. 206.

Comme pour saint Thomas, on pourrait retrouver la notion de théologie de saint Bonaventure dans ses disciples : Matthieu d’Aquasparta, Jean Pecham, Roger Mars ton ; ultérieurement, sans qu’il soit disciple immédiat et en lui reconnaissant son originalité propre, dans Raymond Lulle. Matthieu d’Aquasparta suit saint Bonaventure de très près et, au delà de lui, saint Augustin, saint Anselme, les Viclorins. Si Matthieu représente, de saint Bonaventure, le côté le. plus positif, Pecham représente surtout le côté de réaction augustiniste contre le naturalisme philosophique de saint Thomas et de ses disciples dominicains. C’est lui qui, en 1280, inculpait Richard Clapwell d’hérésie pour différentes thèses dont la onzième (au moins dans la rédaction primitive, le texte définitif n’ayant que huit thèses) est : Se non teneri in his quæ sunt fidei, alicujus auctoritale, Auguslini vel Gregorii seu papæ, mit cuiuscumque mayistri, excepta auctoritate canonis Biblite vel necessaria ratione, subjicere sensum suum. Revue thomiste, 1927, p. 279.

M.-O. Blerbaum, 7.ur Methodik der Théologie des hl. Bonavenlura, dans Der Kalholik, iv « sér., t. xl, 1009, p, 31-52 ; Ii. Longpré, La théologie mystique de S. Bonaventure, dans Arcli. francise. hlsl., t. xiv, 1921, p. 36-108 ; B. Trimolé, Dcutttng und Bedenlung der Schrifl « De reductione artium ad theologiwn des ht. Bonavenlura, dans Franzisk. Studien, t. VIII, 1921, p. 172-18 !) ; autre étude du même auteur et de même titre dans Fûnfle Lektorenkon/erenz d. deulschen Franziskaner f. Philos, u. Theol., Sigmaringen-Gorhcim, 1930, p. 98-121 ; II. Guardini, Dos argumentum ex pietate beim hl. Bonavenlura und Anselmus Dczenz beweis, dans Théologie und Glaube, t. xiv, 1022, p. 156-165 ; B. Rosenmôllcr, Heligiôse Erkenntnls nach Bonavenlura, dans Beilrdge…, t. w. 3-4, Munster, r.12."> ; É. Gilson, La philosophie de s. Bonaventure, Paris, 1921 ;.J.-M. Bissen, L’exemplarlsme divin selon S. Bonaventure, Paris, 1929 ;.l.-l’ï. Bonne/oy, Le Suint Espritetscs dons selon S. Bonaventure, Paris, 1929 ;

D. Seruph. s. Bonaventuræ Prolegomena ad Bacram theologiam, ex operibus ejus collecta, éd. Th. Soiron, Bonn, 1932 ; Th. Soiron, l’om Gcisle der Théologie Bonaoenturas, dans Wlssmsehalt und Wetsheit, 1. 1, 1931, p. 28-38 ; < ;. Sohngen, Bonavenlura als Klassikcr der analogia fidei, Ibld., t. ii, 1935, |>. 97-111 ; Th. Soiron, lleilige Théologie. Grundsdlzliche Darlegungen, Katisbonne, 1935 ; F. Tinivelln, £)e impnsgibili sapientim adeptione in phllosophia pagana juxta CoUailoneë m llexæmeron S. Bonavenlura, dans Antonianum, t. xi, 1930. p. 27-50, 135-186, 277-318 ; P. Lansberg, Li philosophie d’une expérience mystique. L’Binerarinm, dans La Vie sptril., mai 1937, suppl., p. 71-8Ô ; E. Sauer, In-rtllglôse Wertung der Welt in Bonaoenturas Binerarium

mentit ad Deum, Weri-in-W., 1937 ; E. Longpré, art. Bonavenlorr dans le Dicl. de spiritualité, t. I, Paris, 1937, col. 1768 sq.

Poui les de saint Bonaventure, cf. Matthml ab

Aquasparta Quæsllonet disputâtes seleeler, t. i, {). de fid » et

togitilione, Uuuracchl, 1903 ; M. Grabmann, Die phlloso-’und theologische Erkenntnislehre des Knrdinals

Matthieu » oh Aquusparta. Un Beilrag zur Geschlchlt des

n Augustinlsmui und ArUtotellsmui un

inittelaltcrlichen Denken, Vienne, 1900 ; 1 r. Hogeri Mars ton

Qumtttones dispututie, éd. Quaracchi, 1932 ; Pr, Pelster,

i Mamlon, (). I. t., eln engllschtr Vertrtler des Augus tlnlsmus, « luis Scholiatik, t. iii, 1928, p, 526-556 ; Pr. Ehrie,

