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THÉOLOGIE. D’ALCUIN AU XI le SIECLE


viction, une institution : Cum autan in sacris paginis schemata, Iropi et cætera his similia inserla inveniantur, nulli dubium est quod ea unusquisqiie legens tanto citius spiritualiter intelligit, quanta prias in litterarum magisterio plenius instructus fuerit. Capitulaire « De litteris colendis, dans Mon. Gcrm. hist., Leges, Capilularia, t. i, p. 79. Comparer Bède, De schematis et tropis Sacra-Scripturse liber, P. L.A. xc, col. 175 ; Comm. in Pentateuchum, Px., viii, P. L., t. xci, col. 302 ; //i Samuelem prophetam allegorica expos., i, 4 et iv, 9 : col. 510 et 700 ; Raban Maur, De cler. instit., 1. III. v. xvii, P. L., t. < : vii. col. 395-396, qui a aussi un c. xx, de dialectlca, col. 397-398, où la dialectique est abondamment vantée, mais d’un point de vue plutôt défensif et apologétique.

Comme l’ont vigoureusement souligné les PP, Paré, Brunet et Tremblay dans leur Renaissance du XIIe siècle, toute œuvre de la pensée est liée à un « milieu » : milieu économique, politique, institutionnel, culturel, lequel n’est pas seulement un « cadre », mais vraiment une condition de naissance et de développement. Or, d’une part, le lieu de l’enseignement théologique ce sont alors les écoles attachées aux abbayes et aux évêchés : milieu de tradition plus que de progrès et d’initiative. Tant que l’enseignement théologique reste dispersé et sous le contrôle immédiat des évêques ou des abbés, le développement d’une science théologique proprement dite était pratiquement impossible. De plus, le personnel enseignant était composé d’hommes d’Église agissant comme tels, plutôt que de savants, fussent-ils clercs, agissant comme savants. La science théologique, pour se développer, supposera un certain processus de détachement des écoles vis-à vis de la hiérarchie, de centralisation urbaine et de constitution d’un personnel de savants. Au total, la théologie de l’époque carolingienne est d’allure traditionaliste ; les ouvres y ont un caractère de reproduction et <le compilation : c’est l’époque des < : uten ; v, des Sententise, des Flores, des Excerpta, etc. La théologie consiste en une étude de l’Écriture à tendance morale et allégorisante, pour laquelle on emploie, d’une part, des extraits des Pères, d’autre part, les ressources des arts libéraux, mais particulièrement de la grammaire.

On s’accorde à dire que le seul penseur vraiment original par le contenu de sa doctrine y fut Jean Scot ène (t vers 870) ; mais, au point de vue méthodologique, il n’apporte rien de bien particulier. Il assigne comme tâche a la philosophie, confondue avec la religion, d’interpréter les symboles sous lesquels, dans l’Écriture principalement, dans la nature ensuite, nous est li rée une révélation sur Dieu : concept ion où se conjuguent une tradition augustinienne et l’influence de Denys et de Maxime le Confesseur, en une vue de I heu et du monde uni liée par la notion d’exernplarisme ou de symbolisme. Voir ici, t. v, col. 422 sq., ’M, Gilson, Études de philos, médiévale, Strasbourg, 1921, p. lit : M. Cappuyns, Jean Scot Érigène. Sa ne. son œuvre, ses écrits, Louvain, 1933.

2° Dialecticiens et antidialecticiens. La il

tique, revendiquée mais peu mise en œuvre a la renais lance carolingienne, gagne lentement du terrain. Le r sic. |, . ; hi poinl de vue de sa nolion de la théoli est sous le signe de la lutte entre dialecticiens et -mil dialci lii h lis. Il s.- produit alors une poussée « lu besoin de raisonner. Les partisans de la dialectique Veulent appliquer telle quelle aux choses chréliennes une nia nicre abstraite ci raide île raisonner ; ils arrivent a des i ne application intempérante de la

méthode dialectique au dogme cm haristlque aboutit, de i om, . a une pensée que l’on a pu croire hén itrice de la transsubstantiation,

