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    1. THÉODORET##


THÉODORET. VIE

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sueste, les deux autorités les plus considérées de l’école d’Antioche. Théodoret fut chargé de lui répondre et il le fit dans un ouvrage où il reprenait pas à pas l’argumentation de l’évêque d’Alexandrie et où il montrait l’orthodoxie foncière de ceux que ce dernier avait attaqués. Si grave que parût l’enjeu de cette nouvelle controverse, elle ne compromit pas cependant l’union. Théodoret et Cyrille avaient l’un et l’autre éprouvé trop de difficultés à la sceller ; on la leur avait trop vivement reprochée à l’un et à l’autre et d’ailleurs ils étaient tous deux trop profondément catholiques pour ne pas détester le schisme de toutes leurs forces.

Théodoret profita du répit que lui laissaient les controverses doctrinales pour s’occuper davantage de l’Écriture sainte et surtout pour se livrer à l’évangélisation de son diocèse. Nous sommes assez peu au courant de son activité pastorale, dont seules les grandes lignes nous sont connues. Du moins savons-nous que l’évêque de Cyr se montra, en toutes circonstances, le modèle des pasteurs. Qu’il s’agît de convertir les païens, les juifs ou les hérétiques, de construire des églises, d’embellir la ville de Cyr et d’y accroître les ressources en eau potable, de prendre soin des pauvres et des malades, Théodoret n’épargna aucun soin. Sa correspondance nous le montre en rapports incessants avec les évêques, avec les fonctionnaires impériaux, avec tous ceux dont il pouvait attendre une aide pour le bien de ses fidèles ou à qui il pouvait être utile.

Particulièrement touchantes sont ses lettres à son métropolitain, Alexandre de Hiérapolis. Entêté dans le schisme, Alexandre ne voulait ni condamner Nestorius, ni souscrire à l’Acte d’union. À sa ténacité se heurtaient, l’une après l’autre, toutes les bonnes volontés. Théodoret espéra longtemps qu’il lui serait possible de ramener le vieil obstiné à de meilleurs sentiments. Il lui écrivit les lettres les plus pressantes, fit valoir les arguments les plus forts et les plus variés. Alexandre ne voulut rien entendre. Finalement, on fut obligé de le déposer et de l’envoyer en exil.

Cependant, Théodoret ne devait pas connaître longtemps la tranquillité. En 447, Dioscore d’Alexandrie se plaignit auprès du nouveau patriarche d’Antioche, Domnus, de ce que Théodoret, dans des homélies prononcées par lui à Antioche même, aurait divisé le Christ en deux fils. Cette plainte donna le signal d’une nouvelle querelle. Dès 448, Théodoret répondit directement à Dioscore pour s’expliquer sur son enseignement ; il n’hésita même pas, à la fin de sa lettre, EpisL, Lxxxiii. à condamner ceux qui niaient la maternité divine de Marie et qui divisaient en deux son fils unique.

Des explications aussi loyales ne diminuèrent pas la rancune de Dioscore. En vain, Théodore ! l’invila-t-il, lui et ses amis, à relire ses sermons et ses livres, non seulement les plus récent s, mais même les plus anciens, les mettant au défi d’y trouver la doctrine des deux fila, l’Intraitable évêque d’Alexandrie n’en poursuivit pas moins ses manœuvres. Il commença par jeter ï’anathème à Théodoret ; puis il réussit par ses Intrlguei ; i mettre la cour impériale en mouvement. I a (’dit de 1 18 inicnlit ; i i béodorel de dépasser les limites

de son diocèse et surtout d’aller prêcher à Antioche.

D’autres édiis de 449 lui défendirent de se présenter .m concile qui venait d’être convoqué s Êphi moins qu’il ne fût invité par le concile lui-même. Naturellement, il ne le fui pas. Bien au contraire, le concile déclara déchu de l’épiscopat l’évêque de Cyr, de même que Domnus d’Antioche et d’antres amis anciens de Nestorius.

Théodoret en appela aussitôt au pape saini Léon,

dont il connaissait d’ailleurs la lettre a Flavien et en

rpii il pouvait être sur de trouver on protecteur.