John i’echiun ttber den Kiunpf des Augusltnlsmus und du

.tri ( leliimut in der ; a><ilin Utlifle des I. ?. JahrhundcrU,

eh. I. A-.li/VI. Theol., t. Mil, 1889, p. 172 sq. ;

A. Calhli.iut, Jean l’echam, O. 1. M., il l’guguâtlillsme,

Aperçus historiques (1263-1285), dans Archiv. francise, hist., t. xviii, 1925, p. 441-472 ; T. Carreras-Artau, Fondanicnts metaftsics de la Filosofta lulliana, dans Miscellània Lulliana, Barcelone, 1935, p. 446-466 ; M. Flori, Las relacioncs entre la L’ilosofta y la teologta y conceplo de Filosofta cristiana en el « Arle magna >del B. R. Lullo, dans Razôn y Fe, t. evi, 1934, p. 289-296, 450-468 ; t. cvii, 1935, p. 171-177.

III. POSITIONS ET DÉBATS D’ÉCOLE. —

Il serait vain de consacrer à la méthodologie théologique de chaque théologien du xiiie siècle et du début du xiv c, une sorte de monographie, si brève soit-elle. Aussi, avant d’aborder le monde en partie nouveau inauguré par Scot et les nominalistes, voulons-nous grouper ici quelques renseignements sur les points les plus disputés de la notion de théologie. Nous suivrons l’ordre des quatre causes, comme les scolastiques eux-mêmes aimaient à le faire.

La cause efficiente, qui est le Saint-Esprit lorsqu’il s’agit de l’Écriture, et, pour chaque ouvrage, celui qui l’a écrit, ne pose pas de question particulière, ainsi que le remarquent eux-mêmes Hervé Nédellec et Alphonse Vargas.

La cause formelle et le mode propre, c’est-à-dire le statut interne de la théologie, de quoi dépend sa spécification. Le débat, au xiiie siècle, s’institue sur cette question : la théologie est-elle une science ? Saint Thomas peut donner à cette question une réponse allirmative. Non qu’il soit pour cela nécessaire que la théologie démontre, à partir de la foi, des conclusions objectivement nouvelles, mais en ce sens qu’elle s’applique à une construction, de mode rationnel et scientifique, de tout ce qui tombe sous la lumière de la Révélation (revelabile). Ainsi la théologie vérifiet-elle la qualité d’un habitus scientifique acquis, étant bien entendu qu’elle rentre dans la catégorie, prévue et définie par Aristote, des sciences suballernées.

Maints débats eurent lieu sur la question de savoir si la théologie était vraiment une science au sens aristotélicien. Non, disaient un grand nombre, puisqu’elle n’apporte aucune évidence. À quoi les paitisans de la théologie-science répondaient : la théologie n’apporte aucune évidence sur les mystères dont elle parle, mais, la foi étant supposée, elle apporte l’évidence formelle du rattachement de ses conclusions à leurs principes : Non est scienlia consequentium, sed est scientia consequentiarum. Cette distinction a rencontré de fortes objections de (iodefroid de Fontaines, Quodl., IX, q. xx, éd. J. Hofîmans, Couvain. 1928, p. 282 sq. ; Gérard de Sienne, Thomas de Strasbourg. François de Mayronis, Alphonse Vargas, etc. Cf. E. Krebs, Théologie und Wissenschaft., ., Munster, 1912, p. 32* sq. ; J. KUrzinger, Alfonsus Vargas Toletanus…, Munster, .. ici sq.

De telles discussions n’étaient pas sans attirer l’attention sur les conclusions théologiques. De fait, chez lis auteurs du début du xie siècle, la notion ei l’expression de conclusion théologique prennent un relief qui est nouveau : on les rcncontie dés lors fréquemment : ainsi chez Jacques de l hérines, Quodl, , I. q. wii, Jean de Basoliis, disciple immédiat (et indépendant ) de Scot, Pierre Auriol, Hervé Nédellec, enfin Alphonse Vargas († 1366) ; cf. E. Krebs, op. cit., p. 29*-30* (Jean de Basoliis), p. 31* (Auriol). p ! 30* et 47* (Hervé) ; Kiirzingcr. op. cit., p. 130 et 139 (Vargas), p. ici (Jean de Basoliis), etc.

Au total, la plupart des maîtres donnent à la théologie le titre de science, mais entendent par là des chocs assez diverses, l’eu lui dénient purement et simplement la qualité de seienec : ce sera le cas il’|phonse Vargas, augustlnlen assez Influencé, semhlet il. par Durand de Saint Pourçain. I B majorité tient que la théo.’i I clence, oit en un.soit en un lem propre mais d’une manière Imparfaite,