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THÉODORET ÉCRITS POLÉMIQUES


avait refusé d’attendre l’arrivée de ses partisans. Dès le premier jour, Théodoret avait protesté. Il continua à le faire avec une belle intrépidité et il faut bien avouer que la sentence portée à Éphèse aurait eu plus de force si elle avait été rendue en des conditions absolument indiscutables. On sait d’ailleurs que l’évêque de Cyr n’était pas homme à fermer les yeux devant les évidences et qu’il n’hésita pas à abandonner Alexandre de Hiérapolis, lorsqu’il le vit obstiné dans son attitude..S’il n’abandonna Nestorius qu’à la dernière limite, voir le détail à l’art. Trois-Chapitres, n’est-ce pas qu’il croyait sa personne défendable ?

II. Écrits.

Théodoret est un des plus féconds parmi les Pères de l’Église : on reste dans l’admiration devant le nombre et l’importance de ses ouvrages, surtout quand l’on songe qu’il avait la responsabilité d’un vaste diocèse et que, bien loin de négliger les besognes de son ministère, il les a toujours considérées comme les premières et les plus essentielles de sa vie.

Il est difficile d’ailleurs d’établir la liste complète de ses écrits. Un certain nombre d’entre eux ont disparu ; d’autres ont été conservés sous le couvert d’un pseudonyme. La condamnation portée contre eux au concile de 553 ne leur a pas été favorable et nous devons nous estimer heureux si elle n’a pas eu pour la plupart d’entre eux des conséquences plus fâcheuses.

Théodoret lui-même fournit quelques renseignements précieux sur son activité littéraire. Les lettres lxxxii, cxiii, cxvi, cxlv, qui datent de 449 et de 450 signalent en effet un certain nombre de ses productions antérieures et l’une d’elles, Epist., cxlv, évalue à trente-cinq le nombre des livres qu’il a écrits jusqu’alors : tcvte xai TpiâxovTa auveYpâ^oefvev (BîêXouç. P. G., t. lxxxiii, col. 1377 A. Il s’agit chaque fois, pour l’auteur, de montrer qu’il n’a pas eu à changer d’opinion et qu’il a toujours fidèlement suivi l’enseignement de l’Église : aussi ne se préoccupe-t-il pas de citer tous ses ouvrages et moins encore de les mentionner, comme on a pu le croire d’abord, selon l’ordre chronologique. Pour utiles qu’elles soient, les indications qu’il fournit de la sorte sont incomplètes.

Plus insuffisante encore est la notice consacrée à Théodoret par Gennade de Marseille, De vir. M., n. 86. Cette notice n’est pas seulement incomplète ; elle est pleine de fautes et elle est plus propre à soulever des difficultés qu’à en résoudre. Une autre notice, fournie par l’historien syriaque Ébejdesu, dans Assemani, Bibliotheca orienlalis, t. ni a, Rome, 1725, p. 39 sq., est plus complète ; mais elle est loin de donner une pleine satisfaction.

Pour fixer la chronologie des œuvres de Théodoret, nous disposons surtout des renseignements que nous fournit l’évêque de Cyr lui-même. D’une part, il lui arrive parfois de renvoyer à telle ou telle de ses œuvres antérieures ; de l’autre, il donne ici ou là des indications sur les événements contemporains. On peut de la sorte arriver à connaître les dates, au moins approximatives, de ses principaux ouvrages.

Toutefois, il sera plus facile, pour mettre en relief son extraordinaire activité et la multiplicité des domaines où elle s’est exercée, de grouper ici les ouvrages de l’évêque de Cyr d’après leur objet.

Ouvrages dogmatiques ou polémiques.

La plupart

des ouvrages dogmatiques de Théodoret présentent en même temps un caractère polémique plus ou moins accentué. Les circonstances dans lesquelles ils ont été rédigés suffisent à expliquer cette particularité.

1. Réfutation des douze anathématismes.

L’ouvrage, composé vraisemblablement au début de 431, est perdu sous sa forme primitive. On en connaît plus ou moins exactement le contenu grâce à la réponse de saint Cyrille : Epistola ad Evoptium adversus impugnationem XII capitum a Theodoreto editam, P. G.,

t. lxxvi, col. 385-452 ; et dans Schwartz, A. C. O., t. i, vol. i, fasc. 6, p. 107-146.

