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THÉOGNOSTE THÉOLEPTE


xai Trepl Upcoa>iv7)< ;, dédié « aux très saints Pères Lazare et Barlaam ». Le c. xxvi est une interpolation empruntée à la Centurie de Jean de Carpathos aux moines de l’Inde (P. G., t. lxxxv, col. 1842-1843, n. 23 de la traduction de Pontanus, ibid., col. 795 C796 A). Les cinq dernières lettres de l’acrostiche manquent. L’âge du plus ancien et seul manuscrit complet, fin xiv 1 siècle (Luvra, M, 54, fol. 855-869), celui des extraits, tous postérieurs au xiv c siècle, l’inspiration mêlée de la doctrine nous portent à dater le factura du xive siècle. La critique interne révèle d’assez nombreux emprunts allant au moins jusqu’à saint Jean Damascène. L’opuscule est formé de considérations peu liées sur les vies active et contemplative et sur le sacerdoce (13-21, 49-GO, 70-74). Le vocabulaire est assez recherché. Le style l’est beaucoup moins. A noter, parmi les traits les plus suggestifs de l’ouvrage, la place donnée à la Ttvvjpocpopîa, sentiment vif de la grâce et de la prédestination bienheureuse, l’importance du facteur sacramentel dans la vie spirituelle, la modération relative des principes concernant l’apathie et la contemplation. La pièce n’est pas indigne d’être rendue plus accessible.

Le texte de l’acrostiche dans la $(XoxaXca tûv Up^v vn7mx’5v, Venise, 1782, p. 499-511 ; Athènes, 1893, t. i, p. 355-365. Il faisait partie du t. clxii de la P. G. Pour plus de détails, cf. J. Gouillard, L’acrostiche spirituel de Théognoste (XI 7’siècle), dans Échos d’Orient, t. xxxix, 1940.

J. Gouillard.

    1. THÉOLEPTE##


THÉOLEPTE, métropolite de Philadelphie, auteur spirituel byzantin (vers 1250-1321/1326). — Né à Nicée autour de l’année 1250, il était diacre récemment marié quand fut conclue l’union des Églises à Lyon (1274). Il quitta sa femme pour aller se joindre à des moines en un lieu retiré que certains identifient avec le Mont-Athos (Athonskij Paterik, IIe partie, 6e édit., Moscou, 1890, p. 109 : un passage de Philothée Kokkinos, Éloge de Grégoire Palamas, P. G., t. cli, col. 561 A, admet une interprétation de ce genre). Il y trouva un mystique éminent pour lui enseigner les secrets de la praxis, de la Iheoria et de la nèpsis ; cf. Choumnos, Éloge funèbre de Théolepte, p. 201203. Il s’agit d’un certain moine Nicéphore qui nous a laissé un opuscule Sur la nèpsis et la garde du cœur (Philocalie de Nicodème l’hagiorite, Venise, 1782, p. 869 ; Athènes, 1893, t. ii, p. 236-241) et a joué un rôle intéressant dans la renaissance hésychaste des xme -xive siècles ; cf. le texte important de Gr. Palamas publié par D. Staniloæ Anuarul Academiei teologice « Andreiane » din Sibiu, 1932-1933, p. 8-10 et Viata si îni’âlatura sf. Gr. Palama, Sibiu, 1938, p. 54-57, résumé dans M. Jugie, Note sur le moine hésychaste Nicéphore, dans Échos d’Orient, t. xxxv, 1936, p. 409.

Vigoureux ascète, Théolepte fut aussi, entre beaucoup de congénères, un des adversaires les plus décidés de la politique unioniste de Michel VIII. Cité pour ce motif devant l’empereur, il se défendit si bien qu’on l’emprisonna après l’avoir copieusement battu. Libéré peu après, il transporta sa solitude près de sa ville natale, écarta définitivement et non sans peine sa jeune femme et toucha enfui, à la faveur des revirements politiques, la récompense des services qu’il avait rendus à l’orthodoxie. En 1285, en effet, il signe au second synode des Blachernes comme « archevêque de la métropole de Philadelphie ». Lin court traité contre les partisans non ralliés de Veccos, qu’il écrivit vers cette époque, Ilepl toû cpsùyei-v toùç àicocrxiÇouivouç tûv ôpÔoSôÇcov, nous est un bon garant de son zèle. Désormais le crédit dont il jouit et l’ardeur de son tempérament vont le mêler à toutes les affaires. Après l’avoir signé avec tant d’autres, il s’inscrira contre le Tome de Grégoire II, patriarche de Gonstantinople ;

