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THÉODOSE D’ALEXANDRIE — THÉODOTE D’ANCYRE


s’enfuir. Pourtant le basileus n’osa pas encore se débarrasser de Théodose et imposer à Alexandrie un titulaire chalcédonien. C’est seulement quand il se fui persuadé que Théodose manquait d’appui dans sa ville épiscopale, où les gaïanites lui menaient la vie dure, que Justinien se décida à l’appeler à Constantinople (lin 536). Le patriarche ne devait plus en revenir. Il fut d’abord traité avec beaucoup d’égards, car le basileus espérait bien le convertir au chalcédonisme. À la fin de 537 il fut envoyé en résidence forcée à Derkos ; mais l’influence de Théodora ne tarda pas à le faire rentrer dans la capitale. Il devait y vivre près de trente ans encore, dans une captivité très dorée et très douce, entouré d’un nombreux clergé égyptien et jouant un peu, sous l’égide de Théodora, le rôle de pape de tous les monophysites. Il s’occupait de travaux théologiques, réfutant inlassablement les hérétiques qui pullulaient dans l’Eglise monophysite : agnoïtes, trithéisles, condobaudites ; organisant des missions en pays païens, pour les Arabes de la frontière syrienne, pour les noirs de la Nubie, auxquels il envoya vers 543 le prêtre Julien et, très peu avant sa mort, un évoque nommé Longin. Il n’oubliait pas les intérêts de son Église. Ce fut lui qui, en sacrant et en expédiant en Syrie le fameux Jacques Raradée, contribua le plus efficacement à la résurrection de l’Église monophysite en Syrie et en Egypte. Ce fut lui aussi qui sacra, pour être patriarche (monophysite) d’Antioche, Paul l’Alexandrin (Paul de Beith Oukamé), son propre syncelle, qui d’ailleurs demeura à Constantinople.

Pendant ce temps l’autorité byzantine essayait d’installer à Alexandrie une hiérarchie chalcédonienne (melkite) ; ses choix furent, d’ailleurs, assez malheureux : Paul le Tabénnésiote (537-539), déposé au concile de Gaza que présidait l’apocrisiaire Pelage, Zoïle (539-551), déposé à cause de sa résistance à Justinien dans l’affaire des Trois-Chapitres, Apollinaire (551570), qui laissa la réputation d’un prélat autoritaire et cruel. C’est ce dernier qui reçut et célébra par de grandes festivités la nouvelle de la mort de Théodose, arrivée à Constantinople le 22 juin 566.

La production littéraire de Théodose d’Alexandrie fut certainement considérable ; il avait beaucoup écrit contre les hérétiques signalés plus haut qui bouleversaient son Église, bien moins en faveur de la doctrine monophysite. Il reste : les deux lettres dogmatiques écrites à Sévère d’Antioche et à Anthime et qui constatent l’accord des trois patriarches dans le rejet du chalcédonisme, dans Zacharie, H. E., ix, 24 et 26 ; cf. P. G., t. lxxxvi, col. 277 ; une lettre écrite de Constantinople aux Alexandrins, ibid., col. 279-282 ; quelques fragments d’un Tome adressé à l’impératrice Théodora, cités au concile du Latran de 649 et au VIe concile, dans Mansi, t. x, col. 1121 ; t. xi, col. 273 et 445, affirmation sans ambages de l’unité d’énergie, de volonté, d’intelligence ; une homélie conservée dans une traduction arabe, Paris, Bibl. nat., n. 145, 9° ; cf. P. G., t. cit., col. 282 ; un Éloge de l’archange saint Michel, traduit en copte, édité par Wallis Budge dans Miscellaneous coplic texls, Londres, 1915, p. 321-431 ; 893-947 ; un Panégyrique de saint Jean-Baptiste, en traduction copte dans le ms. Pierpont Morgan, M 583. L’ensemble est de peu d’importance ; la doctrine préconisée par Théodose est le strict monophysisme sévérien, non moins hostile au julianisme qu’à l’orthodoxie chalcédonienne ; mais la personne, de Théodose et plus encore son époque sont intéressantes à étudier. C’est sous son pontificat que l’Église monophysite d’Egypte achève de prendre ses caractères définitifs.

