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THÉODORET. C H RISTOLOGIE


mettent aussi de penser que la lettre du pseudo-Chrysostome au moine Césaire, P. G., t. iii, col. 755-760, pourrait bien être sortie de la plume de Théodoret. Ajoutons enfin que la lettre clxxx, adressée à Jean d’Antioche sur la mort de Cyrille est un faux évident.

Les lettres de Théodoret présentent le plus vif intérêt à la fois pour l’histoire générale et pour la connaissance plus approfondie du caractère de leur auteur. Plusieurs de ces lettres sont purement privées : elles ne sont pas nécessairement les moins importantes parce qu’elles nous révèlent l’étendue des relations que pouvait avoir, au ve siècle, un évêque d’un diocèse lointain et pauvre avec les personnalités les plus en vue de la cour impériale et qu’elles jettent des clartés nouvelles sur la vie des provinces à cette époque. Mais d’autres ont trait aux grands événements dont Théodoret ne fut pas seulement le témoin, mais l’un des principaux acteurs. Elles nous jettent au plein milieu des luttes christologiques, elles nous montrent avec quelle fidélité Théodoret refusa longtemps de condamner la personne de Nestorius, elles nous font voir avec quelle sincérité il s’efforça ensuite de fléchir son métropolitain, Alexandre de Hiérapolis, en lui montrant l’orthodoxie de la formule d’union et la laideur des schismes ; elles nous permettent surtout d’apprécier le rôle de l’évêque de Cyr contre l’eutychianisme naissant et le courage qu’il déploya, en dépit des persécutions qui s’abattirent sur lui, pour défendre la foi.

Ces lettres n’ont pas encore été étudiées comme elles mériteraient de l’être : la chronologie de plusieurs d’entre elles demeure incertaine ; beaucoup, qui n’existent plus, sinon sous une forme fragmentaire, dans le texte grec, sont conservées dans la traduction latine du Synodicon ; d’autres sont entièrement perdues, mais ont laissé des traces de leur existence. Il y aurait tout un travail « l’établissement des textes, de classement, etc., à entreprendre à leur sujet.

III. Doctrine.

Le seul point vraiment intéressant de la doctrine de Théodoret est sa christologie. Pour le reste, il n’est nul besoin d’insister. L’évêque de Cyr a enseigné sur la Trinité, sur l’Église, sur les sources de la foi ce qu’enseignaient les docteurs catholiques de son temps. Il a beaucoup demandé à l’Écriture Sainte, qu’il possédait à fond et dont il a commenté, en tout ou en parlie, un grand nombre de livres. Nous avons déjà rappelé que son exégèse n’avait rien de très original : elle est celle qu’on peut attendre d’un homme intelligent et instruit, qui s’appuie sur la tradition et qui cherche avant tout à dégager le sens littéral de la Bible. Il a beaucoup demandé aussi aux Pères : il n’est certes pas le créateur de l’argument de tradition, qui a été employé avant lui au i "in, des controverses ariennes et que saint Augustin a repris (outre Pelage. Dès le début de la controverse nestorienne, saint Cyrille d’Alexandrie a utilisé cet argument et s’est plu à citer plusieurs témoignages des Pères ; le concile. d’Éphèse lui-même s’est fait lire un ample florilège. Mais Théodoret a développé le pro cédé : il en a saisi l’Importance et ce n’est pas hasard que chacun des li res de l’Eranisles se termine par une Importante série de citations patristiques. il semble hors de doute que l’évêque de Cyr veut mettre cette preuve en un saisissant relief.

Ie La chritlologie. Naturellement, ce que Théodore demande avant tout aux Pères, ce sont des arguments en laveur de la christologie antiochienne. Comme il est resté, Jusqu’au concile de Chalcédolne, le défenseur persévérant de Nestorius, comme il a dé tendu contre saint Cyrille, même après avoir souscrit l’Acte d’union, dont il avait peut èire été le rédacteur,

les formules île Diodore de Tarse et de Théodore de

Mopsueste, on s’est demandé bien souvent-il n franchi les limites de l’orthodoxie et enseigne. au

moins au début de sa carrière, le « nestorianisme » proprement dit.