2. Contre Cyrille et le concile d’Éphèse.

Cet ouvrage a dû être écrit très peu de temps après le concile, soit à la fin de 431, soit au début de l’année suivante. Il comprenait cinq livres. Condamné par le concile de 553, il était encore entre les mains de Photius, Bibliotheca, cod. 46, P. G., t. ciii, col. 80 BC ; mais il a disparu depuis. Il en reste une importante collection d’extraits dans une traduction latine : Fragmenta Theodoreti ex libris quinque adversus beatum Cyrillum sanctumque concilium Ephesinum, conservée par la Collectio palatina, dans A. C. 0., t. i, vol. v, p. 165-170 ; cf. P. L., t. xlviii, col. 1067-1076. Quelques fragments grecs donnés comme provenant d’un nEvrâXciyoç de Théodoret ont été publiés par Garnieret reproduits dans P. G., t. lxxxiv, col. 65-88, mais il y aurait lieu de les soumettre à une critique sévère. Cf. A. Ehrhard, Die Cyrill von Alexandrien zugeschriebene Schrifl Ilepi, vfc tou Kuptou èvav8pw7ry)CTewç, Tubingue, 1888, p. 116 sq., 137 sq. ; E. Schwartz, Die sogenannten Gegenanalhematismen des Nestorius, Munich, 1922, p. 30 sq. Une traduction du florilège du 1. IV est publiée à la fin du traité du pape Gélase, éd. Schwartz, Publizistiche Sammlungen zum acacianischen Schisma, dans les Abhandlungen de l’Acad. de Bavière, philos. -hist. Abteil., neue Folge, t. x, 1934, p. 96-106.

3. De sancta et vivifica Trinitate et de incarnatione Domini. — Cet écrit, divisé en deux, nous a été conservé sous le nom de Cyrille d’Alexandrie, P. G., t. lxxv, col. 1147-1190 ; 1419-1478. En réalité, il ne s’agit pas de deux ouvrages différents, mais de deux parties d’un seul ouvrage, et celui-ci n’est pas dû à saint Cyrille, mais à un théologien de l’école d’Antioche, comme il est facile de s’en rendre compte d’après la doctrine qui y est exposée, et plus précisément encore à Théodoret ; cf. A. Ehrhard, op. cit., et E. Schwartz, Zur Schriftstellerei Theodorels, dans les Comptes rendus de l’Acad. de Bavière, philos. -philol. und hist., Klasse, 1922, fasc. 1, p. 30-40. Théodoret, en effet, dans des lettres écrites en 449-450, parle d’un ouvrage qu’il a consacré, longtemps auparavant, Ilspi 6eoXoyîaç xat tyjç 6sîaç svav6ptù7rT ; aEc » )ç, Epist., cxiii, P. G., t. lxxxiii, col. 1317 A, ou De sancta Trinitate et de divina dispensalione, dans le Synodicon, n. 129 (40) ; cf. Epist., cxlv, P. G., t. lxxxiii, col. 1377. L’ouvrage, dirigé contre « les héritiers de la vanité d’Apollinaire » apu être écrit avant le concile d’Éphèse ; il semble bien avoir été retouché par son auteur en 432.

4. Défense de Diodore et de Théodore.

Ouvrage perdu. Théodoret a dû le composer vers 438, en réponse à l’écrit de saint Cyrille, Contra Diodorum et Theodorum. Des extraits en furent lus au brigandage d’Éphèse, en 449 ; nous en avons une traduction du syriaque dans J. Fleming, Akten der ephesenischen Synode von Jahre 449, Berlin, 1917, p. 105 sq. Théodoret mentionne cet ouvrage, Epist., xvi, P. G., t. lxxxiii, col. 1193 B.

5. Contra arianos et eunomianos.

Cité à plusieurs reprises par Théodoret, sous différents titres, Epist., cxiii, lxxxii, cxvi, cxlv ; Hæret. fabul. comp., v, 2 ; In I Cor., xv, 27. Garnier, qui croit reconnaître l’œuvre de Théodoret dans les cinq Dialogue sur la sainte Trinité et dans les deux Dialogues contre les macédoniens, attribués par la tradition manuscrite à saint Athanase ou à Maxime le Confesseur, P. G., t. xxviii, col. 1115-1268, 1291-1338, identifie les Dialogues ! et n sur la Trinité à l’écrit Contre les ariens et les eunomiens. Cette opinion a été vivement combattue : Dràseke attribue les trois premiers dialogues à Apollinaire de Laodicée, ce qui est invraisemblable ; Stolz voit dans les sept dialogues l’œuvre de Didyme, ce qui n’est pas beaucoup mieux fondé ; Loofs estime que les Dialogues