Les sources sont énumérées à l’art. Gaïanites, t. vi, col. 1002 ; l’Histoire des patriarches de Sévère d’Achmou neïn < ; s1 à prendre maintenant d ; i ns P. <)., t. i, p. 155 sq ; ajouter Jean de Nikiou, éd. et trad. Zotenberg, dans Notice » et extraits des mss de la Bibl. nat., t. xxiv, p.."il t. Tous ces renseignements sont mis en œuvre dans.1. Maspéro, Histoire des patriarches d’Alexandrie, Paris, 1023, voir table alphabétique au mot Théodose. Dans P. G., t. lxxxvi, col. 277-280, on trouvera groupés les principaux fragments en provenance du patriarche.

É. A. MANN.

    1. THÉODOTE D’ANCYRE##


THÉODOTE D’ANCYRE, évêque du v> siècle, adversaire de Nestorius. — Après avoir été un ami personnel de Nestorius, Théodote, évêque d’Ancyre en Galatie, se prononça contre lui et fut, en 431, au concile d’Éphèse, un de ses adversaires les plus acharnés : sur cette volte-face, il s’explique lui-même lors de la première session du concile. Mansi, Concil., t. iv, col. 1 181. Il fit partie de la députation des huit évêques que le concile envoya à la cour de Constantinople pour y exposer la situation et y défendre l’orthodoxie. Ibid., col. 1457 sq. Par contre le concile des Antiochiens rassemblés à Tarse en 432 jeta sur lui l’anathème. Synodicon, n. 127 (38) ; cꝟ. 130, 141, 201. Après cela, Théodote rentre dans l’ombre dont l’avait fait momentanément sortir l’affaire de Nestorius et l’on ignore pendant combien de temps il vécut après le concile d’Éphèse. Comme son successeur, Eusèbe d’Ancyre fut, selon son propre témoignage au concile de Chalcédoine, Mansi, Concil., t. vii, col. 452, consacré par Proclus de Constantinople et que celui-ci mourut en 446, il est du moins certain que Théodote acheva sa carrière quelque temps avant cette date.

En 754, le concile iconoclaste de Hiéria prétendit citer le témoignage de Théodote d’Ancyre parmi ceux qui étaient défavorables au culte des images. Le IIe concile de Nicée, en 787, reprit l’examen de la question et contesta ce témoignage qui ne figure dans aucune des œuvres authentiques de Théodote. Il fut ainsi amené à établir une liste de ses œuvres qui comprend :

1. Six livres contre Nestorius, dédiés à Lausus, toùç 7rpoç Aaûaov yp<xtç&jia.ç, (Xôyouç) xaxà NsoTOpîoo èv t6u.oi< ; sÇ, Mansi, Concil., t. xiii, col. 309. Cet ouvrage contre Nestorius a complètement disparu et il n’en subsiste aucun fragment. Gennade de Marseille, De vir. ill., n. 55, parle d’un Liber adversus Nestorium qu’il attribue à Théodote d’Ancyre : ce Liber aurait été composé à Éphèse en 431 et aurait mis en relief les arguments rationnels que l’on peut opposer à Nestorius, réservant pour ses dernières pages les preuves empruntées à la Sainte Écriture. Selon O. Bardenhever, Gesch. der altkirch. Lileratur, t. iv, p. 198, on pourrait douter de l’identité des deux écrits, car il est peu vraisemblable qu’un ouvrage en six livres, par conséquent assez étendu, ail pu être rédigé pendant les semaines agitées au cours desquelles se tint le concile d’Éphèse. On peut cependant remarquer d’une part que le séjour de certains évêques à Éphèse se prolongea avant et après le concile et d’autre part que les informations de Gennade sont loin d’être assurées ; cf. Czapla, Gennadius als Literarhistoriker, Munster, 1898, p. 113 sq. Le personnage à qui est dédié l’ouvrage de Théodote, Lausus, pourrait être le chambellan de la cour de Théodose II, à qui Palladius avait dédié déjà l’Histoire lausiaque.

2. Une explication du symbole de Nicée, ttjv épu, v)veîav tt)v eîç tô oû[i.êoXov tûv Iv Nixaîa àytcov TcaTÉpcav. Celte explication nous est conservée, P. G., t. lxxvii, col. 1313-1348. Elle est dirigée avant tout contre le nestorianisme et démontre que les Pères de Nicée ont déjà combattu renseignement des doux lils en proclamant eva Kûptov’Itjooûv Xpiorov et en parlant de s< s attributs divins et de ses attributs humains, de manière à ne pas mélanger les natures, mais à démontrer l’unité : où xàç çûo-eiç o-uy/sov-reç, àXXà SyjXo’jvteç