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THÉODORET. ÉCRITS EXÉGÉTIQUES
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d’extraits empruntés aux chaînes, Inlcrpretationis in Isaiam epitome, P. G., t. lxxxi, col. 215-495. Le texte complet a été retrouvé dans un manuscrit de Constantinople. Il fournit une importante contribution à notre connaissance de l’exégèse de Théodoret.

6. Interprclatio in Jeremiam, P. G., t. lxxxi, col. 495-800. — Théodoret n’y explique pas seulement le livre de Jérémie, mais encore Baruch et les Lamentations. D’après la note qui termine l’ouvrage, il l’a rédigé après avoir achevé de commenter les autres prophètes : de fait, on y trouve des mentions des commentaires sur Isaïe et sur Ézéchiel.

7. Interprclatio in Ezechielem, P. G., t. lxxxi, col. 807-1256. — Rédigée, d’après le prologue du commentaire des Psaumes, après le commentaire sur Daniel.

8. Interprétatif) in Danielem, P. G., t. lxxxi, col. 1255-1546. — Ce serait le plus ancien des commentaires sur les prophètes et sa composition aurait suivi immédiatement celle du commentaire du Cantique. Théodoret y combat les Juifs avec une énergie très spéciale. II leur reproche en particulier de n’avoir pas compté Daniel au nombre des prophètes. Il explique, en bonne place, le cantique des trois enfants dans la fournaise, mais non pas les passages sur Suzanne et sur Bel et le dragon. Il est fort possible qu’il n’ait pas regardé ces passages comme canoniques, bien qu’il lui arrive de faire allusion à l’histoire de Suzanne. Epist., ex, P. G., t. lxxxiii, col. 1704. Cf. L. Canet, Pour l’édition de saint Jean Chrysostome, Xôyot. xocrà’IouSodcov et de Théodoret, Û7rô|iv7)(i.a sîç tov AaviY)X, dans Mélanges d’archéologie et d’histoire, t. xxxiv, 1914, p. 97200.

9. Interpretatio in duodecim prophelas minores, P. G., t. lxxxi, col. 1545-1988. — Rédigée, semble-t-il, après le commentaire sur Ézéchiel.

10. Interpretatio in qualuordecim epislolas S. Pauli, P. G., t. lxxxii, col. 35-878, et aussi dans la Bibliotheca Palrum Ecclesiæ qui ante Orienlis et Occidenlis schisma ftuorerunl, t. i, 1852, par C. Mariott, t. ii, 1870, par P.-E. Pusey ; on trouvera dans cette édition seulement l’exégèse de Gal., ii, 6-14. Parmi les livres du Nouveau Testament, Théodoret n’a commenté que les Épîtres de saint Paul ; cf. Epist., i, ii, lxxxii, cxiii ; Quæst. in Levit., 1. Ce commentaire a dû suivre ceux de l’Ancien Testament, mais il est antérieur aux Questions.

11. On attribue parfois à Théodoret les Qusestiones et responsiones ad orthodoxos qui figurent dans certains manuscrits sous le nom de Justin et dont on possède deux éditions notablement différentes : l’une, dans les œuvres de Justin, P. G., t. vi, col. 1249-1400 ; l’autre donnée par Papadopoulos-Kérameus dans les Zapiski de la faculté d’histoire et de philologie de Pétersbourg, t. xxxvi, 1895. La plupart de ces questions sont relatives à des textes bibliques et soulèvent des problèmes d’exégèse ; mais plusieurs autres ont un contenu philosophique. On peut regarder comme assuré que l’ouvrage remonte au ve siècle et qu’il appartient à un écrivain de l’École d’Antioche. La restitution à Théodoret de V Expositio fidei, ci-dessus, col. 305, rend assez vraisemblable l’attribution à Théodoret, car les deux ouvrages sont fort probablement l’œuvre du même auteur. D’autre part, trois autres écrits pseudo-justiniens sont certainement sortis de la même plume : les Qusestiones christianorum ad gentiles, les Qusestiones gentilium ad christianos et la Confutatio quorundam Aristotelis dogmatum, P. G., t. vi, col. 1401-1564.