voir ici Grégoire de Chypre. Il tiendra bonne place (oTXTCxvTa xuxôJv <-)eôXr, —oç, Pachymère, Andronicos Palaiologos, ii, 10) dans la coalition qui réclama sa démission. Il se retournera ensuite contre l’un de ses partenaires dans cette lutte, Jean Cheilas d’Éphèse. Ibid.. iv, 10. lue autre fois, son attitude conciliante dans une question de protocole entre le basileus et le sultan d’Egypte le mit violemment aux prises avec l’évêque de Dyrrachium. Ibid.. iii, 23. Mais, où il fut le moins heureux, ce fut en prêtant la main à une insurrection militaire contre le commandant des forces d’Asie Mineure, Jean Tarchaniote (1297) : il eut le dessous. Il dut cependant se remettre assez vite du coup porté à sa réputation. En 1303, à en croire son panégyriste, cf. Choumnos, op. cit., p. 230-233, son prestige aurait suffi à faire lever le siège que les Turcs mettaient devant Philadelphie. Grégoras, lui, a soin de doubler l’ascendant de l’évêque de l’autorité de l’épée catalane. Byzant.hist.. VII, H, 3, P. G., t. cxlviii, col. 380-381. Andronic II utilisera plus d’une fois encore ses services : en 1321, on le voit successivement figurer au tribunal chargé de juger Andronic III, cf. Cantacuzène, Hist., i, xiv, P. G., t. cliii, col. 129 C, et être dépêché en ambassadeur auprès de celui-ci à Andrinople. Grégoras, op. cit., VIII, vi, 8, P. G., t. cxlviii, col. 500 B ; Cantacuzène, Hist., i, xix, t. cliii, col. 161 AB. À partir de cette date, nous perdons sa trace. Son panégyriste, N. Choumnos, étant mort le 18 janvier 1327, on est fondé à croire que Théolepte est décédé avant la fin de 1326.

Les historiens s’accordent à souligner le crédit et l’activité du métropolite. Ses relations avec des personnages importants de la société contemporaine, Théodore Métocbitès, Nicéphore Choumnos, N. Grégoras, Michel Gabras, Grégoire Akyndinos, confirment leur témoignage. Choumnos assure que Théolepte était gratifié du charisme de l’enseignement. Op. cit., p. 219 sq. Ses œuvres valent l’examen. On a déjà nommé l’opuscule inédit Contre les schismatiques, Ottob. gr. 418, xv-xvie s., fol. 80-89. Des hymnes par lui composées, nous connaissons un « canon de componction » en neuf odes sur le jugement dernier, texte latin seul dans P. G., t. cxliii, col. 403-406 d’après la Biblioth. PP. Lugd., t. xxii, un canon sur N.-S. J.-C, Athon. 4658, fol. 7, une poésie alphabétique, Padov. Univ. 1722, fol. 78-86, un idiomèle sur Dieu, Ambr. 44, fol. 317.

Mais Théolepte est surtout pasteur et directeur. Il entretint jusqu’à sa mort des rapports suivis avec le monastère du « Sauveur Philanthrope », à Constantinople. Il dirigeait sa supérieure, Irène Choumnos, devenue sœur Eulogie, et au moins certaines de ses religieuses. Il eut souvent l’occasion de s’adresser à elles dans des lettres, des homélies, de petits traités ; sur ces rapports, se reporter à V. Laurent, Une princesse byzantine au cloître, Irène-Eulogie Choumnos Paléologine dans Échos d’Orient, t. xxix, 1930, p. 29 sq. L’Otlob. gr. 405, xiV s., est sans doute le manuscrit le plus ancien (il a pu appartenir à Eulogie ) qui nous ait gardé la somme de cette activité. Il forme la partie essentielle de l’æuvre du métropolite. En attendant la publication de ces pièces nous en donnons les titres, sur la foi de la table liminaire de VOltob. 405. On pourra utilement confronter celui-ci avec le ms. 131 (alias 126, 184), du xive siècle aussi, de la bibliothèque patriarcale d’Alexandrie, d’ordre un peu différent mais de contenu identique, décrit dans’ExxA-rço-iatmxôç <Mpoç, t. xxvii, 1930, p. 354 sq., 416.

1. Lettre à Irène-Eulogie.

2. Traité sur l’activité cachée dans le Christ et la fin de la vocation monastique. Il est également adressé a Irène. Il a été édité en grande partie par Nicodème l’Hagiorite,