Il est difficile de répondre à cette question, d’autant plus que le « nestorianisme » lui-même est assez malaisé à définir dans les circonstances historiques où ont enseigné ses protagonistes. Nous sommes aujourd’hui capables de condamner sans réserve la doctrine qui enseigne deux personnes en Jésus-Christ. Le mot personne a maintenant un sens précis sur lequel il est impossible de se tromper ; mais il n’en était pas ainsi au v c siècle et, pour juger de l’orthodoxie d’un auteur, il faut tenir compte non seulement des formules qu’il emploie, mais du contexte qui les entoure et des circonstances où il les écrit.

Selon Théodoret, avant l’incarnation, il n’y a pas deux natures en Jésus-Christ ; il n’y en a qu’une seule, car la nature humaine a été unie aussitôt que procréée ; l’union s’est accomplie èv-rfj ouXXrj^su Eran., II, P. G., t. lxxxiii, col. 144, 137, 140, 324. Mais, après l’incarnation, le Christ possède deux natures ; il faut distinguer en lui tj Aa60ûaoc et tj X^cpOsïaoc (pùaiç. 1 bid., col. 109.

Est-ce à dire que la nature assumée soit un homme parfait ? Dans Y Expositio rectæ confessionis, qui est, semble-t-il, le premier essai de synthèse théologique tenté par Théodoret, on trouve cette expression : « Le Verbe, ayant fait choix d’une vierge de la race de David pour réaliser l’incarnation, a pénétré dans son sein, tel un sperme divin, et s’est façonné à lui-même un temple, l’homme parfait, en prenant une partie de la nature (de cette vierge) et en lui donnant la forme du temple. » Expos, rectæ confes., 10, P. G., t. vi, col. 1224. Dans le De incarnatione Domini, il revient souvent sur la même idée. Quand le Créateur, prenant en pitié sa créature, s’en vint à son secours, il ne voulut pas le faire dans le déploiement éclatant de sa toute-puissance, mais d’une manière humble et douce. C’est pourquoi, « dissimulant la magnificence de la divinité sous l’humilité de l’humanité, il prépare l’homme visible à la lutte et, après sa victoire, il le couronne. » C. xi, P. G., t. lxxv, col. I 133 C. Et ailleurs : « Il est évident, je pense, pour tous les gens sensés, que le Dieu Verbe n’a pas assumé (un homme) dépourvu d’âme ou d’esprit, mais un homme parfait. » C. XVIII, col. 1452 B. Et ailleurs : « Le nom de Christ ne désigne pas seulement l’assumé, mais encore le Verbe assumant avec l’assumé : ce vocable est en effet significatif de Dieu et de l’homme. » C. xxx, col. 1172 A.

.Même langage dans la réfutation des douze anal liémat ismes : i Si, dans l’homme qui est un, nous distinguons les natures et appelons celle qui est mortelle corps et celle qui est immortelle âme, à bien plus forte raison, si nous sommes logiques, reconnaîtrons nous les propriétés des natures du Dieu qui a assumé el de l’homme qui a été assumé. » P. G., t. LXXVI, col. 104. Et encore dans le Pentalogos, composé contre saint Cyrille et le concile d’Éphèse : cet ouvrage est perdu, en dehors de quelques citations traduites en latin par ir compilateur de la Collectif} Palatina : voici l’une de ces citations : Emmanuhel autem ri ejus qui sumpsit cl rjus qui adaumptus est naturas insinuai. Nobiscum enlm Drus inlrrprrlutur, hoc est in noslm nuluni Drus. in hominc Drus. Drus in Irmpl » hunuinn ; TWbtsCUtn

Drus propter unltatem rjus quem ex nobis accepit,

I’. 0., t. i, vol. v, p. 166

Parfois, il arrive ; > Théodore ! de distinguer Dieu el l’homme dans le christ comme s’ils constituaient deux

personnes : STEpoç fit '<> xaTOUcfjaaç y.rrr tov’L'>’, V

->, c "/inzotç, , KM i-zp’/C > vioç. Dr me. e. XVIII,

col. 1452. Ce n’est pas le Dieu-Verbe qui a été con

duil au désert pour v être lente, c’est le temple pris pai le Dieu Verbe, de la semence de David. - //>/<L. c. xiii. COl. 1437 D.