Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/165

Cette page n’a pas encore été corrigée

3 1 5

    1. THÉODQRET##


THÉODQRET. SERMONS ET LETTRES

3 1 6

ment le travail de documentation et de composition qui a donné naissance à l’Histoire ecclésiastique : l’ouvrage se ressent de la rapidité avec laquelle il a été préparé et écrit. D’autre part, il ne semble pas que l'évêque de Cyr ait eu réellement les qualités de l’historien : il lui manque la claire vue des grands événements et le sens des idées générales, sans lesquels il ne saurait y avoir de véritable histoire. Au surplus, il ne dissimule guère son dessein apologétique : ce qu’il raconte, c’est la lutte et c’est le triomphe de l'Église en face de l’arianisme. Il n’a plus rien à dire lorsque le catholicisme a définitivement triomphé des ariens et des hérétiques qui se rattachent plus ou moins à eux, les apollinaristes et les macédoniens. Il se plaît aux grands tableaux qui mettent en relief la puissance de l'Église : n’est-ce pas à lui, par exemple, qu’on doit le récit, émouvant certes mais apprêté, de la pénitence de Théodose ?

Socrate et Sozomène, qu’il semble bien avoir utilisés, sont donc supérieurs à Théodoret comme historiens. Mais cela ne veut pas dire que son Histoire ecclésiastique soit sans intérêt et sans valeur. Tout d’abord, Théodoret a eu à sa disposition des sources documentaires très riches, auxquelles il puise abondamment. Il ne copie pas les documents qu’il cite dans les œuvres de ses devanciers. Il a tenu à s’informer lui-même, à voir les recueils de lettres et d’actes conciliaires, à y choisir ce qui lui paraissait essentiel et, grâce à lui, nous connaissons bien des pièces capitales de la controverse arienne. D’autre part, tandis que Socrate avait écrit son Histoire en se plaçant surtout du point de vue de Constant inople, Théodoret rédige la sienne du point de vue d’Antioche. Il connaît bien la métropole de l’Orient et pour tous les détails compliqués de ses évêques au cours du ive siècle, c’est à lui surtout qu’il faut recourir.

3. Hxrelicarum fabularum compendium, Alpex(.xr)ç xaxo[jiuOtai ; ètito(j.t], P. G., t. lxxxiii, col. 335-556. Cette histoire des hérésies, composée après le concile de Chalcédoine et dédiée au comte Sporacius, le commissaire impérial délégué au concile de Chalcédoine, est divisée en cinq livres. Le 1. I er traite des erreurs qui admettent un créateur différent du Sauveur de l’univers et qui enseignent le docétisme : le premier inventeur de ces fables est Simon, le mage de Samarie, et le dernier Manès le Persan. Le 1. II est consacré aux hérétiques qui admettent l’unité de Dieu, mais qui regardent le Sauveur comme un pur homme : Ébion est le premier de ces hérétiques ; les plus récents, Marcel d’Ancyre et Photin. Le 1. III parle de ceux qui se placent entre ces deux extrêmes et qui ont enseigné des doctrines variées. Dans le t. IV, il est question des nouvelles hérésies depuis Arius jusqu'à Eutychès. Enfin, le 1. V oppose à la diversité des hérésies un résumé de la doctrine orthodoxe.

Au lieu de suivre l’ordre chronologique adopté par ses devanciers, Théodoret s’est donc efforcé de renouveler le genre des Contra hæreses en utilisant un ordre logique. On ne saurait dire que sa tentative a été couronnée de succès : si, dans les deux premiers livres, il arrive tant bien que mal à établir un classement, il est obligé, dès le t. III, de rassembler les éléments les plus disparates ; et le 1. IV revient purement et simplement à l’ordre chronologique pour traiter des erreurs récentes.

Au reste, Théodoret ne se pique pas d’originalité : il utilise beaucoup les anciens hérésiologues : Justin et Irénée, Clément d’Alexandrie et Origène, . Eusèbe de Césarée et Eusèbe d’Emèse, Y Adamantius, Tite de Bostra, Diodore de Tarse, Georges de Laodicée, d’autres encore. Il est remarquable que l'œuvre de saint Épiphane lui ait échappé, en dépit de son importance. Pratiquement, les sources les plus volontiers employées sont le 1. I du Contra hæreses de saint Irénée ;

le 1. X des Philosophoumena d’Hippolyte et l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe. C’est seulement dans le 1. IV que l'œuvre de l'évêque de Cyr a une valeur indépendante : pour parler d’Arius et d’Eudoxe de Germanicie, Théodoret peut faire appel à sa propre Histoire ecclésiastique et aux documents qu’il y a utilisés. Les chapitres relatifs à Nestorius et à Eutychès sont plus personnels encore, puisqu’il s’agit de contemporains que l’auteur a connus et contre lesquels il a dû lutter.