. cxiii. Mais cet appel n’avait pas d’effet sus

pensif. L’évêque de Cyr fut obligé d’abandonner son poste et de se retirer dans un monastère. Il avait toujours gardé très vif l’amour de sa première vocation et c’est à son corps défendant qu’il avait jadis quitté le cloître pour accepter le fardeau de l’épiscopat : ce fut, semble-t-il, au cours de son exil à Apamée qu’il rédigea son Histoire ecclésiastique, donnant ainsi un admirable exemple de sérénité et de grandeur d’âme.

Cependant, des jours meilleurs ne devaient pas tarder à arriver. Le pape saint Léon, comme il était permis de s’y attendre, cassa les décisions prises par le concile de 449 et le nouvel empereur, Marcien, rappela Théodoret sur son siège. Bien plus, il lui ordonna de prendre part au nouveau concile qui allait se réunir à Chalcédoine en 45t. La présence de l’évêque de Cyr au concile n’alla pas sans soulever des protestations violentes de la part des dioscoriens : avant de pouvoir prendre sa place parmi les évêques, il fallut qu’il acceptât de faire figure d’accusé. Bien plus, on exigea de lui la condamnation expresse de Nestorius à laquelle il n’avait jamais voulu consentir jusqu’alors. II accepta toutes les conditions et, le 26 octobre 451, à la huitième session du concile, il déclara : « Anathème à Nestorius et à tous ceux qui refusent le titre de Mère de Dieu à la sainte Vierge Marie et à ceux qui divisent en deux fils le Fils unique, le Monogène. » Après quoi, tous les évêques le proclamèrent docteur orthodoxe et lui rendirent son rang.

Après le concile de Chalcédoine, Théodoret put enfin jouir de la paix si laborieusement recouvrée. Il consacra ses dernières années au gouvernement de son diocèse et à ses travaux littéraires, réfutation des hérésies et commentaires de l’Écriture. De tout cela, l’histoire n’a pas conservé le souvenir, si bien que la date même de sa mort est inconnue. Nous savons seulement, par le témoignage de Gennade, De vir. ill., 8(>, qu’il mourut sous le règne de l’empereur Léon I « * (457-474). Le comte Marcellin, Chronicon, ad h. coin., précise que cette mort est à fixer en 4(36, mais il n’apporte aucune preuve en faveur de cette date.

Très discute pendant sa vie. Théodoret le fut encore après sa mort. Il avait pris en 438 la défense de Diodore et de Théodore, attaqués par saint Cyrille d’Alexandrie. Lorsqu’au vi c siècle fut soulevée l’affaire des Trois-Chapitres, on se souvint de l’appui qu’il avait apporté à la cause de Théodore, de la fidélité personnelle qu’il avait longtemps gardée à Nestorius, de l’opposition qu’il avait faite aux anathématismes de saint Cyrille. Ses écrits furent déférés au jugement du concile de Constantinople en 553 ; plusieurs passages en furent lus devant les Pères et finalement une condamnation intervint qui proscrivait les ouvrages de Théodoret contre Cyrille et le concile d’Éphèse. Voir l’art. Trois-Chapitres.

La mémoire de Théodoret a naturellement souffert des mesures prises contre ses ouvrages par le concile de 553. Cependant, les critiques les plus exigeants ont du s’incliner devant les hautes vertus de l’homme et de l’évêque. Comme le dit Tillemont, i son éducation et toute la suite de sa vie particulière a été sainte et édifiante. Il a honoré son épiscopat par des travaux véritablement apostoliques, qui ont eu le surets que Dieu donne d’ordinaire aux pasteurs prudents et fidèles. Il n’y a rien de plus saint, de plus humble et de plus généreux que les sentiments qu’il a fait paraître dans ses afflictions ». Mémoires, t. xv, p. 2<is.

Sans doute on lui a reproché sa longue fidélité a Nestorius : longtemps il refusa de reconnaître comme valable la déposition de l’évêque de (ions tantinople et d’anathématiser sa personne. Cette attl

tilde l’explique sans Irop de peine si l’on se sou vient que Nestorius a été condamne : i Ipliesc par une

assemblée où ses advei tain < talent en majorité et qui