met l’évidence par dessus tout, par dessus

l’autorité, même en matière de théologie : Ratione agere in perceptione veritalis incomparabiliter superius esse, quia in evidenti res est. …nullus negaverit ; aussi veut-il per omnia ad dialecticam confugere, quia confugere ad eam ad rationem est confugere. De sacra cœna, p. 100 et 101. Dès lors, le débat qui s’élève est celui que rencontre fatalement toute théologie qui veut vraiment être une théologie, et non une pure transcription de la foi. débat que nous verrons désormais se développer : les choses chrétiennes peuvent-elles être comprises par une application des catégories de la raison ? Si non, quel statut donnera-t-on à cette raison, qui est une création de Dieu et qui est l’honneur de l’homme, puisque, comme le dit encore Bérenger, secundum rationem sic factus ad imaginem Dci, ibid., p. 101 ; si oui, n’est-ce pas faire des réalités chrétiennes un cas île lois plus générales que la raison peut atteindre, et alors, où est le mystère, où est le caractère suprême, unique et souverain des réalités chrétiennes ?

Tel est bien, alors, l’enjeu de la bataille entre dialecticiens et antidialecticiens. Parmi ces derniers, les uns prennent une. attitude extrême. Ils soulignent très fortement, avec saint Pierre. Damien, De divina omnipotentia, c. v, P. L., t. cxlv, col. 603, que la raison n’a pas de jus magisterii en christianisme et qu’elle doit s’y comporter, selon sa condition, en pure servante. Ils considèrent comme sacrilège tout empiétement de la dialectique sur le texte sacré. Ils affirment très haut la transcendance, le caractère de vérité unique de la foi chrétienne, qui nous a été donnée non pour que nous en fassions une science, mais pour que nous en vivions, dans la pénitence et l’oubli du monde. (.’est la solution ascético-monastique que nous retrouverons bientôt chez un saint Bernard et plus tard chez Pascal. C’est une altitude imprescriptiblemenl chrétienne. Mais une autre attitude est encore possible : c’est celle, que l’Église favorisera plus tard si fort, d’un juste milieu, qui lient toutes les données, hiérarchisées. C’est celle que prit un homme connue Lan franc, l’adversaire de Bérenger et le fondateur de cette abbaye du Bec où fleurira bientôt la haute pensée de saiul Anselme. I.anl’rauc est un « Converti », en ce sens qu’ayant été naguère adonné à la dialectique, il est maintenant tout livré à l’étude des Écritures. Mais c’est un homme modéré, il veut y regarder de près et, comme saint Paul, (oui en rejetant l’abus de la dialectique, en conserver l’usage légitime. In I Cor., 1. P. 7… t. CL, col. 157 ; In Col.. 2. P. L., col. 323. L’usage de la dialectique serait pervers s’il aboutissait à énerver ou à dominer le donné chrétien, à vider le mystère de la foi. Cf. De corp. et sang, Domini, c. vii, P. I… col. 117 ; c. xvii, col. 427.

3° Saint Anselme. C’est une position semblable que prend, dansce débat, saint Anselme de Cantorbéry. Avec Anselme, nous entrons dans une conception de la théologie d’une lies haute qualité. Anselme réuni) le COUranl monastique auguslinicu, favorable à la suffisance de la foi. et le courant de pensée spéculalix e, avili chez les dialecticiens extrêmes. Nullus christianus débet dispulare quomodo quod catholica Ecclesia corde crédit et ore con/iletur verum sil. sed simpliciler eamdem (idem indubitanter tenendo, amando et secundum illam vivendo humiliter quantum potest quærere rationem quomodo sit. si potest intelligere, Dru gratias agat ; si non potest, non imitai cornua ail venlilandum. sed submiltat caput ad venerandum. De jute Trinit. et de tncarn. Verbt, c ii, P. L.. I. ci iii, col. 263..Von lento. Domine, penetrare altitudinem tuam… Sed desidero aliquatenus intelligere reniaient tuam, quam crédit et amat car meiim. Neque entm quæro intelligere, ut credam ; sed credo, ni intelligam… Ergo Domine qui dus fldei miel lectum, ’in mihi ni. quantum SCil crin dire, intelligam quia es sicui credimus, et hoc et quod credimus ; ainsi