Théodoret a été maintes fois appelé le plus grand exégète de l’École d’Antioche, sinon de toute l’antiquité chrétienne. La popularité dont il a joui trouve en particulier son expression dans les chaînes : il est un des auteurs qui y sont le plus fréquemment cités et

ses commentaires ont souvent l’honneur de figurer au centre de la page, c’est-à-dire d’être regardés comme le texte à compléter ou à interpréter par d’autres. De fait, on peut louer sans réserve la clarté de ses explications et le judicieux bon sens qui y préside. Théodoret n’est pas homme à chercher mille subtilités dans le texte biblique. S’il connaît à fond le syriaque qui est en quelque sorte sa langue maternelle, il ne sait pas l’hébreu et c’est toujours le texte grec de la Bible qui est à la base de ses commentaires. Il lui arrive parfois de citer les traductions d’Aquila, de Symmaque, de Théodotion ; il n’en reste pas moins fidèle aux Septante et utilise, comme les autres Antiochiens, la recension de Lucien. Comme il cite toujours le texte qu’il commente, on conçoit que ses ouvrages permettent aux critiques de mieux connaître cette recension lucianique : encore faudrait-il, pour qu’ils rendissent tous les services qu’on peut en attendre sur ce point, qu’on en possédât des éditions critiques, ce qui est loin d’être le cas. Trop rares sont les écrits de Théodoret, en particulier ses commentaires, qui ont été l’objet d’études complètes dans leur tradition manuscrite.

Il est à peine besoin d’ajouter que l’évêque de Cyr s’attache surtout au sens historique des Livres Saints : il n’aurait pas été un antiochien s’il avait agi autrement. Mais il ne se croit pas obligé pour autant de renoncer à chercher des applications morales ou même des exégèses allégoriques. On a depuis longtemps remarqué à quel point il s’oppose ici à Théodore. Sans doute, il regarde Théodore de Mopsueste comme un des maîtres incontestés de l’Église, cf. Hist. eccl., V, xxxix ; il écrit, contre Cyrille d’Alexandrie, un ouvrage pour le défendre des attaques dont il est l’objet ; s’il évite de le citer dans les florilèges de l’Eranistes, c’est pour éviter de donner prise aux critiques des monophysites qui n’admettaient pas son autorité, Eran., i, P. G., t. lxxxiii, col. 80 C ; cf. Epist., xvi. Mais, lorsqu’il s’agit d’exégèse, il n’hésite pas à prendre parti contre lui. Théodore regardait le Cantique des Cantiques comme un chant nuptial composé à l’occasion du mariage de Salomon avec une princesse égyptienne : Théodoret, sans d’ailleurs nommer Théodore, déclare que cette explication est un conte que n’oseraient pas soutenir des femmes stupides, In Cant., prolog. , t. lxxxi, col. 29. Théodore ne reconnaissait que quatre psaumes messianiques : Théodoret déclare que les psaumes n’ont pas tant été écrits pour les Juifs que pour les chrétiens, parce qu’ils contiennent de nombreuses prédictions et que même les souvenirs du passé sont orientés vers l’avenir. In psalm., prolog., t. lxxx, col. 860. On pourrait multiplier les exemples.

Volontiers, l’évêque de Cyr se plaît à montrer dans l’Ancien Testament le symbole ou le type des réalités du Nouveau. Il insiste avec complaisance sur la condescendance de Dieu qui s’est manifesté progressivement à l’humanité et qui n’a enseigné d’abord aux Juifs que les vérités qu’ils étaient capables de comprendre. La bénédiction de Jacob sur Juda est une prédiction qui a trouvé dans le Christ son plein accomplissement. Quæst. in Gènes., 110, t. lxxx, col. 217. La Pâque est le type de l’agneau sans tache que nous immolons et toutes les prescriptions relatives à la Pâque sont des préfigurations énigmatiques de nos mystères, Quæst. in Ezech., 44, t. lxxx, col. 252. En tout cela, Théodoret insiste sur ce qu’avait déjà dit Théodore et se rapproche de saint Jean Chrysostome. Avant d’être des exégètes. ils sont tous trois des pasteurs d’âmes et leurs premières préoccupations vont aux troupeaux dont ils ont la charge. Sans doute, Théodoret est plus intellectuel que Jean : celui-ci prononce des sermons, et celui-là écrit des commentaires. Mais dans les commentaires de Théodoret, on retrouve le même souci de l’apostolat, le même