Sermons.

Nous ne possédons qu’un très petit

nombre de sermons dus à Théodoret. Il est pourtant certain que l'évêque de Cyr a beaucoup prêché au cours de sa longue carrière et nous savons par son propre témoignage qu’il a obtenu, à Antioche en particulier, les succès oratoires les plus flatteurs. Episl., lxxxiii, xc, xci, cxlv, cxlvii. Il est assez étonnant, dans ces conditions, que ses homélies ou ses discours n’aient pas été conservés. Peut-être avait-on négligé de les recueillir au moment où ils furent prononcés. Peut-être aussi Théodoret n’y attachait-il pas grande importance. En tout cas, presque toute son œuvre oratoire a disparu. Il nous reste seulement :

1. Les dix discours apologétiques sur la Providence, dont nous avons déjà parlé (col. 307). — 2. Le discours sur l’amour de Dieu, qui figure à la suite de l’Hisloria religiosa (col. 313). — 3. Quelques fragments en latin de sermons christologiques, P. G., t. lxxxiv, col. 5364, conservés dans les actes du IIIe et du Ve concile œcuménique. Ces fragments sont extraits, semble-t-il, des sermons prononcés par Théodoret à Chalcédoine contre Cyrille d’Alexandrie, lorsqu’il y fut envoyé par les membres du parti antiochien au concile d'Éphèse. Le texte grec de ces fragments a été pour la première fois publié par E. Schwartz, Neue Aktenslûcke : um ephesenischen Konzil von 431, Munich, 1920, p. 25-27, et reproduit dans A. C. O., i, 1, 7, p. 81-83. — 4. Quelques fragments de cinq discours sur saint Jean Chrysostome conservés par Photius, P. G., t. lxxxiv. col. 48-54, qui admire autant la beauté de l’expression que l'élévation de la pensée. — 5. Un discours sur la nativité de saint Jean-Baptiste, édité par Garnier sous le nom de Théodoret, P. G., t. lxxxiv, col. 33-48, paraît bien inauthentique. Il doit être l'œuvre de 1 homilète Théodore Daphnopatès, au Xe siècle.

Lettres.

Comme les sermons, les lettres de Théodoret sont perdues en grande partie. Au xive siècle,

Nicéphore Calliste, Hist. eccles., XIV, liv, en connaissait encore plus de cinq cents. De ce nombre, nous possédons environ 230 lettres : l'édition de P. G., t. lxxxiii, col. 1173-1494 comprend 181 numéros. Une découverte heureuse de S. Sakkelion, en 1885, a permis d’y ajouter 49 numéros. Le recueil de Migne donne, avec les lettres personnelles de Théodoret, dix lettres écrites par le groupe des évêques orientaux à Éphèse, Episl., clii-clxi, et sept lettres des députés envoyés par ce groupe auprès de l’empereur Théodose, Epist., clxiii-clxviii, clxx. En outre, il contient deux lettres de Cyrille d’Alexandrie, Epist., cxlviii et clxxix et une lettre de Jean d’Antioche, Epist., cxlix. Par contre, il laisse de côté plusieurs lettres de Théodorel dont la traduction latine a trouvé place dans le Synodicon adversus tragœdiam Irenœi, par exemple la lettre au peuple de Constantinople, Synod., n. 128 (40), et celle à Alexandre de Hiérapolis, Synod., n. 161 (72). D’autres lettres, qui sont traduites intégralement dans le Synodicon, ne figurent qu'à l'état de fragments dans le recueil. Sur le Synodicon, voir ici t. xi, col. 87-88. A ces lettres plus ou moins bien conservées, il faut ajouter une retire écrite après 451 à Jean de Cilicie et dont il ne reste que deux fragments syriaques, dans P. O., t. xiii, p. 190 sq. Ces fragments sont fort importants car ils montrent comment Théodoret comprenait et défendait la formule de Chalcédoine. Ils per-